La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.
Verrière de la Vie de saint Pierre, atelier rouennais, 1520-1530, don des Boyvin, seigneurs de Bonnetot . Provient de la baie 11 de Saint-Vincent, au nord.
Verrière de Sainte Anne, 1520-1530, œuvre de Jean (?) Le Vieil et probablement offerte par la confrérie de Compostelle ; Provient de la baie n°8 de Saint-Vincent, au Sud.
Verrière du Triomphe de la Vierge ou vitrail des Chars, commandée en 1515 et réalisée vers 1522, œuvre de Jean et Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°10 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière de la Parenté de sainte Anne, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°6 de Saint-Vincent, au Sud.
Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, réalisée en 1525-1526, œuvre d'Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°13 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière des Œuvres de Miséricorde, réalisée en 1520-1530, œuvre d'Engrand et peut-être de Jean Le Prince ; Provient de la baie n°7 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière de Saint Antoine de Padoue, atelier rouennais, 1520-1530, seule verrière uniquement en grisaille et jaune d'argent ; Provient de la baie n°5 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière des six Saints, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°9 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière de l'Enfance et de la Vie publique du Christ, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux de Bourgtheroulde ; Provient de la baie n°3 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière de la Passion, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°1 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière de la Crucifixion, atelier rouennais, 1520-1530, ancienne verrière axiale ou baie 0 de l'église Saint-Vincent ;
Verrière de la Vie glorieuse du Christ, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°2 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière du martyre de saint Vincent, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux, seigneurs de l'Esprevier. Provient de la baie n°4 de Saint-Vincent, au Sud.
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Localisation de la baie de l'église Saint-Vincent.
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La baie actuelle provient de la baie 6 du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen, qui a été bombardée en 1944 et détruite, alors que ses vitraux avaient été mis à l'abri. Sa chapelle sainte Anne, au sud, fut achevée en 1519. Cette baie était voisine de la baie 8, consacrée à la vie de sainte Anne et de la jeune Marie, remontée en baie 3 à Sainte-Jeanne-d'Arc.
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Cette baie de 6,60 m. de haut et 1,84 m. de large comporte 3 lancettes trilobées et un tympan à 3 soufflets et 4 écoinçons. Les lancettes sont divisées en quatre registres, et leur décor est consacré à un Arbre de sainte Anne, par analogie à l'Arbre de Jessé : il présente la Parenté de la Vierge, tradition rapportée par la Légende Dorée selon laquelle Anne eut comme enfants, outre Marie par son mariage avec Joachim, deux autres filles, Marie Salomé dont le père est ... Salomé, et Marie Jacobé dont le père est Cléophas. Aussi la verrière porte-t-elle parfois le nom de vitrail des Trois Marie. Chacune est elle-même représentée avec son ou ses enfants Jésus pour Marie, Jacques le Majeur et Jean l'évangéliste pour Marie Salomé, et les trois apôtres Jacques le Mineur, Simon et Jude, ainsi que Juste, pour Marie Jacobé.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Parent%C3%A9
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Le thème, généalogique, de l'Arbre de Jessé est illustré à Rouen en sculpture sur le portail principal de la cathédrale, et en vitrail à Saint-Godard (1506) . Mais aussi à Bourg-Achard. Mais l'église Saint-Vincent elle-même possédait un vitrage de l'Arbre de Jessé, dont nous connaissons l'existence par sa restauration en 1536-1537 par Nicolas Gouillet, qui la complète alors, peut-être pour l'ajuster au tympan du nouveau portail sud.
Le thème de la Parenté de la Vierge est également répandu en ce début du XVIe siècle. Il était déjà représenté sur la baie 5 de Saint-Maclou de Rouen en 1440-1450. On le trouve aussi à Louviers sur la baie 18, réalisé par Arnoult de Nimègue en 1510-1515. Ce thème est relié aux réflexions, très actives alors à Rouen, sur l'Immaculée conception de Marie, et ses rapports avec l'Arbre de Jessé.
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Cette verrière est très bien conservée. Elle a été restaurée en 1870 (inscription lue par Baudry en 1875) grâce aux dons d'Hedwige Duménil. En effet, de 1869 à 1875, l'abbé Pierre-Isidore Duménil, finance, avec sa sœur Hedwige, la fabrique présidé par Niel et de nombreux paroissiens la restauration de plusieurs verrières par l'atelier Duhamel-Marette, Nicolas Cochois, verrier des Andelys, se chargeant de leur dépose et de leur repose. C'est alors que la baie 17, celle de l'Arbre de Jessé, est déplacé en baie 113.
En 1843, La Querrière (p. 308) signale qu'à Saint-Vincent, elle était en partie cachée par le retable de la chapelle.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES DONATEURS. LA RENCONTRE DE LA PORTE DORÉE.
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À gauche : le donateur et ses trois fils.
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Nous n'avons pas l'identité de ce donateur, sans doute un riche marchand drapier ou un échevin de Rouen. Nous ne trouvons aucun indice, ni inscription, ni armoiries ; sous le manteau bleu, une pièce de verre noir porte des traces blanches qui restent énigmatiques. D'autre part, il ne semble pas que les archives aient livré quelque information.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Au centre : la rencontre entre Anne et Joachim à la Porte Dorée de Jérusalem.
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Cette scène est cruciale puisque selon la tradition, c'est par cette chaste rencontre, et de l'étreinte des époux, que fut conçue la Vierge Marie. Le rendez-vous a été fixé par un ange qui est apparu à Joachim, retiré dans les montagnes pour faire pâturer ses troupeaux après avoir vu son offrande refuser au Temple en raison de la stérilité du couple, et Anne, restée seule à Jérusalem et portant déjà la guimpe des veuves.
La Porte, avec ses médaillons à l'antique et ses bas-reliefs, témoigne de l'influence de la Première Renaissance, introduite à Gaillon par les cardinaux Georges I et Georges II d'Amboise.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : la donatrice et ses six filles.
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La donatrice est agenouillée face à la scène centrale, elle est vêtue d'un riche manteau bleu aux larges manches fourrées, et elle porte une petite coiffe noire. Ses filles ont des robes de couleur plus vives, mais aux mêmes larges manches à fourrure blanche. L'une porte un chapelet à sa ceinture.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE DEUXIÈME REGISTRE : LES TROIS MARIE .
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À partir de ce registre, des branches d'un arbre (dont il est plaisant mais non vérifié d'imaginer qu'il s'enracine et s'élève de la Porte dorée elle-même) servent de support aux personnages de la Parenté de la Vierge, par un parallèle avec l'Arbre de Jessé.
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Au centre , Éducation de la Vierge par sainte Anne.
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La mère et sa fille sont luxueusement vêtues.
Anne porte une robe bleu-mauve à manches fourrées, serrée par une ceinture nouée, et un manteau rouge à revers or, à galon perlé. Le damassé de la robe est réalisé par pochoir sur un motif floral que je retrouve dans les œuvres de Le Prince.
La jeune Marie, aux cheveux longs et dénoués, porte une robe à décolleté carré souligné de perles, en étoffe d'or et un manteau doré dont le damassé est peint (et non plus appliqué au pochoir).
Le livre voit sa reliure doté d'une couverte bleu clair à glands verts.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le livre porte l'inscription :
sur la page de gauche :
O SALVTAR
I SOSTIAQV
SFLI.PAN DI
OSTIVM B
Il s'agit de l'hymne, réservée à l'élévation, composée par Thomas d'Aquin, et chantée depuis le XVe siècle sous l'influence de l'école franco-flamande O salutaris hostia quae cœli pandis ostium. Bella premunt hostilia ; da robur, fer auxilium, "Ô réconfortante hostie, qui nous ouvres les portes du ciel, les armées du ciel nous poursuivent, donne-nous la force, porte-nous secours."
https://fr.wikipedia.org/wiki/O_salutaris_Hostia
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Sur l'autre page :
AVE GRATI
PLENA DOM
INVSTECO
GLORIA .
INIEX ET
TE RARA
Les premières lignes correspondent à : Ave gratia plena Dominus tecum Gloria, la suite est plus ardue à comprendre.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche, Marie Salomé.
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Malgré l'inscription en verre rouge gravé (qui a été intervertie) qui indique MARIE JACOBÉ , il s'agit ici de Marie Salomé, épouse de Zébédée, puisque ses deux fils Jean et Jacques sont figurés au dessus d'elle.
Elle tient un livre ouvert.
Elle est coiffée d'un turban en linge blanc orné d'un cabochon d'or, noué sous le menton.
Son manteau vert reprend le motif floral au pochoir déjà utilisé pour sainte Anne.
Au dessous du galon (restauré ?) de ce manteau, la robe dorée porte un damassé d'acanthes peint en grisaille.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite, Marie Jacobé.
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L'inscription en verre rouge gravé porte les mots MARIE SALLE, pour Marie Salomé, puisqu'il y a eu interversion des noms.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE TROISIÈME REGISTRE : LES FILS DES TROIS MARIE.
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Au centre, la Vierge à l'Enfant.
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Elle est couronnée et nimbée tandis que l'Enfant porte le nimbe crucifère.
Le visage de Marie est tournée vers sa gauche, mais les regards de la mère et de l'enfant ne se croisent pas, car ce dernier regarde la poire que tient Marie et vers lequel il tend la main.
Le manteau doré est damassé d'un motif à rinceaux et fleurons complexes. Le galon est perlé.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche, Jacques le Majeur.
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On peut l'identifier, malgré l'absence de barbe (pour montrer que ces fils sont encore des enfants), par deux de ses attributs : son bourdon, et son chapeau de pèlerin de Compostelle rabattu derrière la nuque.
La robe damassée porte un motif où les tiges des rinceaux transpercent les fleurons.
Il désigne par son index son "demi-frère", l'Enfant-Jésus porté par la Vierge.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : l'apôtre Simon avec son épée, et Joseph le Juste avec sa hache.
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La hache est marquée de la lettre P, sans autre signification que celle de figurer une marque d'armurier.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE QUATRIÈME REGISTRE : LES FILS DES TROIS MARIE (SUITE).
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Au centre, Jésus portant sa croix.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche : saint Jean l'Évangéliste.
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Le saint bénit la coupe de poison d'où s'élèvent des serpents. Le calice porte les lettres ANVTR, ornementales et dépourvues de signification.
Le manteau blanc à revers rouge porte les traces d'un damassé floral au pochoir, dont la grisaille s'est beaucoup effacée.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le galon porte des lettres simulant une inscription :
RVNA / OA/NVEIS/ RBLTAQ /LV/MRDQ3DQ
DAMI:VRBVQEOPG : GDVL
NR
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : saint Jacques le Mineur et saint Jude.
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Saint Jacques tient son attribut, le bâton à foulon. Il porte une robe dorée damassée de rinceaux peints déjà observés sur saint Jacques le Majeur.
Saint Jude tient la croix processionnelle. Sa robe est blanche à revers verts et galons or, damassée de rinceaux peints dont le motif était celui de la robe dorée d'Anne..
Les galons portent des lettres :
HARNOQO/RVEC et de l'autre côté RA
BLVDRE / OkGQTEDHCPRNVI et de l'autre côté : ANBI/N/E
Les galons de la robe rouge lie-de-vin portent les lettres :
B-----ARDOV et de l'autre côté OVRTCEOAM/OPVNG
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE TYMPAN.
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Dans les soufflets, des anges musiciens à ailes colorées jouent de la harpe, du hautbois ou de la viole à archet (à trois cordes, peut-être quatre). La tête du harpiste a été remplacée vers 1540 par un bouche-trou.
Les écoinçons accueillent quatre séraphins, par inversion en miroir des cartons.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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—BAUDRY (Paul), 1875, L'Église paroissiale de Saint-Vincent de Rouen, par Paul Baudry. Description des vitraux (1875) pages 60-64.
— BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495
— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)
— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.
— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché", Bull. AMR, 1958-1970, p. 154.
— LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 67-68.
—LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux, Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 359.
— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.
— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 71-73
— PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.
— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .
—RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.
L'emblématique de l'hôtel de Bourgtheroulde (1506-1532) à Rouen et les bas-reliefs Première Renaissance de la Galerie d'Aumale (Jean Delarue, 1520-1532). L'Entrevue du Camp du Drap d'Or et les Triomphes de Pétrarque.
Sources principales : Lettéron et Gillot 1996 et Wikipédia 2022.
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PRÉSENTATION.
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Les corps des bâtiment est, nord, ouest et la tourelle polygonale ont été construits après 1506 (ou dès 1501, Lettéron) pour Guillaume II le Roux et Jeanne Jubert. La galerie d'Aumale (au sud) fut construite pour Guillaume III le Roux, vraisemblablement par Jean Delarue, entre 1520 et 1532. Le décor sculpté de la tourelle et du corps de bâtiment ouest a été ajouté vers 1530. Le corps de bâtiment nord a été détruit par un incendie en 1770. Reconstruit par François Gueroult de 1770 à 1772. Tourelle d'angle en encorbellement sur la place détruite en 1824. Jardin et fontaine détruits avant 1840. Restauration générale de 1886 à 1895. Restauration du portail d'entrée en 1899. Tourelle détruite par les bombardements de 1944. Reconstruite en 1952.
Il s'agit d'une des rares demeures rouennaises construites au début du XVIe siècle en pierre de taille, avec l'hôtel Romé rue des Carmes et l'hôtel de Jubert de Brécourt, rue de l'Hôpital. C'est là un signe de distinction et d'opulence.
La pierre provient des carrières du Val de Seine (Vernon ou environ) : c'est un calcaire très fin et dur, légèrement ocre à l'extraction et qui blanchit ensuite. Mais la pierre est gélive et se détériore en cas d'humidité et de ruissellement.
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"L'hôtel de Bourgtheroulde (prononcé « bourtroude ») est un ancien hôtel particulier datant en grande partie du xvie siècle, situé place de la Pucelle, dans le centre historique de Rouen.
Guillaume II le Roux, seigneur de Bourgtheroulde et membre de l'Echiquier de Normandie, décida à la fin du xve siècle de se faire construire un hôtel en pierre digne de son rang, dans le style Louis XII, transition entre le gothique flamboyant et le style de la Première Renaissance française1.
Son fils, Guillaume III, continua les travaux d'embellissement et compléta l'œuvre de son père. Dans la cour intérieure, sur la gauche, la galerie d'Aumale présente un décor sculpté Renaissance d'une rare qualité. Guillaume III y a fait représenter l'entrevue du camp du Drap d'Or entre François Ier et Henri VIII d'Angleterre. Au niveau de la toiture, une seconde série de bas-reliefs illustre le poème allégorique des triomphes de Pétrarque.
Cet ancien hôtel particulier fut occupé jusqu'à fin 2006 par une banque, le Crédit Industriel de Normandie. Il est ensuite restructuré en hôtel de luxe ; son ouverture date d'avril 2010.
Il fait l'objet d’un classement au titre des monuments historiques pour ses façades et toitures, depuis le 11 janvier 19242. Une première fois ravagé le 19 avril 1944 lors du bombardement dit de la « semaine rouge », c'est le bombardement du 26 août, précédant la libération de la ville qui provoqua le plus de dégâts, anéantissant une partie des décors du corps de logis3.
Son architecture est à rapprocher de celle du Palais de Justice et du bureau des Finances contemporains.
L'hôtel de Bourgtheroulde donne sur la place de la Pucelle. Anciennement appelée place du Marché aux veaux, elle a pris ce nom à l'issue d'une méprise. On a longtemps pensé que c'était sur cette place que Jeanne d'Arc avait été brûlée.
Ce remarquable hôtel de style Louis XII et Renaissance a été construit par un personnage éminent : Guillaume II le Roux, seigneur de Bourgthéroulde. Il semble que les travaux s'engagèrent dès 1501. À la mort de Guillaume II, en 1520, il devint la propriété de Guillaume III, abbé d'Aumale. C'est à cette époque que fut construite la galerie d'Aumale (ou de François Ier), représentant l'entrevue du camp du Drap d'Or. En 1532, c'est le frère de Guillaume III, Claude Le Roux qui hérita du bien.
L'hôtel servit a accueillir des personnages importants comme le cardinal Alexandre de Médicis en 1596. Il resta dans la famille Le Roux jusqu'à la fin du xviie siècle. Victime d'un grave incendie en 1770, qui détruisit l'aile nord, il fut restauré. Il traversa la période révolutionnaire. À partir de 1848, il devint le siège d'une banque, le Comptoir d'Escompte puis le siège du Crédit industriel de Normandie, banque régionale du groupe CIC jusqu'à fin 2006.
Au terme de la rénovation complète de l'édifice par la société lilloise d'investissement hôtelier (SLIH), l'hôtel de Bourgtheroulde est devenu en avril 2010 un hôtel cinq étoiles affilié au groupe hôtelier américain Marriott International.
L'hôtel de Bourgtheroulde a une longue histoire ; il en a subi les vicissitudes. L'intérieur de l'hôtel a pratiquement disparu. La façade sur la place de la Pucelle et les façades sur la cour ont été profondément modifiées : la façade nord a été reconstruite après l'incendie de 1770. La tourelle sud, touchée de plein fouet par un obus en 1944 a été entièrement reconstruite sans son décor sculpté. Les jardins ont été remplacés par des locaux modernes.
Ce qui reste place toutefois l'hôtel comme l'un des premiers monuments d'intérêt de la ville de Rouen." (Wikipédia)
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La façade principale sur la Place de la Pucelle.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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"L'hôtel de Bourgtheroulde donne sur la Place de la Pucelle, anciennement appelée Place du marché aux veaux. La façade avait été grandement défigurée avec le temps.
La tourelle en échauguette qui formait l'encoignure à gauche de la façade avait été détruite en 1824. De forme polygonale, elle était jadis entièrement recouverte de sculptures Renaissance dont la plupart ont disparu avec sa destruction quasi complète par les bombardements de 1944. Cette tour fut reconstruite de 2009 à 2010 sans pouvoir restituer ses précieux bas-reliefs qui figuraient des scènes pastorales. En revanche, on a pu redonner à la toiture son aspect initial avec son épi de faîtage. Une autre petite tourelle en encorbellement en forme échauguette flanquait la porte cochère au nord de la façade. Menaçant ruine, elle disparut avant 1682.(Wikipédia)
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L'extérieur a subi de nombreux remaniements aux XIXe et XXe siècles. La disposition du rez-de-chaussée avait été altérée par la transformation en magasins. Il ne subsistait que la porte cochère, quelques pilastres et les fenêtres de l'étage. Le décor sculpté avait disparu. Il a été reconstitué par Jean-Baptiste Foucher en 1893. Le porche d'entrée est décoré aujourd'hui des deux léopards normano-angevins soutenant les armes de la famille de Bourgtheroulde et du porc-épic symbole du roi Louis XII. Cette restitution ne s'appuie sur aucune trace archéologique." (Wikipédia)
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Je présenterai néanmoins l'emblématique de cette façade, dont les éléments sculptés apparaissent sur le dessin du projet de restauration de L. Sauvageot daté de 1891.
Sur le dessin de 1524 de la façade, dans le Livre des fontaines de Jacques Le Sieur , on remarque à gauche un panneau sculpté qui peut témoigner de la présence d'armoiries ou d'emblème.
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La maison monseigneur du Bourtoulde", détail du Livre des Fontaines (1524), in Létteron et Gillot p. 64, coll. D. Tragin et C. Lancien copyright.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Portail d'entrée en anse de panier à festons surmontés des deux lions normands et des armoiries des LE ROUX, seigneurs de Bourgtheroulde. Sculpteurs Maurice et Jean-Baptiste Foucher, 1893-1895.
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Guillaume Ier LE ROUX, fils de Denis LE ROUX et Guillemette DU BUISSON, épousa vers 1450 Alison Du FAY (Du FAY : De gueules à la croix d'argent, cantonnée de quatre molettes d'éperon du même), fille de Guillaume DU FAY, lieutenant-général du bailli de Gisors et de Philippote ROUSSEL, nièce de Raoul Roussel, archevêque de Rouen.
Il était vicomte d'Elbeuf pour Marie comtesse d'Harcourt et baronne d'Elbeuf, de 1450 à 1490. environ. Les LE ROUX furent étroitement liés à la maison d'Harcourt puis aux ducs de Lorraine.
Guillaume Ier est le mécène de l'église Saint-Jean d'Elbeuf, et ses armes apparaissent sculptées aux clefs de voûte et de la chapelle Saint-Nicolas. Il est représenté, ainsi que plusieurs membres de sa famille, sur des vitraux de la chapelle de la Vierge. Lui et son père Denis furent enterrés dans l'église Notre-Dame de Louviers Guillaume fonda la chapelle Saint-Claude en 1500, et la chapelle Saint-Nicolas.
Il est le père de Guillaume II Le Roux, lieutenant-général du vicomte d'Elbeuf vers 1476 jusqu'en 1495 et tient les plaids de Boissey-le-Châtel (1485) et La Haye-du-Theil (1491), vicomte d'Elbeuf (1495), conseiller à l'Échiquier (1499) puis au Parlement de Normandie. C'est lui qui commença la construction de l'hôtel de Bourgtheroulde à Rouen.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Deux fenêtres à meneaux de la façade.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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L'emblème d'Anne de Bretagne, reine de 1491 à 1514 : l'hermine colletée, couronnée, sur fond d'hermines, dans une guirlande présentée par deux putti ailés sur un fond semé de fleurs de lys. Sculpteurs Maurice et Jean-Baptiste Foucher, 1893-1895.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Blason de Guillaume I LE ROUX et Alison DU FAY. Sculpteurs Maurice et Jean-Baptiste Foucher, 1893-1895.
Blason de Claude Ier Le Roux et de Jeanne de Challenge
Claude I Le Roux († 1537), seigneur de Tilly (1515) et de Bourgtheroulde (1532), vicomte d'Elbeuf (1507-1520), conseiller au Parlement de Normandie (1520), il se marie en 1515 avec Jeanne de Challenge († 1530, de gueules à trois soleils d'or), dame de Cambremont et d'Infreville.
Il est le fils de Guillaume II LE ROUX et de Jeanne JUBERT.
-LE ROUX : D'azur au chevron d'argent accompagné de trois mufles de léopard d'or
-DE CHALLENGE : de gueules à trois soleils d'or.
Le blason, dans un cuir découpé à enroulement, est situé dans une guirlande tenue par des putti ailés.
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Blason de Guillaume II LE ROUX et Jeanne JUBERT. Sculpteurs Maurice et Jean-Baptiste Foucher, 1893-1895.
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-Le Roux : D'azur au chevron d'argent accompagné de trois mufles de léopard d'or
-Jubert : Écartelé : d'azur à une croix alésée d'oret d'azur à cinq fers de lance d'argent 3 et 2.
Le blason est soutenu par un nœud de ruban et de guirlandes présentées par deux putti ailés.
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Guillaume II LE ROUX, conseiller à l'Échiquier (1499) puis au Parlement de Normandie, seigneur de Becdal, Acquigny, Saint-Aubin-d'Ecrosville et Bourgtheroulde, vicomte d'Elbeuf, serait l'auteur de l'hôtel de Bourgtheroulde. Il a épousé Jeanne JUBERT, d'une famille de parlementaires normands, fille de Guillaume Jubert, seigneur de Vesly, lieutenant-général du bailli de Gisors. De leur union est né 15 enfants (dont Guillaume, Claude et Nicolas). Il est décédé le 12 juillet 1520 et fut enterré avec sa femme dans l'église de Bourtheroulde.
Guillaume II est le mécène de l'église Saint-Laurent de Bourgtheroulde, qu'il érigea en collégiale .
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LES ENFANTS DE GUILLAUME II.
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—Parmi leurs enfants, l'aîné, Guillaume III Le ROUX dit l'abbé d'Aumale fut ecclésiastique. Georges d'Amboise, archevêque de Rouen le fait un des chanoines de sa chapelle de Gaillon. Georges II d'Amboise lui obtient du roi l'abbaye d'Aumale ( entre Rouen et Amiens) . Il en devient en 1517 le premier abbé commendataire, y fait élever le logis abbatiale et reconstruire de nombreux bâtiments dont la grande porte de l'abbaye. François Ier aurait utilisé ses services dans la négociation du Concordat de 1516. Il aurait participé à l'Entrevue du Camp du Drap d'Or.
En 1515, il transmet ses droits d'ainesse sur le fief de Bourgtheroulde à son frère Claude, car il considérait "qu'il estoit assez bien pourvu à l'église pour soi entretenir aux études et à vivre bien honorablement selon son estat".
Il fait casser en 1520 un acte dressé avec l'accord de son père en 1515 et recouvre l'année suivante son droit d'aînesse après arrangement avec son frère Claude.
L'abbé d'Aumale est [dès 1506] le propriétaire de l'hôtel, comme l'atteste un acte de la succession de son père, datant de 1528, excluant du partage l'hôtel qui est alors "appartenant en propriété et succession" "au seigneur d'Aumalle".
Il poursuit les travaux d'embellissement et achève l'œuvre de son père, l'hôtel de Bourgtheroulde à Rouen. Dans la cour intérieure, sur la gauche, la galerie d'Aumale présente un décor sculpté Renaissance d'une rare qualité. Il y a fait représenter la fameuse entrevue du Camp du Drap d'Or entre François Ier et Henri VIII d'Angleterre, à laquelle il participe.
Il décède en 1532 et est inhumé dans la collégiale Saint-Laurent de Bourgtheroulde.
—Claude I Le Roux, né en 1494,, eut sans doute lui aussi une part non négligeable dans l'édification de l'hôtel de Bourgtheroulde dont il hérita à la mort de Guillaume III le 4 juin 1532. Il avait acquit en 1521 un hôtel voisin , donnant aussi sur la place du Marché-aux-Veaux.
Seigneur de Tilly (1515) et du Bourgtheroulde (1532), vicomte d'Elbeuf (1507-1520), il fut un magistrat français, conseiller au parlement de Normandie (1520) qui succéda à son père comme conseiller au Parlement de Normandie grâce à l'appui du roi François Ier. Il se rendit à Saint-Germain-en-Laye le 23 août 1520 et obtient des lettres du roi pour son introduction au Parlement. Il fut reçu conseiller le 12 novembre suivant. Il épousa Jeanne de Challenges, qui décéda en 1531, puis Madeleine Payen à qui il laissa l'hôtel en douaire.
En 1520, son frère Guillaume cassa un acte dressé en 1515 par leur père. En 1521, après arrangement, Guillaume regagna son droit d'aînesse et Claude gagna la propriété de la seigneurie de Bourgtheroulde. Il dut attendre le décès de son frère aîné en 1520 pour en prendre pleine possession et jouissance.
Il mourut en 1537 et fut inhumé auprès de sa première épouse à l'église Saint-Étienne-des-Tonneliers à Rouen, au financement des travaux de laquelle il avait participé.
Voir Claude Ier en donateur d'un vitrail de 1525 dans la baie 24 de Louviers :
Quatre verrières de Saint-Vincent de Rouen, remontées à l'église Sainte-Jeanne-d'Arc (baie 9), portent les armes des Le Roux, en alliance avec les Du Four, des Legras, des Blancbaston et des Bonshoms.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Emblème de Louis XII : le porc-épic couronné. Sculpteurs Maurice et Jean-Baptiste Foucher, 1893-1895.
Il est présenté sur un fond semé de fleurs de lys dans un chapeau de triomphe.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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L'envers de la porte cochère de l'aile est avec accolade à crochets, pinacles à candélabres et deux médaillons à l'antique. Blason des Le Roux à droite.
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Les initiales GLR (monogramme de Guillaume Le Roux) portées sur la gravure de E.H. Langlois et de sa fille Espérance sont toujours visibles sur place. Elles se retrouvent ailleurs (cf. infra). Ce serait (Létteron et Gillot) celles de Guillaume III.
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Sur la droite, les armoiries des Le ROUX présentés par deux angelots qui soutiennent l'écu, est une copie du décor retrouvé en 1888-1892 par les restaurateurs, qui en ont donné le relevé ("détail d'une allège"). L'original ayant disparu, il n'est pas possible de le dater avec précision
J'ai omis de le photographier en vue de détail. J'emprunte un cliché sur Flickr.
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I. Létteron indique que les angelots tiennent une large guirlande de feuillages nettement inspirée de l'Italie et qui se retrouve dans le décor Renaissance des clôtures de chapelle de l'abbaye de Fécamp. C'est le modèle qui a été repris pour les éléments héraldiques de la façade donnant sur le rue.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Les chapeaux de triomphe (couronnes de feuilles et de fruits) à personnages en costume François Ier.
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On a voulu y voir les portraits de François Ier et de Henri VIII, ou ceux de Guillaume II et III Le Roux, mais il s'agirait plutôt de médaillons décoratifs fréquents en Normandie dans la première moitié du XVIe siècle.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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L'aile ouest. La façade de la cour d'honneur.
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"Le logis se composait de deux ailes perpendiculaires. L'aile ouest est conservée en grande partie. Elle était cantonnée de deux tourelles. Seule la tourelle sud a été conservée (bien que reconstruite après la Seconde Guerre mondiale). La tourelle nord n'a pas été reconstruite après l'incendie de 1770 et fut remplacée par un corps néoclassique doté d'un comble à la Mansart. Elle contenait une chapelle au premier étage.
Marquant une nouvelle étape par rapport au Palais de justice de Rouen, l'élévation principale de style Louis XII qui conserve encore des éléments de l'art gothique tardif (pinacles, arcs en anse de panier) et des fenêtres à meneaux, présente déjà des motifs, en forme de rinceaux d'influence lombarde, inédits pour l'époque médiévale : elle se développe sur deux étages surmontant une cave coiffée d'un comble doté de deux grandes lucarnes à gables flamboyants qui annoncent déjà la Première Renaissance par leurs formes. Une sorte de claire-voie d'arcatures ou de petits arcs-boutants relie le fronton aux deux pinacles qui les accostent. Typique du style Louis XII, l'élargissement des fenêtres véhicule une notion de luxe tandis que leur abondance participe de la féerie de l'édifice. Déjà à la fin du XIVe siècle, cette propriété quasi-magique du palais largement ouvert était apparue lorsque Guillebert de Mets évoquait la fastueuse demeure parisienne de Jacques Ducy, alors clerc à la chambre des Comptes. Outre l’entrée de la clarté, ces ouvertures élargies permettent désormais une aération plus importante des pièces dans un souci nouveau d'hygiène de vie tandis que la superposition des fenêtres en travées reliées entre elles par des moulures organise de façon plus régulière le rythme des façades, annonçant ainsi le quadrillage des extérieurs de la Première Renaissance.
Sur l'aile Ouest, la sculpture est abondante et de conservation incomplète. Entre les croisées du rez-de-chaussée, un médaillon est maintenant effacé. Il aurait représenté Diane de Poitiers.
Entre les croisées du premier étage se trouve la salamandre, armes de François Ier et, à droite, le Phénix de sa seconde épouse, Éléonore de Habsbourg.
D'autres panneaux représentent des chars triomphaux (le panneau supérieur à gauche, près de la tourelle a disparu en 1944). Il s'agit peut-être de l'illustration de l'entrée solennelle de la reine en 1532 qui vit pour la première fois un cortège de chars." (Wikipédia)
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Deux licornes présentent l'écusson royal. La couronne fleurdelysée est tenue par un ange.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Deux cerfs aux bois corail présentent les armes des Le Roux, seigneurs de Bourgtheroulde. La couronne ducale est tenue par un ange.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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La salamandre, emblème de François Ier. Après 1530.
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Lucarnes de Style Louis XII, mêlant motifs flamboyants et pinacles à rinceaux de la Première Renaissance.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Le Phénix renaissant de ses cendres, emblème d'Éléonore de Habsbourg, seconde épouse de François Ier. Après 1530.
Sœur de Charles Quint, elle fut reine de Portugal de 1518 à 1521 et reine de France de 1530 à 1547.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Deux Triomphes mythologiques de la façade ouest.
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1. Au deuxième étage. Allégorie féminine sur un char tiré par trois à cinq lions. Cybèle ?
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Elle tient un attribut ressemblant à un sceptre perlé de trois sphères ; ses cheveux sont emportés par le vent vers l'avant.
Une roue du char est visible.
Elle est précédée par trois hommes vêtus à l'antique, jambes et pieds nus, torses nus sous une tunique à manches flottantes et plissées. L'un joue de la flûte traversière, l'autre du tambour long, tandis que le dernier , de dos, brandit un flambeau.
Des arbres et la silhouette d'une ville, mais aussi des fruits forment l'arrière-plan.
On a proposé de voir ici Cybèle. Le culte de cette déesse phrygienne, patronne des animaux, dont le culte est originaire d'Asie Mineure fut introduit par les Romains dans leur cité en 205 av. J.C., lors de la deuxième guerre punique, sur l'injonction de la Sibylle, rapportant de son sanctuaire de Pessinonte une météorite noire. Mantegna a représenté l'introduction de Cybèle à Rome dans un tableau intitulé Le Triomphe de Scipion. Dans les allégories des éléments, Cybèle représente la Terre.
Un modèle possible (sans les musiciens) est la fresque du Triomphe de Jupiter et Cybèle du palais Schifanoia de Ferrare, peint par Cosimo Tura vers 1470, où la scène illustre le signe astrologique du Lion, et le mois de Juillet. (ici).
Sur le Triomphe de Cybèle de Paolo Farinati (1524-1606), une femme coiffée d'une tour est assise sur un char tiré par deux lions, précédée de putti et joueurs de tambourins et tambours:
La source indirecte la plus probable de ce triomphe, et de celui qui suit, me semble être le Songe de Poliphile de Francesco Colonna, imprimé par Alde Manuce à Venise en 1499, et qui sera traduit en français en 1546. Son influence fut considérable sur l'aménagement des jardins de Florence (villa de Castelo, villa Francesco de Medici, jardin de Boboli), de de Frascati et de Bomarzo.
Certes, les Trionfi de Pétrarque par leur composition en six chars triomphaux, ont exercé une influence sur le Songe de Poliphile, mais nous ne trouvons sur ces deux bas-reliefs aucune des allégories propres à Pétrarque.
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En 1522-1524, Jean et Engrand Leprince réalisèrent pour l'église Saint-Vincent la verrière dite "des Chars".
Trois chars s'y succèdent : celui d'Adam et Ève, celui du Mal, et celui de la Vierge. Autre application du schéma narratif de Pétrarque à un sujet religieux, celui du plan du Salut et de la Vierge comme co-rédemptrice.
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Enfin, il est impossible de ne pas penser aux sept chars mythologiques du semainier du Gros Horloge, dont les cadrans datent de 1527-1529 et sont donc contemporains de cet hôtel. Les chars de chaque jour de la semaine sont ceux de Diane, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne et Phoebus-Apollon, tirés respectivement par des cerfs, des louves, des coqs, des aigles des cygnes, des griffons et des chevaux.
Voir ainsi Vénus :
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Vendredi : le char de Vénus tiré par des cygnes. Photo lavieb-aile 2020.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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2. Au premier étage. Allégorie féminine sur un char tiré par des dauphins. Amphitrite ?
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Une allégorie assez identique, cheveux au vent et tenant un sceptre, est entourée de trois porteurs de flambeaux. Les dauphins orientent vers une divinité de la Mer, soit Amphitrite.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Le décor en bas-relief : pastorales.
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"La décoration extérieure était luxuriante. Les étages supérieurs étaient couverts de sculptures représentant des scènes pastorales. Seul un fragment a été récupéré. Heureusement, ces décors avaient été relevés par Eustache-Hyacinthe Langlois. Les registres inférieurs sont consacrés à la pêche et à la moisson. Les scènes supérieures sont consacrées aux bergers. Ces pastorales étaient très à la mode au xvie siècle." (Wikipédia)
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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La galerie sud, dite d'Aumale ou de François Ier. (Après 1520)
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La galerie sud en rez-de-chaussée est l'élément le mieux conservé de l'hôtel, miraculeusement épargné par le bombardement aérien du 19 avril 1944, qui rasa la partie sud-est et sa tourelle.
La façade nord est relativement bien conservée, malgré l'orientation au nord et le ruissellement des eaux de pluie d'un toit plat jusqu'en 1950.
Elle est percée de six arcades en anse de panier au dessus d'un solin haut d'environ deux mètres soixante et est accessible par un perron adossée à la tourelle ouest. Les arcades sont ornées de colonnes à candélabres typiques de la Renaissance rouennaise.
Des pilastres et des corniches délimitent des compartiments rectangulaires que je décris en trois registres :
Le registre supérieur accueille les six panneaux sculptés des Triomphes de Pétrarque.
Le registre placé sous les baies reçoit cinq panneaux consacrés à l'Entrevue du Camp du Drap d'Or entre François Ier et Henri VIII d'Angleterre.
Le registre inférieur est découpé de cinq panneaux purement décoratifs.
"C'est la partie la plus spectaculaire de l'hôtel. En forme de loggia, l'aile marque l'arrivée de la Première Renaissance à Rouen. La plupart des hôtels particuliers de l'époque possédaient de telles galeries qui mettaient en contact le corps de logis principal et les communs. Il n'y avait pas de fenêtres. En dessous se trouvaient les écuries et les remises, ouvrant vers le sud, dans la rue du Panneret. Elle a été édifiée à l'époque de Guillaume III le Roux qui était abbé d'Aumale (d'où son nom). La date ne peut être antérieure à 1520 du fait de la représentation de l'entrevue du camp du Drap d'Or." (Wikipédia)
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Les baies sont séparées par des pilastres à candélabres et rinceaux, animaux fantastiques, bucranes etc. encadrés par des rangs de perles et d'oves.
Sur le côté, on découvrirait des colonnes aux chapiteaux abritant des personnages variés, des faunes et des musiciens.
Les armoiries des Le ROUX qu'on découvre sur un dé de pilastre à droite de la porte, mais aussi dans la même emplacement entre les panneaux du registre inférieur des baies, sont celles de Guillaume III, puisqu'elles sont timbrées de la crosse d'abbé.
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In Létteron et Gillot page 38.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Remarquez les initiales GLR , monogramme de Guillaume III Le ROUX, finement gravées sur le cartouche encadré par deux masques de profil, en bas.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Sur un dé de pilastre : Homme sauvage armé d'une lance et d'une targe.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Les bas-reliefs du registre supérieur : les Chars de Triomphe, inspirés des Trionfi (1473) de Pétrarque.
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Présentation.
Dans l'Antiquité romaine, les héros des conquêtes étaient acclamés, monté sur un char, lors de défilés.
En 1374, Pétrarque avait publié I Trionfi, suite de six poèmes, où chaque personnage allégorique défilait dans un char triomphal au sein d'un cortège. Dans un songe où il revit son célèbre amour cruel pour Laure à Avignon, la première allégorie figure sur son char le Triomphe de l’Amour, qui se trouve ensuite vaincu par le Triomphe de la Chasteté dont le visage est celui d’une Laura inaccessible. Pour le grand malheur du poète, la Chasteté est à son tour vaincue par le Triomphe de la Mort. Mais le Triomphe de la Renommée rassure le poète : par son œuvre, il garde en vie à celle qu'il a aimé. Mais la Renommée ne peut résister au Triomphe du Temps qui dévore tout. Le Temps lui-même n’aura pas le dernier mot, puisqu’il est supplanté par l’Éternité, belle promesse d’un paradis où le poète retrouvera sa bien-aimée.
L'œuvre va avoir un immense succès et va susciter de très nombreuses illustrations sous formes d'enluminures, de tapisseries ou de sculptures.
En 1502, une femme commande pour illustrer le poème de Pétraque le superbe vitrail des Triomphes pour l'église d'Ervy-le-Châtel (Aube).
L'engouement pour le thème des Chars va être considérable à la Renaissance, y compris sous la forme d'entrées triomphales des princes dans leurs villes, des spectacles mis en scènes par les plus grands artistes qui se chargeaient aussi de la réalisation des décors.
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Le thème des Triomphes à Rouen au début du XVIe siècle.
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a) Le cardinal Georges d'Amboise fit réaliser en 1500-1505 pour l'offrir à Louis XII, un luxueux manuscrit d'une traduction, par un rouennais, des Triomphes de Pétrarque : BnF fr. 594. Il le fait enluminer par un artiste (nom de convention Maître des Triomphes de Pétraque) sous forme de sept doubles pages. On pense que cet artiste (rouennais ou parisien ?) appartenait à l'atelier parisien de Jean Pichore, et on lui attribue les Petites Heures d'Anne de Bretagne BnF NAL 3027, daté vers 1500-1505 et vraisemblablement offert par Georges d'Amboise à Anne de Bretagne. On lui attribue aussi le Livre d'Heures de Henri IV, manuscrit également lié à Georges d'Amboise.
b) A la mort de Guillaume II, en 1520, l'hôtel de Bourgtheroulde devint la propriété de Guillaume III, abbé d'Aumale. C'est à cette époque que fut construite la célèbre galerie d'Aumale (ou de François Ier), représentant l'entrevue du Camp du Drap d'Or. En 1532, c'est le frère de Guillaume III, Claude Le Roux qui hérita du bien.
L'abbé d'Aumale fit sculpter le registre supérieur de la galerie de six panneaux en bas-relief consacré aux chars des Triomphes de Pétrarque.
Les chars vus de profilent se dirigent vers la droite, selon la convention iconographique générale.
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I. LE CHAR DE L'AMOUR.
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Le premier bas-relief, le plus abîmé, nous montre les vestiges de quelques figures et les traces d’un char surmonté d’un dais porté par des colonnes. On ne peut que deviner l'inscription de l'entablement : AMOR VINCIT MVNDVM, "L'Amour est le vainqueur du Monde". Au dessus, l'a trace d'une aile signalerait l'emplacement d'Eros.
Le char est suivi des victimes d'Amour, hommes et femmes les mains liées. Les plus connus sont, dans le poème de Pétrarque, Tristan et Isolde, Dante et Béatrice, César et Cléopâtre, mais aussi Hercule, Phèdre ou Jason et Médée. Impossible de les reconnaîtr ici.
Au devant, deux personnages semble converser : ils pourraient correspondre à Pétrarque conversant avec son ami qui le guide.
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CLIQUEZ SUR L'IMAGE.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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II. LE CHAR DE LA CHASTETÉ.
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La partie supérieure est complètement détruite, mais la partie inférieure subsiste encore ; on y reconnaît fort bien un char traîné par des animaux mutilés mais carapaçonnés, qui pouvaient paraître être des chevaux mais qui ont des sabots fendus. Il pourrait s'agir de licornes, symbole de virginité.
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À l'avant, marchent des personnages richement habillés, dont l'un vêtu de chausses à crevés et d'une brayette, selon la mode Henri II. C'est un seigneur ou écuyer, tenant de la main gauche le fourreau de son épée. Autour de lui, les restes de deux femmes élégamment vêtues. Si on se réfère au texte de Pétrarque, cela pourraient être des héroïnes de l'antiquité que le poète cite en exemple de leur chasteté (Lucrèce, Judith, etc.)
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Deux personnages suivent le char. Le dernier porte un long et lourd manteau frangé et à aux manches larges et ouvertes. Un prélat ? L'autre porte l'épée.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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III. LE CHAR DE LA MORT.
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La Mort est figurée debout, drapée dans un suaire, sur un char traîné par des bœufs, sous les roues duquel sont écrasés tous les personnages qu’il rencontre.
Le char décoré d'ossements et de crânes porte l'inscription MORS VINCIT PVDICITAM, "la Mort est vainqueur de la Chasteté".
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IV. LE CHAR DE LA RENOMMÉE.
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Le char est attelé de deux éléphants richement harnachés ; sur le devant se tient une figure allégorique de la Mort, dont la tête seule est décharnée ; au sommet, une Renommée ailée embouche une trompette ornée d’un pennon à fleurs de lys.
Le centre du char est décoré d’une sculpture représentant un homme écrivant sur un pupitre, figure très inhabituelle de Pétrarque rédigeant son poème.
Sur le côté et derrière le char, un cavalier monte un cheval lancé au galop et soutient de la main droite une femme nue, assise en croupe; il foule aux pieds de sa monture un guerrier nu avec son cheval ; une troupe d’hommes, armés de lances et d’épées, précède et suit la Renommée.
Inscription : FAMA.VINCIT .MORTEM
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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V. LE CHAR DU TEMPS, TEMPUS.
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Un homme à longue barbe est assis sur le devant d’un char couronné d’un dais. Il conduit un attelage de quatre chevaux, que précèdent deux personnages, dont l’un porte sur l’épaule gauche des rameaux chargés de fruits (l'Automne), et dont l’autre est chaudement habillé et s'appuie sur sa canne (l'Hiver) Sur le côté et derrière le char, on voit deux autres figures ; la première, presque nue, a la tête entourée d’épis de blé en forme de couronne; elle tient d’une main une gerbe d’épis, et de l’autre une faucille (l’Été) ; son compagnon, revêtu d’un costume de cour, brandit de la main droite un arbrisseau couvert de feuilles (le Printemps).
Sur l'entablement du temple à quatre colonnes cannelées se lit l'inscription TEMPVS . VINCIT . FAMAM., "le Temps est victorieux de la Renommée.
Des médaillons représentent les signes du Zodiaque (à gauche le Sagittaire, les Poissons, le Taureau et les Gémeaux). Ils sont dominés par des allégories des Heures répartis six par six dans les nuées.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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VI. LE CHAR DE L'ÉTERNITÉ : DIEU FIGURÉ PAR LA TRINITÉ.
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Sur le char de la Divinité, trônent, assis sous une sorte de dais, Dieu le père, une tiare sur la tête et tenant un sceptre surmonté d’une fleur de lis, et le Christ, portant une croix sur son épaule ; tous deux soutiennent d’une main les Evangiles, au-dessus desquels est le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe.
Ce char, traîné par le Tétramorphe, — le lion de saint Marc, l'aigle de Jean, le taureau de Luc et l'ange de Matthieu, les quatre Évangélistes— écrase les acteurs des cinq autres triomphes, dont la Mort.
Immédiatement derrière lui, marchent un pape et un archevêque (ou les Pères de l'Église). Dans le fond de la composition, on voit un grand nombre de personnages, parmi lesquels on distingue un évêque coiffé d’une mitre, la croix à la main, et des anges qui, rangés par cinq à droite et à gauche du dais, encensent la Trinité.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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LE REGISTRE PRINCIPAL, AU MILIEU: LES CINQ PANNEAUX DE L'ENTREVUE DU CAMP DU DRAP D'OR.
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C'est en juin 1520 qu'eut lieu, non loin de Calais, la célèbre rencontre de François Ier et de Henri VIII. Cette entrevue avait pour but d'amener le roi d'Angleterre à s'allier avec la France contre Charles Quint, roi d'Espagne, élu empereur d'Allemagne en 1519 au détriment de François Ier.
Le camp était situé entre Ardres, appartenant à la France, et Guînes, alors anglaise, distantes de six kilomètres. L'entrevue avait été préparée entre le cardinal Thomas Wolsey, principal conseiller d'Henri VIII et Guillaume Gouffier, seigneur de Bonnivet, amiral de France.
La première entrevue, qui est illustrée ici, eut lieu le 7 juin 1520, jour de la Fête -Dieu, sous une tente dressée à cet effet. Ce fut, derrière des apparences de grande courtoisie et de gaieté, un simulacre d'entente. Quelques jours auparavant, le cardinal Wolsey avait accueilli à Douvres Charles Quint au nom de Henri VIII.
Les participants étaient vêtus avec tant de luxe et faisaient rivalité de tant de richesses que le lieu, dit Le Val Doré, reçut le qualificatif de "Camp du Drap d'Or. Et selon Martin du Bellay, les seigneurs français "y portèrent leurs moulins, leurs forest et leur prez sur leurs espaules.". Ce que les panneaux vont nous montrer.
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Description de gauche à droite.
CLIQUEZ SUR L'IMAGE.
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1. Sortie du cortège royal anglais du château de Guînes le 7 juin 1520.
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Le château est marqué par deux grosses tours rondes encadrant la porte. A noter, dans le château, quatre dames assistant au départ du cortège. Les seigneurs qui accompagnaient Henri VIII sont richement vêtus et leurs chevaux somptueusement harnachés.
Les troupes armées de chaque camp était composée d'environ 400 hommes : hallebardiers, lanciers et archers assurant la sécurité des monarques et de leurs hôtes.
Le départ des cortèges fut indiqué par une salve d'artillerie, tirée d'Ardres, à laquelle répondirent les canons de Guînes.
Le roi était accompagné de hauts dignitaires ecclésiastiques, des grands officiers royaux, et de certains représentant de la noblesse.
Depuis les galeries du château, des courtisans assistent au départ.
Nombreux sont les seigneurs dont le chapeau est orné d'une corolle de plumes, que portent aussi le chapeau des écuyers et le front des chevaux.
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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2. Milieu du cortège anglais.
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Thomas Wolsey est légèrement sur la gauche, de face avec un chapeau de cardinal. Il semble monter sa mule en amazone en vertu de son rang. Mais la pierre est beaucoup plus altérée aujourd'hui que sur la planche dessinée par G. Engelmann. Il est précédé de sergents massiers et d'un clerc portant une croix. Ce dernier, tête nue, est vêtu d'une très longue robe aux manches larges avec un capuchon rejeté sur ses épaules. Il est suivi de quatre laquais à pied aux coiffures luxueusement empanachés sont ceux des écuyers.
Les deux premiers cavaliers tiennent des masses. Ce sont les huissiers du cardinal ou "sergents massiers" tenant des masses d'or.
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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3. Les deux souverains se saluant : Henri VIII, à gauche et François Ier, à droite.
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Les deux souverains, à cheval, se saluent en soulevant leur chapeau. Alors qu'ils avançaient doucement, dans un scénario réglé comme papier à musique, au dernier moment ils éperonnèrent leur monture, comme s'ils allaient s'affronter, mais au lieu de mettre la main à l'épée, ils la portèrent à leur bonnet à plumes, dans un mouvement allègre et plein de panache. Les chevaux sont contrôlés par les écuyers. Chaque roi est escorté par sa garde de quatre cavaliers, faite d'archers pour Henri VIII et de lanciers pour François Ier.
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Henri VIII et sa garde d'archers.
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Ses archers portent la rose emblématique de leur roi sur la poitrine et sur le dos ( ce que nous ne voyons pas ici...).
Selon les chroniqueurs, ils étaient vêtus de hocquetons (longue casaque brodée à manches) aux couleurs de leur roi, de satin blanc et vert. D'autres portaient des pourpoints de velours cramoisi et chamarré de fin écarlate.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Henri VIII.
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Les deux rois portent la barbe et des cheveux longs, mais ceux de Henri VIII sont retenus par un bandeau. Il porte le collier de son ordre, et il est figuré avec une chaîne à laquelle est fixé le médaillon figurant saint Georges, patron de l'ordre de la Jarretière. Une autre chaîne plus longue passe en sautoir.
Il porte un large col au dessus d'une saie, retenue par une ceinture. Ses manches sont très larges et ouvertes.
Le caparaçon de son cheval est orné de roses de Tudor et de léopards, alternant en damier. Les glands de passementerie des extrémités battent alternativement le sol avec la foulée.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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François Ier et sa garde de lanciers.
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Au second plan, des gardes sont alignés et nous font face. Celui qui est au milieu porte un turban, en plus du chapeau qu'il porte rejeté derrière la tête comme une couronne radiante de plumes. Son pourpoint, ses manches et ses chausses sont tailladés de crevés verticaux alignés en bandes régulières. La braguette est un accessoire orné et ostensible, fixé par des lacets. Sa main droite est posée sur la garde de l'épée, sa main gauche sur la lance. Un personnage similaire se trouve immédiatement après Henri VIII.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Les lanciers à cheval porte l'emblème de leur roi : la salamandre couronnée, représentée dans le dos du premier lancier.
Le bas-relief illustre la façon de chevaucher de l'époque : les cavaliers sont assis très en avant et se tiennent presque debout sur leurs étriers réglés très bas : la pointe du pied est dirigée vers le bas.
Les mors de brides ont des branches très longues et courbes, en C ou en S, sous les bossettes finement ouvragées. Les rênes sont élargies par des bandes de tissus brodées de losanges et perles où pendent des successions de piécettes (ou peut-être de grelots) dont on imagine les effets sonores.
On comparera ces détails avec ceux des cavaliers des Passions du XVIe siècle, soit sur les vitraux ou enluminures soit sur les calvaires finistériens. Voir notamment ici :
Les costumes des cavaliers associent une saie (manteau court ne dépassant pas les genoux) à manches bouffantes, au dessus d'un pourpoint à crevés, et parfois une manteline (manteau long et enveloppant, généralement sans manches) à large col ou une chamarre (casaque longue) ouverte.
Leurs têtes sont ceintes d'un bonnet ou d'un chapeau à larges bords, maintenus relevés par une broche ou "affiquet".
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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François Ier.
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Il porte un pourpoint à crevés qui laisse voir la soie de doublure, et une saie assez courte. Sa manteline (qui était, selon les chroniqueurs, "de drap d'or battu, fort enrichi en pierreries") est repliée sur le bras gauche. On devine le collier de l'Ordre de Saint-Michel.
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Son couvre-chef est orné d'une broche. C'était "un bonnet noir, garny de grans plumailz bien riches auquel avoit une escarboucle".
La housse de son cheval porte, inscrites dans les losanges, des fleurs de lys. La gerbe de larges et hautes plumes est spectaculaire.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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4. Le cortège des prélats français.
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En tête se trouvent trois ou quatre officiers à cheval, qui précèdent le porteur de croix, à double croisillon. Puis vient le cardinal de Boissy, entouré de nombreux prélats (quatre chapeaux cardinalices au total). Le cardinal de Boissy avait été nommé légat du pape en 1519.
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Le dernier cavalier porte le collier de l'Ordre de Saint-Michel, très abîmé, mais dont le médaillon est saisi par la main droite. Il semble en train de s'entretenir avec un cardinal.
Le pourtour du caparaçon de son cheval, par ailleurs orné de losanges centrés par une fleur, porte une inscription en lettres romaines majuscules .
En bas : JE/AIN : GLORIA P
Sur le côté et en haut, dans un autre sens d'écriture : +RME .O.ETR.
Seul GLORIA est compréhensible, précédant la lettre P qui suggère "Gloria Patri", Gloire au Père.
Les autres lettres +RME .O.ETR. pourraient être (Lettéron p. 110) les initiales du verset 19 du psaume 71 Replebitur Majestate Ejus Omnia Et Regnabit "Tout sera rempli de sa majesté et il régnera".
Pour moi, l'énigme reste entière.
Isabelle Lettéron signale que dans le deuxième panneau, celui du cortège anglais, en position symétrique de celui-ci, on pouvait lire, remarquées par l'abbé Noël en 1726, quelques lettres inscrites sur la saie du cavalier chevauchant à droite du cardinal d'York : HO-----NCE.
L'hypothèse de l'abbé Noël est d'y voir la devise de l'Ordre de la Jarretière, "Honni soit qui mal y pense", avec la graphie pence. Dès lors, pour le cavalier français en position symétrique, la devise de l'Ordre de Saint-Michel devrait être "Immensi tremor oceani." Ce n'est pas le cas. On pourrait encore confronter l'inscription aux devises des officiers de l'Ordre, présents au Camp du Drap d'Or. Ce n'est ici pas la devise d'Artus Goufier de Boissy (Hic terminus haeret), ni celle de Galiot de Genouillac (Galiot aime fort une).
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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5. Le cortège royal français sortant de la ville d'Ardres.
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Au centre, un noble personnage met le pied à l'étrier. Notez les spectatrices aux fenêtres et sur les remparts. En bas, à droite, les canons au son desquels s'ébranla le cortège.
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES CINQ PANNEAUX DÉCORATIFS PREMIÉRE RENAISSANCE.
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Description partielle.
On y trouve le vocabulaire décoratif du château de Gaillon, ou du tombeau de Thomas James à Dol-de-Bretagne, avec des animaux et personnages fantastiques organisés en symétrie parmi des rinceaux atour d'un candélabre central.
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Deux putti assis sur des dauphins et tenant les extrémités d'un collier. Oiseaux fantastiques et rinceaux.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Putti debout tenant des cartouches. Rinceaux à personnages chimériques.
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On retrouve le principe décoratif de métamorphoses et chimérisme entre les éléments végétaux (rinceaux) et des têtes anthropomorphes mais feuillagées, et entre ces têtes et des attributs animaux (cornes et peut-être plumes).
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Femme nue dansant au milieu de rinceaux et d'oiseaux.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
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Putti debout tenant des cartouches. Rinceaux à personnages chimériques.
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L'Hôtel de Bourgtheroulde. Photographie lavieb-aile 2020 .
— ADELINE (Jules), 1893 L'Hôtel du Bourgtheroulde, in La Normandie Monumentale et Pittoresque, Seine-Inférieure, 1893, Le Havre, Lemale et Cie, imprimeurs, éditeurs, p. 33-36.
— ALLINE (M.) 1927, L'hôtel de Bougtheroulde, Congrès Archéologique de France Rouen 1926, p.178.
— CHALINE (Jean-Pierre), 2005, Tourisme et Patrimoine : L'hôtel de Bourgtheroulde. Du Camp du Drap d'Or au siège du CIN, 2005 Études Normandes Année 2005 54-3 pp. 77-78
— ESSLING, (Victor Masséna, prince d',) 1902, Pétrarque : ses études d'art, son influence sur les artistes, ses portraits et ceux de Laure, l'illustration de ses écrits page 252-253
— LÉTTERON (Isabelle), GILLOT (Delphine), 1996, L'hôtel de Bourgtheroulde, demeure des Le Roux. Cahiers du patrimoine n°44, ed. L'Inventaire.
— PALUSTRE (Léon (dir.), 1892, L'architecture de la Renaissance, Paris, 7 rue Saint-Benoît, ancienne maison Quentin, Libraires-Imprimerie réunies, 1892
— PAGAZANI, (Xavier) 2014. La demeure noble en Haute-Normandie : 1450-1600. Nouvelle édition [en ligne]. Tours : Presses universitaires François-Rabelais, 2014 (généré le 29 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pufr/8052>. ISBN : 9782869065352. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pufr.8052.
— RnBI, bibliothèque de Rouen, documents
-Voyages Pittoresques Et Romantiques Dans L'ancienne France. Ancienne Normandie. Vol.2 / Nodier, Charles -Cailleux, Alphonse De ; Taylor, Isidore Justin SéVerin. Paris : Impr. P. Didot
"Architecture Of The Middle Ages" (1)Apply Extr. De "Architecture Of The Middle Ages" r
"France Monumentale Et Pittoresque. Recueil De Vues Dessins
"L'Album Rouennais" (1)Apply Extr. De "L'Album Rouennais" Filter
"L'illustration" Du 16 Aout 1884, ; P118. Paris : J.-J. Dubochet
France Monumentale Et Pittoresque Recueil De Vues Dessin Nature / Chapuy, Nicolas Marie Joseph. Paris : Jeannin,
La France De Nos Jours / Asselineau, Léon-Auguste. Paris : F. Sinnett, 1853-1876 (1)Apply Extrait De : La France De Nos Jours / Asselineau, Léon-Auguste. Paris : F. Sinnett, 1853-1876 Filter
La Normandie Illustrée;E / Benoist,
La Normandie Monumentale Et Pittoresque ... Seine-Inférieure, 1e Partie / P. Dujardin, E. Letellier, ... Le Havre: Lemâle Et Cie, 1893. [N Atlas 5-9]
Le Moyen-Âge Monumental Et Archéologique / Ramée, Daniel. Paris : A. Hauser, 1840 (1)Apply Extrait De : Le Moyen-Âge Monumental Et Archéologique / Ramée, Daniel. Paris : A. Hauser, 1840
— Rouen, son histoire, ses monuments et ses environs (9e édition revue, annotée et augmentée d'une excursion de Rouen au Havre par la Seine) / par Th. Licquet et Éd. Frère 1878
Un panégyrique, c'est un discours à la louange d'un personnage ; ici, le vitrail fait l'éloge de saint Romain, l'évêque de Rouen au VIIe siècle, en associant sept épisodes de sa vie à chacune des sept vertus cardinales et théologales.
Cette baie 30 est située sur le bras sud du transept de la cathédrale et éclaire la nouvelle Chapelle Saint-Romain que gère la Confrérie Saint-Romain, fondée en 1437. C'est d'ailleurs cette confrérie qui offre, en1521, la baie voisine n° 28, également consacrée à la vie de saint Romain. En effet, l'ancienne chapelle de la confrérie, celle du Petit-Saint-Romain, est devenue trop petite. La confrérie fait agrandir les fenêtres de sa nouvelle chapelle, créant ainsi deux grandes baies à trois lancettes et remplage flamboyant.
Elle mesure 9,20 m. de haut et 3 m. de large et comporte 3 lancettes organisées en deux registres, et un soubassement moderne créé par Jules Boulanger en 1920 .
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Attribution.
L'hypothèse de l'attribution de cette verrière, ainsi que de la baie 28 à Olivier Tardif, gendre de Jean Barbe, et à ce dernier, est mentionnée par l'auteur de la notice de la base Palissy. Mais elle est discutée par Caroline Blondeau:
"Ces deux œuvres ont souvent été rapprochées de l'Ecu de verre, l'atelier des Barbe, notamment en raison de la charge qui lie Jean Barbe en 1518-1521 à la cathédrale. À cette époque, Olivier Tardif commande à être mentionné dans les comptes à ses côtés et aurait pu l'assister dans cette tache monumentale. Peut-on cependant les créditer de la réalisation de ces deux magnifiques verrières sur la simple raison de leur présence en tant que peintre verriers de la cathédrale uniquement pour des travaux d'entretien?"
"La facture de ces deux verrières constitue également un frein à cette attribution. En effet, elles ne sont pas dans la lignée des œuvres authentifiées et attribuées au fils [de Guillaume] Barbe, mais il reste délicat de mettre en parallèle des vitraux exécutés à une vingtaine d'années d'écart surtout s'ils sont l'œuvre de cartonniers différents. De même, le style est difficilement comparable."
"Si la tentation de voir derrière les chefs-d'œuvre du bras sud du transept les personnalités de Jean Barbe et Olivier Tardif est grande, elle ne peut céder à une logique scientifique. Rien n'atteste clairement, si ce n'est un faisceau de présomptions, l'intervention de ces deux peintres verriers dans la création de ces vitraux." (C. Blondeau)
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Stylistique et technique.
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"L'examen de la peinture révèle une facture homogène au sein des deux vitraux. Les visages, peints majoritairement en grisaille, sont modelés très subtilement avec des rehauts et enlevés progressifs de matière à la brosse. Certains sont toutefois peints en sanguine pour imiter la carnation. Plis, rides, cernes et autres défauts sont marqués et mis en valeur par un jeu de traits fins de grisaille et d'enlevés.
Le peintre verrier a particulièrement souhaité mettre en valeur le caractère des personnages, accentuant les marques de l'âge : rides, plis et anomalies cutanées. Les yeux sont également particulièrement travaillés, comme toujours à Rouen : cernes très importants modelés au lavis sur lequel on ombre le coin extérieur, enlevé à l'aiguille au dessus de la paupière inférieure et surmontés par de grands cils rectilignes tout à fait caractéristiques.
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Photo lavieb-aile.
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Les personnages féminins, plus présent dans le Panégyrique sous forme des Vertus sont moins marqués, sans doute en raison de la nature allégorique de ces représentations. Si les yeux présentent un traitement tout à fait similaire, en revanche l'un des traits marquants de leur visages est le dessin de la bouche, illustrant une expression de hauteur, voire de dédain. Leurs figures sont assez idéalisées représentant des femmes aux profils harmonieux, au long nez droit et toujours aux longs cils.
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Photo lavieb-aile
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Les drapés sont particulièrement soignés : les somptueux vêtements se déversent en une cascade de plis cassés savamment agencés comme la simple robe de la servante remplissant le baquet d'eau lors de la naissance du saint, ou des robes aux manches à crevées et autres tenues parsemées de motifs à damas complexes et d'ornements divers.
[...] Les scènes en intérieur mettent généralement en place les protagonistes sous des architectures à l'antique : pilastres et colonnes peints de grotesques sur lesquels s'accoudent ou s'agenouillent des putti ailés.
Le décor employé afin de magnifier l'architecture appartient sans contexte au vocabulaire antiquisant alors en vogue : masques feuillus, médaillons présentant des profils comme sur les monnaies antiques, bucranes, oves... Le peintre verrier utilise également des carrelages aux couleurs alternées afin de créer un effet de profondeur, dans une perspective assez bien maitrisée.
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Elle a été restaurée à plusieurs reprises, notamment en 1567-1568 par Noël Tardif, et en 1920 par Jules Boulanger.
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Commanditaire.
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La baie 30 est offerte (ADSM, G 2150 4 janvier 1521) par Jacques Le Lieur seigneur de Brametot et l'année 1521 est indiquée par inscription sur le vitrail.
"Jacques Le Lieur faisait partie de la confrérie de Saint-Romain. Son financement de la baie 30 est confirmé par les armoiries insérées dans l’œuvre [?] et sa participation personnelle à l’iconographie de l’œuvre est incontestable. Cet homme était un des acteurs majeurs de la vie politique rouennaise. En 1503, il acquiert l’office de notaire et de secrétaire du roi. En 1517, il est élu conseiller nouveau puis, en 1519, est appelé à siéger aux états de Normandie. Échevin jusqu’en 1541, il devient député aux états de Normandie en 1542. Il fait partie du milieu éclairé rouennais qui a le goût des arts, de la poésie notamment. Il avait visiblement un goût prononcé pour la culture classique, qui se manifeste dans la composition du vitrail. En effet, non seulement les ornementations sont tributaires des influences de l’iconographie de la Renaissance mais, par ailleurs, la légende même de saint Romain – avec l’insertion des vertus personnifiées dans chaque scène – est tout à fait nouvelle dans l’iconographie hagiographique de l’église. Chacune des scènes devient ainsi une allégorie dont la composition est étrangère à la culture iconographique médiévale. Il ne fait donc aucun doute qu’outre son financement, Jacques Le Lieur s’est personnellement investi dans l’iconographie du vitrail. L’iconographie des vitraux paraît avoir été conçue par la confrérie, et notamment par Jacques Le Lieur, sous le contrôle du chapitre, qui jouait lui aussi un rôle essentiel dans le privilège de Saint-Romain." (A. Blaise 2009)
Le Puy des Palinods était une confrérie religieuse dédiée à la sainte Vierge, devenue au fil du temps une académie littéraire et poétique centrée sur l'immaculée conception.
Jacques Le Lieur est très connu des historiens et amateurs de Rouen pour son Livre des Fontaines, réalisé entre 1519 et 1526, et qui montre ses armoiries, et un décor de putti et de dauphins ou chimères qui se retrouve sur le vitrail.
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" L’utilisation des vertus pour définir le devoir de l’évêque nous est confirmée par leur présence réelle au sein d’un vitrail hagiographique du début du XVIe siècle. La baie 30 de la cathédrale décrit parfaitement les vertus nécessaires au saint évêque. La composition du vitrail s’est organisée autour des vertus ; les sept scènes de la vie du saint ont été choisies en fonction des sept vertus cardinales et théologales : la Naissance de saint Romain (Foi), l’Élection du saint par le chapitre (Prudence) , le Privilège de saint Romain (Justice), Il chasse les démons d’un temple païen (Force), Le saint tenté par le démon (Tempérance), sa Mort (toutes les vertus), Saint Romain apparaît au vieillard (Charité) après sa mort, au tympan. Les vertus tiennent dans chaque épisode une place centrale, surtout dans la lancette médiane, ce qui amène à penser que ce sont probablement celles-ci que l’on a voulu représenter avant même de décider des scènes de sa légende. Ce discours religieux sur les vertus de la sainteté est assez classique dans l’iconographie hagiographique. Cependant, les vertus ne sont habituellement que symboliquement évoquées par les actions du saint. Ici, au contraire, elles sont au premier plan. Les épisodes de la vie du saint ne font que les accompagner et deviennent presque un prétexte pour représenter les vertus elles-mêmes. C’est probablement l’évolution artistique du début du XVIe siècle qui permit de faire tant de place à la représentation des vertus dans une œuvre religieuse. Cela confirmerait que c’est avant tout les vertus du saint que l’on voulait voir figurer dans certaines légendes hagiographiques." (A. Blaise)
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L'importance des Vertus à l'époque et à Rouen est confirmée par leur présence sur le portail occidental, mais aussi sur le monument funéraire qui fut élevé de 1516 à 1525 aux deux cardinaux d'Amboise. Voici leur description par A. Deville :
'Entre les sept pilastres, s'arrondissent six niches à caissons, où sont assises six charmantes petites statues ayant trois pieds de hauteur environ. Elles représentent, par allusion au mort, des vertus théologales, ainsi que l'indiquent les inscriptions latines, gravées en lettres d'or, qui sont superposées ce sont, en commençant par la gauche, la Foi, la Charité, la Prudence, la Tempérance, la Force d'âme, et la Justice.
FIDES, LA Foi. Elle tient un livre dans sa main droite, un calice dans la gauche. Cette délicieuse figure porte le riche costume du commencement du XVe siècle; sa tête est couverte de la mante.
CARITAS, LA CHARITÉ. Les attributs de cette figure ont été brisés, mais on voit, par ce qui en reste, qu'elle portait une croix d'une main et un cœur de l'autre. Il faut remarquer sa coiffure à réseau, ses boucles d'oreille à roue avec une grosse perle pendante au milieu, et sa ceinture ornée de perles enchaînées. Le style de cette figure est un peu maniéré.
PRUDENTIA, LA PRUDENCE. Le moelleux de la chevelure est surtout remarquable. Manches à crevés, manteau retenu par un cordon sur la poitrine, robe coupée carrément par-devant. Attributs : flambeau dans la main droite compas dans la main gauche.
TEMPERENCIA, LA TEMPERANCE. Elle tient une horloge dans la main gauche, dans la droite, par allégorie, un frein. Son front est ceint d'un riche bandeau orné de perles. La tête et la poitrine sont couvertes. Il faut admirer le travail de la tunique. Le cadran de cette horloge est divisé en vingt-quatre heures suivant l'usage de l'époque.
FORTITUDO, LA FORCE D'AME. Elle est représentée sous la figure d'un guerrier casqué et cuirassé, qui saisit par le cou un dragon, qu'il arrache du fort où il s'est réfugié. C'est l'image du triomphe de la vertu sur le vice.
IUSTICIA, LA JUSTICE. Cette jolie statue rappelle, pour le faire et pour le costume, la troisième, celle de la Prudence. Elle soutient, dune main, le livre de la loi, sur lequel est tracée une balance; elle porte le glaive nu dans l'autre.
On retrouve cette même figure allégorique au tombeau de François duc de Bretagne, dans la chapelle des Carmes de la cathédrale Nantes. On y voit également la Tempérance à l'horloge et au frein, la Justice portant l'épée et le livre avec les balances, et la Prudence armée du compas. Ces quatre figures occupent debout, les quatre coins du mausolée. Lobineau, dans son Histoire de Bretagne nous apprend qu'on travaillait au tombeau en 1507."
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE SUPÉRIEUR : FIDES, IUSTICIA,TEMPERENCIA.
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Les trois épisodes de la Vie de saint Romain sont (de droite à gauche) sa Naissance, en présence de la Foi, le Privilège de libérer un prisonnier, en présence de la Justice, et la Tentation par une femme, en présence de Tempérance.
La Foi est une vertu théologale, les deux autres des vertus cardinales.
L'intérêt iconographique tient moins à la représentation de l'épisode que dans celle des Vertus sous leur forme allégorique, et dans le choix des attributs qui les caractérisent.
La Foi avec son cierge et sa couronne de laurier.
La Justice avec son épée, sa couronne, et une balance.
La Tempérance avec une horloge et une cloche sur la tête et des bésicles en main.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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FIDES (LA FOI) : NAISSANCE DE SAINT ROMAIN.
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Le panneau décoratif Renaissance.
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Le panneau décoratif est typique de l'art ornemental de la Première Renaissance, tel qu'il a été introduit en Normandie par le cardinal Georges d'Amboise pour le château de Gaillon, et qu'on retrouve aussi dans les marges du Livre des fontaines de Jacques Le Lieur .
On y trouve, dans un jeu spéculaire autour d'un axe de symétrie verticale, deux putti ailés tenant, comme des porte-enseignes des armées romaines, des cartouches, ici muets.
Le principe des métamorphoses et hybridation animales et végétales (déjà présent sur les médaillons du Portail des Libraires, mais ici typiquement Renaissance) greffe sur les rinceaux feuillagés des têtes de chevaux (ou boucs), et des têtes menaçantes de "dauphins", ou des oiseaux affrontés, peut-être des aigles. On trouve aussi des masques de profil, feuillagés et anthropomorphes, tandis que les tiges des rinceaux sont virolés des bagues qui introduisent la participation des fabrications humaines d'orfèvrerie.
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Jacques Le Lieur, Livre des fontaines, Gallica.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La naissance de saint Romain.
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Selon la Vita Sancti Romani, cette naissance relève de la Foi car Félicité, la mère de Romain, ne pouvait avoir d'enfants, jusqu'à ce qu'un ange apparut à son mari Benoit, lui annonçant que sa femme enfanterait.
L'épisode crée donc un parallèle avec l'iconographie de la Nativité de la Vierge, dans laquelle sainte Anne, est alitée tandis qu'un bain est donnée à l'enfant Marie.
L'apparition de l'ange à Benoit est représenté sur le premier des vingt médaillons consacré au saint au Portail de la Calende de la cathédrale.
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La mère de Romain est à demi couchée sur son lit d'accouchée, les mains croisées sur la poitrine. Elle est voilée et porte la guimpe. Il est difficile de préciser la nature de l'objet losangique doré centré par un reflet bleu : un miroir ?
Le baldaquin est frangé de trois couleurs ; le ciel de lit de couleur verte n'est relevé que partiellement.
Une servante portant une coiffe locale à larges ailes, verse de l'eau dans un baquet pour le bain du nouveau-né, tandis qu'un petit chien blanc bondit. Ce chien blanc est très fréquent dans les représentations des demeures seigneuriales, et cet animal de compagnie est un marqueur de l'aristocratie de la famille, en son château des Rochettes de Wy-dit-Joli-Village.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Fides, la Foi.
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La Foi tient l'enfant dans ses bras. Elle tend un cierge allumé vers la mère. Elle porte sur ses longs cheveux blonds une couronne de lauriers, une robe dorée à ceinture bleue, et un manteau parme à revers rouge. La richesse de cet habit confirme que nous n'avons pas affaire à une servante ou une amie de la maman, mais bien à l'allégorie de la Foi.
Les auteurs du Corpus vitrearum voient une église sur la tête de la sainte. ils signalent que le buste et la tête due la Foi sont restaurées, ainsi que les autres têtes sauf celle de la mère du saint.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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IUSTICIA (LA JUSTICE) : LE PRIVILÈGE DE SAINT ROMAIN.
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Le panneau décoratif.
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Nous retrouvons les mêmes éléments ornementaux : rubans, rinceaux à artefacts et bouquets de feuillages, tête de boucs feuillagées sur un cou portant un collier qui les accouple, candélabre central. Mais les deux putti ailés portent sur leur enseigne un cartouche portant la date 1521.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le Privilège de saint Romain.
"Le privilège de saint Romain permettait au chapitre de la cathédrale de Rouen de gracier chaque année un condamné à mort le jour de l'Ascension. Son origine fait partie de la légende de Saint Romain.
Saint Romain, évêque de Rouen au temps de Dagobert (629 - 639), décida de dompter un monstre des eaux, la Gargouille, qui désolait les marais de la rive gauche. Il demanda un compagnon et seul un condamné à mort accepta. Saint Romain passa son étole au cou de la Gargouille, et elle fut menée à la ville, tenue ainsi en laisse par le condamné à mort. Celui-ci fut gracié. Dagobert (ou son fils Clovis II) donna à l'évêque de Rouen saint Ouen le privilège de gracier un condamné chaque année." (Wikipédia) https://fr.wikipedia.org/wiki/Privil%C3%A8ge_de_Saint-Romain
La cérémonie qui se déroule le matin de l'Ascension implique la Confrérie de Saint-Romain, laquelle, avec le chapitre, porte la chasse reliquaire ou "Fierte", en partant du portail des Libraires où la statue de saint Romain le montre tenant en laisse le monstre.
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Comme les deux autres, le verre rouge portant l'inscription IUSTICIA est gravé et peint au jaune d'argent. La Justice se tient dans une salle aux baies vitrées losangées, devant une table où sont placés un reliquaire cylindrique en verre serti, un bras reliquaire à fenêtre vitrée posé sur un coussin de velours carmin, des pièces d'or, et une assiette d'or.
Saint Romain, en évêque avec cape, mitre et chirothèques rouges, lève la crosse tenue en main droite (le joyau perlé de la chirothèque gauche est gravé sur le verre rouge) en direction du bras reliquaire pour faire valoir son privilège, et intercéder auprès de la Justice au profit du criminel qui sera gracié.
Neuf ou dix clercs (des chanoines du chapitre cathédrale ?), certains tonsurés, d'autres coiffés d'un chaperon bleu et vêtus de blancs, discutent avec vivacité.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Vertu Justice porte une épée, une balance, et une lampe montée sur une longue hampe. On lit sur l'épée les mots JUSTICE RGN. L'allégorie est coiffée d'une couronne, regarde en haut et à droite. Ses cheveux vénitiens sont aussi longs et son costume est aussi élégant et riche que ceux de la Foi.
La balance est suspendue à la main gauche ; un seul plateau de cuivre est visible.
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Voir ici la Justice représenté par Philippe Galle :
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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TEMPERENTIA (LA TEMPERANCE) : TENTATION DE SAINT ROMAIN PAR UNE FEMME ENVOYÉE PAR LE DÉMON+.
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Le panneau décoratif Renaissance et l'inscription TEMPERENTIA.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Tentation de saint Romain.
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"À la fin de sa vie, le saint homme s'était retiré dans un ermitage pour prier et méditer. Une pauvre femme vint lui demander la charité. Saint Romain hésitait à recevoir une femme mais ne voulait pas non plus manquer à ses devoirs d'hospitalité. Il fit entrer la femme, qui se dévêtit, et dénoua ses cheveux. Saint Romain appela le Seigneur à l'aide, un ange intervint, et précipita le démon dans un puits sans fond." (Wikipédia)
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Le saint, vêtu d'un camail violet, d'un surplis et d'une robe rouge, lève la main droite dans une posture de surprise et de défense. Il se redresse d'un petit banc où il était assis. On voit aussi la croix archiépiscopale et un miroir rond.
Devant lui, une courtisane semble s'éloigner sous l'effet des paroles prononcées par Romain. Elle est coiffée d'un hennin archaïsant, perlé et à cornes mais ses manches à crevés sont de la dernière mode.
Il faut sans doute chercher le démon en haut à droite, s'échappant par un escalier : je distingue une patte palmée au dessus d'une boule bleue centrée de rouge.
Selon Jacques Tanguy, "Usant de ses charmes, cheveux découverts, la femme tenta de la faire chuter. Mais Romain vit les pieds palmés de la créature et, avec l'aide d'un ange la précipita en enfer."
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Tempérance porte un collier de perles sur une robe à décolleté carré. Sa coiffe également perlée et à escarboucle est faite d'une résille. Ces éléments vestimentaires sont proches de ceux des portraits d'Anne de Bretagne.
L'intérêt documentaire des attributs de la Tempérance a été remarqué par les experts tels de Denis Hüe : ce sont, sur sa tête, une horloge à mécanismes dentés surmontés d'une cloche, et en main droite, des binocles.
Elle tient en main gauche une ceinture dotée d'une boucle et de son aiguillon et ornée de fleurons dorés, ceinture ou étole qui forme une boucle à laquelle est suspendu un objet jaune articulé que j'identifie comme son troisième attribut, le mors et ses brides.
Les ferrures de ces brides relèvent de la technique du verre rouge gravé.
Le cadran de l'horloge porte les 12 chiffres horaires autour d'une rosace. La cloche qui la coiffe porte des lettres AWZRG sans signification pour simuler une inscription.
On peut voir la Tempérance tenant une horloge à cloche, assez proche, sur une enluminure de l'Epître d'Othéa de Christine de Pizan.
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Allégorie de la Tempérance, Paris, BnF, Français 606 Christine de Pizan (1364?-1430?) : Épître d'Othéa f.2v : enluminure, par le Maître de l'Epître Othéa :15e siècle. Gallica.
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Selon Denis Hüe ( "Cloche et horloge à Rouen, Jacques le Lieur et le puy"), qui analyse les allégories de la cloche et de l’horloge dans le milieu rouennais, la première dans la poésie, la deuxième dans l’iconographie :
"Entre le Parlement, la cathédrale et l’église des Carmes, Jacques le Lieur a travaillé pour la cité, écrit pour le Puy ou commandé des vitraux ; la cloche et l’horloge y figurent, articulant le temps de la ville et le temps de l’église, le temps de la prière et celui du quotidien ; si l’horloge marque une sorte d’idéal parfait et inaccessible pour de nombreuses raisons, la voix de la cloche peut scander la vie des humains et les rappeler à l’émerveillement de leur Salut. La cloche entretient un lien privilégié avec Marie et l’Incarnation, tandis que l’horloge articule les temps astrologique et céleste et représente la tempérance ou la régulation nécessaires au salut."
Cet emblème ne sert pas qu’à l’identification de la vertu représentée par l’allégorie, il invite à la méditation de différents aspects de cette vertu ; l’horloge devient ici image de la raison qui régule la vie du croyant. Dans cette analyse où tous les éléments, même en apparence disparates, s’imbriquent parfaitement, Denis Hüe montre la cohérence profonde des allégories et la forte relation qu’elles maintenaient avec la réalité : la cloche, chef-d’œuvre de la technologie humaine, est une image parfaite de la Vierge, que l’horloge ne saurait pas représenter : non seulement celle-ci n’est qu’indicatrice du temps, elle rendrait donc la Vierge passive et extérieure à l’œuvre du salut, mais en plus, les horloges de la fin du Moyen Âge pouvaient varier d’un quart d’heure par jour, elles se prêtaient donc peu à évoquer la perfection. (A. Sobczyk)
Mais ces auteurs n'ont pas tous tenu compte des binocles, qui confère à cette Vertu l'attention visuelle et l'acuité du regard ou de l'examen permettant de ne pas être abusé par des apparences. Emile Mâle signale ces lunettes sur la Tempérance d'une tapisserie flamande du palais de Madrid du XVIe siècle. On les retrouve sur le manuscrit BnF Fr 1863 f.2, datant de 1505,, ou sur la gravure de Philippe Galle, associes au mors et à l'horloge.
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La Tempérance par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 B.M. Lyon
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR : PRUDENTIA, FORTITUDO, ET SPES.
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Prudentia est couronné de lauriers. Elle tient d'une main un crible, et de l'autre un miroir ; elle porte un cercueil sur sa tête.
Fortitudo porte une enclume sur la tête, elle s'appuie sur une colonne de marbre et brandit un dragon ailé.
Spes, l'Espérance, porte sur la tête un navire de commerce ; et peut-être une ancre.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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PRUDENTIA : L'ELECTION DU SAINT PAR LE CHAPITRE .
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Le panneau décoratif.
Deux putti ailés tenant une lampe et une enseigne entourent une couronne de gloire où un cavalier lève son fouet.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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L'épisode hagiographique.
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J'en ignore la source. Dans un bâtiment de style antique (colonnade à grotesques surmontés de putti ailés, frise à volutes et grotesques), le saint, assis sur une cathèdre au dossier tendu de damas et d'un médaillon, est entouré de cinq chanoines vêtus, comme lui, d'un surplis blanc et coiffés d'un bonnet. Le saint ajoute à cette tenue un camail bleu foncé, une robe rouge et l'aumusse de fourrure à l'avant-bras gauche. Il tend les mains vers ces clercs, et tient dans la main gauche des feuillets.
Agenouillé sur le sol carrelé au pied de l'estrade, un clerc tonsuré est vêtu de rouge, avec sur l'épaule gauche un linge (aumusse ?) bleu.
L'homme debout à droite, en surplis sur une robe rouge, tient un grand livre.
Têtes du "juge", de la Vertu et de l'homme de droite restaurées.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Vertu : PRUDENTIA.
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Elle est couronné de lauriers. Elle tient d'une main un crible, et de l'autre un miroir ; elle porte un cercueil sur sa tête. Cet attribut se retrouve aussi sur la gravure de Philippe Galle.
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La Prudence par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 Bibliothèque municipale de Lyon.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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FORTITUDO : SAINT ROMAIN CHASSE LES DÉMONS D'UN TEMPLE PAÏEN.
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Le panneau décoratif.
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Tous les auteurs (C. Blondeau, C. Callias Bay, etc.) voient dans le motif central, où le corps d'un petit homme le corps se prolonge par des entrelacs, des "liures", une référence au nom de Jacques Le Lieur, notamment par comparaison aux "lieurs" figurant dans le Livre d'Heures (ou recueil de palinods) de la Bibliothèque Municipale de Rouen, Ms Y.226a folios 86 et 108.
Mais je ne partage pas cette opinion : rien ne distingue ces rinceaux tenus par le putti ailé de ceux des autres panneaux décoratifs de ce vitrail, et de l'ensemble des rinceaux Renaissance, comme ceux du tombeau de Thomas James à Dol-de-Bretagne, ou des stalles de Guerche-de-Bretagne (1518-1525), qui présentent des petits personnages similaires.
On peut simplement dire que l'ornementation Renaissance des manuscrits enluminés commandités par Jacques Le Lieur, et ce vitrail qu'il a offert, ont en commun le même répertoire ornemental, introduit par le cardinal d'Amboise à Gaillon.
Par contre, les décors héraldiques ou emblématiques du manuscrit Y.226a renvoient sans ambiguïté au nom est aux armes de leur propriétaire. Et de véritables entrelacs abondent dans les marges.
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Le personnage hybride est nu, ailé, à pagne feuillagé, à pattes animales, et il tient sur sa tête une corbeille de six fruits rouges. Il étend les bras vers des masques anthropomorphes de profil, feuillagés.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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L'épisode de la destruction du temple.
"La destruction du temple païen : saint Romain, parti évangéliser les campagnes environnantes, se trouva un jour face à un temple païen, aux allures de forteresse, sur lequel des démons dansaient. Il invectiva les démons, provoqua le chef des diables, et le temple s'effondra." (Wikipédia)
Ici, Saint Romain, en évêque, trace dans le temple une bénédiction et avance sa croix archiépiscopale, ce qui entraîne la fuite de trois démons (verre bleu gravé et teinté au jaune d'argent en bas).
Sur un piédestal, une idole dorée vacille et chute.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Fortitudo.
La Vertu FORTITUDO assiste le saint. Elle porte le voile et la guimpe, et une robe violette. Elle brandit en main droite un dragon ailé. Sur sa tête, un objet bleu clair évoque une enclume. Sa main gauche entoure une colonne en marbre.
Ce sont bien les attributs de la FORCE, qui se retrouvent sur cette gravure de Brueghel (1561) :
La Force par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 BM Lyon
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SPES, l'ESPÉRANCE : LA MORT DE SAINT ROMAIN.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Dans le dernier épisode, toutes les vertus précédentes, auxquelles se joignent la Charité (qui figure au tympan) et l'Espérance, se retrouvent autour du lit funèbre de saint Romain.
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De gauche à droite : la Force, la Justice, la Foi et l'Espérance.
-La Force est coiffée de l'enclume, elle tient la colonne et maîtrise le dragon ailé .
-La Justice est couronnée, elle tient son épée.
-La Foi est coiffée d'une église et son front est ceint de lauriers. Elle tient le cierge allumé. Elle se tient derrière le crucifix présenté à Romain (ou bien, c'est elle qui présente ce crucifix).
-L'Espérance est coiffé d'un navire à trois mâts. Elle tient en main droite une tige dorée, peut-être la verge d'une ancre dont manquerait la patte.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Prudence, la Tempérance et la Charité.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Prudence.
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Elle est coiffée, au dessus d'une couronne de lauriers, d'un tombeau. Elle tient le crible et le miroir.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Tempérance.
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Elle est coiffée d'une horloge dont le mécanisme agit sur une cloche. Elle tient ses binocles. Sa main gauche tient les brides et le mors sous la forme de larges sangles rouge, et d'un un objet jaune d'or. Ces brides à ferrures d'or, dotée d'une boucle et de son aiguillon comme une ceinture, était déjà bien visible sur sa représentation du registre supérieur.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Charité.
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Nous la reverrons sur le soufflet supérieur du tympan. Elle tient le cœur rouge rayonnant. Il faut le savoir, mais c'est bien d'un phénix se frappant du bec la poitrine pour nourrir ses petits dont elle est coiffée. Il faudrait que je revienne me livrer à une nouvelle campagne photographique maintenant que j'ai déchiffré tous les secrets de ce vitrail.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE TYMPAN : LA MESSE DITE PAR SAINT ROMAIN ; LA CHARITÉ.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Parmi les ajours du tympan, trois soufflets illustrent comment saint Romain est apparu à un vieillard.
La Vie de saint Romain rapporte en effet la vision d'un vieillard qui venait souvent à l'église avant matines . Un dimanche , il vit saint Romain entouré d'évêques et célébrant pontificalement la messe .
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Le soufflet supérieur montre ce vieillard observant mains jointes et derrière un rideau vert l'évêque Romain (sa mitre posée sur l'autel) célébrant la messe.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Charité.
À gauche, la Charité assiste aussi à la scène, tenant le cœur rouge rayonnant qui est son attribut. Sur sa coiffe est posé un pélican nourrissant ses petits en se déchirant la poitrine. Ces attributs se retrouvent sur l'estampe de Philippe Gall et Brueghel :
La Charité par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 Bibliothèque municipale de Lyon
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Les deux soufflets inférieurs.
De chaque côté, cinq évêques sont tournés mains jointes vers la messe célébrée par Romain. Deux têtes ont été refaites.
On peut les considérer, d'après le récit de la vison du vieillard, comme les dix premiers évêques de Rouen, dont saint Nicaise, Mellon, Avitien, Sever, Victrice, Evode et Godard.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE SOUBASSEMENT (1920).
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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— Maurice ALLINE 1913, Les vitraux de la chapelle Saint - Romain à la cathédrale de Rouen . Étude iconographique , Rouen , 1913 ( extr . Congrès du Millénaire de la Normandie , t . II , 1912 )
— BASE PALISSY - POP-CULTURE Notice du Patrimoine base Palissy IM76002007
— BLAISE (Alexandra), 2009, Les représentations hagiographiques à Rouen à la fin du Moyen Âge (vers 1280-vers 1530), thèse d'Histoire de l'Art Paris IV Sorbonne sous la direction de F. Joubert.
— BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530
— BnF NAF 10721 Recueil de vies de saints, en prose et vers français. XVIe siècle. Ici commence la vie et legende de monseigneur saint romain
— POMEL (Fabienn), 2012. Pour une approche littéraire des cloches et horloges médiévales : réflexions méthodologiques et essai de synthèse. Cloches et horloges dans les textes médiévaux : mesurer et maîtriser le temps / sous la direction de Fabienne Pomel, Presses universitaires de Rennes, pp.9-32, 2012, 978-2-7535-2008-0. ffhal-01615587
https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01615587/document
— SOBCZYK (Agata), 2014, « Cloches et horloges dans les textes médiévaux », Perspectives médiévales
https://journals.openedition.org/peme/5108
—VASSEUR (Roland), 1956, Étude iconographique des statues de la tour Saint-Maclou de Mantes. Le Mantois 7 ― 1956: Bulletin de la Société «Les Amis du Mantois » (nouvelle série). Mantes-la-Jolie, Imprimerie Mantaise, 1956, p. 16-21.
Des figures nouvelles apparaissent pour la première fois dans un manuscrit enluminé à Rouen en 1470. Elles n’ont plus rien de commun avec les représentations antérieures. Cette transformation profonde du thème a été étudiée par Émile Mâle, qui en attribue l’invention à la fantaisie individuelle d’un bel esprit de Rouen5 . Les Vertus deviennent symboliques. Elles se chargent d’attributs, portent d’extravagantes coiffures en équilibre sur leur tête: la Foi, une église; l’Espérance, un navire; la Charité, un pélican avec sa piété; la Prudence, un cercueil. On trouve encore beaucoup d’autres attributs plus inattendus, parmi lesquels un tri se fit bientôt, et voici comment, en France, se présentent les Vertus dans les premières années du XVIe siècle: la Foi tient le livre des Saintes Écritures; l’Espérance, une bêche, une ruche, ou un navire; la Charité tient le monogramme rayonnant du Christ et un cœur; la Force arrache un dragon d’une tour; la Justice porte les balances et l’épée; la Tempérance a une horloge et un mors; la Prudence, un crible et un miroir. C’est alors que s’introduit en France l’iconographie italienne. En Italie, les représentations des Vertus, héritage de l’art français du XIIIe siècle, sont, au XIVe et au XVe siècles, beaucoup plus nombreuses qu’en France. Cette fréquence s’explique par les traditions de l’art funéraire. Dès le XIVe siècle en effet les Vertus entrent dans la décoration des tombeaux italiens avec des attributs quelque peu différents de ceux que nous avons vus jusqu’ici: la Foi tient un calice; l’Espérance lève les mains au ciel; la Charité recueille et allaite des enfants; la Force tient dans ses bras une colonne; la Justice, comme en France, porte balances et épée; la Tempérance mêle de l’eau au vin; la Prudence a un double visage (jeune d’un côté et vieux de l’autre). On assiste bientôt à une italianisation partielle des représentations françaises. L’art funéraire propage les nouveaux thèmes. Au tombeau de François II de Bretagne, à Nantes, se mêlent déjà les deux traditions. De même, plus près de chez nous, au tombeau des cardinaux d’Amboise à Rouen et au tombeau de Pierre de Roncherolle à Écouis (il ne reste de ce dernier tombeau qu’un dessin de Millin). Malgré l’emprise italienne, la tradition française résiste longtemps. Les attributs restent français au tombeau du cardinal Hémard, à Amiens, et aux stalles de Gaillon. Mais le triomphe de l’italianisme est total au tombeau de Henri II.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen III, la Danse Macabre des colonnes de la galerie ouest (les laïcs) et de la galerie est (les clercs). Pierre calcaire, 1526-1529.
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— Sur l'Aître Saint-Maclou, voir le premier article , qui comporte la présentation générale.
"Une danse macabre sculptée représente une procession de couples, où la Mort, décharnée, entraîne le vivant dans une danse. La Mort gesticule, gambade, sautille alors que le vivant semble figé face à l’arrivée brutale et violente du trépas. La danse macabre de l’aître Saint-Maclou dissocie les laïcs (empereur, roi…) défilant sur les colonnes de la galerie ouest et les religieux (pape, évêque…) sur la galerie est. Il s’agit d’une représentation hiérarchisée de la société allant du plus puissant, l’empereur pour les laïcs, le pape pour les ecclésiastiques, aux plus humbles. Ces statues ont fortement été endommagées, on suppose, dans la deuxième moitié du 16e siècle, durant les Guerres de Religion, ce qui rend leur identification difficile. Les historiens donnent une origine française à la danse macabre, l’expression étant utilisée dans un poème du 14e siècle de Jean Le Fèvre. Un autre poème, la Danse des morts, attribué à Jean Gerson (1363-1429) inspire la première danse macabre peinte : celle du cimetière des Saints-Innocents à Paris en 1424. Le poème agrémenté de gravures reproduisant les fresques du cimetière de Paris se répand à la fin 15e siècle en France et en Europe, grâce au libraire parisien Guyot Marchand. L’imprimerie, nouvellement créée, va permettre cette diffusion et assurer une popularité au thème des danses macabres. Les représentations artistiques se multiplient en Europe. Une centaine a été recensée pour le moment. Leur création est souvent à mettre en relation avec un épisode de peste. Peu d’entre elles sont conservées aujourd'hui. En France, six ont été répertoriées : celles de La Ferté-Loupière (Yonne), de Kermaria (Côtes-d’Armor), de Meslay-le-Grenet (Eure-et-Loir), de la Chaise-Dieu (Haute-Loire), de Kernascléden (Morbihan) et de Brianny (Côte-d’Or). La danse macabre est liée au choc psychologique provoqué par l’effroyable mortalité de la Peste noire de 1348 et aux retours de l’épidémie qui fauchent les générations suivantes. (Métropole)
Des colonnes peintes de couleurs chatoyantes et dorées :
"Les noms des maçons G. Trubert, G. Ribert, J. Louvel et N. Canu nous sont parvenus grâce aux salaires qui leur ont été versés au cours du chantier. Il en est de même pour les sculpteurs des colonnes de pierre figurant une danse macabre. G. Trubert est chargé de la taille et de la mouluration de toutes les colonnes à l’exception de trois fournies par les maçons Louvel et Canu et Adam Leselin et ensuite Gauthier Leprevost ont ensuite travaillé à la sculpture des couples de personnages. Enfin, Jean de Sées et Robert Collas sont intervenus lorsque les sculptures étaient terminées pour les peindre de couleurs chatoyantes et dorées. Robert Collas fut employé aussi pour enduire d’huile de lin la charpente. "(A. Pavia)
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"Les trois galeries à l’ouest et à l’est comptent 21 colonnes disposées de façon très régulière sur l’ensemble des façades. Elles sont édifiées sur un socle carré reposant lui-même sur un muret, s’élevant en s’étrécissant sur toute la hauteur du rez-de-chaussée des galeries pour déployer à son sommet des chapiteaux aux motifs rappelant ceux de la Renaissance. La moitié inférieure est cannelée et rudentée. À mi-hauteur, une bague timbrée d’un écu au monogramme de saint Maclou, sert d’appui au couple de figures. Le fût laisse apparaître des groupes finement sculptés en saillie représentant un couple de personnages qui mesurent environ 50 centimètres sans la tête. Ceux-ci sont situés un peu plus haut que la taille d’un homme. " (A. Pavia)
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Les colonnes des galeries sont numérotées à partir de l'angle sud-ouest, pour reprendre la numérotation en usage par le site "Aître Saint-Maclou", et de sa visite en ligne ou sur application pour portable. La galerie ouest comporte 11 colonnes consacrées à la Danse macabre des Laïcs invités par la Mort à sa danse. La galerie est comporte également 10 colonnes, dont seules 9 sont sculptées des figures de la Danse macabre des Clercs.
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Liste :
Les 11 Laïcs.
Colonne n°1 : trop usée. Le Sergent ?
Colonne n°2 : trop usée. L'Homme d'armes ?
Colonne n°3 : le Marchand ?
Colonne n°4 : trop usée. Le Bourgeois ?
Colonne n°5 : le Bailli ?
Colonne n° 6 : l' Ecuyer ?
Colonne n°7 : le Chevalier ?
Colonne n°8 : le Connétable ?
Colonne n°9 : trop usée. le Duc ?
Colonne n°10 : le Roi.
Colonne n°11 : l'Empereur.
Les 9 Clercs.
Colonne n°21 : le Pape.
Colonne n°22 : le "Patriarche" .
Colonne n°23 : trop usé [Le Cardinal ?]
Colonne n°24 : le Légat du Pape.
Colonne n°25 : l'Évêque.
Colonne n°26 : l'Abbé.
Colonne n°27 : Autre Abbé ou l'Astrologue
Colonne n°28 : trop usée. Le Chanoine ?
Colonne n°29 : trop usée. Le Maître d'école ?
Colonne n°30 : un moine prêcheur (Dominicain) : le "Chartreux".
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Comparaison avec les personnages de la Danse des morts de Guyot Marchand 1486 :
La danse macabre, ou danse de la mort, est un motif artistique de la fin du Moyen Âge. On considère la danse macabre du cimetière des Innocents de Paris, peinte en 1424, comme le point de départ de cette tradition. Aujourd’hui détruite, elle a pu toutefois parvenir jusqu’à nous grâce à un livre de l’éditeur Guyot Marchand, publié la première fois en 1485 et 1486.
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Cette liste permet de constater une bonne concordance avec les séquences de personnages de l'Aître Saint-Maclou, et dès lors de combler les lacunes liées aux destructions de Saint-Maclou.
1. L'empereur / le Pape
2. le Roi / Le Cardinal
3. Le Duc / Le Légat du Pape
4. Le Connétable / Le Patriarche
5. Le Chevalier / L'Archevêque
6. L'Écuyer / L'évêque
7. Le Bailli / L'Abbé.
8. Le Bourgeois/L'astrologue.
9. Le Marchand/ Le Chanoine.
10. L'Homme d'armes/le Maître d'école
11. Le Sergent/ Le Chartreux.
12. L'Usurier et le Pauvre / Le Moine.
13. L'Amoureux/ Le Médecin.
14. Le Ménestrel /L'Avocat.
15. Le Laboureur/ Le Curé.
16. Le Geolier./ Le Promoteur.
17. Le Berger/ Le Pèlerin.
18. L'Enfant / Le Cordelier.
19. L'Ermite/ Le Clerc.
20. Le Sot /Le Hallebardier
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Comparaison avec la liste des personnages de la Danse des Morts du BnF 995 de 1500-1510..
Cette liste montre que ce manuscrit suit assez fidèlement l'ordre de l'ouvrage imprimé par Guyot Marchand en 1486. Le Duc est absent.
1. L'Empereur/ Le Pape.
2. Le Roi/ Le Cardinal.
3. Le Connétable/ Le Patriarche.
4. Le Chevalier / L'Archevêque
5. L'Ecuyer/ Le Prélat (crosse)
6. Le Bailli/ L'Abbé.
7. Le Bourgeois/ L'Astrologue.
8. Le Marchand/ Le Chanoine.
9. Le Sergent/Le Maître d'école.
10. L'Usurier et le Pauvre homme/ Le Médecin
11. L'Amoureux/ L'Avocat.
12. Le Menestrier / Le (Moine)
13. Le Laboureur/ Le Cordelier.
14. L'Enfant/ Le Clerc.
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Plan de l'Aître par S. Bethmont-Gallerand.
Les galeries de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile août 2020.
Les galeries de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile août 2020.
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GALERIE OUEST : LA DANSE MACABRE DES LAÏCS.
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La colonne n°1. Trop usée. Le Sergent ?
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Hypothèse : le Sergent ? Son attribut est la masse d'armes. Voici, en guise d'introduction à ces Danses, le dialogue entre le squelette, et le vivant :
Le mort
Sergent qui porte cellez mace:
Il semble que vous rebellez.
Pour neant faictez la grimace:
Se on vous greve si appellez.
Vous este de mort appellez.
Qui luy rebelle il se decoit.
Les plus fort sont tost ravallez.
Il nest fort quaussi fort ne soit.
Le sergent
Moy qui suis royal officier:
Comme mose la mort frapper
Ie fasoye mon office hier.
Et elle me vient huy happer:
Ie ne scay quelle part eschapper:
Ie suis pris deca et dela.
Malgre moy me laisse apper.
Enviz meurt qui appris ne la.
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Le Sergent, La Danse macabre historiée, Paris 1486, Guyot Marchand.
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La colonne n°2. Trop usée. L'Homme d'armes ??
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On s'attend à trouver ici l'Homme d'armes.
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La colonne n°3. Un Marchand.
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Il ne reste plus que le bras gauche du squelette mais on devine qu'il porte un cercueil sur l'épaule et tient le vivant pour l'emmener avec lui. Ce vivant est habillé d'une manière qui rappelle les vêtements des riches marchands du 16e siècle.
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L'un des modèles possibles : l'enluminure du Maître de Philippe de Gueldre (1500-1510) du BnF Fr. 995. Selon John Plummer, ce maître pourrait avoir travaillé à Rouen, notamment pour le cardinal d'Amboise, mais Nicole Reynaud a montré qu'il n'avait travaillé qu'à Paris. Il est influencé par le travail de Bourdichon.
Voici l'invite du mort (transcription personnelle) :
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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La colonne n°4. Très usée. Le Bourgeois ??
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Il ne reste qu'un drap ; le squelette est suffisamment préservé pour déterminer qu'il s'appuie sur une faux.
Il serait logique d'y attendre le Bourgeois.
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La colonne n°5. Le Bailli ?.
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Il se caractérise sur la gravure et l'enluminure par son manteau fourré, son chaperon, voire son aumônière. Sur la colonne, aucun attribut n'est visible, mais le riche et long manteau est présent.
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Le Baillif. BnF 995.
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Le relevé de Langlois.
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La colonne n°6. L'Ecuyer ?.
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Le noble personnage serait, si l'ordre est respecté, l'Ecuyer. Comme sur la gravure, il se tient en arrière pour échapper à la sollicitation du squelette dont sont conservés encore les vêtements, les jambes en mouvement, et les deux bras qui saisissent le vivant.
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L'écuyer. BnF fr. 995.
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La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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La colonne n°7. La mort invite à danser le Chevalier.
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Sur l'enluminure, il tient un bâton. Sur la gravure, il porte l'épée au côté gauche. Sur la colonne, il se détourne et tourne le dos au squelette.
Le mort s'adresse à lui en disant Vous q'entre les grans barons avez eu renom chevalier : le titre est donc considérable, au delà de notre acceptation courante.
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Le Chevalier BnF fr.995.
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La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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La colonne n°8. La mort invite à danser le Connétable.
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Sur la colonne, le squelette porte un bâton de son bras gauche. Et il ne reste du vivant qu'un peu de ses vêtements et une épée, ce qui incite les experts à identifier un connétable, le chef des armées du roi, le plus haut grade de la hiérarchie militaire, celui qui, en tout lieu, représente le roi et tient son épée. Sous François Ier, il s'agira du fameux Anne de Montmorency, mais il reçut cette charge en 1538. Il plaça sur ses armes deux épées, pointe vers le haut.
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Le Connétable. BnF fr.995 f.4r.
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La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou.
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou.
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La colonne n°9. Très usée. Le Duc ?.
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On voit un pan de vêtement appartenant au mort, un bâton (ou épée) central, et le pied du vivant.
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Le Duc.
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La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou.
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou.
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La colonne n°10. La mort invite à danser le roi.
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Sur la colonne, le roi tient son sceptre avec son bras relevé sur sa poitrine. Le squelette nous tourne le dos, et ce dos est bombé comme une carapace de tortue, par un effet du linceul dont il se drape .
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Le Roi.
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La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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La colonne n°11. La mort invite à danser l'Empereur.
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Du squelette, nous ne voyons que le pied, et le geste par lequel il tire l'Empereur par son manteau. C'est une large cape retenue sur la poitrine par une agrafe ronde et perlée. L' épée est brandie à la main droite , l'autre main devait tenir le globe impérial. Le vandale iconoclaste, dans son jeu de massacre, a brisé toutes les têtes mais il reste ici la pointe de la barbiche.
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L'Empereur.
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L'un des modèles possibles : l'enluminure du Maître de Philippe de Gueldre (1500-1510) pour BnF fr.995.
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Le relevé effectué par Langlois en 1837 :
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La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Les chapiteaux.
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Ils permettent de constater l'influence de l'ornementation de la Première Renaissance, introduite en Normandie à Gaillon par le cardinal Georges d'Amboise.
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La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Un des blasons.
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Ces blasons qui ornent chaque colonne ont été décrits ainsi par Langlois :
"Un écusson dans le goût du temps, surmonté d'une crosse, présente sur chaque colonne le monogramme ci dessous dans les enlacements duquel se trouvent toutes les lettres dont se compose le nom latin de saint Maclou, S. MACUTUS. La tige de la crosse forme le jambage du T, le C se trouve dans la moitié du M, et l'A compte pour le V supposé vu dans un sens inverse ; on ne peut méconnaître l'S, qui réunit, comme une espèce de ligature, ce groupe de caractères. Dans les monogrammes antiques, comme dans ceux du moyen-âge, une seule lettre, par la manière dont elle est combinée, en représente souvent plusieurs à la fois. Dans l'exemple dont nous donnons la figure, il n'existe à la vérité qu'un seul V, mais il suffisait généralement que chacune des lettres dont se composait un mot se trouvât une seule fois figurée, dans ces sortes de chiffres, pour qu'ils fussent considérés comme complet »
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Néanmoins, la présence d'une crosse "en pal" sur ce monogramme laisse supposer la marque d'une abbatiale ou d'une influence épiscopale.
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La Danse macabre des laïcs, sur les colonnes sculptées de la galerie ouest de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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LA GALERIE EST : LA DANSE MACABRE DES CLERCS.
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Dans cette galerie, tous les squelettes se dirigent vers notre droite, vers le sud (qui était alors ouvert).
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Colonne n° 21 : le Pape invité à la danse par la Mort.
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Sur la colonne, le Pape tient une croix papale à trois traverses. Sa cape comporte une capuche terminée par un gland frangé.
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La Mort :
Vous qui vivez : certainnement
Quoy qu’il tarde ainsi danceres :
Mais quant ? Dieu le scet seulement
Advisez comme vous serés.
Dam Pape : vous commenceres
Comme le plus digne seigneur :
En ce point honores seres
Aux grans maistre est deu lonneur.
Le Pape :
Hée : fault il que la dance mainne
Le premier : qui suis dieu en terre
J’ay eu dignité souveraine
En l’église comme saint Pierre :
Et comme autre mort me vient querre
Encore point morir ne cuidasse :
Mais la mort a tous maine guerre
Peu vault honneur que si tost passe.
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Le Pape, 1486.
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Le Pape, BnF 995.
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Relevé par Langlois à Saint-Maclou :
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La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Colonne n° 22 : le Patriarche invité à la danse par la Mort.
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D'après l'iconographie, c'est bien le Patriarche qui tient une croix à double traverse (d'ailleurs nommée "croix patriarcale". Le Patriarche de la colonne est mitré, comme en témoignent les fanons frangés visibles de dos. Le squelette est drapé de son linceul.
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Le Patriarche 1486
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Le Patriarche BnF 995.
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Le relevé de Langlois en 1837 :
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La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
Le personnage devait être l'Archevêque, tenant sur la gravure et l'enluminure une croix à une seule traverse. (pourtant, en théorie, la croix archiépiscopale a deux traverses).
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Ou le Cardinal (qui vient en deuxième position sur la danse macabre de 1486) :
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La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Colonne n° 24 : le Légat du Pape invité à la danse par la Mort.
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Ou : le Cardinal : tous les deux ont les rangs de houppe de leur chapeau qui pendent devant leur robe. Mais le Légat est le seul à tenir la croix à longue hampe et à traverse simple. Les cinq rangs de fiocchi du chapeau témoignent d'un haut rang dans la hiérarchie.
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Le Légat 1486
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Le relevé de Langlois en 1837 :
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La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Colonne n° 25 : un Évêque invité à la danse par la Mort.
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Il ne reste de la mitre que les fanons frangés retombant derrière la nuque sur le capuchon, orné d'un gland de passementerie.
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L'Évêque, 1486.
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L'Evesque, BnF 995.
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Le relevé de Langlois en 1837 :
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La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Colonne n° 26 : un Abbé invité à la danse par la Mort.
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Le Père abbé porte la crosse au même titre que l'évêque, mais du côté droit ; il s'en distingue par son habit monastique.
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L'Abbé 1486
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L'Abbé, BnF 995.
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Le relevé de Langlois en 1837 :
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La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Colonne n° 27 : un autre Abbé invité à la danse par la Mort. L'Astrologue ?
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Ou bien l'Astrologue, si on suit la séquence des Danses macabres contemporaines. Mais la croix, quoique tenue à main gauche, affaiblit cette hypothèse.
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L'Astrologien 1486
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L'Astrologue BnF 995.
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Le relevé par Langlois :
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La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Colonne n° 28 : très usée. Le Chanoine ?
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D'après la séquence des Danses macabres, nous pourrions avoir ici le Chanoine portant l'aumusse.
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Le Chanoine, 1486
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Le Chanoine, BnF 995.
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Colonne n° 29 : très usée.
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Il ne reste du squelette qu'un talon et un morceau d'habit tandis que le vivant n'a plus que ses deux pieds.
D'après la séquence des Danses macabres, nous pourrions avoir le "Maistre d'escole" .
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Le Maistre d'escole, 1486
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Colonne n° 30 : un moine prêcheur (dominicain) invité à la danse par la Mort.
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Ou "Chartreux" dans les textes de l'époque.
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Le Chartreux, 1486.
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Le Chartreux in BnF 995.
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Le relevé par Langlois.
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La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
La Danse macabre des clercs, sur les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Chapiteaux et blasons.
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Les chapiteaux.
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Le relevé de Langlois :
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Les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
Les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
Les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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Les blasons.
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Ils ont été décrits par Langlois : voir plus haut.
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Les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
Les colonnes sculptées de la galerie est de l'Aître Saint-Maclou. Photographie lavieb-aile.
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UNE PIERRE COMMÉMORATIVE DE 1522 (ou 1525) .
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Les donateurs sont peut-être Jean Dufour (accompagné de ses fils et descendance), et son épouse (accompagnée de ses filles). Ces opulents drapiers avaient fait don en 1505 de deux cours et d'une maison afin d'agrandir l'aître. La famille Dufour est l'une des principales donatrices également de l'église Saint-Maclou (verrière de la façade occidentale).
"Le « Grand Chartrier », cartulaire enluminé exécuté en 1532, consacre le rôle prépondérant et durable de la famille Dufour dans la construction de l'église et célèbre l'accession de ces bourgeois aux plus hautes fonctions publiques et à la noblesse à la fin de la guerre de Cent Ans." (E. Hamon)
En effet Jehan Dufour fut selon Maurice Pillet conseiller de Rouen et seigneur du Monchel
— BETHMONT-GALLERAND (Sylvie), 2003, "Un autre travail du bois à Rouen : Les sablières de l’aître saint-Maclou", in Les stalles de la cathédrale de Rouen, C. Elaine Block, Frédéric Billiet p. 199-220 Presses universitaires de Rouen et du Havre
https://books.openedition.org/purh/7435?lang=fr
https://books.openedition.org/purh/7437
— LANGLOIS (E.-Hyacinthe ), 1833, "Rouen au XVIe siècle et la danse des morts", Bulletin de la Société libre d’émulation de Seine-Maritime, 6 juin 1832, Rouen, Baudry, 1833, p. 70. Non consulté.
« Dans les statuettes du cimetière de Saint-Maclou, tantôt la mort se montre dans une action d'entraînement plus ou moins brusque; tantôt, affectant une pose tranquille, elle parait employer le raisonnement plutôt que la violence. Sur quelques colonnes des plus mutilées, on retrouve des pieds décharnés dont l'élévation au-dessus du plan sur lequel posaient les figures atteste que plusieurs de ces cadavres symboliques gambadaient en s'emparant de leurs victimes. Quant à ces derniers personnages, ils montrent généralement, par leurs poses simples et calmes, plus de résignation que de résistance, » Langlois,
—LANGLOIS (Eustache-Hyacinthe), 1837, réed 1852, Essai historique, philosophique et pittoresque sur les Danses des Morts. Rouen, Lebrument, Deux volumes I p.10-30, II p.10-61.
— LEVASSEUR (P.), 2003, « Observations sur l’iconographie de l’aître saint-Maclou : une synthèse de l’art macabre et des apports de la Renaissance », Actes du onzième congrès international d’études sur les Danses Macabres et l’art macabre en général , Rouen du 1er au 5 octobre 2003,éditions Danses Macabres d’Europe, p. 41. Non consulté.
—LOTH (Julien), 1910, L'Aître de Saint-Maclou, Rouen, Léon Gy, 28 p. Non consulté.
—MÂLE (Emile) 1922, L’art religieux de la fin du Moyen-Age en France, étude sur l’art religieux du Moyen Age et sur ses sources d’inspiration, Paris, Armand Colin, 1922, p. 253-sq.
— A. PAVIA, L’aître Saint-Maclou de Rouen. Monographie historique et technique d’une construction à pans de bois du XVIe siècle. Étude stylistique et iconographique de ses sablières Mémoire de master 2 en histoire de l’art moderne, (E. LEUTRAT dir.), Rennes 2, 2011, p.49 à 51.
—PILLET ( Maurice ), 1924, L'Aître Saint-Maclou : ancien cimetière paroissial de Rouen, Paris, Édouard Champion, 1924, 224 p. Non consulté.
—PREVOST (Chanoine Louis), 1970 Histoire de la paroisse et des curés de Saint-Maclou, depuis la Fondation jusqu'à nos jours (1219-1966), Rouen, Éditions Maugard. Non consulté.
— VAILLANT (Pierre ) 1975," La danse macabre de 1485 et les fresques du charnier des Innocents ", Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public Année 1975 6 pp. 81-86
—VENOT ( Bernard), MOUILLESEAUX (Jean-Pierre), 1980,, L'Aître Saint-Maclou de Rouen : petit guide à l'usage des habitués du lieu et de ceux qui le découvrent, Rouen, 73 p. Non consulté.
— LAQUERRIÈRE) (A.), 1986, « L'aître Saint-Maclou et les anciens charniers », dans Églises, hôtels, vieilles maisons de Rouen, Rouen, Société des amis des monuments rouennais, 518 p., p. 323-330 Non consulté.
—THOMANN (Aminte), CHAPELAIN DE SEREVILLE-NIEL (Cécile), « Rouen – Aître Saint-Maclou » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Normandie, mis en ligne le 04 juin 2021, consulté le 12 février 2022. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/76013
II MANUSCRITS ET OUVRAGES IMPRIMÉ BNF Danse Macabre.
https://www.arlima.net/ad/danse_macabre.html
—Notice BNF
"On discute de l'origine de la Danse Macabre ou Danse des Morts qui, apparue dans la seconde moitié du XIVe siècle, connut une grande fortune dans toute l'Europe jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Dérive-t-elle de la légende des "trois morts" et des "trois vifs", ces trois horribles cadavres qui, un soir, apparaissent dans un cimetière à trois jeunes gens pour leur rappeler leur humaine condition, l'inexorabilité de la mort, et les exhorter au bien ? Ou s'agit-il à l'origine d'une sorte de spectacle mimé, destiné à impressionner les fidèles, en conclusion d'un sermon sur la mort ? La plus ancienne représentation figurée d'une Danse Macabre se trouvait à Paris (1424), sur les murs du Cimetière des Innocents. D'elle dérivent de nombreuses représentations européennes. Elle fut détruite en 1663, mais les bois gravés que l'imprimeur parisien Guy Marchant publia en 1485 dans son édition en restitue pour nous une image assez exacte. L'ouvrage connut un tel succès que Guy Marchant imprima coup sur coup deux autres éditions : l'une copiée sur la première et parue sans date ; l'autre (ici présentée), datée de 1486 et augmentée de plusieurs textes. C'est très vraisemblablement sur l'une de ces éditions que fut copié à Paris, vers 1500-1510, le présent manuscrit, témoin du prestige toujours vivant du manuscrit cinquante ans après l'invention de l'imprimerie. Trente couples formés d'un mort et d'un vivant : pape, empereur, cardinal, roi, jusqu'au petit enfant, se succèdent dans cette danse que tous apprendront à danser." (M.-H. T.)
—"Danse macabre historiée" publiée en 1485 et 1486 à Paris par Guyot Marchand, illustré de bois gravés : BnF , département Réserve des livres rares, RES-YE-189
Les colonnes des galeries sont numérotées à partir du côté ouest, qui en comporte 11. La colonne n°12 se trouve à l'intérieur, dans l'entrée de l'angle nord-ouest, près de la chapelle des Trépassés, elle représente la Création d'Adam et la Faute d'Adam et Ève. Puis viennent les Sibylles, deux par deux sur chaque colonne extérieure de la galerie nord, et enfin, à l'angle nord-est, et à nouveau à l'intérieur, la colonne sculptée du Meurtre de Caïn et Abel. Si on se souvient que les douze sibylles annoncent par leurs prophéties (ou "vaticinations"), pour les Chrétiens, douze étapes de l'Incarnation et de la Rédemption, nous avons là un programme iconographique assez complet de l'Histoire du Salut, face au Calvaire central de la cour.
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Plan par Sylvie Bethmont-Gasserand.
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LA COLONNE DE LA CRÉATION ET DE LA FAUTE D'ADAM ET ÈVE.
"Alors, yhvh elohim fit tomber un sommeil profond sur l'homme, et il s'endormit.
Alors il prit l'un de ses côtés et il referma la chair en dessous.
Alors, yhvh elohim bâtit le côté qu'il avait pris de l'homme en forme de femme et il la présenta à l'homme." (Genèse 2:21-22, trad. M.A. Ouaknin)
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Dieu se tient debout à gauche et lève la main droite, tandis que, de la main gauche, il aide la jeune Ève à se redresser et à s'extraire du flanc droit d'Adam, dont elle naît. De celle-ci, au corps en grande partie brisée, nous voyons les mains jointes, les fesses, le ventre et les jambes : leurs formes laissent préjuger de la beauté du visage.
Adam est allongé sur le coté gauche, jambes fléchies, et cachant son sexe de la main droite.
À droite, derrière la tête d'Adam, une montagne est couronnée d'un édifice, vers lequel se dirige divers animaux : lion (?), renard (?) ou gallinacé (?). Ce n'est pas exactement ce qu'on attend d'une scène de création du monde et des animaux, ce qui excite la curiosité sur l'interprétation de cette partie.
Dieu est vêtu d'une robe, serrée à la taille par un cordon noué, et à larges manches. Une ample cape est fermé par un cabochon carré. La tête (hormis un morceau de la barbiche), et les bras sont brisés. Les drapés sont particulièrement élégants.
La pierre blanche, ici comme sur les autres colonnes que nous allons examiner, est calcaire, et il serait intéressant d'en connaître l'expertise géologique, qui pourrait indiquer la provenance.
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On comparera ce sujet avec celui du quadrilobe du portail de la Sainte-Chapelle par Geoffroy-Dechaume, peut-être inspiré du portail de la cathédrale de Lyon.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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La Faute d'Adam et d'Ève.
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"La femme contempla . Oui, l'arbre était bon à manger et enviable pour les yeux ! Oui, l'arbre engendrait le désir de devenir intelligent ! Alors elle prit de son fruit et elle mangea. Et elle en donna aussi à son homme qui était avec elle, et il mangea." (Genèse 2:5-6, trad. M.A. Ouaknin).
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Cette représentation du serpent à la poitrine (et au visage, même s'il est ici brisé) féminine, mais à la queue qui s'enroule autour du tronc de l'arbre, je la connais bien, tant elle est fréquente, taillée en kersanton à l'entrée des porches bretons contemporains de cette colonne ! Et toujours, le serpent-femme est tournée vers Ève. Je l'ai décrite par exemple à Pencran, à Guimiliau, à Sizun et à Ploudiry, et on en retrouve la source dans des enluminures comme celle du Livre d'Heures dites de Henri IV BnF Latin 1171 , au folio 20v (sauf que, pour me contredire, le serpent regarde Adam). Ces enluminures sont peintes par le Maître des Triomphes de Pétrarque. Or ce livre provient de la bibliothèque du château de Gaillon, et ce peintre a laissé "une empreinte durable sur le milieu rouennais" (E. Adam).
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Sans chercher une science exacte, on peut créer des liens entre le cardinal Georges d'Amboise, commanditaire du château de Gaillon qui a introduit en Normandie le vocabulaire de la Première Renaissance, son neveu Georges II d'Amboise qui fut archevêque de Rouen en 1511 et prolongea l'œuvre de son oncle (chapelle de Gaillon et ses stalles), l'église Saint-Maclou dont ils favorisèrent tous deux la reconstruction (dédicace en 1521), et cette Aître Saint-Maclou.
Et examiner, pour se rapprocher plus encore de Georges Ier d'Amboise, et de Rouen, voici une enluminure attribuée à Robert Boyvin, actif entre 1480 et 1536, et qui avait été formé par le Maître de l'échevinage de Rouen . Et cette fois-ci, Dame-serpent regarde Dame-Ève.
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Robert Boyvin, Heures à l'usage de Rouen, Rouen, vers 1500. Paris, BNF, Arsenal, Ms. 416, f.10
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Mais ici (et combien on regrette le vandalisme des exaltés qui ont fracassé ces colonnes), la femme-serpent dont les formes généreuses et la chevelure établissent un rapport de rivalité spéculaire avec Ève, lui posent la main gauche sur l'épaule, tandis que la main droite, toujours en imitation symétrique, se pose sur une spire de la queue en face de la main de la première femme, laquelle est posée sur son sexe.
Et s'il est fâcheux de ne pas voir l'œuvre d'art déployer la splendeur probable du temps où elle était intacte, par contre, cela libère l'imaginaire. Si bien que j'ai cru voir les deux visages se rapprocher dans leur entreprise de séduction, et s'embrasser.
J'ai ainsi pu bénéficier d'un unicum dont les perspectives spirituelles ou artistiques renouvelait le thème élimé de la Tentation.
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La main droite d'Ève, qui est brisée, tenait jadis la pomme. Dans certaines enluminures et sculptures, le serpent la tient, et la propose au désir. Dans d'autres, le fruit est encore tenu par les deux mains. Mais ici, le serpent ne l'a plus, Ève l'a saisi. Les jeux sont faits.
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Le relevé d'Eustache-Hyacinthe Langlois en 1837, gravure d'après le dessin d'Espérance Langlois.
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E.-H. Langlois Essai historique, philosophique et pittoresque sur les danses des morts planche V. Gallica
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Il ne reste plus rien d'Adam, sauf une paire de pieds nus. Et à côté du pied droit, un pied de forte taille sort d'un drapé, laissant deviner un autre personnage :qui donc à cette époque, si ce n'est Dieu ou son messager ?
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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L'un des côtés de la colonne porte deux panneaux en bas-reliefs Renaissance. En haut, un couple nu entouré d'arbres stylisés (Adam et Ève dans l'Eden ?) au dessus d'une vasque. La femme qui nous tourne le dos a des cheveux très longs. L'homme, barbu, tient un objet (la pomme...?). En bas, un décor semblable à celui du château de Gaillon, avec une chimère au dessus de rinceaux. Entre les deux, un enfant, habillé, tient un fruit.
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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LES 7 COLONNES DES SIBYLLES.
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Cette série de sept colonnes, dont la plupart conservent encore, quoique mutilées, leurs personnages féminins assemblés par deux, pose un problème délicat.
En effet, il est certains que nous avons affaire à une série des sibylles, prophétesses de l'Antiquité dont le nombre, par parallélisme avec les prophètes bibliques, venait d'être fixé à douze à la fin du XVe siècle par Filippo Barbieri en Italie, et dont les attributs et l'association avec des épisodes de l'Enfance et de la Vie du Christ avait été durablement fixé par les Heures de Louis de Laval vers 1480-1485.
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Les Sibylles à Gaillon et à Rouen.
1. On sait l'influence des deux cardinaux Georges d'Amboise sur le développement artistique de Rouen et de sa région, à commencer par leur château de Gaillon. Or, les stalles de la chapelle du château de Gaillon, commanditées par Georges II d'Amboise qui y a placé ses armes et devises, montrent sur le premier registre des dorsaux le Dialogue des Sibylles et des Vertus. Les vaticinations des sibylles répondaient aux prophéties des 12 Prophètes. Persique est associée à la Prudence, Érythrée à la Force, Tiburtine à la Justice, Agrippa à la Tempérance, Delphique à la Foi, Hellespontique à la Charité. La Phrygique , associée à l' Espérance, était prévue dans le programme. (source)
Ces stalles ont été remontées dans le chœur de la basilique de Saint-Denis. Georges d'Amboise avait fait enluminer le manuscrit des Institutions divines de Lactance, texte qui décrit les Sibylles. Cf C. Meneau d'Anteroches 2020 et Wikipédia. Plus précisément, c'est Alphonse le Magnanime, roi d'Aragon et de Sicile, qui pourrait avoir commandé le manuscrit vers 1455 à Naples, et il aurait été acheté à Frédéric d'Aragon roi de Naples, avant sa mort en 1504, par Georges Ier d'Amboise pour sa bibliothèque de Gaillon. Voir BnF Lat. 1674, qui a perdu son frontispice, ainsi que BM Besançon MS 170 dont le frontispice armorié est intact. Les miniatures du BnF lat. 1674 sont huit initiales dorées entrelacées avec des bianchi girari, et non des enluminures où auraient pu figurer des sibylles...
2. Le portail Notre-Dame de la cathédrale de Rouen a été réalisé en 1512-1513. Les voussures portent, de l'intérieur vers l'extérieur, 12 Patriarches, 12 Sibylles et 12 Prophètes. Les sibylles sont sculptées par Nicolas Quesnel, tandis que Pierre Des Aubeaux a sculpté les Prophètes, et Richard Le Roux les Patriarches.
3. La Tour de Beurre de la cathédrale date de la in du XVe siècle. Elle comporte deux sibylles et deux prophètes au sud, et deux sibylles dont la Tiburine face à Auguste à l'est. (Source)
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L'idéal serait, pour disposer cette série, que la galerie nord ne compte que six colonnes. Hélas, elle en compte sept, en comptant les deux extrêmes qui sont aujourd'hui partiellement incluses dans l'entrée et dans l'escalier de droite.
Certains ont proposé de reconnaître ici quelques Vertus. Celles-ci sont, dans l'iconographie traditionnelle au nombre de sept, en associant les Vertus théologales et cardinales. Elles se distinguent par leur attribut. Mais cela complique encore le problème, et aucune n'est identifiée ici (sur la colonne n° 13, les auteurs voient la Prudence, Vertu portant un miroir, mais les rayons qui diffusent autour du cercle m'incitent à y voir une lampe, attribut de la sibylle Persique ou Lybique). J'écarte cette hypothèse.
L'autre possibilité est de penser que la série n'est pas complète, et que le personnage est dédoublé. C'est la solution envisagé pour expliquer qu'une femme tienne une colonne, à coté de la sibylle Agrippa tenant son attribut bien connu, le fouet de la Flagellation. Sa voisine porterait la colonne, l'un des Instruments de la Passion, où le Christ est lié. L'hypothèse résout ce cas particulier de la colonne 18, et éventuellement celui de la colonne n°18, mais il est très surprenant que le commanditaire ait choisi cette option, attestée nulle part ailleurs, et qui lui impose de ne pas présenter la série, au chiffre très fort symboliquement, de 12 alors qu'il dispose de sept colonnes.
On peut penser qu'il y a eu des modifications lors de réaménagements ou de restaurations.
La colonne n°17 fait exception par rapport aux autres, car elle est la seule à présenter un blason qui occupe une place importante. Les deux personnages, détruits et dont on ne voit que l'emplacement, étaient-ils des sibylles.
Si on exclut cette colonne, nous avons bien douze personnages féminins, dont trois sont détruits, quatre n'ont pas d'attribut permettant de les identifier, quatre ont un attribut caractérisé (lampe ; rameau fleuri ; fouet ; croix).
Enfin, la revue des iconographie montre (comme pour les 12 apôtres et leurs attributs) un certain nombre de variantes.
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Rappel des attributs : Les 12 Sibylles françaises issues des Heures de Louis de Laval s'organisent en deux sous-ensembles :
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— Vie de la Vierge :
1. La Persique tenant une lanterne et foulant un serpent : annonce la Vierge de l' Immaculée Conception foulant le serpent. : Incarnation : la Vierge donne naissance à celui qui se dira Lumière du Monde.
2. La Libyque tenant un cierge annonce la Vierge et l'Enfant apportant cette Lumière. Manifestation aux Gentils.
3. L'Erythréenne tenant la fleur prophétise l' Annonciation et la Conception virginale.
4. La Cuméenne tenant un bol (une boule) annonce la Virginité (ou Venue d'un enfant). Naissance dans une crèche
5. La Samienne tenant un berceau annonce la Nativité et l'Annonce aux Bergers.
6. La Cimmérienne tenant une corne (biberon) annonce l' allaitement de l'Enfant par la Vierge
7. L'Européenne tenant une épée annonce la Fuite en Égypte pour fuir le Massacre des saints Innocents.
— Passion et Christologie :
8. La Tiburtine tenant une main annonce les gifles infligées à Jésus lors de sa Passion.
9. L'Agrippine avec son fouet annonce la Flagellation.
10. La Delphique tenant une couronne :annonce le Couronnement d'épines de la Passion. Incarnation.
11. L'Hellespontine tenant une croix annonce la Crucifixion. Incarnation et Passion
12. La Phrygique tenant un étendard crucifère annonce la Résurrection
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On pourra lire ici les réflexions de E.-H. Langlois :
Colonne n° 13. Sibylle à la lampe (Persique) ; sibylle au rameau fleuri (Erythrée).
Colonne n°14. Deux sibylles indéterminées.
Colonne n°15. Deux personnages détruits.
Colonne n°16. Sibylles à la colonne. Sibylle au fouet (Agrippa).
Colonne n° 17. Deux personnages détruits. Grand blason central.
Colonne n°18. Sibylle à la lance. Sibylle à la croix (Hellespont).
Colonne 19. Un personnage détruit, une sibylle.
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Colonne n° 13 contre l'escalier. Sibylle tenant la lampe (Persique ? ) et sibylle Erythrée tenant le rameau fleuri.
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La tenue de ces deux jeunes femmes aux allures dansantes de Ménades est tout à fait celle que l'on retrouve sur les autres séries iconographiques de Sibylles, sous le signe de l'élégance, de la jeunesse et de l'exotisme. Les têtes étant brisées, nous ne pouvons pas chercher ici les turbans et coiffures à glands qui sont un attribut général de ces dames vaticineuses. Leurs chaussures sont à bout pointu.
Mais leur duo dansant en ronde poursuit aussi le thème des autres galeries, à l'ouest et à l'est, celui de la Danse Macabre des Laïcs et des Clercs.
La sibylle Persique (identifiée par les autres auteurs comme la Prudence tenant un miroir) tient la lampe dont l'éclat est manifesté par des rayons. C'est bien sûr une hypothèse.
La sibylle Erythrée tient le rameau fleuri (ailleurs une simple fleur) prophétisant la tige vierge qui fleurit et porte un fruit, virga et virgo.
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Relevé de Langlois en 1837 :
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E.-H. Langlois Essai historique, philosophique et pittoresque sur les danses des morts planche V. Gallica
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Colonne n° 14. Deux sibylles.
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Quelle grâce ! Quel charme juvénile, presque insolent dans ce cimetière ! Quelle taille fine sous le corselet contrastant avec les manches bouffantes, les flots de plissé, les jupons, les frou-frous et les traines !
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Mais dans cette Aître où tout est destiné à rappeler au visiteur que le Temps passe, mais l'attend, la pierre usée, ces têtes brisées, ces accessoires de beauté qui ont perdu leur lustre, cette vétusté incitent à une méditation sur les Ruines et à une nostalgie du temps où ces Dames sculptées du temps Jadis venaient de surgir du ciseau du sculpteur.
La Beauté a deux ennemis : les vandales, et le vieillissement.
La Bêtise, et le Temps.
Mais elle montre ici, malgré tout, à qui sait en rêver, son triomphe : quelle grâce ! quelle charme juvénile !
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Le relevé de Langlois 1837 :
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Gravure d'E.H. Langlois 1837 Essai historique, philosophique et pittoresque sur les danses des morts planche V. Dessin Espérance Langlois. Gallica
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Colonne n° 15. Sculpture trop abimée.
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Voilà à quoi cela ressemble sur l'application du Site pour mon portable :
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Colonne n° 16. Deux sibylles dont Agrippa tenant le fouet de la Flagellation.
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.La sibylle de gauche est difficile à identifier, elle porte une colonne brisée, qui est un symbole de la Passion (Ecce Homo, Outrages et Flagellation)
La sibylle de droite porte un fouet, par lequel elle annonce la Flagellation. C'est Agrippa.
Là encore, on remarque leur beauté, et l'allure dansante de leur procession.
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Le relevé de Langlois en 1837 :
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Gravure d'E.H. Langlois 1837 Essai historique, philosophique et pittoresque sur les danses des morts. Dessin Espérance Langlois. Gallica
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Il faudrait revenir pour faire une étude de tous les chapiteaux.
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Colonne n° 17. Les sibylles ont été détruites. Un blason.
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Sur cette colonne, les sibylles sont effacées. Seul subsiste le blason qu'elles devaient tenir. Peut-être le blason d'un riche marchand ou bourgeois de Rouen, d'un clerc ou d'un membre de la fabrique qui n'a pas été identifié.
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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On comparera ce que nous avons sous les yeux avec le relevé qu'en donne Langlois ; En 1 deux ou trois animaux ; en 3, trois fers à cheval ou fers de mule ; à droite Deux quartiers avec 5 étoiles 2;1;2 (et des coquilles en chef ?).
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Gravure d'E.H. Langlois 1837 Essai historique, philosophique et pittoresque sur les danses des morts planche V. Dessin Espérance Langlois. Gallica
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Le chapiteau de la colonne n°17.
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Les boules rondes sont-ils des fruits, ou plutôt des grelots ?
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L'Aître Saint-Maclou de Rouen. Les colonnes de pierre sculptées du côté nord (1526-1529). Photographie lavieb-aile août 2020.
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Colonne n° 18. Deux sibylles dont l'Hellespontine tenant la croix.
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La sibylle de gauche relève sa robe et tient la lance.
— BETHMONT-GALLERAND (Sylvie), 2003, "Un autre travail du bois à Rouen : Les sablières de l’aître saint-Maclou", in Les stalles de la cathédrale de Rouen, C. Elaine Block, Frédéric Billiet p. 199-220 Presses universitaires de Rouen et du Havre
https://books.openedition.org/purh/7435?lang=fr
https://books.openedition.org/purh/7437
— LANGLOIS (E.-Hyacinthe ), 1833, "Rouen au XVIe siècle et la danse des morts", Bulletin de la Société libre d’émulation de Seine-Maritime, 6 juin 1832, Rouen, Baudry, 1833, p. 70. Non consulté.
« Dans les statuettes du cimetière de Saint-Maclou, tantôt la mort se montre dans une action d'entraînement plus ou moins brusque; tantôt, affectant une pose tranquille, elle parait employer le raisonnement plutôt que la violence. Sur quelques colonnes des plus mutilées, on retrouve des pieds décharnés dont l'élévation au-dessus du plan sur lequel posaient les figures atteste que plusieurs de ces cadavres symboliques gambadaient en s'emparant de leurs victimes. Quant à ces derniers personnages, ils montrent généralement, par leurs poses simples et calmes, plus de résignation que de résistance, » Langlois,
— LAFOND ( Jean), 1969, « L'iconographie des portes de Saint-Maclou de Rouen ». In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1969, 1971. pp. 283-294; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1971.2239 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1971_num_1969_1_2239
—LANGLOIS (Eustache-Hyacinthe), 1837, réed 1852, Essai historique, philosophique et pittoresque sur les Danses des Morts. Rouen, Lebrument, deux volumes I p.10-30, II p.10-61.
— LEVASSEUR (P.), 2003, « Observations sur l’iconographie de l’aître saint-Maclou : une synthèse de l’art macabre et des apports de la Renaissance », Actes du onzième congrès international d’études sur les Danses Macabres et l’art macabre en général , Rouen du 1er au 5 octobre 2003,éditions Danses Macabres d’Europe, p. 41. Non consulté.
—LOTH (Julien), 1910, L'Aître de Saint-Maclou, Rouen, Léon Gy, 28 p. Non consulté.
—MÂLE (Emile) 1922, L’art religieux de la fin du Moyen-Age en France, étude sur l’art religieux du Moyen Age et sur ses sources d’inspiration, Paris, Armand Colin, 1922, p. 253-sq.
— PAVIA (Amélie), 2011, L’aître Saint-Maclou de Rouen. Monographie historique et technique d’une construction à pans de bois du XVIe siècle. Étude stylistique et iconographique de ses sablières Mémoire de master 2 en histoire de l’art moderne, (LEUTRAT E. dir.), Rennes 2, 2011, 633 p. Voir p.30 à35 :
—PREVOST (Chanoine Louis), 1970 Histoire de la paroisse et des curés de Saint-Maclou, depuis la Fondation jusqu'à nos jours (1219-1966), Rouen, Éditions Maugard. Non consulté.
—VENOT ( Bernard), MOUILLESEAUX (Jean-Pierre), 1980,, L'Aître Saint-Maclou de Rouen : petit guide à l'usage des habitués du lieu et de ceux qui le découvrent, Rouen, 73 p. Non consulté.
— LAQUERRIÈRE) (A.), 1986, « L'aître Saint-Maclou et les anciens charniers », dans Églises, hôtels, vieilles maisons de Rouen, Rouen, Société des amis des monuments rouennais, 518 p., p. 323-330 Non consulté.
—THOMANN (Aminte), CHAPELAIN DE SEREVILLE-NIEL (Cécile),2021 « Rouen – Aître Saint-Maclou » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Normandie, mis en ligne le 04 juin 2021, consulté le 12 février 2022.
https://journals.openedition.org/adlfi/76013
"La campagne 2018 a permis la fouille et l’étude d’environ 250 sépultures, le corpus total sur l’ensemble de l’aître s’élevant à environ 500 sépultures. La densité funéraire est telle que le sol géologique (situé entre 4 et 6 m de profondeur par un précédent sondage géotechnique) n’a pu être atteint, même dans un petit sondage effectué jusqu’à 3,5 m de profondeur. La fouille de cet espace a mis en évidence une partie du cimetière paroissial utilisé jusqu’à la fin du xviiie s., mais aussi des fosses communes, accueillant jusqu’à six individus déposés simultanément. Des traces de fondation d’un bâtiment en bois inédit, probablement postérieur à l’occupation funéraire, ont également pu être observées directement au sud du calvaire.
L’étude en cours de cette collection ostéo-archéologique se fait grâce à une approche pluridisciplinaire impliquant plusieurs approches biologiques : analyses paléopathologiques macroscopiques, menées en partie dans le cadre d’une recherche doctorale, pour appréhender l’état sanitaire de la population, analyses isotopiques, particulièrement informatives sur le régime alimentaire des défunts, analyses paléoparasitologiques, renseignant notamment sur les conditions de vie et analyses paléomicrobiologiques, détectant la présence de l’ADN ancien de certains pathogènes dans le matériel dentaire et osseux, tels que la tuberculose, la syphilis ou la peste. Des analyses paléomicrobiologiques préliminaires, menées sur le corpus provenant du diagnostic de 2016, ont déjà permis de détecter la présence très probable du bacille de la peste chez un individu daté du début du xve s.
Les résultats archéologiques et anthropologiques issus de cette fouille vont permettre de développer de manière significative les connaissances concernant la population rouennaise et la gestion de ce cimetière de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne."
— INRAP La boîte en plomb de l'Aître Saint-Maclou. Une boîte en plomb a été retrouvée dans une pierre sous la colonne (galerie ouest ?), contenant la plaque commémorative déposée en 1859 avec quelques pièces de monnaie contemporaines.
Dans le cadre des journées européennes de l’archéologie 2020, l’Inrap vous propose une vidéo inédite sur une curieuse boîte en plomb, découverte à l'aître Saint-Maclou, à Rouen. Que contient-elle ?
En 2019, lors des travaux de restauration du cimetière de l’aître Saint-Maclou, un site de la Métropole Rouen Normandie, des ouvriers trouvent une pierre évidée sous une colonne sculptée datant de la Renaissance. Et ils découvrent, enchâssée dans la pierre, une boîte en plomb.
Par ailleurs, on sait grâce aux archives qu’une plaque de cuivre portant une inscription a été laissée en dépôt dans l’édifice en 1859, lors d’une restauration antérieure.
Le service régional de l’archéologie (Drac Normandie) confie l’ouverture de la boîte à l’Institut national de recherches archéologiques préventives. La boîte contient-elle la plaque commémorative ou est-elle bien plus ancienne ?
Durée : 00:06:58 Sous-titres automatiques disponibles en français. Réalisation, montage : Serge Le Maho, Inrap Avec la participation de Sylvain Mazet Directeur-adjoint scientifique et technique Normandie (Seine-Maritime et Eure), Inrap
PRÉSENTATION (D'APRÉS LES CARTELS EXPOSÉS ET AUTRES SOURCES).
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L'aître Saint-Maclou est un ancien aître charnier datant du XVIe siècle, situé 186, rue de Martainville à Rouen. Il constitue un des rares exemples d'ossuaire de ce type subsistant en Europe. L'aître Saint-Maclou fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862
L'ossuaire se compose de quatre galeries encadrant une place centrale ; il est large de 32 mètres pour une longueur de 48 mètres. Les trois premières galeries sont réalisées en pans de bois au-dessus d'un soubassement en pierre, les fûts des colonnes sont sculptés de décors de la première Renaissance. La galerie du sud du XVIIe siècle est en revanche dépourvue de soubassement et de sculptures. Les galeries sont fermées par des cloisons en pans de bois maçonnés et des fenêtres lors de la construction d'un étage au XVIIIe siècle.
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Cliquez sur les images.
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Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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"Le conseil de fabrique de la paroisse de saint Maclou décide, dès 1526, la construction de trois galeries qui entoureraient le cimetière : à l’Ouest, au Nord et à l’Est. La galerie Ouest mesure 45,50 mètres, 31,90 mètres pour celle du côté Nord et 44,35 mètres pour la galerie de l’Est. La décision n’a pas été envisagée sans lien avec les terribles épidémies de peste des années 1521 et 1522 qui ont ravagé le pays, la Normandie mais surtout sa capitale : Rouen, et qui fut particulièrement meurtrière.
Les galeries ont été édifiées les unes à la suite des autres de 1527 à 1533 par les maçons, ymagiers et huchiers placés sous la direction des maçons Jehan Louvel et Guillaume Ribert. Le corps de bâtiment situé à l’Ouest ouvrit le chantier, puis celui du Nord, et enfin les travaux se terminèrent par celui de l’Est. "
En 1526, la paroisse décide la construction de trois galeries ouvertes sur le cimetière, formant un U autour de celui-ci. Les travaux débutent en 1527 par la galerie ouest (celle qui permet d’aller de la rue Géricault à la rue Martainville). S’ensuivent l’édification de la galerie nord achevée en 1529 puis de la galerie est, dont la fin des travaux est estimée à 1533. La galerie nord possède une chapelle située à son extrémité du côté de la galerie ouest, la chapelle des Trépassés. Des messes y étaient données pour les morts.
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Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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"L’Aître Saint-Maclou se présente comme un parallélogramme presque régulier, limité, dans sa plus grande longueur, par la rue Martainville à l’ouest et sur un petit côté par la rue Géricault (ancienne rue du Chaudron) au nord. La première entrée se faisait par la porte de l’ancienne rue du Sac ou du Chaudron (actuelle rue Géricault), cette porte disparaît en 1924. Les galeries entourent l’espace central du cimetière où les morts, au Moyen Age, sont ensevelis en pleine terre. Des restes osseux sont mis au jour à mesure que l’on ouvre de nouvelles fosses au sein du terrain déjà utilisé. Par respect pour les défunts, ces restes, des ossements rendus à l’anonymat par la décomposition du corps, peuvent être entreposés dans les charniers. Dans ce cas, sous la toiture à double pan, munie de lucarnes, les os sont empilés sur le plancher des combles.
Au centre de l’Aître s’ouvraient des fosses individuelles, comme le montrent les enluminures de l’Office des Morts.
Lors des inhumations successives, ou lors de la levée des restes après disparition des chairs, les os sont disposés au-dessus des galeries. Ainsi se remplissent les charniers, sortes de galetas reposant sur des piliers de bois. Les empilements d’ossements montent jusqu’à la charpente du toit à double pente, ouverte, de place en place, par des lucarnes. Cette disposition, similaire à celle du charnier des Innocents à Paris, se retrouve au cimetière de Montvilliers, près du Havre, ou à celui de Vienne à Blois. Un autre cimetière à galeries, datant de la fin des XVe et XVIe siècles, existe encore à Montfort-Lamaury, dans les Yvelines. Mais le décor de l’Aître Saint-Maclou est unique, par la richesse et la complexité de son programme iconographique, et surtout par l’ensemble des motifs ornant les sablières et les potelets de bois. " (Bethmont-Gallerand)
L'image qui suit permet de comprendre la disposition du décor sculpté : des colonnes en pierre soutiennent une galerie ajourée.
— Les maisons à pans de bois associent deux éléments : 1. le colombage désigne l' ensemble des poutres formant la charpente d'un mur. Cette ossature de bois est constituée de pans de bois dont les poutres délimitent des compartiments appelés carreaux ; 2. le hourdage, qui forme les murs et qui a un rôle de remplissage et de raidisseur.
—Les poutres horizontales supérieures et inférieures portent le nom de "sablières" dans le vocabulaire propre à la construction des maisons à pans de bois (ou à colombage). Ces sablières sont, pour les demeures des notables en milieu urbain, et ici en particulier, le support de sculptures en bas ou moyen-relief.
— Les montants verticaux ou "potelets" assemblés aux sablières, sont régulièrement aussi le support de sculptures.
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Les sculptures des colonnes, hélas très dégradées, portent une remarquable Danse macabre qui fera l'objet d'un second article, et des chapiteaux souvent décorés de grotesques.
Les sablières et potelets reçoivent des frises de symboles macabres, certes communs et répétitifs (crânes et os entrecroisés), mais aussi plus divers et plus originaux, ce qui justifie leur examen détaillé le long des quatre galeries.
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"À cette époque, l’élévation des galeries se compose d’un soubassement en pierre, rythmé par des colonnes sculptées, surmonté d’une ossature en pan-de-bois servant de comble. Cette ossature forme une grille constituée de deux poutres horizontales nommées sablières et de potelets verticaux. L’ossuaire prend place dans ces combles. D’anciennes recherches (Laquerrière) donnent une interprétation de l’aspect de cet ossuaire : un espace ajouré, rythmé de petites colonnes en bois, où les ossements sont apparents ; au-dessus une toiture percée de lucarnes permettant au fossoyeur d’accéder à ce "grenier" au moyen d’une échelle. Toutefois, les archives et les recherches archéologiques récentes ne permettent pas de confirmer pleinement cette hypothèse. "
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Hypothèse d’élévation d’une des galeries de l’aître Saint-Maclou. Dessin d’Anatole Laquerrière, 1909. Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Seuls les galeries ouest, nord et est datent de 1526-1533. Les éléments sculptés de la galerie sud sont bien plus tardifs ( 1650-1652), mais reprennent le même vocabulaire macabre.
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"L'AILE SUD. La construction de l’aile sud ferme la cour de l’aître Saint-Maclou en 1652. Elle est réalisée grâce à des donations dont la plus importante est due à Robert Duchesne, prêtre de la paroisse Saint-Maclou. Le chêne sculpté sur la façade rappelle peut-être ce donateur. Une volonté d’harmonisation avec les galeries antérieures se ressent : usage de matériaux semblables, colonnes, ossature en pan-de-bois, décor similaire. Quelques différences toutefois : le bâtiment est conçu avec un étage ; les colonnes ne reposent pas sur un soubassement et leurs sculptures restent, pour une raison inconnue, inachevées. Il comprend des logements sur plusieurs niveaux destinés aux prêtres, dont l’accès se faisait à l’arrière du côté de la cour des prêtres, ainsi qu'une galerie sur cour. Une chapelle dédiée à saint Michel est aménagée dans cette galerie du côté ouest." (Métropole)
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Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Une vue de l'Aître au XVIe siècle, imaginée par Langlois (1833).
Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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"LES AMÉNAGEMENTS DU 18e SIÈCLE Face au nombre croissant d’enfants fréquentant les écoles, un étage est ajouté aux galeries ouest, nord et est, de 1745 à 1766, afin d’y accueillir des classes. L’avancée des travaux se fait peu à peu selon les ressources financières dont dispose le curé Adam Charles Esmangard, celui-ci ayant décidé de prendre personnellement en charge ce coût. En 1758 un incendie touche l’angle sud-ouest de l’aître freinant les travaux. Quatre escaliers extérieurs couverts sont installés aux angles des galeries. Ils permettent d’accéder à l’étage (l’escalier à l’angle sud-est de la cour a été démoli au début du 20e siècle puis plus tard celui situé à l’angle sud-ouest). Cette surélévation suppose la destruction des combles servant d’ossuaire. Les ossements ont été préalablement retirés et enterrés dans le cimetière en 1705. Les galeries seront ensuite peu à peu fermées du 18e à la fin du 19e siècle." (Métropole)
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Cartel de l' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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LES PHOTOGRAPHIES DE MA VISITE (2020).
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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"UN FUNÈBRE DÉCOR.
Le décor de l’aître illustre son activité. Sur les sablières et sur les potelets, se déroulent des frises d’objets macabres, aperçu de l’univers quotidien d’un charnier : ossements (crânes, mâchoires, fémurs, omoplates, côtes, os iliaques) ; instruments liés à la cérémonie religieuse de l’office des morts (étoles*, missels*, croix, cierges, ciboires*, bénitiers, cloches), instruments de la Passion (clous et fouets) ; outils du fossoyeur (pelle, pioche, bêche, cercueil). …" (Métropole)
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Sur la photographie qui suit, nous avons successivement :
-Un cercueil entrouvert
-Un fémur entrecroisé avec un tibia.
-Un os iliaque
-Un crâne et sa mandibule
-Une mandibule (brisée).
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Un potelet montant orné d'une couronne de laurier à l'antique où figure un buste. Galerie ouest (1526-1533).
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Ces potelets au décor Renaissance sont tous centrés par une couronne à l'antique et enrubannée, rappelant la pratique de déposer dans la tombe des couronnes de fleurs fraîches, ou bien de lierre ou de laurier, semper virens, comme le préconise Guillaume Durand, évêque de Mende au XIIe siècle.
Les couronnes reçoivent soit des instruments de fossoyeurs parfois entrecroisés ; soit des ossements ; soit des bustes, qui ne sont pas des portraits d’êtres vivants, mais le rappel des formes antiques de portraits funéraires.
Un autre rappel de l’Antiquité, des têtes de putti ailés ornent les chapiteaux."
Sur la sablière haute, un tibia. Sur la sablière basse, une côte, et un livre.
Les bases des potelets sont constamment sculptés d'une tête de mort, motif qui se retrouvent moins constamment sur le chapiteau, où on trouve parfois des ossements, comme ici avec cette mandibule, ou des têtes de putti ailés.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Frise d'une sablière inférieure, galerie sud (1651).
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Flambeau et instrument croisés,
Mandibule dentée,
Cercueil fermé,
Côte.
Fémur et tibia entrecroisés.
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Le flambeau (on en trouve ailleurs, entrecroisés) rappelle ceux qui accompagnent le corps porté en procession jusqu’à l’église, puis ensuite jusqu’à la terre bénite du cimetière.
Voir la procession des Charitons aux Andelys :
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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Voir l'Office des Morts des Heures d'Etienne Chevalier :
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Office des Morts, Jean Fouquet, Heures d'Etienne Chevalier.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Montant vertical encadrant une porte de la galerie sud (1651). Crâne démantibulé "crachant" un ruban où s'entrecroisent fémur et tibia puis deux houes.
n.b "démantibulé", étymologiquement "démandibulé", sans mandibule.
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On trouve ailleurs des pioches, des pelles, des bêches et des louchets à fer plus allongé. "Les fossoyeurs figurent souvent dans les illustrations non bibliques de l’office des morts. Ils ramassent les os, les rassemblent dans les ossuaires. Dans les cimetières situés autour des églises, ils les déposent sous les gouttières. L’eau ruisselant du toit de l’édifice saint est bénite, ceux qui ne peuvent bénéficier d’une sépulture à l’intérieur de l’édifice en profitent." (Bethmont-Gallerand)
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Montant vertical encadrant une porte de la galerie sud (1651). Crâne démantibulé "crachant" un ruban où s'entrecroisent deux os indistincts puis une côte et un os iliaque.
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À la différence d'autres pièces sculptées où la précision anatomique des ossements est remarquable et laisse supposer que les sculpteurs disposaient des modèles du charnier, les os sont moins bien rendus. L'os iliaque, semblable à une palette de peintre, se reconnaît au trou obturateur. Les côtes thoraciques ont toujours une large tête arrondie, et la tubérosité n'est jamais omise.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Montant vertical encadrant une porte de la galerie sud (1651). Crâne démantibulé "crachant" un ruban où s'entrecroisent deux os indistincts puis un sablier, symbole du temps qui passe (Tempus fugit) et une faux symbolisant la Mort.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Montant vertical encadrant une porte de la galerie sud (1651). Crâne démantibulé "crachant" un ruban où s'entrecroisent deux os (fémur et tibia stylisés) puis une pelle et une houe.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Potelet dont la couronne est ornée d'une mandibule. Galerie ouest (1526-1533).
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La couronne enrubannée est suspendue à un anneau, et supporte ensuite des rameaux de chêne avec leurs glands.
Sur la sablière inférieure autour du crâne central, une pelle à bout carré et une bêche à bout triangulaire renforcé par une ferrure ; une côte ; un fémur et un tibia entrecroisés.
Sur la sablière haute, autour du crâne central, un fémur et une pioche puis un fémur et une côte.
Cette image montre la précision anatomique des fémurs, où la tête fémorale, le col, le grand et le petit trochanter ainsi que les deux condyles sont parfaitement rendus. Sur d'autres exemples, la qualité anatomique des tibias est également remarquable, avec les plateaux tibiaux à une extrémité, et la malléole externe bien sculptée de l'autre.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Potelet dont la couronne est ornée d'un crâne. Galerie ouest (1526-1533).
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Ce crâne est singulier. Eustache-Hyacinthe Langlois y voyait « une tête de mort à triple face entourée d’une couronne », mais pour Sylvie Bethmont-Gallerand, " en fait, il n’en est rien, les trous des maxillaires aussi réguliers que les orbites donnent l’illusion d’une triple face".
Sous la couronne, un groupe végétal : des chardons?
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Sur la sablière supérieure : un fémur, deux côtes affrontées ; une omoplate (scapula) ; une houe ; un fémur et un tibia entrecroisés ; une mandibule ; une pelle .
Sur la sablière inférieure : deux côtes affrontées (comme sur le grill costal), deux torchères, une cloche symbolisant les heures. Puis après le crâne central viennent un goupilllon et le seau d'eau bénite, puis une croix de procession.
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— La cloche est un rappel du Temps, et de la dernière heure de survenue incertaine, mais S. Bethmont-Gallerand pense aussi aux sonnailles des morts et cloches à l’usage des crieurs des morts, ou crieurs des corps, ou des "clocheteurs". Le tintinabulum est une petite clochette agitée par le crieur, mais il y a aussi les tinterelles, petites cloches portées en tête des processions, pour accompagner le viatique et alerter les passants. La mort est annoncée par le glas et par les crieurs, salariés qui « crient le pater noster » et le nom du défunt, en invitant à la prière. Comme la croix, ces clochettes, parfois agitées par des anges dans les images aux marges des manuscrits, servent à faire fuir le diable. "
— Le goupillon ou "aspersoirs, aspergès" est identifié par S. Bethmont-Gasserand : "Ces objets servent aux aspersions nombreuses qui précédent la mort et lui succèdent. Avant d’être incorporé à la terre bénite le corps est longuement aspergé. Des vases à eau bénite peuvent faire partie du mobilier funéraire, plantés dans la terre du cimetière, à proximité de la tombe.".
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Sablières de laGalerie ouest (1526-1533).
Sixièmes sablières depuis l'entrée à l'angle nord-ouest.
Sablière basse : Fémur et houe croisés ; cloche ; étole et instrument de procession ; côte ; crâne central ; pioche et pelle croisées ; livre ouvert ; cercueil fermé ; côte ou mandibule.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Escalier de l'angle nord-est.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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Montant (détail) de cet escalier : crâne, fémurs croisés, pelles.
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L' Aître de Saint-Maclou. Photo lavieb-aile août 2020.
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POST-SCRIPTUM.
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J'aurai aimé photographier tous les motifs funéraires de ces sablières et de ces potelets. Je ne l'ai pas fait, mais j'ai retrouvé dans mes photos une incitation à bénéficier d'une visite virtuelle de l'Aître.
Elle est remarquable, et permet de se livrer, comme je l'ai fait, à une recension du décor de chacune des sablières, de chaque potelet, de chaque colonne, et d'en faire pour des fins privés une belle série de captation d'écran.
Mais pourquoi vouloir être exhaustif ?
Je dirai seulement qu'en numérotant chaque sablière dans le sens anti-horaire à partir de l'entrée (angle nord-est) par S1, S2, S3 etc. j'ai repéré d'autres motifs que ceux que j'ai présenté ici : en S2 un calice, en S3 un miroir, en S5 un reliquaire, en S10 et S12 un globe crucigère, etc...Ou qu'en désignant selon le même procédé chaque potelet (P1, P2, etc.), j'ai vu se succéder dans les couronnes de ces potelets des écus, des mandibules, des crânes, des os croisés, et en P10 des peaux de tanneurs, et ailleurs le visage rond d'un personnage sans doute féminin, etc.
Donc, je ne peux que conseiller à chacun de vivre cette très passionnante et très riche expérience :
— BETHMONT-GALLERAND (Sylvie), 2003, "Un autre travail du bois à Rouen : Les sablières de l’aître saint-Maclou", in Les stalles de la cathédrale de Rouen, C. Elaine Block, Frédéric Billiet p. 199-220 Presses universitaires de Rouen et du Havre
https://books.openedition.org/purh/7435?lang=fr
https://books.openedition.org/purh/7437
— LANGLOIS (E.-Hyacinthe ), 1833, "Rouen au XVIe siècle et la danse des morts", Bulletin de la Société libre d’émulation de Seine-Maritime, 6 juin 1832, Rouen, Baudry, 1833, p. 70. Non consulté.
« Dans les statuettes du cimetière de Saint-Maclou, tantôt la mort se montre dans une action d'entraînement plus ou moins brusque; tantôt, affectant une pose tranquille, elle parait employer le raisonnement plutôt que la violence. Sur quelques colonnes des plus mutilées, on retrouve des pieds décharnés dont l'élévation au-dessus du plan sur lequel posaient les figures atteste que plusieurs de ces cadavres symboliques gambadaient en s'emparant de leurs victimes. Quant à ces derniers personnages, ils montrent généralement, par leurs poses simples et calmes, plus de résignation que de résistance, » Langlois,
—LANGLOIS (Eustache-Hyacinthe), 1837, réed 1852,Essai historique, philosophique et pittoresque sur les Danses des Morts. Rouen, Lebrument,deux volumes I p.10-30, II p.10-61.Non consulté.
— LEVASSEUR (P.), 2003, « Observations sur l’iconographie de l’aître saint-Maclou : une synthèse de l’art macabre et des apports de la Renaissance », Actes du onzième congrès international d’études sur les Danses Macabres et l’art macabre en général , Rouen du 1er au 5 octobre 2003,éditions Danses Macabres d’Europe, p. 41. Non consulté.
—LOTH (Julien), 1910, L'Aître de Saint-Maclou, Rouen, Léon Gy, 28 p. Non consulté.
—MÂLE (Emile) 1922, L’art religieux de la fin du Moyen-Age en France, étude sur l’art religieux du Moyen Age et sur ses sources d’inspiration, Paris, Armand Colin, 1922, p. 253-sq.
— PAVIA (Amélie), 2011, L’aître Saint-Maclou de Rouen. Monographie historique et technique d’une construction à pans de bois du XVIe siècle. Étude stylistique et iconographique de ses sablières Mémoire de master 2 en histoire de l’art moderne, (LEUTRAT E. dir.), Rennes 2, 2011, 633 p. Voir p.30 à35 :
—PILLET ( Maurice ), 1924, L'Aître Saint-Maclou : ancien cimetière paroissial de Rouen, Paris, Édouard Champion, 1924, 224 p. Non consulté.
—PREVOST (Chanoine Louis), 1970 Histoire de la paroisse et des curés de Saint-Maclou, depuis la Fondation jusqu'à nos jours (1219-1966), Rouen, Éditions Maugard. Non consulté.
—VENOT ( Bernard), MOUILLESEAUX (Jean-Pierre), 1980,, L'Aître Saint-Maclou de Rouen : petit guide à l'usage des habitués du lieu et de ceux qui le découvrent, Rouen, 73 p. Non consulté.
— LAQUERRIÈRE) (A.), 1986, « L'aître Saint-Maclou et les anciens charniers », dans Églises, hôtels, vieilles maisons de Rouen, Rouen, Société des amis des monuments rouennais, 518 p., p. 323-330 Non consulté.
—THOMANN (Aminte), CHAPELAIN DE SEREVILLE-NIEL (Cécile), « Rouen – Aître Saint-Maclou » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Normandie, mis en ligne le 04 juin 2021, consulté le 12 février 2022. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/76013
Les 13 verrières provenant du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen et magnifiquement remontées en 1979 dans l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, sont parfaitement présentées en ligne sur le site patrimoine-histoire.fr. La description de référence, dont je m'inspire largement, est celle du volume du Corpus Vitrearum VI consacré aux Vitraux de Haute-Normandie.
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L'église Saint-Vincent a été détruite par les bombardements de 1944, mais ses verrières avaient été mises à l'abri dès la fin 1938. Cette paroisse connue depuis le XIIIe siècle était devenue l'une des plus riches de Rouen, notamment grâce au privilège sur la vente du sel accordé en 1409 par Charles VI. L'église fut réaménagée à partir de 1458, et notamment en 1470 sous l'impulsion d'Ambroise Harel, puis de 1478 à 1483 sous celle de Thomassin et à partir de 1512 sous la direction de Guillaume Touchet secondé par Vincent Gaillard.
Le fenestrage de la chapelle Saint-Nicolas est repris de 1512 à 1514, puis un nouveau chœur est conçu ; au sud, la chapelle Saint-Anne est terminé en 1519 et le déambulatoire l'est en 1523.
En 1519, avant la démolition de la dernière partie du chœur, abattue à mesure que progressaient les fondations, Richart Le Voirrier a désassemblé les vitres de l'église et les a remis en état. En 1523, les fenêtres sont vitrées avant l'achèvement des voûtes, et la fabrique verse 20 livres "au gendre Barbe (*), verynier, pour deux verrières assise aux galeries".
(*) On reconnait sous cette désignation Olivier Tardif, qui épousa vers 1525 Jeanne Barbe, fille du verrier Jehan Barbe.
https://www.wikiwand.com/fr/Guillaume_Barbe
Avant la dédicace de l'église le 1er août 1531, l'église est nettoyée et le peintre verrier Maure Heurtault reçoit plus de 10 livres pour la réfection de toutes les verrières brisées. En en 1528-1529 les verrières ont été qui déposées puis reposées.
Les verrières basses du chœur de Saint-Vincent, qui avaient été posées entre 1520 et 1530, ont été remontées à l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, construite en 1979 sur la Place du Vieux-Marché par l'architecte Louis Arretche en forme de carène renversée. Elles sont toutes placées au nord et numérotées de 1 à 13 de gauche à droite. Ces treize verrières avaient été réalisées par deux ateliers, dont le plus célèbre est celui des Le Prince de Beauvais. on retrouve les initiales d'Engrand Le Prince sur le vitrail des Chars.
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Liste des vitraux.
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Verrière de la Vie de saint Pierre, atelier rouennais, 1520-1530, don des Boyvin, seigneurs de Bonnetot . Provient de la baie 11 de Saint-Vincent, au nord.
Verrière de Sainte Anne, 1520-1530, œuvre de Jean (?) Le Vieil et probablement offerte par la confrérie de Compostelle ; Provient de la baie n°8 de Saint-Vincent, au Sud.
Verrière du Triomphe de la Vierge ou vitrail des Chars, commandée en 1515 et réalisée vers 1522, œuvre de Jean et Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°10 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière de la Parenté de sainte Anne, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°6 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, réalisée en 1525-1526, œuvre d'Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°13 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière des Œuvres de Miséricorde, réalisée en 1520-1530, œuvre d'Engrand et peut-être de Jean Le Prince ; Provient de la baie n°7 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière de Saint Antoine de Padoue, atelier rouennais, 1520-1530, seule verrière uniquement en grisaille et jaune d'argent ; Provient de la baie n°5 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière des six Saints, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°9 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière de l'Enfance et de la Vie publique du Christ, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux de Bourgtheroulde ; Provient de la baie n°3 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière de la Passion, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°1 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière de la Crucifixion, atelier rouennais, 1520-1530, ancienne verrière axiale ou baie 0 de l'église Saint-Vincent ;
Verrière de la Vie glorieuse du Christ, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°2 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière du martyre de saint Vincent, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux, seigneurs de l'Esprevier. Provient de la baie n°4 de Saint-Vincent, au Sud.
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"L'atelier rouennais".
"Cet atelier regroupe en réalité l'œuvre de plusieurs peintres verriers dont le seul identifié est le rouennais Le Vieil auteur de la verrière de sainte Anne n°2. Ce pourrait être Jean Le Vieil, ancêtre des peintres verriers qui ont travaillé au XVIIe siècle à Saint-Vincent, et qui est mentionné à Saint-Maclou en 1519 et 1520.
Des caractères communs rassemblent ces verrières comme la densité des compositions, la vivacité de la gamme colorée ou l'emploi de verres soufflés en plateau (nombreuses traces de cives). Des techniques savantes sont mises en œuvre, notamment dans la verrière de saint Vincent, la plus richement travaillée de la série : ainsi la chape de l'évêque Valère est ornée de petites figures de saints gravés, la colonne de la comparution est faite en verre vénitien et même les fleurs sont l'occasion de raffinement technique puisqu'elles sont montées en chef d'œuvre.
Selon un procédé courant, l'atelier emploie souvent les mêmes cartons pour exécuter plus rapidement les anges symétriques des tympans ou pour reprendre des silhouettes, comme celle de l'enfant jouant avec un chien, utilisées à la fois dans la verrière de la Passion et dans celle de saint Vincent.
Ces peintres verriers ont repris des formules mises au point par Arnoult de Nimègue pour les types de personnage et le répertoire ornemental, hérité de Gaillon. Ainsi dans la verrière de la Crucifixion, les petits anges, les rinceaux peuplés de putti et de chimères ou bien, dans la verrière des saints, le décor du registre supérieur animé de putti et de pots à feu, les visages au contour hésitant, le traitement des carnations à la sanguine pure ou mêlée de grisaille, rappellent la verrière de l'Arbre de Jessé à l'église Saint-Godard de Rouen ou celle des Trois-Marie à l'église Notre-Dame de Louviers peintes par Arnoult de Nimègue.
Il serait vain de vouloir distinguer une personnalité distincte à l'origine de chacune de ces verrières ; plusieurs artistes peuvent collaborer à la même œuvre, comme on peut l'observer de façon spectaculaire , sur la verrière des saints où les deux registres inférieurs sont traités beaucoup plus simplement que le registre supérieur,..." (Corpus Vitrearum VI p. 403)
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Annotation lavieb-aile
Les vitraux 1 à 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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L'examen du plan de situation des verrières de Saint-Vincent montre la cohérence du programme iconographique de l'ancienne église : au centre l'abside du chœur est consacrée, de gauche à droite n°3, 1, 0 , 2, à la Vie et à la Passion du Christ, et enfin n°4 au saint patron de l'église, saint Vincent.
Le coté sud est réservé à sainte Anne (n°6 et 8) avant la verrière des Chars ou Triomphe de la Vierge.
Le coté nord est consacré aux saints, avec successivement saint Antoine (n°5), les Oeuvres de Miséricorde (n°7), les 6 Saints dont saint Nicolas (n°9), saint Pierre (n°11) et saint Jean-Baptiste (n°13).
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Plan Corpus Vitrearum annoté lavieb-aile
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DESCRIPTION.
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La baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen mesure 6,60 m. de haut et 3,24 m. de large. Ses 4 lancettes trilobées s'organisent en deux registres de deux scènes de la vie de sainte Anne, tandis que les 6 soufflets et 6 mouchettes de son tympan témoignent, par l'épisode du "pendu dépendu" de la légende de saint Jacques, de la donation probable par une confrérie de Saint-Jacques de Compostelle.
Une gravure de la Vie de la Vierge de Dürer, publiée vers 1511, est la source de la scène de l'apparition de l'ange à Joachim.
La dernière restauration de cette verrière très bien conservée est celle de Sylvie Gaudin en 1975.
Une inscription LEVIEL du galon du costume de Joachim a incité les auteurs à lire le nom de Jean Le Vieil et d'y voir la signature du verrier : nous jugerons sur pièce tout à l'heure. Caroline Blondeau, dans son Catalogue, apporte des éléments très convaincants sur ce verrier qui justifient cette attribution malgré la faiblesse de l'indice :
" Installé à Rouen sur la paroisse Saint-Vincent, la plus ancienne trace de son activité remonte à 1499, date à laquelle il est désigné avec sa femme Jeanne, trésorière de sa paroisse (ADSM, G7671.En 1519, la fabrique de Saint-Maclou le sollicite pour une verrière [...] puis en 1520 il insère plusieurs panneaux de verre peints pour la chapelle Sainte-Barbe.
En 1507, il est sollicité par le cardinal Georges Ier d'Amboise au château de Gaillon. Jean Barbe, alors seul intervenant sur le chantier, est sans doute dépassé par la charge de travail : le prélat fait alors appel à d'autres peintres verriers rouennais dont Jean Le Vieil [...].
Entre 1520 et 1530, il participe au grand chantier de renouvellement des verrières du chœur de Saint-Vincent de Rouen. Il en subsiste une verrière illustrant la vie de sainte Anne. Si la signature sur le galon de Joachim indique seulement LEVIEIL [note personnelle : on lit seulement sur ce galon VIEL, et LE VIEL, sans I, sur le galon de la Nativité] , il n'existe aucun membre de sa famille en activité à cette époque. Marqué par l'art d'Arnoult de Nimègue, il s'inscrit parmi ses "suiveurs" en reprenant à la fois des poncifs techniques et iconographiques. Les archives sont muettes quant à la suite de ses activités. Il fonde un atelier familial : dès 1546, Richart Le Vieil reprend l'affaire de son parent, puis Guillaume, François, Martin, Jacques, Abraham, Robert, Louis et Pierre avec la postérité qu'on lui connait. Jean Le Vieil meurt autour de 1555, il est inhumé à Saint-Vincent ; c'est même la fabrique qui paie l'épitaphe de cuivre placé sur sa sépulture (ADSM, G 7714, non folioté : "A ung graveur qui a parachevé l'espitatle de cuivre de Jehan Vieil, 15 sous."
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Pour respecter la chronologie de la narration, je commence par le registre supérieur.
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Verrière (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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1. L'apparition de l'ange à Joachim.
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Je ne reviens pas sur la Vie de sainte Anne, représentée sur de nombreux vitraux dans le cadre de la Vie de la Vierge. La stérilité du couple d'Anne et de Joachim, le rejet de leur offrande au Temple, la retraite de Joachim, offensé et se jugeant impur, dans la montagne pour garder ses troupeaux, ou le chagrin d'Anne restée seule à Jérusalem sont les épisodes qui précèdent la présente scène où un ange apparaît en songe à Joachim pour lui annoncer que son épouse va enfanter, s'il veut bien la rejoindre aux portes de Jérusalem.
La verrière s'inspire de la gravure réalisée en 1505 par Albert Dürer pour la série de la Vie de la Vierge (1500-1511). Mais ici Joachim est assis, tenant sa houlette de berger, même s'il témoigne de sa surprise par un geste de la main droite. Un chien et quatre moutons ou brebis sont au premier plan, l'un portant une clochette bleue.
Quelques fabriques (tourelles de châteaux et toits) occupent le fond bleu.
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Albert Dürer, gravure sur bois, 1505, Apparition de l'ange à Joachim, cycle de la Vie de la Vierge n°2.
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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L'ange est splendide, et les motifs damassés de sa tunique, peints au jaune d'argent, évoquent ceux de l'atelier des Le Prince, notamment le motif de la rouelle.
L'ange tend à Joachim un papier où sont gribouillées trois lignes indéchiffrables. Un sceau d'or y est appendu.
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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Les galons du manteau rouge doublé de bleu de Joachim sont ornés d'une succession de lettres romaines capitales, qui sont dépourvues de sens, selon une tradition qui se retrouvent dans les enluminures et dans les vitraux de l'atelier Le Prince, ou les vitraux de l'atelier quimpérois Le Sodec.
On peut lire :
TEASOVXNTADFHRT C
NEEVNSVFAMTOEVIRMVIEL METE N
/ NN
NVRVETINAEICSAE / REVTA
MESANETIMXDVTDMRVE
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C'est dans cette séquence qu'on a isolé les lettres VIEL pour y voir la signature d'un atelier LE VIEL, et par une nouvelle extrapolation, celle de JEAN LE VIEL.
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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L'image du berger jouant de la cornemuse en gardant ses moutons est reprise de Dürer, mais est classique par ailleurs.
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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2. La rencontre de la Porte Dorée.
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La tête de sainte Anne est restituée.
Les deux époux sont face à face, mais séparés quoiqu'ils se tendent la main. Joachim tient encore sa houlette, tandis que son chapeau est rejeté sur sa nuque. La houlette est bien détaillée, avec son crochet permettant d'attraper les brebis par la patte.
Anne est nimbée (verre rouge gravé), voilée et la gorge couverte de la guimpe.
Le plus intéressant est peut-être la porte de Jérusalem, évoquant les arcs de triomphe de l'antiquité romaine avec leurs médaillons à l'antique , mais plus encore les pilastres et architraves du château de Gaillon, premier édifice à introduire le vocabulaire Renaissance en Normandie en 1506-1510, ou du tombeau de Thomas James à Dol (1507-1508). On retrouve les cuirasses suspendus par des rubans, les volutes striés de I, les guirlandes, les putti, les candélabres, et un cartouche. De nombreux verres rouges sont gravés.
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR. NAISSANCE DE LA VIERGE, et PRÉSENTATION DE LA VIERGE AU TEMPLE.
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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3. Nativité de la Vierge.
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La restauration porte sur la main gauche et la partie inférieure de la femme assise à gauche, la tête de la femme debout à droite tenant un vase, et la partie supérieure de la crédence.
Dans la partie gauche, sainte Anne est allongée, dans cette posture classique de l'accouchée à qui trois femmes servent le brouet. Une quatrième, assise sur un tabouret, vient sans doute de tendre l'écuelle.
Dans la partie droite, nous sommes, en haut, devant un buffet de toilette, portant un miroir (double) et un vase, rendus par des verres bleu-clair, puis un broc et d'autres vaisselles.
Au dessous, une femme procède à la toilette de la petite Marie en trempant une éponge dans un baquet.
Le galon du bas d'une robe verte porte les lettres : VONIC/ VA--SE --VRCVRTS .
Le voile d'une femme porte les lettres : CHADLEVIELVE puis MRV / MXM . On y a isolé la séquence VIEL pour confirmer l'hypothèse de la signature. Pourquoi retenir ces lettres, sans déchiffrer les autres ?
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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4. Présentation de la Vierge au temple.
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Les marches et l'autel, comme les têtes de sainte Anne et de la Vierge, sont restituées.
La première marche porte les lettres ERIS I. REA SS ---
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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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LE TYMPAN.
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Voir aussi la photo publiée par Sebylmay en 2014 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Miracle_du_pendu-d%C3%A9pendu#/media/Fichier:RouenVitrauxStVincent_01d%C3%A9tail.jpg
Le thème de ce tympan, celui de la légende du Pendu-dépendu des pèlerins de Compostelle, appartient à un corpus iconographique que H. Jacomet a recensé en 1992 : il dénombre 22 vitraux (pour la plupart au nord de la Loire). Le plus précoce (voir ma description) est celui de la cathédrale de Tours au XIIIe siècle. "Saint-Léon" correspond à la maîtresse-vitre de Merléac que j'ai décrite en 2017.
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H. Jacomet, Iconographie du miracle du Pendu, la lettre V désigne les vitraux.
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Laurence Riviale retient, pour le XVIe siècle, 13 verrières dont les exemples clairement lisibles ou dont la description ne prête pas à équivoque. En voici la liste par ordre chronologique (j'ai mis en italique les vitraux disparus, et j'ai souligné les cinq qui ont été, soit de façon certaine, soit selon toute probabilité, offertes par une confrérie de Saint-Jacques :
les vitraux de Féricy (Seine-et-Marne), église Sainte-Osmane, baie 2, 2e quart du xvi* siècle;
Rouen (Seine- Maritime), église Saint-Vincent , baie 8, vers 1520-1530 ;
Cour-sur-Loire (Loir- et-Cher), église Saint-Vincent, baie 5, 1495-1515
Lisieux (Calvados), église Saint-Jacques, 1526
Triel (Yvelines), église Saint-Martin, baie 3, 1554
Vendôme (Loir-et-Cher), vitrail provenant de la chapelle Saint-Jacques de la ville, acquis par la paroisse de Villiers à la Révolution, conservé ensuite au musée de Vendôme, aujourd’hui disparu, connu par des textes, premier quart du xvie siècle ?
Courville (Eure-et-Loir), église Saint-Pierre, baie 11, 1525-1550, disparu
Châtillon-sur-Seine (Côte d’Or), église Saint-Nicolas, baie 6, 1546-1548
Châlons-sur-Marne (Marne), église Notre-Dame-en-Vaux, baies 24 et 26, vers 1525-1530 (provenant de la chapelle de la Maladrerie,
Roye (Somme), église Saint-Pierre, vers 1520, vitrail disparu en 1914-1918
Sully-sur-Loire (Loiret), baie 4, 1953
Suèvres (Loir-et-Cher), église Saint-Christophe, baie 1, 2 et 4, vers 1490-1515
Lestiou (Loiret), 1603
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Sur cet ensemble du XVIe siècle, tous ou presque ne suivent pas le récit donné par Jacques de Voragine mais des variantes populaires.
Je ne présenterai pas à nouveau cette légende, et je renvoie aux auteurs de référence, ou à mes descriptions de Tours ou Merléac, ou à l'article Wikipédia. Mais les cinq mouchettes de ce tympan consacrées à cette légende sont loin d'en donner un parcours narratif complet, et fonctionnaient, chez les fidèles qui le contemplaient d'assez loin, comme des rappels édifiants.
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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La rangée inférieure.
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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Une famille de trois pèlerins devant un autel ou apparaît saint Jacques .
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La scène est facile à décrire : saint Jacques, en manteau rouge et tenant son bourdon (donc semblable à sa figure centrale) apparaît, assis ou accroupi sur un autel, devant trois pèlerins (ils portent le bourdon et la pèlerine et l'homme une besace) en prière. Ce sont manifestement un père, une mère et leur fils, donc les protagonistes de la légende du Pendu-rependu.
Mais où la scène se situe-t-elle dans cette légende ?
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"Prière commune de la famille" (Corpus)
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"La dernière scène se trouve dans le panneau de gauche de la rangée du bas. Le père et la mère sont en prière devant un saint Jacques en gloire au dessus de l’autel. C’est de façon évidente celui de l’autel de Compostelle. Le jeune qui se trouve près des parents est sans doute le fils ; ses habits ne sont plus les mêmes que ceux des autres représentations dans lesquelles il est représenté en blanc, couleur du linceul. Nos trois pèlerins semblent repartis à Compostelle pour remercier saint Jacques. C’est le seul exemple que je connaisse. Y aurait-il eu inversion des lancettes ? La disparition de l’accusation et du jugement pose également question. Y aurait-il eu une recomposition de ce récit lors de travaux de réparation ou de déplacement de vitraux, avec suppression de certaines scènes ? Nous savons qu’en 1541, des vents violents ont endommagé gravement quelques verrières et qu’en 1562, les Calvinistes ont saccagé l’église. Est-ce là la cause ? Ces modifications posent question.
Dans la composition (ou recomposition ?), c’est le miracle de saint Jacques soutenant le pendu qui est central et qui est l’élément essentiel. Dans la représentation, il n’y a pas de jugement, ni pour le pendu, ni pour celui qui accuse injustement. L’auteur de cette verrière (ou celui qui l’a recomposée ?) a préféré mettre en évidence les pèlerins et les chanoines en prière. Les donateurs de ce vitrail sont anonymes, il n’y a pas d’armoiries. F. Perrot suppose qu'ils pourraient être les membres d’une confrérie de saint Jacques." (Hébert)
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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Saint Jacques au centre.
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"Le personnage central est saint Jacques . Il est représenté marchant avec le bourdon et le livre, comme l'a vu l’abbé Edmond Renaud qui fut curé de Saint-Vincent de Rouen avant 1885 (Renaud (abbé Edmond), Eglise Saint-Vincent, Librairie Charles Métérie, Rouen, 1885, page 54-57 ).." (Hébert)
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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"Arrestation de saint Jacques accusé de vol [??] ou disciples de saint Jacques échappant à une poursuite grâce à la rupture miraculeuse d'un pont ? Même sujet sur le vitrail disparu de Saint-Jacques de Lisieux." (Corpus Vitrearum VI p. 403)
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"La scène, en bas à droite, ne fait pas partie du miracle du Pendu-Dépendu. Il s'agit de la représentation d'un autre miracle de la légende de saint Jacques. Les disciples de saint Jacques poursuivis par l'armée du mari de la reine Luppa sont sauvés par l'effondrement d'un pont." (Hébert)
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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Partie supérieure.
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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Le Pendu.
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"Pendaison du jeune homme au désespoir de ses parents qui poursuivent cependant leur pèlerinage." (Corpus Vitrearum VI)
"La scène représente le fils pendu à la poutre du gibet. Les parents sont à genoux implorants. On constate qu’il n’y a ni présentation de l’accusation ni jugement." (Hébert)
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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Le miracle du coq qui ressuscite devant le juge.
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En 1130, Hugonel, jeune pèlerin germanique en route avec ses parents vers Saint-Jacques-de-Compostelle, passa la nuit dans une auberge de Santo Domingo de la Calzada. Une jeune servante lui fit des avances, qu’il repoussa. Éconduite, elle cacha dans son bagage de la vaisselle d'argent. Au moment du départ, elle l’accusa du vol du plat. Il fut condamné et pendu pour ce vol qu’il n’avait pas commis.
Les parents éplorés continuèrent leur pèlerinage et prièrent saint Jacques. À leur retour de Compostelle, ils entendirent leur fils dire du haut du gibet qu'il vivait, car saint Jacques le protégeait. Émerveillés, ils s'adressèrent à l’alcalde (de l’arabe al cadi : le juge) alors qu'il était en train de déguster un coq et une poule rôtis, qui leur répondit avec ironie : « Si votre fils est vivant, cette poule et ce coq se mettront à chanter dans mon assiette. » Ce qu’il advint : le coq chanta et la poule caqueta. L’alcalde bouleversé fit dépendre le jeune homme et pendre à sa place la fautive. (Version de Santo Domingo de la Calzada, Wikipédia)
"La scène suivante, représente les parents en prière à genoux implorants de dépendre leur fils ; devant eux, se tient un juge debout qui montre un coq à la broche en train de rôtir. Le coq est arrivé au milieu de la salle." (Hébert)
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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"À leur retour, [les parents] retrouvent leur fils vivant, soutenu par saint Jacques." (Corpus)
"La scène représente le fils encore pendu au gibet. Le père et la mère arrivent et on aperçoit saint Jacques assis (en gloire) un bâton sur l’épaule et le livre sur les genoux ; il soutient le fils. " (Hébert)
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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Les pèlerins en tenue de Jacquet, prosternés.
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Les cartons sont inversés en symétrie à droite et à gauche. En bas, ce sont des laïcs. Ils sont vêtus d'une tunique lacée par devant, portent des guêtres, le bourdon, la besace en bandoulière, et une ceinture. Ils effectuent une génuflexion.
En haut, les pèlerins sont agenouillés, leur chapeau rejeté sur la nuque ; ils sont vêtus d'un surplis et d'une cape, ce sont des membres du clergé. Leur calebasse munie d'une sangle occupe la partie inférieure du soufflet.
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"Dans deux mouchettes, de part et d'autre, deux pèlerins sont à genoux mains jointes, (en admiration ou en prière ?) Plus bas à l’extérieur, à genoux encore se trouvent deux chanoines ou prélats également en prière, le regard tourné vers ces tableaux." (Hébert)
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.
SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « A l'Escu de voirre » : un atelier rouennais de peinture sur verre aux XVe et XVIe siècles. In: Bulletin Monumental, tome 155, n°3, année 1997. pp. 237-242; doi : https://doi.org/10.3406/bulmo.1997.917000 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1997_num_155_3_917000
— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)
— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.
— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.
— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 49-98
— PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.
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—RIVIALE (Laurence), (1998), Les vitraux du XVIe siècle consacrés à la légende du « pendu-dépendu » : nouvelles informations iconographiques, Histoire de l'art Année 1998 40-41 pp. 113-125.
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— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .
Voici un article qui est parfaitement inutile voire déplacé, puisque ces stalles ont été parfaitement décrites par Florence PIAT dans une thèse de 2012 intégralement disponible en ligne, et que ses photographies, bien plus complètes et attentives que les miennes, sont numérisées et disponibles dans son article de l'Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne.
Voici un article qui est un plagiat ou un patchwork de copier-coller du travail de Florence Piat.
Après ce coup de gourdin envers mon article, il me reste à lui tendre la main pour le défendre un peu. D'une part, il rendra hommage aux sites en ligne de cette auteure. D'autre part, il viendra compléter mes articles précédents sur les stalles bretonnes, et ma série sur la chapelle Saint-Herbot. Et puis le site de l'Inventaire, remarquable comme je l'ai dit, nécessite de cliquer séparément sur chaque stalle sans pouvoir en faire dérouler l'ensemble. Enfin, mon article sera associé à la description de la clôture elle-même. Tout cela pour ne pas avouer que j'éprouve du plaisir à le publier avec mes propres photos : c'est bien bas. Et je m'en excuse auprès de madame Piat.
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PRÉSENTATION (D'APRÈS F. PIAT).
"L’ancien duché de Bretagne conserve aujourd’hui dix ensembles de stalles, majoritairement situés dans la partie nord de la région : celles de la cathédrale de Dol-de-Bretagne (77 stalles), de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne (18), de la collégiale de Champeaux (54), de la cathédrale de Tréguier (48), de l’église de Boquého (8), de la chapelle Saint-Quay de Plélo (8), de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (66), celles provenant du château de Kerjean (6), celles conservées dans l’église SaintSymphorien de Couëron et provenant de l’abbaye Notre-Dame de Buzay (10), et enfin, celles de l’église Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou (15) . Ces dix groupes, réalisés entre la fin du XIVe siècle et le premier quart du XVIe siècle, offrent un aperçu qualitatif original de ce mobilier liturgique à la fin du Moyen Âge." (F. Piat, thèse)
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Ces 15 stalles font partie d'un chancel à claire-voie et balustres tournés, précédemment décrit, et surmonté d'une crucifixion ;elles sont disposées en U à l'intérieur de ce chancel, mais le tombeau de saint Herbot occupe l'emplacement d'une stalle, sur le côté Nord de l'entrée Ouest du chancel ; tous les appui-mains sont identiques (arabesque ou volute à l’intérieur de laquelle se trouve une tête à feuilles ) et les dossiers portent un décor en cuvette.
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Les stalles se trouvant dans la chapelle Saint-Herbot sont les plus tardives du corpus des stalles de Bretagne étudié par Florence Piat, avec une datation comprise entre 1550 et 1570. (Les dix groupes recensés sur le territoire de l’ancien duché de Bretagne se caractérisent par une relative homogénéité dans leur période de réalisation. En effet, si les stalles de Dol-de-Bretagne, de Buzay et de Boquého sont les plus anciennes, conçues entre la fin du XIVe siècle et le milieu du XVe siècle, les sept autres groupes ont tous été commandés et confectionnés dans le premier quart du XVIe siècle, exception faite des stalles de Saint-Herbot qui datent du milieu de ce même siècle.)
Leur style appartient complètement au répertoire de la Renaissance et une commande seigneuriale pourrait être à l´origine de leur réalisation. Cette chapelle, auparavant église, était le lieu d´un pèlerinage important en raison de la présence du tombeau de saint Herbot, saint que l´on invoquait - et que l´on invoque toujours - pour la protection des troupeaux. Des autels votifs sont ainsi disposés devant le chancel à balustres tournées qui clôture le chœur et dans lequel sont intégrées les quinze stalles de cette chapelle. L´ensemble est surmonté d´une Crucifixion qui fut rajoutée en 1659. Les portes et le couronnement du chancel sont sculptés de motifs totalement renaissants avec des putti, des grotesques, des masques, mais aussi les douze Sibylles et les Apôtres.
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Pénétration du vocabulaire de la Renaissance, plus tardive en Basse-Bretagne (Saint-Herbot) qu' Champeaux et LaGuerche de Bretagne.
Le répertoire décoratif italien est expérimenté en Bretagne sensiblement à la même époque que dans le royaume de France, ce dont témoigne des œuvres telles que le tombeau de Thomas James (1507), son missel (1484), le portail de la chapelle du Saint-Sacrement à Vannes (1515-1531), ainsi que la présence, dans la péninsule, d’artistes venus expressément des régions transalpines pour travailler auprès de mécènes influents. Comme dans beaucoup d’autres régions, ce nouveau vocabulaire s’intègre et se mêle jusqu’aux années 1520-1530 à l’architecture et aux images médiévales, sans pour autant profondément modifier les structures issues du Gothique. Dans les stalles de l’ancien duché, le tournant s’opère effectivement en l’espace d’une décennie et, alors qu’un ensemble comme celui de Tréguier réalisé au début des années 1510 présente encore toutes les caractéristiques iconographiques médiévales, les stalles de La Guerche-de-Bretagne, réalisées à la fin de cette même décennie développent largement de nouveaux motifs directement inspirés de l’art italien. En l’espace d’une dizaine d’années, ces thèmes pénètrent donc le vocabulaire décoratif et iconographique des sculpteurs sous l’action combinée de grands mécènes, comme les Laval et Espinay, la diffusion de gravures provenant de Flandres, d’Allemagne et également du bassin ligérien.
Cependant, cette arrivée des thèmes de la Renaissance ne se fait pas au même rythme partout en Bretagne et une distinction entre la partie occidentale et orientale du duché doit être faite. En effet, si l’on constate que les exemples de stalles situés en Haute-Bretagne et plus généralement le long des marches de Bretagne accueillent ces motifs dès les années 1515-1520, il semble qu’en Basse-Bretagne, ce répertoire ne s’implante véritablement que dans la seconde moitié de ce même siècle, par le biais de la seconde Renaissance comme dans la chapelle de Saint-Herbot. Ainsi, quatre groupes de stalles bretons présentent des éléments décoratifs empruntés à ce nouveau répertoire, cependant associés à des motifs déjà employés dans les exemples de la fin du XVe siècle : les stalles de la chapelle Saint-Quay de Plélo, celles de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne, de la collégiale de La Madeleine de Champeaux et, enfin, celles de la chapelle de Saint-Herbot. (F. Piat)
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Ces quinze stalles constituent probablement l’ensemble le plus complet du corpus breton grâce à la présence de ce chancel. Cependant, il n’est pas exclu qu’une partie d’entre elles aient été remaniées à la fin du XVIe siècle, au fur et à mesure de la construction de la clôture ou encore au moment où le tombeau en granit de saint Herbot fut élevé en table, monté sur quatre piliers et accolé à l’entrée du chancel, occupant ainsi la première stalle N.O . (Le sol de cette chapelle fut exhaussé au XVIIIe siècle et il est probable que les piliers aient été ajoutés à cette occasion. Cependant, la tombe, datant du XVe siècle a été délibérément intégrée au chancel car côté nef, on constate que le panneau du soubassement lui correspondant est monté sur des charnières (d’origine). Cette ouverture permettait aux fidèles de toucher le gisant du saint. Avant la construction de ce chancel, ce tombeau se trouvait à l’extérieur de la clôture. J.-J. RIOULT, « Plonévez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot », in Congrès Archéologique de France. Finistère, 2007, p. 203-208. )
Plusieurs des quinze miséricordes représentent des vases ornementaux, tous différents. Une femme et un homme sont également représentés en buste sur deux miséricordes. Il pourrait s´agir des commanditaires de l´ouvrage bien que leurs bras, se finissant en feuillages, indiqueraient plutôt qu´il s´agit de silvani. Un autre personnage masculin, torse nu et allongé, tient dans sa main un fruit et enfin, une des miséricorde montre un Maure, coiffé d´un turban extravagant, des grelots aux oreilles, en train de chanter. Cette dernière miséricorde justifie à elle seule l´inclusion de cet ensemble dans le corpus des stalles « médiévales » de l´ancien duché de Bretagne. En effet, ce motif du Maure chantant est également présent sur les ensembles de La Guerche-de-Bretagne, de Saint-Pol-de-Léon et sur les stalles provenant de Kerjean et conservées à Saint-Pol. Les stalles de Saint-Herbot permettent donc d´apprécier la diffusion d´un motif, d´un modèle à travers une région.
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Ces sièges étaient réservé aux prêtres carmes qui desservaient la chapelle (qui serait un ancien prieuré ducal des Carmes de Rennes, attiré par les seigneurs de Rusquec), et que dirigeait un prêtre-gouverneur.
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Les stalles forment un ensemble plutôt bien conservé et entretenu, malgré des problèmes sur plusieurs charnières des battants des sièges (manquantes ou cassées), polychromie dans la partie supérieure du chancel.
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Sur le bord intérieur du chancel, faisant face à l'autel du chœur, un rang médian du coté ouest, doté de 7 sièges (5 à 11) de part et d'autre de la porte principale de la clôture, est encadré par deux bras latéraux, nord et sud, de quatre sièges chacun.
On accède aussi au chœur par des portes latérales : une jouée basse débute la série (coté externe de la stalle n°1) est sculpté sur toute sa hauteur d'un saint André portant sa croix, tandis que la jouée nord, sur le coté externe de la stalle n°15, est sculpté d'unn saint Pierre tenant une clef à longue hampe.
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Plan par Florence Piat.
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I. Stalles situées sur le côté sud du chancel : n°1 à 4.
Dans ce deuxième exemple de vase à deux anses en forme de S, la base est faite de feuillages finement dentelés tout comme le sommet, tandis que le corps est composé de deux renflements, celui du bas étant comme entouré d'une bande de tissu, comme les turbans. Les formes sont soigneusement polies, et les anses, ou le corps, est orné de rouelles par marquage avec un outil rond.
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
"Un homme est représenté en buste, tourné vers sa droite. Il est barbu, les cheveux courts et bouclés, et porte une sorte de toge, nouée sur l'épaule gauche et dont l'extrémité flotte derrière lui. Ses bras ont été remplacés par des feuillages. Il lève les sourcils et son front est barré d'une grande ride. Une arabesque s'enroule derrière lui, au-dessus de son épaule droite." (F. Piat)
On retrouve l'usage de poinçon en O. Il s'agit d'un personnage hybride associant des traits humains et des accessoires végétaux, (voire animaux si "l'écharpe " est vue comme une aile de chiroptère ), thème typiquement Renaissance en rapport avec le goût de l'époque pour les métamorphoses, et déjà très présent à La Guerche-de-Bretagne et à Champeaux.
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
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Miséricorde de la stalle n°4. Bouc crachant des feuillages et fruits.
"Tête de bouc mangeant des herbes et des fruits. L'animal possède de longues cornes recourbées aux extrémités et qui occupent toute la longueur de la miséricorde. Son front est recouvert de poils frisés et son museau est fin et allongé." (F. Piat)
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Les fruits (poires, coings) ou légumes piriformes sont issus des décors en stuc et en bois (Scibec de Capri) de la salle François Ier à Fontainebleau.
"Les cornes d'un bucrane stylisé sont remplacées par deux têtes de lions qui viennent mordre des feuillages sortant des yeux du bovin. Les têtes de lions et la courbure des feuillages forment deux cercles de chaque côté du bucrane." (F. Piat)
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C'est encore un bel exemple du goût pour les métamorphoses, et les compositions chimériques entre règne animal et végétal. Le passage entre le bucrane et les deux petites têtes de lions (ou de boucs ?) est très progressif, tout comme celui entre le bord du crâne et les feuilles. On peut même voir, dans les lanières ponctuées de l'extérieur, l'introduction d'un autre "règne", celui des artéfacts ou productions de l'artisanat humain.
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
"Vase ou urne à deux anses en forme de S. La base est faite de feuillages tout comme le sommet. Le corps est composé de deux renflements qui semblent contenus par des bandes de tissu et resserrés au milieu." (F. Piat)
Voir la miséricorde n°2.
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
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Miséricorde de la stalle n°7. Visage d'homme barbu.
"Un homme est vu en buste, de face. Il est barbu, a la bouche entrouverte et regarde vers le bas. Les pupilles sont creusées. Il porte un chapeau plat orné d'une plume et un costume à manches bouffantes, à la mode sous François Ier. Deux volutes se développent derrière lui, l'enroulement tourné vers sa tête. Des feuilles et des fruits sont sculptés derrière ses épaules." (F. Piat)
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C'est, par une ambiguïté subtile, un décor intermédiaire entre la métamorphose humain/feuillage, et un buste seulement orné de feuillages.
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Chapelle Saint-Herbot : stalle 07 - Miséricorde : homme en buste. Cliché F. Piat.
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Miséricorde de la stalle n°8.
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
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COTE OUEST, au nord de la porte à coté du gisant de saint Herbot
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Miséricorde de la stalle n°9. Un chanteur moresque.
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F. Piat identifie ici un "chanteur moresque" qu'elle rapproche du Maure du jeu de cartes de Jean Le Dale (Lyon, dernier quart XVe siècle), et qui est représenté aussi sur les stalles de Saint-Pol-de-Léon (n°65), de Kerjean (n°2) et de La Guerche-de-Bretagne (n°15), ce qui "rattache encore ce groupe de stalles à une certaine tradition médiévale et à des exemples plus anciens".
Elle se base sur le nez épaté, le bandeau (mais qui est peut-être le bord d'un bonnet à plume) et la bouche entrouverte.
Mais les grelots suspendus à chaque oreille ne pourraient-ils pas aussi nous orienter vers la piste du Fou?
"Dans tous ces exemples, même si le traitement varie, des caractéristiques inamovibles peuvent être repérées. Ainsi, seule la tête est sculptée à chaque fois, le personnage porte un turban, ses traits sont africains et il ouvre toujours la bouche, laissant voir ses dents. De notre point de vue, ce personnage est en train de chanter, ce qui pourrait le rapprocher des morisques, ces danseurs et chanteurs professionnels qui se produisaient lors des grandes fêtes et foires. Vêtus d’habits bigarrés, ils pouvaient également porter des grelots, à l’image de l’homme représenté sur la miséricorde de Saint-Herbot dont les oreilles sont ornées de deux gros grelots. C’est d’ailleurs ainsi qu’Erasmus Grasser le représente, vers 1480, dans la série de danseurs morisques conservée au Stadtmuseum de Munich. Présent sur quatre des dix ensembles de stalles bretons, le motif du chanteur moresque étonne par sa pérennité qui n’a de pair que l’adaptation iconographique dont il est l’objet. Car, de prime abord, il est malaisé de faire le lien entre la sobriété de la miséricorde de La Guerche et l’exubérance du costume du chanteur de Saint-Herbot. Si des caractères généraux restent donc employés dans toutes ces figures, le traitement du sujet semble revenir au choix du sculpteur" (F. Piat)
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
"Vase ou urne à deux anses en forme de S. La base est faite de feuillages tout comme le sommet. Le corps est composé d'un renflement qui semblent contenus par des bandes de tissu. Le centre et le sommet du corps sont composés d'une partie du fût et du chapiteau d'une colonne polygonale." (F. Piat)
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
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Miséricorde de la stalle n°11. Bouc mangeant des feuillages.
"Tête de bouc mangeant des herbes et des fruits. L'animal possède de longues cornes recourbées aux extrémités et qui occupent toute la longueur de la miséricorde. Son front est recouvert de poils frisés et son museau est fin et allongé. Sur le rebord de la sellette, des pointillés sont creusés en arrondi au-dessus de sa tête." (F. Piat)
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
"Vase ou urne à deux anses en forme de S. La base est faite de feuillages tout comme le sommet. Le corps est composé de deux renflements qui semblent contenus par des bandes de tissu et resserrés au milieu." (F. Piat)
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
"Un homme barbu, torse nu est représenté couché sur le flanc, tourné vers la droite de la miséricorde. Il porte une culotte bouffante à crevées et à la braguette protubérante. Il appuie sa tête sur sa main gauche et tient un fruit ou une fleur dans sa main droite. Ses jambes sont repliées derrière lui de manière acrobatique, de sorte que les dessous des deux pieds sont visibles. Les cheveux de l'homme sont courts et bouclés." (F. Piat)
" Le personnage possède de larges crevées. S’arrêtant à mi-cuisses, la braguette ou brayette est très proéminente, détail qui renvoie à la mode des années 1550."
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
"Une femme est représentée en buste, de face. Elle est richement vêtue d'une robe à décolleté carré, mais dont la poitrine est recouverte par un voilage plissé. Les manches semblent bouffantes mais ses bras ont été remplacés par des végétaux. Elle est coiffée d'un casque ou d'un chapeau à larges rebords en forme d'oreille. Quelques mèches de cheveux dépassent et viennent onduler le long du visage. Deux grandes gerbes de feuilles et de fleurs jaillissent derrière elle, au niveau de son cou. Son visage est joufflu et elle ne sourit pas." (F. Piat)
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C'est encore une figure hybride, humaine/végétale, malgré la richesse de sa coiffure et de sa robe.
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
"Vase ou urne à deux anses en forme de S. La base est faite de feuillages tout comme le sommet. Le corps est composé de deux renflements qui semblent contenus par des bandes de tissu et resserrés au milieu." (F. PIat)
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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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Source principale :
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—PIAT (Florence), 2006, Ensemble de stalles dans la chapelle Saint-Herbot (côté Ouest, Nord et Sud du choeur, contre les parois intérieures du chancel) Dossier IM29005184 réalisé en 2006
— ABGRALL, J.-M. Le mobilier artistique des églises bretonnes. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère. Tome 25, Quimper : S.A.F., 1898, pp. 3-13.
— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon, Nouveau Répertoire des Eglises et Chapelles. Quimper : Association Diocésaine de Quimper, 1988.
— COUFFON, René. L'église de Saint-Herbot, in Bulletin Monumental, tome CXI, 1953, pp. 37-50.
— COUFFON (René), 1953, L'église de Saint-Herbot. In: Bulletin Monumental, tome 111, n°1, année 1953. pp. 37-50
"De la seconde moitié du xvie siècle, il clôt le chœur sur trois côtés et comprend une série de panneaux sculptés en haut et en bas, séparés par des balustres tournés formant claire-voie. Les panneaux du bas sont décorés d'arabesques Renaissance. Sur ceux du haut regardant la nef sont figurés les douze apôtres en dix panneaux séparés par des cariatides et, sur les faces latérales, au nord les petits prophètes, au sud les sibylles. A l'intérieur, seize stalles font corps avec le chancel. Les panneaux qui les surmontent sont décorés, dans la partie centrale, de douze saints et saintes en dix panneaux séparés par des cariatides et, sur les côtés, de motifs décoratifs. Les jouées d'extrémité des stalles supportent un entablement formant baldaquin décoré de dix-huit bustes des évangélistes, des prophètes et des docteurs. En avant du chancel, deux tables de pierre servent à déposer les offrandes le jour du pardon, d'un côté les crins, de l'autre les mottes de beurre. Une restauration récente a mis au jour l'inscription suivante se rapportant à la Crucifixion qui le couronne : [.'AN 1659 O VOS OMNES QUI TRANSITIS PER VIAM ATTENDITE ET VIDETE SI EST DOLOR SICu(t) DOLOR Me(us) O : VOUS TOUS PASSANS ARRESTEZ VOUS E VOYEZ SIL EST UNE DOULEUR SEMBLABLE A LA MIENNE : LAM..."
— COUFFON (René), 1959, Notice de Plonévez-du-Faou, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
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— RIOULT (Jean-Jacques), 2009, « Plonévez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot », Congrès archéologique de France « Finistère 2007 », 2009, p. 203-208
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Les vitraux anciens (fin XVe ; 1540-1543) de l'église Saint-Paterne de Louvigné-de-Bais.
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PRÉSENTATION.
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L'église du XVe siècle fut largement modernisée entre 1536 et 1562 par les soins de la fabrique et les libéralités de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine.
Nous retrouvons donc ici les seigneurs d'Espinay, fondateurs de la Collégiale de Champeaux, situé à 17 kms au nord de Louvigné-de-Bais. Et en particulier le couple de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine, qui contribuèrent à introduire en Bretagne l'art de la Renaissance.
C'est cette pénétration de l'art de la Renaissance en Bretagne qui forme le fil rouge d'une série de mes articles. Elle débute à Dol-de-Bretagne avec le cénotaphe de l'évêque de Dol Thomas James en 1507, se poursuit par le tombeau de Guillaume Guéguen (évêque de Nantes mort en 1509) à Nantes, et par celui de Thomas Le Roy à Nantes (1515) , puis par les stalles de Guerche-de-Bretagne en 1518-1525 et par celles de Champeaux vers 1530. L'influence d'Yves Mayeuc, évêque de Rennes, est visible par le vitrail de l'Annonciation qu'il offre en 1536 à la collégiale de Guerche-de-Bretagne, un peu avant la maîtresse-vitre de Champeaux exécutée en 1539 pour Guy II d'Espinay et Louise de Goulaine.
L'influence de la famille de Goulaine se retrouve plus tard en Côtes-d'Armor en la chapelle de Kerfons en Plouzévédé en 1559, et au nord du Finistère au château de Maillé en Plonévez-Lochrist vers 1550 par Maurice de Carman et Jeanne de Goulaine. Elle diffuse alors dans le Léon, d'abord au château de Kerjean à Saint-Vougay vers 1571, puis sur de nombreux édifices religieux des enclos paroissiaux du Léon, en sculpture sur pierre, sculpture sur bois (sablières et jubés) et peinture sur verre.
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Dans le domaine de l'ornementation, cet art se reconnaît entre autre, en simplifiant, pour la Première Renaissance, par ses grotesques, et pour la Seconde Renaissance par ses cartouches à cuirs découpés, ses médaillons et ses termes ou cariatides.
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Voir sur l'art de la Renaissance en Bretagne par ordre chronologique :
Sans compter— mais c'est essentiel — les sablières à cuirs chantournés et/ou grotesques du Maître de Plomodiern à Saint-Nic (1561-1566), Plomodiern (1564), à l'atelier du Cap-Sizun à Primelin, Pont-Croix (1544), Confort-Meilars, Esquibien ou de celle du Maître de Pleyben (1567-1576) à Pleyben, Kerjean, Plomodiern (Sainte-Marie du Menez-Hom), Bodilis, Saint-Divy, Notre-Dame de Berven (1579-1580) à Plouzévédé et peut-être Roscoff.
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Historique de l'église d'après Couffon 1968.
"Alain, évêque de Rennes (1141-1157), donna l’église de Louvigné-de-Bais et ses dépendances à l’abbaye Saint-Melaine de Rennes, se réservant seulement les droits cathédraux et ceux de l’archidiacre et du doyen, donation approuvée en 1158 par Josse, archevêque de Tours. Cette donation fut confirmée par l’évêque Philippe (1179-1181) à l’abbé de Saint-Melaine, Guillaume Privé, puis en 1185 par le pape.
L'on ne possède cependant aucune preuve que l’abbaye y ait établi un prieuré. Au point de vue féodal, trois seigneuries se partageaient les prééminences, importantes à connaître pour l’identification des vitraux et des autels : la seigneurie de Sauldecourt, qui possédait les droits prééminenciers dans la maîtresse vitre du chevet et la chapelle prohibitive de Saint-Nicolas avec droit d’enfeu, chapelle autrefois sur la façade sud de l’église avant sa démolition au XVIIIe siècle. Elle appartenait à la fin du XVe siècle aux d’Espinay de la Rivière et, en 1513, Catherine d’Estouteville habitait Sauldecourt, qu’elle avait reçue en douaire. La seigneurie de Fouesnel, dont les possesseurs avaient la chapelle à gauche du chœur, côté évangile, chapelle prohibitive avec droit d’enfeu.
Cette seigneurie passa à l’extrême fin du XVe siècle de la maison des Le Vayer dans celle de Poix par le mariage de Jeanne Le Vayer, fille et unique héritière de Jean (décédé le 12 mai 1496) et de Guyonne de Parthenay, avec André de Poix. Au XVIIIe siècle, elle fut transmise par alliance aux Rosnyvinen de Piré.
Enfin les seigneurs de la Touche avaient droit d’enfeu. Cette seigneurie, dès le xv e siècle, appartenait aux Busnel, dont les armes portaient d’argent à l’épervier au naturel, grilleté et becqué d’or, perché sur un écot de sable.
De l’église romane primitive subsistent encore, au nord du chœur, les fondations d’une petite chapelle annexe sous laquelle existe un caveau, découvert en 1775 par suite de l’effondrement du sol, puis, alors, à nouveau obturé sans qu’aucune description en ait été donnée.
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Nous sommes parfaitement renseignés sur la construction de l’édifice actuel par le registre des comptes de la fabrique de 1536 à 1563, volume de 800 pages conservé au presbytère et minutieusement dépouillé par Henri Busson, ainsi que par de nombreux comptes conservés aux Archives départementales.
L’église remonte à 1536, construction à laquelle travaillèrent en 1536 et 1537 quinze maçons sous la direction de Richard Babin, très probablement le même que le constructeur d’une partie de la nef de Saint-Sulpice de Fougères en 1522.
L’un des ouvriers, Jean Chassé, prit en 1537 une tâche à part et fut payé en cette dernière année 65 livres pour l’exécution des trois pignons de l’église : celui du chevet, celui du porche et celui de la chapelle de la Vierge ; la charpente fut exécutée par Louis Courgeon, maître charpentier, et la plomberie par Jean Lambaré de Vitré.
En 1538 et 1539, puis en 1546, on termina la nef « en amortissant les piliers », et l’église fut dédiée le 14 février 1549 (n. st.) par le R. P. en Dieu Gilles de Gand, évêque de Rouanne et suffragant de Nantes, qui bénit le maître-autel, l’autel Saint-Nicolas et un autel portatif. De 1551 à 1554, l’on fit des charrois de pierres en vue de la construction de trois chapelles en équerre sur le bas-côté nord, chacune percée d’une grande fenêtre, ainsi qu’il se faisait à cette époque dans les églises entre Vitré et La Guerche, travaux dont les plans et devis sont dus à Jehan Coury et Jean Perdriel.
L’exécution en fut confiée en 1556 à Jehan Auffray, maître maçon. Mais, celui-ci étant décédé peu après le début des travaux, son fils proposa aux fabriques de les faire continuer par Médard Arthur, maître maçon, ce qui fut accepté. En 1561, celui-ci est qualifié « maçon et maître d’œuvre de la maçonnerie des chapelles neuves ».
Les travaux furent terminés en 1562, les charpentes mises en place par Pierre Iluet et Michel Droyer, et Jean Perdriel abattit alors la muraille séparant la nef de ces chapelles.
En 1560-1561, les fabriques projetèrent de faire édifier un clocher « en daulme » sur les plans de Maître Jullian Cilliart et de Médard Arthur, mais ce projet ne fut pas alors exécuté.
Au XVIIIe siècle, l’on rebâtit presque entièrement le collatéral sud, la sacristie, et l’on construisit sur la façade ouest une tour, travaux exécutés suivant les plans d’Antoine Forestier, le jeune, architecte à Rennes, qui amenèrent la destruction de la grande chapelle de Saint-Nicolas, dite chapelle de Sauldecourt, de la chapelle de la confrérie de Notre-Dame-de-Pitié, du chapiteau (porche midi) et d’un édifice servant alors de sacristie.
La première pierre de cette construction nouvelle fut posée le 1 er mai 1759 par Guillaume Busnel, sieur de la Touche, fils de René et d’Anne d’Espinay, et le recteur de Domagné, M. Le Gendre, fit une nouvelle bénédiction de tout l’édifice le 14 décembre 1760. L’autel de Notre-Dame-de-Pitié fut alors transféré au haut du nouveau bas-côté.
Étude architectonique et plan.
— Précédé d’une tour de plan carré, l’édifice comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, un transept non débordant sur les façades et un chœur à chevet droit, plus étroit mais très profond, accosté d’une sacristie et d’une annexe.
Les dimensions intérieures sont les suivantes : nef : largeur 7 m 30 et avec ses bas-côtés 16 m 90, longueur 16 m 40 ; transept : longueur 5m 20 ; chœur : largeur 5 m 80, longueur 9 m 20.
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Les vitraux.
"Malgré leurs avatars, les cinq verrières anciennes de Louvigné-de-Bais sont d’un intérêt capital pour l’histoire de la peinture sur verre en Bretagne, puisque les cinq sont datées et les auteurs de quatre d’entre elles sont connus.
Les comptes de Louvigné nous apportent en outre un renseignement des plus importants. Malgré les démêlés que les fabriques avaient eus avec Gilles de la Croix-Vallée pour obtenir la livraison des verrières commandées, c’est à lui qu’ils confièrent l’entretien annuel, suivant l’usage, de toutes les verrières jusqu’en l’année 1557-1558, sans doute année de son décès.
Or les comptes de 1550-1551 portant des payements à Gilles et Gillequin à Vitré ont fait dédoubler le personnage, et l’on a voulu voir dans le second un ouvrier du premier, alors que celui-ci n’est indiqué dans aucune des procédures faisant connaître les aides de Gilles. Le fait qu’il soit appelé indifféremment Gilles et Gillequin indique ainsi une origine très probable des Pays-Bas. C’est également avec le prénom tantôt de Gilles, tantôt de Gillequin, qu’il figure d’ailleurs dans les comptes de 1545 de la collégiale de Champeaux, avec son associé Guyon Colin, et l’on peut donc attribuer avec certitude à leur atelier la grande verrière de cette dernière église, dont la facture de la chevelure du donateur, Guy d’Espinay, est, entre autres, si caractéristique.
Cette facture très particulière des verrières de Louvigné-de-Bais et de Champeaux permet, semble-t-il, par comparaison, d’attribuer à l’atelier de Vitré la verrière de la Pentecôte de Notre-Dame de Vitré, datée de 1537, ainsi qu’il était naturel, et le vitrail de Javené. Celui-ci porte d’ailleurs sur le panneau de la Circoncision : i. f. g. 1. (« istud fecit Gilles Lacroixvallée »).
Il est également assez probable que les vitraux de la Tentation de la Baussaine et de la Transfiguration des Iffs leur sont dus." (R. Couffon)
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Restauration.
"Les vitraux de Louvigné-de-Bais ont été très restaurés au cours des âges ; et, en effet, mentions sont faites dans les comptes de nombreuses restaurations, sur lesquelles nous n’avons que peu de détails. Ces divers travaux furent exécutés, en 1589-1590, par Jean Lizon ; en 1604, par Richard Allaire, maître verrier à Rennes ; en 1671, par Colin, de Vitré ; en 1673, par Guillaume Blancvillain, de Vitré ; en 1699, par Gilles Métayer, maître verrier à Vitré ; en 1721, par François Ruffet, maître verrier à Rennes ; en 1749, par Michel Roulin, maître-verrier à Vitré ; enfin, de 1887 à 1889, d’une façon trop radicale suivant le goût de l’époque, et assez médiocre, par l’atelier rennais Lecomte et Colin. (R. Couffon)
Il faut ajouter la consolidation de trois verrières anciennes par l'atelier Alleaume en 1919 et la restauration des cinq baies du XVIe siècle par l'entreprise Briand de Rennes en 1981-1982.
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La description des verrières reprend largement le texte de référence, celui de Gatouillat et Hérold pour le Corpus Vitrearum.
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LA BAIE I : VERRIÈRE DE LA VIE DE LA VIERGE. 4ème quart XVe, et Gilles de la Croix-Vallée 1544. Coté nord à l'entrée du chœur.
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Cette baie de 3 lancettes trilobées et un tympan à 2 quadrilobes et 4 mouchettes mesure 5,50 m. de haut et 2,10 m. de large. La verrière de la Vie de la Vierge, seul témoignage d'une campagne de vitrage antérieure, date, avec son décor d'architecture flamboyant, du quatrième quart du XVe siècle mais a été remaniée par Gilles de la Croix-Vallée en 1544 lors d'une restauration qui y ajoute quelques décors Renaissance. Les armes des premiers donateurs ou prééminenciers ont été insérés dans les dais du registre inférieur.
"Ce vitrail se distingue par des couleurs vives et contrastées où le bleu tient une grande place, par la qualité du dessin des visages, des mains et des drapés. Le verrier qui l'exécuta avait d'ailleurs accédé à la maîtrise, si l'on en croit le sertissage en plomb vif exécuté dans le panneau du Mariage de la Vierge. Ce qui domine dans cette œuvre est bien son inspiration encore toute médiévale ; l'attribution qui en a été faite au verrier Pierre Simon qui travaillait à Fougères au milieu du XVIe siècle, beaucoup trop tardive, nous paraît impossible. " (D. Moirez 1975)
Gatouillat et Hérold, s'appuyant sur Moirez-Dufief, réfutent également l'attribution par Couffon de cette verrière à Pierre Symon. La documentation par sources permet d'affirmer que c'est Gilles de la Croix-Vallée qui, en 1544, remania la verrière au cours des travaux de rénovation favorisés par Guy III d'Espinay : Il changea en particulier des têtes dans plusieurs des scènes.
Ce Gilles de la Croix-Vallée, avec "Guyon" (Guillaume Collin), tous les deux installés à Vitré, avait déjà réalisé la verrière de la Transfiguration et celle de la Résurrection en 1539-1540, et depuis, La Croix-Vallée avait été chargé de l'entretien des verrières de l'église jusqu'en 1558, peut-être l'année de sa mort. Les deux verriers avaient réalisé en 1539 la maîtresse-vitre de Champeaux pour Guy d'Espinay et Louise de Goulaine.
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"Vitrail de la Vierge. Exécuté en 1544 par Pierre Symon, de Fougères, il est de conception et d’exécution très différentes des précédents vitraux. Il comprend neuf panneaux en trois lancettes, les trois panneaux supérieurs surmontés de hauts dais
Renaissance mais d’inspiration gothique. Il est timbré de trois écus : deux aux armes pleines losangé d’or et de gueules, armes des Le Vayer, sieur de Fouesnel, qui paraît un ramage de Craon, l’autre mi-parti des armes précédentes et d’argent à la croix pattée de sable, armes des Parthenay, rappelant l’alliance de Jean Le Vayer et de Guyonne de Parthenay.
L’exécution de ce vitrail est très soignée et l’on remarquera particulièrement la figure de la Vierge de la scène du Mariage avec son nimbe très ciselé. Pierre Symon était d’ailleurs un peintre réputé à Fougères, où il exécuta plusieurs verrières pour Saint-Sulpice et Saint-Léonard ainsi que pour la Maison de Ville en 1551.
Les restaurations de la verrière sont très visibles : Vierge de l’Assomption, Christ du Couronnement, deux des rois mages de l’Adoration, le saint Joseph des fiançailles et deux têtes des apôtres de la Mort de la Vierge. " (R. Couffon)
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le registre inférieur et ses armoiries. Le Mariage de la Vierge, l'Annonciation et la Visitation.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le Mariage de la Vierge.
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La scène se passe dans une église gothique à voûte d'ogive et clefs pendantes, et baies à remplages gothiques.
Sur fond d'un drap d'honneur rouge, le grand prêtre, reconnaissable à son bonnet conique perlé à gland frangé et à sa cape verte au fermail losangique doré, place la main de la Vierge dans celle de Joseph. Celui-ci tient la canne, qui signale son âge, mais aussi le rameau fleuri qui est le signe de son élection divine parmi les autres prétendants. On remarque ses chaussures à bouts fins.
Deux hommes et deux femmes assistent à la scène. L'homme le plus externe porte à l'oreille un grelot d'or, ce qui incite à s'interroger sur sa signification.
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La tête de Joseph a été restaurée par La Croix-Vallée en 1544 ; celle des deux têtes à gauche ont été refaites en 1887.
Le médaillon jaune d'or du bonnet vert du personnage de gauche est monté en chef-d'œuvre.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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L'Annonciation.
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L'ange Gabriel coiffé du diadème, est à demi-agenouillé, et fait le geste de salutation tandis que ses paroles sont en parties visibles sur le phylactère de sa tige fleurdelysée : AVE MARIA GRATIA PLENA DOMINUS TECUM BENEDICT [A IN MULI] ERIBUS. La colombe de l'Esprit traverse la chambre en diagonale depuis une baie dans un rayon de lumière dorée et se dirige vers le sommet de la tête de Marie.
La Vierge est agenouillée ou assise sur le sol carrelé, sous le pavillon rouge couronnant son lit, à coté du vase dont le lys symbolise sa virginité.
La tête de la Vierge a été restituée en 1887 ; la pièce a été mouchetée de hachures pour simuler une corrosion.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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La Visitation.
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Dans un paysage extérieur (arbres, rochers, feuillages, mais devant des murailles (vieux-rose) et sous une arche cintrée à voutes ogivales et clefs pendantes, les cousines Marie et Elisabeth adoptent un geste en miroir, à quatre mains : l'une des mains retient le pan du manteau tandis que l'autre se pose sur le ventre. Marie se reconnaît à son nimbe ciselé, à sa tête non fléchie, et aux mèches de cheveux blonds s'échappant du voile.
Le vitrail est bien conservé sauf quelques pièces de drapé.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Les armoiries.
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1°) Echiqueté de gueules et d'or sur les deux panneaux latéraux. Jean Le Vayer, seigneur de Fouesnel
Ces armes figurent aussi sur le retable nord, datant de 1655.
Potier de Courcy :
Vayer, Voyer ou Véyer (le), sr. de Clayes, par. de ce nom, — de la Clarté, par. de Cornillé, — de Fouësnel, par. de Louvigné-de-Bais, — de la Hussonnière et de Montbouan, par. de Moulins-sur-Roche, — de Goësmes, par. de ce nom, — du Plessis-Raffray, par. de Domagné, — de la Mariais, de la Lande, de la Cour, du Boisgerbaud, de la Villeaugier, de la Garenne, de la Rivière et de Saint-Patern, par. de Soudan, — de Rigné, par. de Rougé, — de Laumondière, par. de Saint-Père-en-Retz.
Réf. et montres de 1427 à 1544, par. de Clayes. Moulins-sur-Roche, Louvigné-de-Bais, Soudan, Rougé et Saint-Père-eu-Retz, év. de Saint-Malo, Rennes et Nantes.
Losangé d'or et de gueules (Sceau 1402).
Jean, sr de la Clarté, ratifia le traité de Guérande en 1381, et fut marié en 1391 à Marguerite Rogier de Beaufort ; Jean, conseiller du duc Jean V en 1404-, Auffroy et François, son neveu, abbés de Saint-Aubin-des-Bois de 1509 à 1532; Olivier, panetier ordinaire de la reine Anne en. 1513; Bertrand, vivant en 1586, épouse: 1° Vincente de Clairefontaine, dont Pierre, auteur des srs de la Morandaye, qui suivent ; 2° Marie Malenfant, mère de Jean, président aux enquêtes en 1619, qui, de Claude le Marchant, laissa entre autres enfants : Louise, dame de Clayes, mariée à Jean Nicolas, sr de Champgérault, autorisé par lettres de 1626 à prendre les nom et armes de sa femme. Voyez Nicolas.
La branche de Coôsmes fondue en 1377 dans Maillé ; la branche de Fouësnel fondue vers 1493 dans de Poix ; la branche de Montbouan fondue en 1615 dans Langan.
Vayer (le) (ramage des précédents), sr de la Hérissaye, — de Montforay, — de Chevigné,
— de Quédillac, par. de ce nom, — de la Morandaye, par. de Roisgervilly, — de la Giraudais, — de Raulac.
Anc. txt., réf. 1668, 0 géu.; réf. 1513, par. de Boisgervilly, év. de Saint-Malo.
De gueules à neuf losanges d'or.
Bertrand, vivant en 1586, marié à Vincente de Clairefontaine, père de Pierre, et ce dernier de Jean, marié : 1° à Suzanne le Bouteiller, 2° à Marguerite de Penhoët ; un héraut des États de Bretagne en 1728.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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2°) Echiqueté de gueules et d'or en alliance avec d'argent à la croix pattée de sable. Jean Le Vayer, seigneur de Fouesnel et son épouse (1452) Guyonne de Parthenay.
https://man8rove.com/fr/blason/2tisd66-parthenay
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Guyonne de Parthenay est la fille de Michel de Parthenay, seigneur du Bois-Briant, et de Perrine de la Bouëxière (-1461), dame de Parigné. Elle eut une fille, Jeanne le Vayer, qui épousa André de Poix (v.1460-1531), seigneur de Saint-Roman. Celui-ci épousa en 1520 Renée du Hallay.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le registre intermédiaire. Adoration des Mages, Massacre des innocents, Fuite en Égypte.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Adoration des Mages.
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Les têtes des deux mages de droite ont été remplacées en 1544.
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La tête de Balthasar, le roi noir —celui qui offre la myrrhe— est remarquable par son pendentif en forme de clochette. Cette marque de marginalité (voire d'exotisme), qui apparaît dans la peinture flamande ou du nord de l'Europe (Memling, 1470) et se retrouve ailleurs sur les vitraux bretons, comme aux Iffs vers 1530. Mais il s'agit plus souvent d'une simple boucle, et cette clochette est très originale. Cet accessoire peut être un signe de judéité, comme celle de la Vierge dans L'Annonciation de Lorenzetti ou celle de Caïphe à La Roche-Maurice, d'africanité comme pour le roi Salomon de l'Arbre de Jessé de Bourg-Achard , mais est toujours un détail significatif en iconographie.
Les cheveux blonds de la Vierge sont retenus par un diadème centré par un cabochon.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Massacre des innocents.
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Certaine têtes ont été refaites en 1544, dont celle d'Hérode. Ce dernier lève l'épée et se prépare à frapper un enfant, assez indistinct dans les bras de sa mère. Les cheveux de celle-ci sont retenus par un bandeau dont les extrémités frangées pendent derrière son dos : on notait déjà ce détail sur le Vierge de l'Annonciation.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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La Fuite en Égypte
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le registre supérieur.
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On regrettera la très large barlotière qui masque la partie la plus importante des trois scènes.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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La Dormition.
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Trois apôtres nimbés, assis ou à genoux, comme Jean, mains jointes, occupent le devant du lit. La Vierge, en manteau bleu, est allongée, tête vers notre droite, et tenant le cierge. Elle est entourée d'un apôtre qui tient un livre grand ouvert derrière un autre qui semble tracer une onction. Sa main, cerclée de plomb au sein de la pièce de verre, est réalisée selon la technique du chef-d'œuvre. On devine d'autres apôtres à leur nimbes.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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L'Assomption.
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La Vierge porte une robe violette et un manteau bleu. Elle est emportée dans les Cieux par six anges aux ailes rouges, en tunique blanche et étole rouge, ou aux ailes vertes, vêtus de chapes en velours bordeaux frangés de perles et à fermail losangique.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le Couronnement de la Vierge.
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La Vierge, mains jointes, de face, est encadrée par le Christ et le Père, de même taille. Le Fils qui porte le nimbe crucifère et un manteau bleu bénit sa Mère, tandis que le Père est vêtu en pape et tenant le globe (verre bleu teinté au jaune d'argent du cadran jaune d'or) surmonté d'une croix richement travaillée. L'Esprit-Saint vole au dessus, dans des rayons d'or, presque au même niveau que les autres termes de la Trinité.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Les dais.
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Les scènes sont encadrées d'architecture gothique à dais très élevés en grisaille et jaune d'argent.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le tympan.
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Dans les quatre mouchettes, sont figurés au jaune d'argent des anges musiciens (restaurés au XIXe) jouant de la harpe, de la vièle à archet à quatre cordes, du luth, et de la flûte à bec. Dans les quadrilobes, un pélican nourrissant ses petits, et un Agneau Pascal sont encadrés par quatre fleurs.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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LA BAIE 3 : VERRIÈRE DE LA DESCENTE AUX LIMBES. Guyon Colin 1567.
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Cette baie d'une lancette mesure 4,00 m. de haut et 2,00 m. de large. La verrière de la Rédemption ou de la Descente aux Limbes est datée de 1567 et a été exécutée par Guyon Collin pour Louise de Goulaine ou Jean d'Espinay à la mémoire de ses parents.
La scène est présentée sous un arc de triomphe à colonnes torses sur celle de gauche un cartouche à cuir à enroulement portant la date de 1567, et sur celle de droite un cartouche à inscription signalant la restauration par Lecomte et Colin, de Rennes, en 1887. (D'après Gatouillat et Hérold)
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"Vitrail de la Descente aux limbes. Du même atelier vitréen, cette œuvre de Guyon Colin porte la date de 1567 sur l’un des cartouches décorant les colonnes de l’arc Renaissance qui encadre la scène ; l’autre cartouche portait le nom de Richard Allaire, qui restaura la verrière, et la date 1604 de sa restauration, cartouche rendu fruste par les derniers restaurateurs.
En supériorité, un écu entouré du collier de Saint-Michel est aux armes de Guy d’Espinay et de Louise de Goulaine, seigneurs de la Rivière-en-Champeaux et de Sauldecourt-en-Louvigné, qui figurent également avec les donateurs au bas de la verrière.
On retrouve dans les figures les mêmes chevelures et barbes moutonnées, si caractéristiques de l’atelier, les chevelures très blondes des femmes et leurs figures très rondes qui se voient également dans la Tentation de La Baussaine." (R. Couffon)
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Dans le couronnement à volutes latérales, animées par deux couples d'enfants, une niche à coquille est encadrée par deux termes (supports anthropomorphes) typiques de la Seconde Renaissance. On y trouve à gauche les armes d'Espinay d'argent au lion coupé de gueules sur sinople armé, lampassé et couronné d'or. Et dans un losange (armes féminines), celles de son épouse Louise de Goulaine, mi-parti d'Angleterre et de France. Ces armes figurent sur le tombeau du couple, datant de 1553. Guy III est décédé en 1551 et Louise de Goulaine en 1567, l'année même de réalisation de cette verrière.
Les armes du couple sont surmontées de la couronne perlée : le titre de comte de Durtal ne fut acquis, comme celui de chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, que par leur fils Jean d'Espinay, chambellan du roi Henri II, décédé en 1591. Celui-ci obtint le titre de marquis d'Espinay en 1575.
Selon Gatouillat et Hérold, les écus sont modernes, le cadre est restauré ; les meubles des écus ont été gravés sur la pièce vitrée bleue.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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La grande scène centrale.
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Au centre, le Christ foule la porte de l'Enfer, figuré comme une forteresse habitée de démons multicolores, et en accueille les âmes des Patriarches.
On reconnaît l'influence de la gravure du Christ aux Limbes du cycle de la Petite Passion de Dürer en 1511.
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On cite aussi l'influence de la gravure du monographiste L.D., alias Léon Davent d'après Luca Penni, 1547.
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Mais on pourrait se référer à la représentation de cette scène sur de nombreux vitraux, et sur les calvaires monumentaux bretons dans la version où le Christ libère les âmes retenus par le Léviathan.
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L'inscription centrale.
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Un phylactère part des mains d'un des patriarches avec l'inscription ADVENISTI DESIDERABILIS. Il s'agit d'un fragment d'un cantique Cum rex gloriae Christus infernum, conservé dans l'antiphonaire de l'abbaye de Saint Gall au XIIe siècle, et qui intègre un fragment du psaume 24(23) :
Cum rex gloriae Christus infernum debellatur(us intraret et chorus angelicus ante faciem ejus portas principum tolli praeciperet sanctorum populus qui tenebatur in morte captivus voce lacrimabili clamaverat advenisti desiderabilis quem exspectabamus in tenebris ut educeres hac nocte vinculatos de claustris te nostra vocabant suspiria te larga requirebant lamenta tu factus es spes desperatis magna consolatio in tormentis alleluia
"Quand le Christ, Roi de gloire, fut entré en guerrier dans les enfers, et que les chœurs des anges eurent ouvert les portes des ténèbres, les âmes des saints encore détenues dans les liens de la mort criaient avec larmes et lamentations : Venez le désirable que nous attendons dans les ténèbres, pour nous retirer, cette nuit, de notre prison ; nos soupirs vous y appellent ; nos abondantes lamentations vous réclament ; vous êtes devenu l’espoir de nos désolations, la grande consolation de nos tourments."
https://gregorien.info/chant/id/1723/9/fr
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La trame de l'épisode du Roi de Gloire capable d'abattre les portes de l'Enfer en raison même de sa victoire sur la Mort est tirée de l'évangile apocryphe grec du Ve siècle traduit en latin par Descendus Christi ad Inferos et rattaché à L'Evangile de Nicodème.
SKUBISZEWSKI (Piotr), 1996, Le titre de « Roi de gloire » et les images du Christ : un concept théologique, l’iconographie et les inscriptions Civilisation Médiévale Année 1996 2 pp. 229-258
Gatouillat et Hérold signalent l'utilisation abondante de sanguines.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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La bordure de gauche et Adam et Ève tenant la pomme de la Tentation.
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La colonne torse et son soubassement sont typiquement Renaissance, de même que le cartouche à cuir à enroulement suspendu par une couronne de lauriers.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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La bordure de droite et les Patriarches sortant du Limbus Patrum.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Les termes (supports anthropomorphes) des angles.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le registre inférieur et ses armoiries.
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Au centre, un ange tient un cartouche à cuir à enroulement portant l'inscription tirée du Livre de Zacharie IX:11 :
ZACHAR9
EMISISTI VI[NCTOS DE LACV
IN QVO NON ERAT AQVA
Tu quoque in sanguine testamenti tui emisisti vinctos de lacu in quo non erat aqua : "Et pour toi, à cause de ton alliance scellée dans le sang, je retirerai tes captifs de la fosse où il n'y a pas d'eau".
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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De chaque coté, des anges présentent des chapeaux de triomphe contenant à droite les armes pleines d'Espinay, et à gauche les armes mi-parti d'Espinay et de Goulaine (bustes d'origine, écus refaits).
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On notera les termes ou supports anthropomorphes, qui sont latéralement des vieillards barbus à oreilles de faune, vêtus d'un pagne, et au centre un couple torse nu.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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LA BAIE 4 : VERRIÈRE DE LA VIE DE LA TRANSFIGURATION. Gilles de la Croix-Vallée et Guyon Colin 1540-1543 ; atelier Lecomte et Colin 1886.
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Cette verrière d'une seule lancette est haute de 4,50 m et large de 2,05 m. Elle était conçue pour la maîtresse-vitre à trois lancette et un tympan par Gilles de la Croix-Vallée et Guyon Colin, et était offerte par Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine. Brune, en 1846, l'a décrite dans sa baie d'origine. Elle a été déplacée, complétée et adaptée dans cette vitre par Lecomte et Colin en 1886.
Une aquarelle donne l'état du vitrail avant sa restauration :
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"Vitrail de la Transfiguration. L’exécution de ce vitrail donna aussi lieu à pas mal de péripéties avant sa livraison définitive, le 25 octobre 1544. Gilles et son associé Guyon Colin se plaignirent d’avoir perdu de l’argent et les fabriques leur accordèrent le 28 décembre suivant quatre écus de gratification.
Des parties importantes en ont été refaites, notamment le Christ et les portraits des donateurs, Guy d’Espinay et Louise de Goulaine, mais les figures de Moïse et Élie sont d’excellents documents pour l’étude de cet atelier vitréen. Les fabriques renferment nombre de documents antiques comme les tableaux contemporains d’Antoine Caron et les verrières de Jean Cousin. Ainsi que le précédent, ce vitrail dénote en effet une influence italienne." (R. Couffon)
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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La Transfiguration.
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Dans un paysage avec fabriques, les apôtres Jean et Jacques, renversés et éblouis, et Pierre, mains jointes et à genoux, contemplent le Christ entouré de Moïse et d'Élie environnés de nuées.
Le Christ a été restitué en 1886. Jean, Jacques et les prophètes sont bien conservés. Seul le visage de Pierre est d'origine.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le registre inférieur.
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Sous des pavillons à lambrequins (en verre rouge gravé), les donateurs sont vus en mi-corps. Guy III d'Épinay est présenté par un saint guerrier revêtu d'une cotte d'hermines. S'agit-il de saint Guillaume d'Aquitaine ou du bienheureux Charles de Blois ? Louise de Goulaine est présentée par saint Louis. Les panneaux ont été restitués en 1886, sauf quelques pièces de la cotte armoriée du donateur et les bustes de leurs saints patrons. Les panneaux inférieurs ont été perdus.
Au centre se trouve un paysage de ruines, un buste, et l'inscription relative à la restauration de 1886.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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ANNEXE : Description de Brune :
"Les trois vitraux des chapelles du nord ont au contraire été parfaitement conservés. Le plus curieux pour l'iconographie religieuse est sans aucun doute celui qui représente la Descente de Jésus aux enfers. Il doit être de Guyon Colin. nous avons déjà indiqué que Colin travaillait chez de la Crouezevallée. Il est donc probable que c'est lui qui a succédé au maître vers 1560. La facture, par certains détails, l'apparente aux vitraux sortis de chez de la Grouez-vallée. Le Christ, en particulier, a certainement été fait avec les mêmes cartons que celui de la Résurrection même manteau rouge agrafé par le même cordon, même nimbe fleurdelisé, même croix avec les mêmes plis à l'étendard, même tête majestueuse et un peu dure. ( Même sujet à Saint-Etienne du Mont; mais imité plus directement de Raphaël.)
On sait que M. E. Male a suivi l'évolution de ce sujet à travers le moyen âge dans son Histoire de l'Art religieux. C'est à l'aide de ses savants commentaires que je vais analyser ce vitrail, en signalant pourtant quelques détails que M. Male n'a pas expliqués ou que même il n'a pas relevés ailleurs. Notre diocèse possédait autrefois trois Descentes aux enfers, l'une au Mont-Dol, recouverte d'un badigeon; une à Bazouges la-Pérouse (1574), et celle de Louvigné. Peut-être y en avait-il une aussi à La Baussaine, dans un vitrail. Les deux qui nous restent suivraient à illustrer l'étude de M. Male. La fresque du Mont-Dol (31), de la fin du XIIe ou du XIIIe siècle, représente la scène dans sa simplicité primitive. Le Christ tenant sa croix sans étendard pose un pied sur les portes de l'enfer renversées (32) et tend la main à Eve et quelques autres personnages dont on aperçoit la silhouette en contre-bas de la porte de l'enfer. Cette porte est simplement une entrée noire, sans flammes. Mais au cours des âges le sujet s'est enrichi, et Louvigné nous le montre dans toute sa complexité. Les enfers (les limbes) sont devenues l'enfer séjour de souffrances, contre toute vraisemblance théologique. 11 est représenté par une tour pleine de flammes d'où s'élancent par une fenêtre et que surmontent des démons rouges. Le Christ porte de la main gauche une croix surmontée d'une oriflamme; ce dernier détail apparaît dans l'iconographie au XIVe siècle. A la fin du .\]le siècle, un monstre apparaît dans cette scène, c'est le Léviathan, que nous décrit le livre de Job. On trouve ce Léviathan au Mont-Dol, non dans la fresque de la Descente aux enfers mais dans celle qui représente les supplices des damnés en enfer. A Louvigné, il y a aussi un Léviathan; mais il n'a pas la forme d'une gueule énorme que lui a prêtée tout le moyen âge et qu'a popularisée la mise en scène des mystères. Il y est représenté par uns sorte de serpent vert qui s'avance contre le Christ au-dessus des flammes dans l'embrasure du gouffre.
Vers la fin du XIIe siècle aussi Adam et Eve, qui dans les manuscrits orientaux sont habillés, deviennent nus comme aux jours de leur innocence, avant le péché. Au Mont-Dol, tous les justes délivrés par Jésus sont nus. Mais on a dissimulé Eve derrière les autres personnages; on n'aperçoit, que sa tète. A Louvigné, au contraire, Adam et Eve sortis de l'enfer occupent à eux deux la moitié du vitrail. Adam est peint de trois-quarts, mais Eve est vue de face, tenant dans sa main la pomme fatale. Manifestement l'artiste les a posés là pour avoir l'occasion de faire une élude de nu; et, à voir le soin qu'il a mis à modeler les formes et à colorer les chairs, en ne peut s'empêcher de croire qu'il a voulu rivaliser avec les modèles que lui offraient Durer, lan Gossaert, Granach, Raphaël, tant d'autres auteurs d'Eve où la Renaissance a salué la glorification du corps humain et de ses tendances artistiques et païennes.
Quelques détails de ce tableau me paraissent encore inexpliqués ou particuliers à Louvigné. Le Christ enfonce la hampe de la croix clans la gueule d'un démon pris sous la porte de l'enfer. Ce démon pris sous la porte est classique . mais je ne crois pas que M. Male l'ait expliqué. Tous les détails de l'iconographie religieuse ont leur signification, surtout ceux que se transmettent les siècles et les écoles. Voici donc ce que je propose, en suivant la méthode même du grand critique. D'après M. l'abbé Turmel une partie des docteurs chrétiens ont cru que le Christ en mourant a trompé le démon. Le diable ne voyant dans Jésus qu'un prophète l'a fait mourir et il se réjouit de le voir descendre dans les enfers. C'est quand il le voit arriver, plein de force et d'autorité, pour délivrer ses victimes qu'il s'aperçoit de son erreur; il a été joué et pris comme à un hameçon ou à une souricière*39). Dans la Passion du XVe siècle publiée par Jubinal < Satan se plaint que Jésus l'ait « tousjours deceu » et son compagnon Beelzebuth rit de sa naïveté
Comment as tu esté si nices
Que tu as fait Jhesucrist pendre ?
N'est-ce point cette idée théologique qu'ont voulu rendre nos artistes en le faisant prendre sous la porte qu'il barricadait à l'arrivée du Christ ?
La composition du vitrail de Louvigné pose encore un autre problème. Quand on le compare à la fresque du Mont-Dol, ou à celles du haut moyen âge que M. Maie a reproduites, on s'aperçoit qu'au cours des siècles la scène s'est dédoublée. Il n'y a qu'un groupe de personnages dans les miniatures et les vitraux les plus anciens; le musée d'Angers possède du début du XVI" siècle un retable et une tapisserie et le musée de Lyon un tableau d'un maître primitif allemand où un seul groupe de personnages se prépare à sortir des Limbes. Il y en a deux dans celui que nous étudions. Le Christ, placé au centre du tableau, le divise en deux parties. A gauche, derrière lui, libérés de l'enfer, debout sur l'herbe fleurie comme au paradis terrestre, sont Adam et Eve, accompagnés à l'arrière-plan de cinq autres personnages. A droite, dans l'enfer, 6 ou 7 personnes forment un second groupe. Le de ce groupe, prêt à sortir à la Inmirrc, lient la main de Jésus. M. Ottin qui <i pf-snyé une histoire du vitrail signale aussi (autant que j\> puis imagine)' sa description) deux groupes sur la Descente rie Boran. Cette répartition des personnages, je l'ai moi-même notée à Bordeaux, sur le bas-relief Renaissance de Saint-André et sur l'émail de Léonard Limosin (1557) du musée de Cluny, Il est impossible d'y voir deux tableaux différents, comme le veut Guillotin de Corson la chute et la rédemption. Adam et Eve n'avaient pas derrière eux une demi-douzaine de témoins au paradis terrestre Adam et Eve regardent en souriant ceux qui vont à leur suite sortir des Limbes, marquant par cette attitude l'unité du groupement. Peut-être n'y a-t-il là 'qu'un souci de symétrie dans la composition ? Peut-être aussi y a-t-il une idée théologique. Toute une école de théologiens ont cru, à la suite de saint Clément d'Alexandrie, Origène, saint Athanase, saint Jérôme, saint Hilaire, que Jésus délivra les âmes des païens vertueux (en leur donnant la foi posthume) aussi bien que celles des Juifs qui avaient cru à sa venue <41>. Combien cette théorie devait séduire les penseurs de la Renaissance, scandalisés au point d'en faire une objection à la foi chrétienne que la Rédemption n'eût pas profilé aux héros païens Certains humanistes n'hésitaient pas à donner le paradis à Cicéron, à invoquer saint Socrate, à mettre le De o//tcus à côté de l'Evangile, et se refusaient à croire que des hommes comme Aristide, Solon, Platon, Scipion, Caton ne fussent pas sauvés (42>. On sait comment Raphaël dans l'Ecole d'Athènes a voulu rapprocher les sages anciens des théologiens de la Dispute du Saint-Sacrement.
Les Gentils n'avaient-ils pas eux aussi attendu le Messie ? Le drame des Prophètes fait à Virgile et aux Sibylles une place à côté des prophètes juifs. Les oracles sibyllins ont même formé un roman au XIVe siècle et une moralité au XVe. Le Mistére du Yiel Testament les a accueillis et ils ont suscité toute une littérature en marge des cycles chrétiens. Virgile ne paraît pas dans les drames que j'ai pu étudier , mais on invoque sa 4e bucolique dans la Nativité du XVe siècle, et Reproduite par M. l'abbé J. Descottes dans son album Les curiosités du Mont-Dol, IX, d'après une copie de T. Busnel de 1807. M. Male le signale à côté des prophètes ainsi que la sibylle, dans des Arbres de Jessé du XIIIe siècle. De là à lui donner place dans les Descentes aux enfers, il n'y a qu'un pas. Car les mêmes personnages qui annoncent le Messie dans le Drame d'Adam, ou dans le Viel Testament le saluent à sa descente aux enfers dans les Passions et les Résurrections. Que les plus anciennes descentes aux enfers que nous possédions n'utilisent pas ces personnages, ce n'est pas une preuve qu'au XVIe siècle on n'ait pas mis Virgile et la Sibylle en tête des païens délivrés par le Sauveur. Au vitrail de Louvigné, en tète du groupe que nous éludions se trouvent un homme et une femme. Serait-ce Virgile et la Sibylle J'hésite à le croire, faute de preuves. Et puis le premier personnage est barbu et je ne sais pourquoi je ne puis me figurer qu'on ait représenté Virgile avec cette barbe. Il est plus probable que c'est Platon. La tradition chrétienne depuis Clément d'Alexandrie (48> admettait que les philosophes avaient été la lumière des Gentils comme les prophètes celle des Juifs. C'est pourquoi saint Jean Damascène (") les joint aux Sibylles pour former le groupe des infidèles délivrés des enfers par le Christ. Parmi ces philosophes, le divin Platon paraissait presque un docteur chrétien <48). Quand au début de la Renaissance Marsile Ficin voulut populariser le platonisme, il eut bien soin de rappeler qu'il y avait peu de chose à y changer pour faire des platoniciens des chrétiens . Erasme dans son Eloge de la Folie essaie un parallèle entre les deux doctrines. Il étail donc tout naturel qu'on lui donnât la première place en tête des païens que leurs vertus naturelles sauvaient des enfers. Dès la fin du XIe siècle Nicelas de Serra, métropolitain d'Héraclée, commentant le sermon de saint Grégoire de Naziance sur Pâques (5|) raconte qu'un chrétien qui avait insulté la mémoire du philosophe eut une vision. Plalon lui apparut et lui révéla qu'à la descente du Christ aux enfers, il fut le premier à croire en lui. La Renaissance, en faisant de Platon l'auxiliaire des Apologistes contre ie rationalisme aristotélicien, dut encore augmenter la vénération qu'inspirait le créateur de l'Académie. Ce personnage porte une banderolle avec ces mots Advenisli desiderabilis Cette formule n'est point dans la Bible. Je soupçonne qu'elle pourrait bien venir de quelque drame. Qui en aura trouvé l'origine aura expliqué ce petit problème d'art. Au-dessous du vitrail est écrit le verset de Zacharie qu'il illustre Emisisti vinctos de lacu in quo non erat aqua. Autour se dresse un splendide portique; le haut surtout, orné de festons de verdure el de fruits est d'une grande richesse décorative. En bas, des anges nus soutiennent les armes d'Espinay et de Goulaine encadrées de couronnes de fleurs.
Je me suis arrêté longuement sur ce vitrail, parce qu'il représente un sujet rarement traité dans l'art breton et qu'il contient quelques détails originaux." https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k115330r/f334.item.r=domagn%C3%A9.zoom#
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LA BAIE 5 : VERRIÈRE DE LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE. 1578.
Cette verrière d'une lancette cintrée de 4 mètres de haut et 2 mètres de large est consacrée, sur deux registres, à la vie de saint Jean-Baptiste. Les armoiries de 1578 en attribue le don à Michèle Le Sénéchal, dame de La Valette épouse de Christophe de Poix depuis 1560.
"Vitrail de Saint-Jean-Baptiste. Au centre de la verrière, entre les armes des de Poix et d’Espinay, est un écu portant les armes pleines de Michèle Le Sénéchal, entourées de la cordelière, montrant que cette œuvre ne peut être antérieure à la mort de son mari, Christophe de Poix, décédé au manoir de Fouesnel le 17 juillet 1575.
D’ailleurs, sur deux des carreaux au bas du panneau figurant l’inscription du nom de Jean, se lisent les deux dates de 1578 et 1887, de son exécution et de sa restauration. Ce ne peut donc être le second vitrail commandé à Guyon Colin en 1567, ainsi qu’il est répété. Il est d’ailleurs de facture très différente et d’un maître non encore identifié. Plusieurs figures ont été refaites : le saint Jean-Baptiste de la Prédication ainsi que la femme assise devant lui, les figures des anges du Baptême du Christ, celle du témoin de l’inscription, enfin le saint Jean de la Naissance.
Ce vitrail est certainement avec celui de la Vierge le meilleur de cet ensemble très remarquable." (R. Couffon)
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le registre supérieur : la prédication de Jean-Baptiste. Le baptême du Christ par Jean-Baptiste. Sa décollation.
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L'amortissement associe, sur les cotés, des génies et des rinceaux colorés, et au centre, un panneau moderne où des nuées ont remplacé une figure de Dieu le Père placée au dessus du Baptême et envoyant l' Esprit-Saint.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le baptême du Christ par Jean-Baptiste.
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La partie gauche incluant les anges et le paysage est moderne.
La colombe du Saint-Esprit descend depuis des nuées dans un rayon lumineux portant l'inscription HIC EST FILIUS MEUS (Celui-ci est mon Fils).
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Le thème de la vie de saint Jean-Baptiste a été traité au début du XVIe siècle, notamment par un atelier rouennais qui lui doit son nom de convention : le "Maître de la vie de saint Jean-Baptiste" à Louviers, à Bourg-Achard, à Conches, à Rouen sous forme de vestiges, et à Philadelphie. L'inscription accompagnant la descente de l'Esprit-Saint dans une colonne de lumière est caractéristique de ce Maître.
. En voici quelques exemples :
— Paris , verrières nord de Saint-Merry, (vers 1500). Maître de la vie de saint Jean-Baptiste
— Bourg-Achard (Eure), baie 2 vers 1500. Maître de la vie de saint Jean-Baptiste
— Rouen, église Saint-Romain, baie 112 (vers 1500). Maître de la vie de saint Jean-Baptiste
— Rouen, église Saint-Vincent, Engrand Le Prince.
— Louviers, baie 26 (vers 1500-1510), offert par les tanneurs de Louviers.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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La décollation de Jean-Baptiste devant Hérode.
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Le festin d'Hérode est figuré au centre en arrière-plan à échelle réduite. Salomé reçoit des mains du bourreau, dans un plat la tête du saint, mais se détourne vers sa mère Hérodiade qui est responsable de cet acte.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le registre intermédiaire. Annonce de la naissance à Zacharie. Naissance de Jean-Baptiste. Zacharie inscrit le nom de son fils.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Annonce de la naissance par un ange à Zacharie dans le Temple.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Naissance de Jean-Baptiste.
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Gatouillat et Hérold font remarquer l'emploi d'un émail rouge ou de sanguine en ton local sur le dais du lit.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Zacharie inscrit le nom de son fils.
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Le buste de Zacharie est moderne, ainsi que le spectateur placé au centre. La date de 1887 est inscrite sur le dallage.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Le soubassement.
Un socle architectural surmonté d'une balustrade, est timbré de trois écus entourés de l'ordre de Saint-Michel. Les armes de Poix et d'Espinay entourent celles de la fondatrice Michelle Le Sénéchal. Le tout é été refait en 1887, sauf quelques fragments de collier à gauche.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Armoiries de Christophe de Poix d'or à deux vols de gueules et de gueules à la bande d'argent accostée de six croix recroisettées d'or, 3 et 3.
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"Christophe de Poix , seigneur de Fouesnel, Brécé, etc., et en outre de la Vallette , le Frétay - Bourdin, Neuville , et Brachet , est né au manoir de Fouesnel; il fut baptisé dans l'église de Louvigné le 2 septembre 1522 :
Cristoffle de poys fils de noble Michel de poys, ser de Fouesnel et damoyselle Regnée du Hallay, sa cpaigne fut baptizé le second jour de septembre lan susdit et fust parain noble lan du Bous chet, si de la Haye de Torcé ; coadjuteur Bertrand de sevigné .
Christophe de Poix tint un rang distingué dans la noblesse de la province; un rôle du 14 mars 1569 constate qu'il était à cette date capitaine des gentilshommes de l'arrière-ban de l'évêché de Rennes , titre qui lui avait été conféré par un brevet du 14 janvier précédent. Par lettre de commission du 2 mars 1574, M. de Bouillé, lieutenant du gouverneur de Bretagne , le nomma capitaine du ban et arrière-ban du même évêché, qu'on envoya tenir garnison à Vitré , et dont il fit la revue devant le sénéchal de cette ville le 16 du même mois . Le roi lui envoya le collier de l'Ordre de Saint-Michel , auquel il l'avait associé le 17 juin 1570 ; par lettre du 22 juillet de la même année , le marquis d'Espinay fut chargé de lui remettre cet insigne et de recevoir son serment . Il mourut au manoir de Fouesnel le 17 juillet 1575."
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Armoiries féminines (dans un losange) de Michèle Le Sénéchal, d'azur à neuf macles d'or, 3, 3, 3 accostées et arc-boutées.
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Christophe de Poix épousa, avant le 20 août 1560, Michelle Le Sénéchal, dame de la Vallette, Neuville, Brachet, etc. , fille unique et héritière de feus Bertrand Le Sénéchal, écuyer, seigneur des mêmes lieux , et de Catherine de Neuville ; elle avait perdu sa mère en 1545, et dès 1547 elle était restée orpheline sous la tutelle de son parent , Renaud de Neuville, seigneur du Plessis -Bardoul, désigné à cette charge par le testament du père . Six enfants au moins naquirent de ce mariage; les lacunes des registres paroissiaux ne nous permettent pas de réparer les omissions probables des mémoires généalogiques , qui mentionnent seulement : 1 ° René , — 2 ° Louise , l'aînée , -3° Louise, puinée, -4° Suzanne, - 5° Perronnelle , 6° Mathurin, baptisé à Louvigné le 16 mars 1563."
Sa mort en 1605 est mentionnée en ces termes dans les registres de l'église de la Vallette : Le mardy vingz et cinquiesme jour de janvier lan mil seix cent cinq deceda noble et puissante dame Michelle Le Senechal, dame de Fouesnel, et fust enterrée le vingtz et septiesme a Loupvigné et faist testament." (F. Saulnier)
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Armoiries d'Espinay, sommées d'une couronne.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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LA BAIE 6 : VERRIÈRE DE LA RÉSURRECTION. 1544-1543 et 1888.
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Cette verrière d'une seule lancette mesure 4,50m de haut et 2,05 m. de large. Elle a été commandée en 1540 pour la façade ouest à Gilles de la Croix-Vallée et Guyon Collin pour 50 livres. Elle a été déplacée et fortement complétée en 1888 par Lecomte et Colin.
Les pièces d'origine sont : le buste du Christ ; quelques fabriques du paysage ; et l'un des soldats en bas à gauche. Le reste est refait, y compris les saintes femmes en arrière-plan. (Gatouillat et Hérold)
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"Vitrail de la Résurrection. Ce fut le premier prêt. Il devait coûter 50 livres, la paroisse fournissant les matériaux, mais, dès 1540-1541, la fabrique dut intenter un procès au peintre qui se refusait à donner les mesures nécessaires au forgeron Jean
Le Bouteiller. Enfin, après nombreuses procédures, Gilles apporta le vitrail dont le solde lui fut payé le 4 octobre 1543, mais il prétendit que le tympan n’était pas compris dans le prix du marché et réclama trois écus d’or qui lui furent accordés.
Les procédures nous font connaître les noms de ses deux collaborateurs, Guyon Colin et Jehan Limaiger, de Vitré.
Le vitrail fut modifié en 1671 par Guyon Colin, de Vitré ; dans la suite, toute la partie inférieure portant les armes des l’Espinay fut détruite et refaite en 1888.
Le Christ subsiste donc à peu près seul. Sa tête, très caractéristique comme facture, est nimbée avec croix fleurdelysée et de bonne exécution, tandis que le corps, refait d’ailleurs en partie, est de mauvaises proportions." (R. Couffon)
"Le Christ (ancien) témoigne de l'influence des gravures de Dürer et de Lucas de Leyde tandis que l'influence italienne apparaît dans les paysages du registre médian." (D. Moirez 1975)
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Sous un dais en pavillon, Guy III d'Espinay en armures et tabard à ses armes présenté comme donateur par un saint en armure, la poignée de l'épée apparente à droite, tenant une hallebarde, en robe mouchetée d'hermines.
Ce saint breton est-il le bienheureux Charles de Blois ? L'aquarelle témoigne de la fidélité à l'état antérieur .
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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Louise de Goulaine présentée par saint Louis.
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Vitraux anciens de Louvigné-de-Bais. Photographie lavieb-aile octobre 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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—- Archives d'Ille-et-Vilaine, série G, Louvigné-de-Bais et IF 1619, n° 4.
— ANDRÉ (A), , 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, 1878, p. 56-58. p. 56-58
— BANEAT (P.), 1928, Le département d'Ille-et-Vilaine, t. II, Rennes, Larcher, 1928, p. 301-311
— BRUNE (J.), 1846, Résumé du cours d'archéologie professé au séminaire de Rennes, Rennes, 1846, p. 424 et suiv.
— BOURDE DE LA ROGERIE, (Henri ) 1924, L'excursion de la Société archéologique, dans Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. LI, 1924, p. 141-143
—BRUNE, 1849, Résumé, p. 29.
— BUSSON (Henri), 1922, "La Renaissance en Bretagne. Dans l'orbe de la Pléiade, Charles d'Espinay, évêque de Dol, poète", Mémoires SHAB, t.III, p. 13-18.
— BUSSON (Henri), 1926, "L'église et la paroisse de Louvigné-de-Bais (Ille-et-Vilaine)", Annales de Bretagne t. 37, p.321-326
— COUFFON (René), 1968, "Eglise Sainte-Paterne de Louvigné-de-Bais", Société française d'archéologie · 1968 Congrès archéologique de France - Volume 126 - Page 81-83
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum t. VII, Presses Universitaire de Rennes pages 248 à 250.
— GUIFFREY ( Jules), 1886, La Renaissance en France, 11e et 12e livraisons, par Léon Palustre. [compte-rendu] Bibliothèque de l'École des chartes Année 1886 47 pp. 125-129
— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-
— MOIREZ-DUFIEZ (Denise), 1977 "Le vitrail de la Transfiguration à Louvigné-de-Bais", Arts de l'Ouest p. 51-65.
— MOIREZ-DUFIEZ (Denise), et BARRIÉ (Roger), 1983, "Le vitrail et l'influence de la gravure, Artistes, artisans et production en Bretagne au Moyen-Âge p. 255-256.
— MUSSAT ( André), 1995, Arts et cultures de Bretagne : un millénaire, Rennes, Éditions Ouest-France, 380 p.
—MUSSAT (André), La Renaissance en Bretagne.
En Haute-Bretagne, ce sont naturellement les châteaux de la grande noblesse qui donnèrent le ton. Ils imitèrent les modèles de la Touraine directement inspirés par l'occupation de l'Italie du Nord. Citons la délicieuse et blanche loggia du château de Vitré et dans la même région, les stalles de la collégiale de Champeaux, commande des Espinay, parents des châtelains d'Ussé en Touraine. Aux Laval encore est dû, vers 1530, au flanc d'un antique donjon l'élégant château de Châteaubriant et sa longue galerie où se marient adroitement la brique, le tuffeau et le schiste.
Aux seigneurs se joignent les ecclésiastiques retour d'Italie. Les neveux d'un prélat humaniste commandent, dès 1507, aux Justi ou Juste, florentins devenus tourangeaux, le grandiose et élégant tombeau de la cathédrale de Dol. Tout ces novateurs suivaient le chemin illustré par la duchesse-reine lorsqu'elle avait confié à Jean Perréal et à Michel Colombe le tombeau de ses parents aujourd'hui à la cathédrale de Nantes, exécuté en marbre d'Italie.
—PALLUSTRE (Léon), 1886 La Renaissance en France, par Léon Palustre, illustrations sous la direction de Eugène Sadoux, tome III
— RAMÉ (Alfred), 1883, Notes sur le sceau de Thomas James, évêque de Léon et de Dol, sur l'origine de Michel Columbe et sur le tombeau de Guillaume Gueguen, évêque de Nantes, par M. Alfred Ramé,
— SAULNIER (F), 1883, La maison de Poix et la seigneurie de Fouesnel en Bretagne, dans Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. XV, 2 e partie, 1882, p. 205 et suiv.,
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église Notre-Dame et Saint-Tugen de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés : à attribuer au Maître de Plougastel ?
En 1904, le chanoine Jean-Marie Abgrall voyait dans ce porche sud de Brasparts un exemple des porches mixtes, encore gothiques et déjà Renaissance, après celui de Lampaul-Guimiliau en 1533, les porches ouest de L'Hopital-Camfrout et Rumengol (1537), et de Daoulas en 1566.
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René Couffon développa cette réflexion, et place ce porche de Brasparts parmi ceux qui, dans le Léon et Nord Cornouaille, témoignent de l'influence d'un "atelier de Kerjean" qui diffusa les modèles architecturaux et ornementaux de la Seconde Renaissance d'abord au château de Kerjean après 1571, puis pour le porche de Lanhouarneau en 1582. Ce style classique se distingue par ses colonnes cannelées et baguées à la française (Philibert de l'Orme), ses volutes affrontées, ses termes et supports anthropomorphes (cariatides), ses agrafes en longues volutes cannelées, ou ses couronnements par dôme et lanternons. Il en donne une vingtaine d'exemples, mais il crée une rubrique spéciale pour les porches de même facture, mais dépourvus de colonnes à la française, à la tête de laquelle il place Brasparts.
Pourtant auparavant, l'atelier des Prigent (Landerneau 1527-1577) avait déjà introduit dans ses porches gothiques des motifs ornementaux Renaissance, comme des rubans formant accolades, et des dais à coquille des niches et bénitiers. Ce sont ces coquilles qui sont reprises ici au dessus des têtes des apôtres.
À Brasparts, l'examen du porche ouest, datant de 1551, permet la comparaison de sa facture entièrement gothique avec celle du porche sud de 1589.
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Si la visite d'un porche peut susciter de l'intérêt, c'est bien dans cette perspective de l'Histoire de l'art, avec le souci (ou plutôt le plaisir) d'y reconnaître les courants, nationaux ou locaux, la reprise des motifs, des traits stylistiques de tel ou tel atelier.
Cet intérêt est renforcé par des petites énigmes (identification des apôtres par exemple), et par des figures qui sortent de la tradition religieuse et introduisent la dimension imaginaire ou fantastique, comme ailleurs sur les sablières et les crossettes, c'est à dire en situation marginale. La frise des supports figurés va combler les amateurs. Le plaisir sera décuplé par la comparaison de cette frise avec ses homologues, par exemple à Bodilis, Guimiliau, ou Guipavas .
Mais à la jonction entre histoire de l'art et histoire des religions, le Credo des apôtres de ce porche permet d'enrichir l'iconographie de ce thème, d'en préciser les attributs apostoliques, ou les vêtements.
Enfin les deux inscriptions stimulent la curiosité des épigraphistes, mais ne permettent pas de résoudre les interrogations qu'elles suscitent, hormis, mais c'est capital, de nous fournir la date d'exécution de cette série d'apôtres, en 1592.
On n'oubliera pas d'intégrer les peintures murales de la voûte, présentées dans le précédent article, dans un regard global de compréhension du programme : les articles du Credo, fondement de la Foi chrétienne, portés par les douze apôtres, mènent le fidèle vers la porte surmontée du Christ Sauveur ("Je suis la Porte, si quelqu'un entre par moi il sera sauvé", Jn 10:19), tandis qu'au dessus, les quatre évangélistes entourent l'Agneau Pascal, métaphore de la Rédemption.
On notera que le Credo apostolique avait déjà fait l'objet d'une verrière de l'église de Brasparts, coté sud, commandée en 1543 à Gilles Le Sodec, (de la famille des verriers de Quimper) mais qui n'a pas été conservée : "Le Sodec a promis et doibt faire et construire une vitre en l'église parrochiale de Braspers, devers le midy, en laquelle y aura mis et peint les douze appostles tennant chacun un rollet contenant les articles du Credo et aussy y sera le nom de chacun appostle avecques en haut d'icelle vitre les armes du dit Sr de Bodriec.", selon un contrat passé entre le verrier et Charles de la Marche, sieur de Brasparts et de Bodriec. Sur la verrière figurait aussi les armes de Louis Ansquer sieur de La Forest et de Penguern. Les armoiries de la famille de La Marche sont de gueules au chef d'argent.
"La porte ouest, surmontée d'une accolade toute gothique, porte la date "L.M.VcLI" (1551) ; ses piédroits portent des moulures prismatiques d'une excellente exécution. La première galerie du clocher, également toute gothique, est portée par une corniche très saillante sous laquelle existent des colonnes d'angle en nid d'abeilles. La seconde galerie porte des balustres Renaissance. Au flanc sud de la tour, tourelle d'escalier octogonale à sa base puis de forme cylindrique, couronnée enfin d'une flèche. (Couffon & Le Bras 1988)
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LA PORTE GOTHIQUE DE L'AILE SUD.
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"Une porte en anse de panier et à colonnettes torsadées portant pinacles et accolade, du XVIe siècle, est remployée dans l'aile sud." (Couffon & Le Bras 1988)
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LE PORCHE SUD (1589).
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"Le porche latéral sud, daté sur son entablement 1589, présente, lui aussi, une curieuse juxtaposition des deux styles, ainsi que le montrent notamment les culs-de-lampe supportant les statues des Apôtres. Également, tandis que les deux travées de l'intérieur sont voûtées sur arcs ogives et que les portes jumelées du fond ont une décoration toute gothique, les contreforts, ornés de niches, colonnettes et pilastres Renaissance sont amortis par des lanternons pleins à dôme, et le tympan par un lanternon ajouré ; la coquille si caractéristique de l'atelier de Kerjean s'y remarque. Cadran solaire. " (Couffon & Le Bras 1988)
L'ouverture en plein cintre s'évase en formant à cinquante centimètres du sol un petit banc, lequel est le point de départ de cinq arcades formant moulures. Mais ces moulures, à la différence de nombreux porches (Pencran, Lampaul-Guimiliau, Guimiliau), ne donnent pas abri à des personnages et scènes bibliques.
Elle est limitée des contreforts par deux belles colonnes engagées à rainures torves puis entrecroisées en losanges, supportant un chapiteau corinthien. Deux niches à dais encadrent une architrave, supportant un fronton également creusé d'une niche Renaissance. Les gables reçoivent des volutes et non des crochets gothiques, et un cadran solaire sculpté dans le gros-œuvre prend place au sommet, sous un clocheton.
La niche centrale abrite une statue de saint Pierre, tenant le livre et la clef, alors qu'un écu muet (jadis peint ?) est placé à ses pieds. Aux armes de La Marche ?
La date sous la corniche a été lue comme étant celle de 1589. C'est la date de l'assassinat d'Henri III, et les guerres de la Ligue ne s'achèveront qu'en 1598. Cette date est encadrée par des pierres en forme d'écu. Rappelons-nous que le porche ouest porte la date de 1551.
La niche latérale gauche contient un personnage barbu, longiligne, vêtu d'un manteau et d'une robe plissés, les mains croisées sur la poitrine. On ne peut l'identifier. Il serait logique de trouver là saint Jaoua, recteur de la paroisse, abbé de Daoulas et neveu et successeur de saint Pol de Léon.
La niche opposée contient une statue bien trop petite ce qui témoigne d'une provenance autre ; et il me semble probable que l'origine en soit un calvaire, puisque la statue représente une femme voilée les bras croisés sur la poitrine et donc une probable Vierge.
Les contreforts qui appuient les angles sont agrémentés de niches, colonnettes et pilastres Renaissance et sont couronnés de clochetons de même style. La niche du milieu du fronton abrite une statue de saint Pierre, et le tout est terminé par un clocheton très élancé.
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LA SÉRIE DES DOUZE APÔTRES.
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Le rang de succession des douze apôtres est assez bien fixé par la tradition et par la liturgie, notamment par les versions du Credo apostolique, et les premières statues s'y conforment, avec un début près de la porte intérieure du coté est et la succession de Pierre, de son frère André, de Jacques et de son frère Jean. Mais nous ne pouvons nous fonder sur cet ordre pour identifier les apôtres dont les attributs sont brisés, car ces statues, scellées, peuvent être déplacées lors de restaurations. D'ailleurs, les photos (2009 ?) du forum de Brasparts, montrent saint Simon en 8ème position alors qu'en 2021 elle occupe la 11ème place.
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Attribution.
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Emmanuelle Le Seac'h, la spécialiste des ateliers de sculpture en Basse-Bretagne aux XVIe et XVIIIe siècle ne s'est pas prononcée sur cette série d'apôtres, et n'a pas décrit, plus largement, les porches de Brasparts ; elle ne décrit que le calvaire.
La date de 1592 présente sous la statue de Jean permet d'écarter l'auteur du calvaire de Brasparts (le Maître de Brasparts fin XVe début XVIe), l'atelier des Prigent (1527-1577) ou a priori du Maître de Guimiliau (1575-1589), mais non celui du Maître de Plougastel (1570-1621) et du Maître de Saint-Thégonnec (1550-1610).
Le prolifique Maître de Plougastel a réalisé une partie du porche sud de Guimiliau en 1606-1607, et notamment les apôtres Pierre et Jean. Et les apôtres du porche de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, tant à l'intérieur que sous les niches extérieures.
La comparaison avec les sculptures du Maître de Plougastel à Saint-Tugen en Primelin incite, à mon sens, à ne pas l'écarter des candidats à une attribution des sculptures de Brasparts, tant pour les apôtres que pour les supports figurés.
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À Brasparts, les traits stylistiques sont :
Les silhouettes sont sveltes, la hauteur de la tête est égale à 1/7 ou 1/8 de la taille totale.
La chevelure forme trois vagues, comme formées à la douille de pâtissier, modèle épais...
Les rides du lion sont bien marquées par trois barres.
Les yeux forment de larges amandes, cerclées d'un trait.
Le philtrum est marqué.
Les moustaches partent de la partie inférieure ou externe des narines.
Les barbes sont peignées de petits sillons vermiformes.
Les robes sont fermées par une fente sinueuse à deux ou trois boutons ronds. Elles sont serrées par une ceinture dont la boucle n'est pas visible.
Le manteau est rarement fermé par un bouton central, il couvre plus souvent l'arrondi d'une ou des deux épaules et fait un retour par une diagonale plissée.
Les livres sont tantôt ouverts, tantôt fermés, tantôt tenus sous l'aisselle.
Les phylactères où étaient peints les articles du Credo sont minces, leur largeur est inférieure à celle des 4 doigts longs.
Le "hiératisme", terme caractéristique pour les auteurs de référence (Yves-Pascal Castel et Emmanuelle Le Seac'h), du Maître de Plougastel, mais assez vague dans son acceptation, se retrouve ici.
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I. LE COTÉ EST (À DROITE). LES SIX PREMIERS APÔTRES DU CREDO APOSTOLIQUE.
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1. L'apôtre Pierre tenant sa clef et un livre.
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On reconnaît encore le chef de l'Église à son toupet, petite mèche isolée sur la calvitie frontale. Il est barbu (comme tous les apôtres sauf Jean), avec ces barbes dont les moustaches partent de l'extérieur des narines et dont les mèches sont faites de deux lignes sinueuses s'achevant par un 6.
Egalement habituelles sur les statues de kersanton des ateliers de Basse-Bretagne sont ces robes dont une fente pectorale se ferme avec trois boutons ronds en formant une jolie sinuosité.
La robe est serrée par une ceinture, ses plis parallèles s'évasent en un très discret éventail.
Le phylactère, jadis peint du premier article du Credo, ressemble un peu à une étole. Une inscription est sculptée à son extrémité inférieure, mais son relevé est difficile, aussi les auteurs ne l'ont pas mentionnée. Je lis :
V
KYO
HEA
Un calice indique que le nom mentionné est celui d'un prêtre.
Le nom du recteur vers 1592 n'est pas connu. Le dernier recteur du XVIe siècle mentionné dans les archives, Alain Jézéquel , est associé à la date de 1561. Une inscription du transept nord mentionne le nom du recteur de 1623, "messire Tournellec, chanoine de Cornouaille"
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2. L'apôtre André tenant sa croix en X.
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Il tient la croix en main droite et un livre en main gauche. Au dessus de la robe à deux boutons frontaux, le manteau est porté sur l'épaule gauche et son retour vers la main gauche forme un beau mouvement de plissé. La banderole descend en diagonale oblique vers le bas et la gauche.
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3. L'apôtre Jacques le Majeur.
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Il tient le bourdon en main gauche, mais la partie haute est brisée. La tête est coiffée du chapeau frappé d'une coquille de Saint-Jacques. La banderole du Credo part du poignet droit.
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4. L'apôtre Jean bénissant la coupe de poison..
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Les rides du lion, et la bouche concave, donnent au saint un visage buté. Les cheveux en coulée de pâte de guimauve sont ici remarquables.
La main droite bénit, tandis que la main gauche tient la coupe de poison, comme l'indiquent les têtes de serpents ou dragons qui en sortent.
L'éventail des plis du manteau est très élégant, tout comme l'avancée du pied droit.
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L'inscription.
Elle est portée sur un support distinct de la statue.
On y lit :
L~A 1592 L GO
DO LORS F~AB.
Soit, en résolvant les abréviations par le tilde des A, LAN 1592 L. GODO LORS FAB[RIQUE].
On reconnaît bien la formule mentionnant le nom d'un fabricien (ou fabrique), "En l'an 1592, untel étant pour lors fabrique".
Couffon semble avoir raison de lire plutôt pour la 2ème ligne PO LORS FAB, mais cela n'aide pas la compréhension du patronyme. À moins qu'il faille lire L'an 1592, L. Go[ff] po[ur] lors fab[ricien]
Le L précédant GO est douteux, il comporte une boucle supérieure.
La base Geneanet ne mentionne aucun GODEAU, forme de GODO, à Brasparts au XVI et XVIIe siècles.
P. Ciréfice suggère que "ce L. Godo ou Godu, est vraisemblablement une déformation de Goff, prononcé Gô).
Il pourrait s'agir de Louis Le Goff, né en 1640, fabricien de l'église." . Mais la date de 1592 s'oppose à cette hypothèse.
La base Geneanet mentionne plusieurs (le) GOFF, à Brasparts, mais tous, sauf un prénommé Yvon, sont postérieurs à 1600..
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Je mentionne en passant, car tous les indices sont précieux, l'inscription lapidaire, non datée, d'un pan NE du chevet (daté, lui, de 1724), A : KDEVES / I : LIDOV . FAB, autrement dit "A. Kerdevez et I. Lidou, fabriciens".
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5. Un apôtre tenant une lance (à la pointe brisée).
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Le livre est tenu par sa tranche dans la main droite, la ferrure de la reliure étant visible. Dans sa main gauche, l'apôtre tient la hampe d'une lance, dont le fer n'est brisé que partiellement, ce qui nous permet de déterminer l'attribut avec suffisamment de certitude.
La lance est l'attribut de Thomas, et, dans ce cas, la séquence serait conforme au Calendrier des Bergers (Troyes 1531 par exemple).
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Calendrier des Bergers Troyes 1531, droits réservés Gallica BNF.
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6. Un apôtre tenant un bâton (à l'extrémité brisée).
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Il peut s'agir de Jacques le Mineur tenant le bâton à foulon, ce qui s'accorde alors au Calendrier des Bergers. L'extrémité brisée du bâton ne permet pas d'en voir la dilatation caractéristique.
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II. LE COTÉ OUEST (À GAUCHE). LES SIX APÔTRES SUIVANTS DU CREDO APOSTOLIQUE.
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7. Un apôtre tenant une hampe : saint Philippe ?.
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La hampe montait jusqu'à la hauteur du visage de l'apôtre, puisque le point d'ancrage persiste, associé à une boucle de la chevelure. L'hypothèse de voir ici Saint Philippe et sa croix à longue hampe est crédible. Nous continuons alors à suivre l'ordre du Calendrier des Bergers.
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Kalendrier et compost des Bergers, 1510. Droits réservés Gallica BNF.
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8. Un apôtre tenant le pommeau (d'une possible épée, ou d'une hallebarde, massue etc.).
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Saint Jude Thaddée ?
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9. L'apôtre Matthieu tenant la balance du percepteur d'impôts.
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Cet attribut n'est pas celui des Calendriers des Bergers. Mais c'est lui qui caractérise saint Matthieu à Primelin, notamment.
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10. L'apôtre Barthélémy tenant le couteau à dépecer.
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11. L'apôtre Simon tenant la scie de son supplice .
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La scie en long est tenue par la poignée, mais quoiqu'elle soit brisée, ses indentations se reconnaissent plus bas, au niveau de l'éventail des plis.
Malgré la commodité du moyen mnémotechnique Simon/ scie, cet attribut est celui de saint Jude dans plusieurs calendriers.
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12. Un apôtre tenant l'équerre.
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Si je respecte mon identification de Thomas pour le 5ème apôtre, j'en suis contrarié, puisque je ne peux plus faire jouer ici le moyen mnémotechnique Thomas = T = équerre.
Certains Calendriers des Bergers montrent saint Philippe portant une croix réduite à la forme d'une équerre, mais il en tient la branche sur l'épaule. Ce ne peut être ici Philippe, qui occupe la place n°6.
L'apôtre qui termine le Credo est, en règle saint Matthias. Mais l'ordre primitif a-t-il été conservé ?
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Au centre au dessus de la porte : le Christ Sauveur.
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La plupart des porches du Finistère comportant des séries d'apôtres du XVIe et XVIIe siècle sont centrés, au dessus de la porte, par un Christ Sauveur.
Et régulièrement, sa statue, étant la plus haut placée et la plus à l'ombre, est la plus difficile à photographier.
Le caractère très élancé de la statue, déjà noté pour les apôtres, se retrouve ici, avec un canon 1/7 pour la proportion de la tête.
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LA FRISE DES CULOTS FIGURÉS.
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I. LE COTÉ EST (À DROITE).
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1. Masque humain crachant des feuillages.
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L'homme aux cheveux courts possède un menton bilobé. Les feuilles sont larges et découpés comme celles d'acanthe.
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2. Homme en buste entre deux animaux.
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L'homme est coiffé et vêtu comme un jeune seigneur, il porte un pourpoint aux épais plis, à trois boutons ronds. Les animaux ressemblent vaguement à des chiens, ils approchent leur gueule du cou de l'homme, et posent leurs pattes sur ses bras et son ventre, peut-être en le menaçant de le dévorer, ou en signe d'affection.
Il faut le rapprocher d'un personnage identique, et qui sert également de culot, sous les pieds de saint Herbot, au porche ouest (1516) de la chapelle Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou. Dans les deux cas, on peut hésiter entre des chiens et des lièvres, entre une agression, et une scène de chasse.
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2. Démone tenant la pomme de la Tentation.
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Elle a toutes les caractéristiques des Démones de Basse-Bretagne recensées par Louis Le Thomas, Hiroko Amemiya et moi-même. Sa queue céphalisée donne à voir une version masculine de sa nature démoniaque. Voir :
Il est curieux de constater qu'une femme-serpent est sculptée à droite du porche ouest de Saint-Herbot, à proximité du groupe de l'homme entouré de deux chiens, qui a inspiré le culot précédent.
On peut y voir un homme en train de vomir, figure habituelle du vice de l'Intempérance ou goinfrerie. Je pense aux gargouilles, crossettes ou pièces de sablières rencontres ici ou là, et, sous la forme de culot, mais par un autre motif, à cet exemple rencontrée à la chapelle de La Magdeleine de Briec-sur-Odet.
La chevelure de cet homme est courte comme celle du culot n°1, et nous distinguons son pourpoint, à manches plissées et au bouton devant le ventre.
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5. Deux hommes se caressant la barbe.
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Le motif de l'homme, souvent âgé, se caressant la barbe est toujours une figure du vice, pour ne pas dire de la lubricité. On le retrouve sur les modillons romans, et fréquemment en sculpture des églises et chapelles bretonnes du XVIe siècle : mon blog en a signalé souvent les exemples.
Ce qui est singulier ici est ce groupement par deux. Ce sont apparemment deux hommes, la tête encapuchonnée (moines ???), et seule la barbe du personnage de gauche est méchée.
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I. LE COTÉ OUEST (À GAUCHE).
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De la droite (coté porte) vers la gauche (coté sortie).
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8. Feuille d'acanthe.
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9. Ange coiffé d'une plume, portant un écu muet.
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C'est bien un ange, imberbe et jeune, vêtu d'une tunique plissée à la stricte encolure, les ailes écartées; et tenant un écu. Mais je m'explique mal cette plume, qui serait mieux assortie à un bonnet de seigneur, mais dont la présence sur cette tête angélique est pourtant incontestable.
Les grands yeux en amande confirment que cette frise est de la même main que les statues des apôtres, bien que le matériau ne soit plus du kersanton, mais du granite.
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10. Feuillage .
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11. Masque d'homme .
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L'étage supérieur du visage est large, l'étage inférieur très étroit, et le menton est rond.
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12. Vase à godrons .
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13. Vase à motifs géométriques .
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14. Vase à godrons .
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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC LA CHAPELLE SAINT-TUGEN DE PRIMELIN. I. LES APÔTRES.
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L'attribution des statues de la chapelle Saint-Tugen est clairement affirmée par Emmanuelle Le Seac'h. Nous trouvons là-bas quatre statues des évangélistes à leur pupitre.
Nous y retrouvons la même chevelure dont les épaisses mèches, comme sorties d'une douille indentée de pâtissier, forment des crans horizontaux. Nous retrouvons la moustache et la barbe également peignée en épais spaghettis. Le manteau qui ne recouvre que la partie extérieure de la robe, et sur celle-ci, les boutons ronds faufilés sur la ligne sinueuse de la boutonnière.
La Collégiale du Folgoët XIII. Le calvaire. La Pietà par l' Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). Le Christ crucifié par le Maître de Plougastel (1570-1621). Le groupe du cardinal de Coëtivy par l'Atelier du Folgoët (vers 1449).
Ce sculpteur, et son atelier probablement installé à Landerneau sont responsables d'œuvres en kersanton dans une cinquantaine de paroisses, essentiellement situées en Léon au nord de l'Élorn, mais aussi à Plougastel où il réalisa entre autres en 1602-1604 le calvaire monumental qui lui donne son nom, et en Cornouaille à Confort-Meilars et Saint-Tugen de Primelin (voir les articles supra), à Plogoff et Tréguennec.
Il intervient après l'atelier des Prigent (1527-1577) et avant celui de Roland-Doré (1618-1663), également sculpteurs de kersanton à Landerneau.
Il a travaillé pour 4 croix et 24 petits calvaires dont six sont complets, à la chapelle Christ de Guimaëc, pour le calvaire de Corran à Plougasnou en 1594 , à la chapelle Saint-Trémeur de Plougastel en 1600, à la chapelle de Locmazé au Drennec et enfin au cimetière de Gouesnou. Il est également l'auteur des statues géminées (mais non du Christ) des calvaires de la chapelle Saint-Adrien et de la chapelle Sainte Christine de Plougastel.
"Le style du Maître de Plougastel, dans sa maturité [après 1602] se caractérise par une certaine rigueur et un hiératisme prononcé, visible dans la gestuelle des personnages et les plis des vêtements. La rondeur des traits imprimés aux visages donne aux sculptures une quiétude magnifiée proche de l'ataraxie de pierre." Postérieures aux guerres de la Ligue (1589-1598 et à la peste de 1598 (Plougastel), les créations majeures du Maître de Plougastel ont pu être marquées par les atrocités et la souffrance physiques qu'il a dû voir autour de lui et qui imprègnent son œuvre d'une note d'intériorité froide." (Le Seac'h 2014)
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Saint Matthieu (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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À Saint-Tugen, six apôtres du Credo apostolique sont placés à l'extérieur du porche, sur le fronton, en dessous du saint patron. Les six autres sont placés de part et d'autre du porche. Les phylactères en sont étroits comme à Brasparts.
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Saint Pierre tient, à Saint-Tugen, sa clef abaissée, et son livre ouvert. Mais le visage, la chevelure au toupet, et les autres détails sont très proches.
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L'apôtre Pierre, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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Le Saint André de Saint-Tugen conforte également mon hypothèse d'un atelier semblable à celui de Brasparts.
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L'apôtre André, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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Saint Jean porte les mêmes attributs à Saint-Tugen et à Brasparts, dans une facture identique.
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L'Apôtre Jean, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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Saint Jacques le Majeur est plus intéressant à Saint-Tugen, et se remarque à une pèlerine à boutons et un baudrier à coquille. Cela incite à être dubitatif sur la statue homologue de Brasparts, qui mériterait un nouvel examen plus attentif.
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L'apôtre Jacques le Majeur, Apôtres (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe) du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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L'un des apôtres de Saint-Tugen, identifié comme Matthias, porte ce qui ressemble à une lance ; le fer en est intact, la hampe est brisée entre celui-ci et la main. On comparera l'image avec celle de l'apôtre n°5 ("Thomas") de Brasparts.
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Saint Matthias (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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Celui que j'ai identifié ici comme Jacques le Mineur, en position n°6, trouve son équivalent à Saint-Tugen à l'intérieur du porche, coté gauche. Le bâton à foulon ne descend pas jusqu'à terre, mais s'achève par sa dilatation en crosse à hauteur du genou.
Remarquez le pli qui se divise en triangle au dessus du pied droit, comme à Brasparts pour les n° 5 et 6.
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L'apôtre Jacques le Mineur, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe) du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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À Saint-Tugen, Jude tient une épée, qui est bien conservée, et conforte mon hypothèse pour le n° 8 de Brasparts.
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L'Apôtre Jude, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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Matthieu , notre n°9, porte à Saint-Tugen la même balance de collecteur d'impôt, mais elle est brisée, et portée plus bas.
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L'Apôtre Matthieu, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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Barthélémy tient en main gauche le même couteau à dépecer, et porte son livre sous l'aisselle gauche.
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L'Apôtre Barthélémy, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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Simon notre n° 11 (ou du moins l'apôtre titulaire de la scie) se trouve à Saint-Tugen à l'intérieur du porche.
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L'Apôtre Simon, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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Le dernier de notre série, celui qui porte en n°12 l'équerre , peut se retrouver à Saint-Tugen, sous le porche du coté gauche. Son équerre est brisée mais probable.
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L'apôtre [Thomas?] (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe) du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC DEUX APÔTRES DU PORCHE DE GUIMILIAU, PIERRE ET JEAN.
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l'apôtre Jean (kersanton, 1606, Maître de Plougastel) du porche de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
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l'apôtre Jean (kersanton, 1606, Maître de Plougastel) du porche de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC LES 13 APÔTRES DE LA FAÇADE DE CONFORT-MEILARS.
L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC UN APÔTRE DE LA FAÇADE OUEST DE PLOGOFF.
Cette attribution est faite par E. Le Seac'h.
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Église Saint-Collodan de Plogoff. Photographie lavieb-aile mars 2020.
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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC LA CHAPELLE SAINT-TUGEN DE PRIMELIN. II. LES SUPPORTS.
Si ces supports ne sont pas disposés en frise sous le porche, mais sous les niches extérieures, ils mériteraient d'être inventoriés et comparés à ceux de Brasparts. Je ne donne que deux exemples.
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ANNEXE.
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René Couffon, L'Architecture classique au pays de Léon. Résumé.
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Le style gothique jusqu'en 1550.
L'atelier de l'Elorn (Atelier Prigent à Landerneau, 1527-1577) spécialisé dans les porches en kersanton et issu de l'atelier du Folgoët, a réalisé des porches gothiques dans le Léon ou plus largement la vallée de l'Elorn voire le bassin de la Rade de Brest, à La Martyre, Sizun, Lampaul, Rumengol, L'Hôpital-Camfrout, Pencran, Landivisiau, Daoulas, La Roche-Maurice, Bodilis, Pleudaniel, Landerneau, Le Faou, Saint-Divy, et Guipavas. Mais des éléments Renaissance y sont introduits, principalement dans le décor d'ornementation plutôt que dans l'architecture, de manière suffisamment précoce par rapport à l'Île de France et la vallée de la Loire pour qu'on puisse, une fois encore, rompre le cou au cliché d'une Basse-Bretagne inculturée et retardataire. Voici la liste qu'en propose René Couffon :
— Goulven portes géminées de 1505
— Sizun 1514 (nous nous écartons un peu de la vallée de l'Elorn...)
— Pleudaniel
— Lampaul-Guimiliau 1533 (mais élément Renaissance : niche du fronton à dais à coquille, et arcature formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade. Bénitier à cuve à godron du trumeau. Dais au dessus de la statue de saint Pierre).
— Pencran sud :1553. Voussure du porche décoré de scènes bibliques. Renaissance : dais au dessus des apôtres.
— Rumengol, niche des contrefort : dais à coquilles.
— Rumengol, porche ouest : arabesques Renaissance de l'accolade. Spirales des pinacles.
— Hôpital-Camfrout, façade : niche des contrefort : dais à coquilles.
— Roscoff ouest
—Brasparts ouest : 1551
— Daoulas : 1556. élément Renaissance : le dessus des portes géminées est formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade
— Landivisiau 1554-1563. Voussure du porche décoré de scènes bibliques. Renaissance : le dessus des portes géminées est formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade. Le bénitier à godrons surmonté d'un dais Renaissance ; dais de certaines niches des apôtres.
— La Roche-Maurice porche sud 1559 : Renaissance : le dessus des portes géminées est formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade.
— La Martyre : 1560
— Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec 1561
— Trémaouézan
— Bodilis porte intérieure :1570 :le dessus des portes géminées est formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade.
— Le Faou 1593-1613
— Saint-Divy Guipavas : 1563. Gothique et Renaissance (galons, torsades et Masques des culs-de-lampe supportant les apôtres. Carte n°32.
— Landerneau , Saint-Houardon vers 1585 : rubans plats relevés à leur extrémité en accolade.
— Sizun, porte vers 1585 : rubans plats relevés à leur extrémité en accolade.
Note : les rubans plats relevés à leur extrémité en accolade , typiquement Renaissance, sont inspirés de ceux de l' arc de triomphe de l'hôpital Saint-Jacques à Paris par Jean Goujon, élevé en 1549, et portes de la chapelle d'Anet par Philibert de l'Orme, sculptées par Sibec de Carpi.
Le virage Renaissance après 1588. Introduction de l'art classique. L'atelier de Kerjean.
Tandis que, comme nous l'avons vu, dans le troisième quart du XVIe siècle, l'atelier de l'Elorn [Prigent] continuait inlassablement les mêmes porches gothiques pour des fabriques traditionnalistes, dans le nord du Léon, un autre atelier [atelier du château de Kerjean], sous l'impulsion de riches prélats, et de quelques grands seigneurs humanistes, édifiait plusieurs monuments d'un décor entièrement nouveau dans cette région.
Ce style s'est introduit déjà en Bretagne sous l'influence de la famille de Goulaine à Champeau, à Ploubezre (chapelle de Kerfons) en 1559 et au château de Maillé vers 1550.
Le château de Kerjean reçut son ornementation classique à partir de 1571 (mariage de Louis Barbier et Jeanne de Gouzillon). La porte du manoir de Trébodennic en Ploudaniel, datée de 1584, relève également de ce style.
Dans l'architecture religieuse en Finistère, après les façades des porches éliminent délibérément le gothique. Ils introduisent les niches à coquilles ; les volutes accusées ; un couronnement comprenant une lourde table d'attente formant attique, épaulée de volutes en S et surmontées d'une coquille (Lanhouarneau) ; des Termes et supports anthropomorphes (cariatides) ; et une large clef en claveau.
L'exemple le plus précoce est celui de l'église de Lanhouarneau en 1582 : le porche ne renferme plus aucun élément gothique, mais est structuré par deux colonnes françaises inventées par Philibert de l'Orme pour Villers-Cotteret. On y trouvait l'écu mi-parti Maillé et Carman.
Voici à nouveau la liste relevé par René Couffon :
— Notre-Dame-de-Berven en Plouzévédé (après 1573) : couronnement par dôme et lanternons, repris également à Roscoff.
— Pleyben, porche de 1588 (mais les sculptures sont de l'atelier Prigent) à tour-clocher. 1599-1610.
— Bodilis porche extérieur, 1601. Importante frise de supports des statues des apôtres, et successions de termes et cariatides.
— Guilers, 1601, porche
— Saint-Houardon Landerneau 1604, porche sud
— Guimiliau, 1606-1617. Mais reprise de la tradition des voussures de l'archivolte extérieure ornées de scènes bibliques, anges et saints personnages comme à Pencran et Landivisiau.
— Plougourvest, porche sud de 1616
— Ossuaire de La Martyre : 1619
— Dinéault
— Quimerch, 1621 (porche transporté dans la chapelle du cimetière)
— Gouesnou 1640-1642.
— Commana : 1645-1650
— Loperhet 1645 (détruit)
— Locmélar 1664
— Ploudiry, inachevé, avec reprise de la tradition des voussures de l'archivolte extérieure ornées de scènes bibliques, anges et saints personnages comme à Pencran ,Landivisiau, et Guimiliau.
— Beuzec-Cap-Sizun vers 1670.
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D'autres porches sont d'inspiration classique mais sont dépourvus de colonnes françaises :
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—Brasparts porche sud, 1589-1592. Niches à coquilles.
— Lopérec : 1586
— Saint-Thomas de Landerneau : 1607
— Plouédern : 1609
— Le Tréhou : 1610
— Plougourvest : 1619
— Guiclan : 1619.
— Plouvorn : vers 1660
— Pleyber-Christ : 1663
— Plabennec : 1674
— Plounéventer : 1679
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La carte dressée par Couffon des porches Renaissance du Léon et Nord Cornouaille.
Rond plein noir = porches gothiques à éléments Renaissance
Rond noir et blanc = porches classiques sans colonnes françaises (Brasparts = n°42)
Rond blanc = porches classiques avec colonnes françaises.
Rond coché d'une croix = porche détruit, avec colonnes françaises.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, ABGRALL, " Brasparts." Notices des paroisses du diocèse de Quimper et de Léon. Dans : Bulletin de la commission diocésaine d´architecture et d´archéologie, vol. I, 1904, p. 269-310.
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Brasparts, in Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles , Quimper : Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
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1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)