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4 octobre 2022 2 04 /10 /octobre /2022 22:03

Les sablières (bois, Raoul Begyvin [Beguivin], 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

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— Sur Saint-Jean-du-Doigt, voir :

— Sur les sablières et blochets : 

— Et notamment :

Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), attribution par S. Duhem :

 

Attribution personnelle au Maître de Pleyben : Bodilis, Saint-Sébastien,  et Roscoff

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PRÉSENTATION.

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Dans la paroisse de Plougasnou, Saint-Jean-du-Doigt était un  lieu de pèlerinage très renommé en raison de la possession depuis 1437 d'une relique de l'index de saint Jean-Baptiste. L'affluence était telle, notamment lors du grand Pardon de juin, qu'il fallut construire un oratoire, ouvert sur trois côtés et doté d'un autel, au haut du cimetière pour que les fidèles puissent assister à la messe.

La construction, décidée le 26 août 1576, fut confiée en 1577 à l'architecte Michel Le Borgne : elle  se fit sous sa direction et celle  de Pierre Guyader, en français Pierre Texier, l'un et l'autre qualifiés tailleurs de pierre. Elle fut terminée en 1577 quant à la maçonnerie de granite. La charpente et les sculptures furent alors confiées à Yvon Le Lavyec, qui en dressa le devis, et à Raoul Begyvin, ouvrier du pays.

À l'est, un oculus éclaire l'autel jadis orné des statues du sculpteur morlaisien Jacques Chrétien.

Les qualités architecturales de cet édifice Renaissance furent soulignées par de nombreux auteurs (cf. Sources et liens). 

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Les sablières elles-mêmes, qui font le tour de l'oratoire sur ses quatre côtés, furent elles aussi décrites, mais de façon générale :

 "Les fermes sont entretoisées par deux entraits engoulés et dissimulés par un lambris en berceau brisé, cloué sur quatre aisseliers dans la partie droite, six arêtiers au chevet, cinq du côté de l'entrée et une lierne centrale. Les sablières sculptées, qui font à l'intérieur le tour du monument, sont interrompues par des bustes saillants d'anges portant des écus ou les instruments de la Passion et sont traitées avec cette fantaisie si répandue dans le pays à cette époque." (De Kergrist 1896)

 

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"Les sablières sculptées, qui font à l'intérieur le tour du monument, sont interrompues par des bustes saillants d'anges portant des écus ou les instruments de la Passion et sont traitées avec cette fantaisie si répandue dans le pays à cette époque.

L'artiste a figuré au chevet des petits personnages arrachant la langue ou mordant la gueule de dragons, marchant sur la tête ; ailleurs, un ivrogne, des personnages allongés dans le sens de la poutre, dont l'un se tient le pied, un homme luttant avec un chien, deux autres se battant entre eux et, çà et là, des motifs décoratif, tels que monstres, chimères, « rencontres » d'animaux (bœuf, lion) dans des cartouches." (De La Barre de Nanteuil)

 

"A l'intérieur, petit autel en pierre, deux entraits à gueules de dragon et sablières sculptées à cinq blochets." (Couffon 1988)

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La description de Sophie Duhem, dans l'ouvrage de 1997 qui rend compte de sa thèse sur les sablières de Bretagne est plus détaillée :

"Les sablières de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt sont tout à fait intéressantes et uniques dans leur genre. L'ensemble présente des motifs isolés, dont des masques, des végétaux, et des cuirs alternant avec des saynètes sculptées à l'intérieur de médaillons. L'état de conservation rend malaisée l'identification des personnages : on reconnaît cependant Hercule qui étrangle le lion de Némée. (figure 116)(*)

(*) Curieusement, la photographie n° 116 page 184, où figure le médaillon qui débutera ma présentation côté sud, est légendée ainsi: « Plougasnou,. Oratoire. Anonyme, 1er quart XVIIe siècle. Décor de style renaissant. Samson et le lion. »

"Sans doute est-ce le héros qui apparaît sur la scène suivante, dans un combat à bras nus l'opposant à un autre personnage, peut-être Diomède, à moins qu'il s'agisse de Cacus, l'être monstrueux.

Ces images sont associées à des figures chrétiennes, notamment à Isaac et Abraham, et à Lucrèce étendue, le couteau planté dans la poitrine. Ce tableau est complété par l'image d'un personnage allongé dans une position lascive, que nous n'avons pas identifié.

Malgré la diversité des scènes et motifs sculptés, cet ensemble original présente un programme relativement élaboré, peu commun dans la décoration des charpentes. Mais comment interpréter les choix du sculpteur ? Doit-on considérer ces figures comme les représentations allégoriques des combats et sacrifices qui attendent le chrétien dont la foi est mise à l'épreuve, ou l'artisan s'est-il simplement contenté de recopier quelque modèle en sa possession, peut-être sur la demande du commanditaire ?" (S. Duhem p. 184-185)

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Enfin, le site Infobretagne propose 22 photographies des sculptures de la charpente par Roger Frey, soit un relevé presque exhaustif, mais sans description ou interprétations.

http://www.infobretagne.com/saintjeandudoigt-oratoire.htm

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MA CONTRIBUTION.

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Je propose dans cet article un relevé complet des pièces de sablières de l'oratoire.

a) Je décrirai ces pièces les unes après les autres, mais je suis confronté au même embarras que Sophie Duhem pour décrire les sujets. Je serai même plus prudent dans mon interprétation, et je n'ai su reconnaître (les sculptures se sont peut-être dégradées en trente ans, et mes conditions d'éclairage étaient médiocres) ni Abraham, ni Isaac. Je découvre bien une femme allongée tenant un poignard, et l'hypothèse d'y voir Lucrèce est plausible. Je proposerai une hypothèse pour le "personnage allongé dans une position lascive".

Quand à l'interprétation des choix du sculpteur, je penche vers l'hypothèse que l'artisan, ou le commanditaire, a puisé dans un catalogue thématique : en effet, le recours à un tel catalogue est manifeste dans le choix du décor.

b) C'est l'examen du décor qui m'apparaît riche d'enseignement. En effet, il occupe une place majeure, bien plus importante en surface occupée que les sujets eux-mêmes, et il reprend tous les motifs ornementaux de la  Renaissance, ce qui prouve que le sculpteur d'origine locale (Plougasnou ou Saint-Jean-du-Doigt) connaît parfaitement ce vocabulaire, soit par sa formation en France ou du moins en Bretagne, soit par les catalogues qui lui ont été fournis. Mais il le traite de façon originale, et avec une maîtrise très sûre.

On trouve ici en effet des médaillons, des masques crachant des végétaux, des rubans marqués de hachures en I, des entrelacs géométriques, des volutes, mais surtout, avec profusion, des cartouches à cuirs découpés à enroulement. 

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Rappel : un cartouche est un cadre destiné à recevoir une inscription, des armoiries ou un motif. Il imite souvent un rouleau de papier déployé (une carte) aux bords encore enroulés. Il est en vogue en France dans les ornements ( boiserie, stucs) depuis la Grande Galerie de Fontainebleau.

Un cartouche à cuir découpés et enroulement imite, en Italie où il apparaît, une peau de tanneur dont les bords s'enroulent sur eux-mêmes, puis il s'enrichit de découpes périphériques géométriques ou en volutes, puis de découpes centrales, souvent traversées par des rubans qui semblent servir à les suspendre.

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Ces cartouches, sous forme de simples encarts rectangulaires à "poignées" latérales, apparaissent dans les sablières du Finistère réalisées par le Maître de la nef de Plomodiern (Sophie Duhem le nomme Jean Brélivet, tandis que je considère que c'est là le nom du fabricien) au milieu du XVIe siècle notamment à Plomodiern, Saint-Nic, Pont-Croix.

 

Mais les cartouches à cuir découpé à enroulement apparaissent plus tard dans les sablières de Basse-Bretagne, associés aux autres motifs Renaissance, dans les réalisations du Maître de Pleyben, à l'église de Pleyben vers 1571, à la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern en 1575, à Saint-Divy entre 1570 et 1580, et, avec splendeur, dans la chapelle seigneuriale du château de Kerjean à Saint-Vougay. On les retrouve aussi à Bodilis vers 1567-1576, à la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, ou à Roscoff.

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Autrement dit, la présence de cartouches à cuir découpés à enroulement sur les sablières de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt, dans des formes très complexes plus élaborées encore qu'au château de Kerjean, incitent à envisager les liens et influences entre le charpentier-sculpteur local et l'équipe de charpentiers active à Kerjean, à 45 km au sud-ouest.

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Le sculpteur Raoul Begyvin.

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Les archives fournissent des renseignement précis sur les comptes du chantier de l'oratoire, et nous indiquent le nom du charpentier-sculpteur qui fut choisi par le charpentier Yvon Le Layec : Raoul BEGYVIN. Il faut rapprocher cette graphie de celle du nom BEGUIVIN, parfaitement attesté en Bretagne et tout particulièrement à Plougasnou et, plus tard, à Saint-Jean-du Doigt. (Geneanet). Nous pouvons donc être  certain que cet artisan était local.

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Je place ici deux calques essayant de faire mieux visualiser les cartouches, leurs découpes et leurs enroulements. Mais il y a presque autant d'enroulement que de bigoudis sur une mise en plis des années 1950. Ou 60.

En rouge, le motif : qui ne prend pas vraiment toute la place.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

 

  

 

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Vue générale du côté est de l'oratoire.

 

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On voit la charpente partiellement lambrissée,  l'un des entraits à engoulants, trois blochets (des anges dont l'un présente la couronne d'épine), et six pièces de sablières. Celle par laquelle je débute ma description est à l'extrême droite.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Je débute ma description par le milieu du côté sud, et je ferai le tour de l'oratoire jusqu'à mon retour au point de départ.

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Première pièce, côté sud.

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Avant de s'interroger sur le contenu du premier médaillon, nous pouvons constater l'importance données aux volutes dont les spires répondent aux enroulement des cartouches. Malgré l'usure, nous voyons le nombre des petits rouleaux ou cornets formés par les découpes du "cuir".

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Dans le médaillon, un personnage debout affronte un lion dressé sur ses pattes arrières, et dont l'arrière-train semble cerné par une ceinture. La tête du lion se confond avec celle du lutteur. On peut y voir Hercule et le lion de Némée, ou bien Samson tuant un lion à mains nues dans Juges, 14:6.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Dans cette scène, deux hommes luttent. L'un est à terre et repousse son adversaire en plaçant son pied dans l'entre-jambe. L'autre, qui domine pour l'instant, repousse du pied, jambe tendue, l'épaule de son petit camarade. On ne peut dire s'ils sont nus, je crois qu'un pied est chaussé.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Dans ce médaillon, ce sont peut-être des serpents qui s'enroulent en formant des huit. Ouroboros ??

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Malgré la virulente attaque des vrillettes, je devine, au centre, une tête dont le front est ceint d'un bandeau noué de chaque côté, et qui fait ensuite le tour du menton. C'est un thème extrêmement fréquent de l'ornementation Renaissance.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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L'angle sud-ouest.

Sur un départ de poutre d'angle, qui a été sciée, un entrelacs.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Ce médaillon est pour moi un vrai test de Rorschach : je ne me hasarde pas à rendre public mon interprétation.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Les cuirs découpés, encore et toujours, foisonnants, et tous différents.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Un visage peut-être au centre de ce très beau cartouche ?

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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L'angle nord-ouest.

Un nouveau poteau d'angle aux entrelacs, surmonté d'un ange.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Un personnage allongé.

Il est coiffé d'un bonnet, peut-être barbu,  et vêtu d'une tunique, de hauts de chausses bouffants et plissés et de bas au dessus de bottines.

Il tient dans la main gauche un objet semblable à un maillet, dont le manche est de section carré.

Mon hypothèse, purement intuitive, est d'y voir un musicien. Il tiendrait dans la main droite un objet identique au "maillet". Et j'identifie la calebasse qui est entre ses jambes comme un tambour.

La position en forme rotation de ses pieds témoignerait de ses trémoussements rythmiques.

Et pourquoi pas ?

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

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Ensemble de cartouches aux trois lions.

Au centre, un masque de lion, encadré par deux lions de profil, gueule ouverte et langue tirée.

De tels masques sont présents sur les sablières du "Maître de Pleyben" (que je désigne, pour mon usage interne, comme "Maître de Kerjean")

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Quatre personnages : l'un est allongé, puis vient un enfant agenouillé mains jointes, puis un homme courant, le bras levé (tenant une arme), et enfin une femme allongée tenant un poignard pointé sur son ventre.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Lucrèce ? Admirez les cartouches !

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt.

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Femme (?) faisant le grand écart, et tenant dans ses mains écartées les extrémités des langues de deux dragons.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Deux blochets : anges tenant les instruments de la Passion (couronne d'épines et ?).

L'ange tenant la couronne est dans l'axe médian de l'oratoire. Les sablières qui l'encadrent, et qui dominent l'oculus éclairant l'autel, sont de thème profane faisant appel au bestiaire fantastique.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Masque de lion entre deux dragons.

Le lion tient un anneau dans la gueule.

Ces "dragons" au nez retroussé sont proches des "dauphins" Renaissance. Ils portent un collier.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Créature hybride tête en bas, crachant les queues de deux dragons ailés à tête anthropomorphe, et maintenant leur longue langue dans ses mains écartées.

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On peut comparer la créature hybride à un crapaud, et son épine dorsale est hérissée de nodosités. Elle était peut-être velue. Mais ses jambes aux pieds nus, ses bras sont presque humains, tandis que sa tête est vultueuse et bestiale.

Les dragons ailés ont le corps couvert d'écailles (coups de gouge en C et en I) et sont dotés d'un appendice en forme de feuille.

Bien que ces dragons n'ont pas leur équivalent ailleurs, ils reprennent les façons de faire des prédécesseurs, et notamment de l'atelier du Maître de la nef de Plomodiern".

Cette pièce est parfaitement représentative du courant qui, depuis l'introduction de l'art de la Renaissance en Bretagne, illustre par ses chimères et ses hybridations l'attachement pour les métamorphoses entre les règnes végétal, animal et humain par contamination réciproque et dissolution des frontières.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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Tête de bouc en masque au centre d'un cartouche à évidement carré.

On admirera la façon dont les éléments humain (le cartouche = artéfact), animal (la tête) et végétal (les appendices foliaires) s'intriquent. Ainsi des langues sortent de la gueule, se transforment en larges feuilles, mais ces feuilles sont marquées de I comme des rubans et s'enroulent en cornets : ils se sont transformés en cartouches. Par la découpure de ces rouleaux de cartouche s'échappe une tige à deux feuilles et un fruit, élément totalement végétal.

De même, le cartouche central est percé de trous bien carrés (excluant une origine naturelle), traversés par les tiges de feuilles ... qui pourraient évoquer des palmes emblématiques.

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Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

Les sablières (bois, Raoul Begyvin, 1578) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022 .

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CONCLUSION.

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Les éléments de charpente sculptés (engoulant, blochets et sablières) de l'oratoire de Saint-Jean-du-Doigt ont un décor associant un encadrement Renaissance à médaillons et cuirs découpés à des personnages aujourd'hui trop énigmatiques pour qu'on puisse les interpréter (thème mythologique ? Biblique ?) et à des créatures hybrides et fantastiques.

Elles sont de première importance  dans l'histoire de la sculpture de Basse-Bretagne au XVIe siècle, pour plusieurs raisons :

Par la connaissance précise de leur auteur, de la date et du contexte de leur commande.

Par les rapports qu'elles entretiennent avec les autres ensembles de sablières contemporaines, et en premier lieu avec celles du château de Kerjean, à peine antérieures, même si elles sont trop originales pour être attachées à un atelier extérieur.

Par la richesse extraordinaire de l'utilisation des cartouches à cuirs découpés, dont la première apparition en Finistère est peut-être le cartouche héraldique du château de Maillé, vers 1545.

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SOURCES ET LIENS.

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COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, "Saint-Jean-du-Doit", Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/cbdd68212c48e4b0967ee9e4c8dcd422.pdf

Oratoire du cimetière (Couffon)
 "Sa construction fut décidée par les paroissiens le 26 août 1576. Il fut exécuté par l'architecte Michel Le
Borgne en 1577 (millésime au-dessus de la porte). C'est un charmant édicule ouvert sur trois côtés permettant de célébrer la messe en plein air les jours d'affluence. Les petits piliers en gaine, posés sur un soubassement, soutiennent une toiture à quatre pans couronnée d'un clocheton. A l'intérieur, petit autel en pierre, deux entraits à gueules de dragon et sablières sculptées à cinq blochets."

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages, pages 36,44, 72, 109, 184.

 

KERGRIST (François de), 1896, L'église de Saint-Jean-du-Doigt (S.F.A. - C.A., 1896). -L'église de Saint-Jean-du-Doigt, histoire et description (Caen, 1899).

http://www.infobretagne.com/saintjeandudoigt-relique.htm



 

 

LA BARRE DE NANTEUIL (vicomte Alfred de), 1914, Saint-Jean-du-Doigt (S.F.A. - C.A., 1914).

 

 

 


 

http://www.infobretagne.com/saint-jean-du-doigt-oratoire.htm

Oratoire. — Le cimetière renferme un monument dont l'histoire est élucidée grâce à M. de La Rogerie. C'est une petite chapelle ouverte sur trois côtés, qui permettait aussi de célébrer les offices en plein air les jours d'affluence tout en mettant le prêtre à l'abri des intempéries. Ce avantage expliquerait assez l'abandon et la destruction consécutive de la plate-forme de l'entrée.

Palustre pensait qu'on n'y disait la messe que le jour des morts. M. Le Guennec a justement conclu d'une appellation ancienne, « l'oratoire du sacre », qu'elle servait de reposoir le jour de la Fête-Dieu [Note : M. de la Rogerie a fait remarquer qu'à Plouzelambre, un oratoire du XVIIème siècle, analogue, quoique plus simple, est appelé le reposoir]. Il est probable qu'on l'utilisait, en outre, chaque fois qu'il était utile, et notamment les jours de pèlerinage.

L'honneur de la fondation en revient aux paroissiens, qui résolurent, le 26 août 1576, d'ériger un oratoire au bout « susain » du cimetière. Maître Michel Le Borgne, architecte, que nous retrouvons à la tour Saint-Mathieu de Morlaix, fit le « pourtraict et prothocole » de l'œuvre. La construction se fit sous la direction dudit Le Borgne et de Pierre Guyader, en français Pierre Texier, l'un et l'autre qualifiés tailleurs de pierre, et fut terminée en 1577 quant à la maçonnerie. Le granit employé provenait des carrières de l'île Grande et de Trevezvor.

La charpente et les sculptures furent alors confiées à Yvon Le Lavyec, qui en dressa le devis, et à Raoul Begyvin, ouvrier du pays.

La couverture, remplacée depuis, se fit d'un mélange habile de grosses ardoises de la région et d'ardoises fines d'Angleterre. Enfin maître Aubin Morin, pintier, couvrit le clocheton, « l’aiguillon » de lames de plomb, qui furent transportées par terre « à cause de la dorure ». Une cloche y fut pendue et une croix, avec une girouette en forme de croissant, en termina la pointe. Un peintre-verrier, nommé Salaun Geffroy, vitra l'oculus du chevet et Jacques Chrétien, statuaire à Morlaix, meubla l'oratoire de « deux imaiges » dorées de la Vierge et de saint Jean-Baptiste.

Les consoles qui supportaient ces statues, à droite et à gauche de l'autel de pierre, en conservent le souvenir. Le mur plein du chevet, auquel cet autel s'adosse, sous un oculus profilé en doucine, dessine un hémicycle. Les trois autres côtés rectilignes qui ferment le monument sont à jour et se composent d'un bahut mouluré où s'appuient les sept balustres en gaîne de section carrée qui supportent l'entablement aux quatre angles et au milieu de chaque face. Cette dernière particularité n'a pas permis à l'architecte de placer son entrée dans l'axe. Une simple interruption du soubassement à gauche du balustre central en tient lieu.

Au-dessus, un cartouche, portant la date de 1577, coupe la torsade le long de l'entablement qui supporte la charpente du toit pyramidal. Les fermes sont entretoisées par deux entraits engoulés et dissimulés par un lambris en berceau brisé, cloué sur quatre aisseliers dans la partie droite, six arêtiers au chevet, cinq du côté de l'entrée et une lierne centrale. Les sablières sculptées, qui font à l'intérieur le tour du monument, sont interrompues par des bustes saillants d'anges portant des écus ou les instruments de la Passion et sont traitées avec cette fantaisie si répandue dans le pays à cette époque.

L'artiste a figuré au chevet des petits personnages arrachant la langue ou mordant la gueule de dragons, marchant sur la tête ; ailleurs, un ivrogne, des personnages allongés dans le sens de la poutre, dont l'un se tient le pied, un homme luttant avec un chien, deux autres se battant entre eux et, çà et là, des motifs décoratif, tels que monstres, chimères, « rencontres » d'animaux (bœuf, lion) dans des cartouches.

A droite de l'autel se creuse une petite-piscine, flanquée de pilastres gaînés et amortie par deux doubles volutes affrontées."

 

— LA ROGERIE (H. Bourde de la), 1909 : L'église de Saint-Jean-du-Doigt (B.S.A.F., 1909).

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1909_0374_0416.html

 

_ Oratoire. Tous les écrivains qui ont étudié Saint-Jean­ du-Doigt ont décrit le joli  oratoire du cimetière : c'est une construction gracieuse et très originale : un soubassement de granit orné de quelques reliefs dans le goût de la Renais­sance porte des piliers en gaine qui eux-mêmes soutiennent une frise sculptée et le toit . On célébrait probablement la messe dans cet édifice les jours de grande fête : les fidèles qui, n'ayant pu entrer dans l'église s'entassaient dans le cimetière, pouvaient ainsi assister au Saint Sacrifice.( D'après PALUSTRE, l'oratoire n'aurait servi qu'un jour pal' an: «c'est tout simplement un oratoire destiné à célébrer la messe le jour des morts.)

Les comptes donnent les renseignements les plus complets sur la construction de ce charmant monument.
 

Compte de 1576-1577. Dépense de 20 sols pour frais d'un acte notarié constatant que le dimanche 26 août 1576, les paroissiens résolurent de fonder un oratoire au bout "susain" du cimetière.
7-1 s. 8 d. « payé à Me Michel Le Borgne, architecte, pour salaire d'avoir, luy et Yvon Tanguy, son compaire, esté par deux jours l'un visiter le lieu de l'œupvre et délivrer ausdits paroissiens en leur prosne le pourtraict et prothocole que ledit Borgne avait faict dudit œupvre  .

50 s. au même Le Borgne, architecte, à raison de 12 s. 6 d. par jour, « pour avoir été quatre jours, tant à prendre la
place dudit oratoire, que donner instruction et pourtraicture aux autres ouvriers pour y besoigner  .
. 118 s. 11 d. « pour ce que dès le ... jour de mars dernier lesdits comptables par l'advis de certains apparans personnaiges de ladite paroisse firent marché vers lesdits Mes Michel Le Borgne et Pierre Texier pour parachever l'oratoire susdit. pour 200 1. - monnoie, laquelle somme auraient lesdits parois­siens, ayant agréable ledit marché, ordonné estre payée aux ouvriers. _. payèrent en despens ausdits personnages et ouvriers , tant en concluant le marché et en dressant l'acte d'icell uy ... que en vins et despens ausdits ouvriers le jour qu'ils commencèrent et mirent les pierres fondamentales d'i cellui oratoire la somme de 118 s. 11 d.
—Comptes de 1577-1578. Le maître architecte Michel Le Borgne n'est plus appelé que tailleur de pierre, ainsi que son compagnon Pierre Guyader, dont le nom avait été traduit en français (Pierre Texier) par les comptables de l'année précédente. Les marguilliers demandèrent qu'une indemnité de 20 1. fut accordée à Le Borgne et Guyader « parce qu'il fut trouvé par les députés à voir le renable du dit œuvre que iceux ouvriers avaient fait plusieurs honnêtes décorations entour icelluy oratoire oultre leur marché . La gratification qui avait été d'abord accordée fut plus tard réduite à 101. Le renable (procès-verbal de réception de l'ouvrage) fut dressé en présence du scholastique de Tréguier, de trois gentils­ hommes Penanguern, Thoumelin et Kerlaziou, et de deux tailleurs de pierre Paul Bégal et Yvon Guillesser (Guillesser travailla à la construction de la tour de Plougasnou, en 1604; un de ses parents, Jean Guillasser, était menuisier et sculpteur.). La maçonnerie de l'oratoire était terminée: on dépensa 55 sous« en despens ausditz Le Borgne et Guyader et leurs compaignons après la perfection d'icelle maçonnerie pour leur vin de parachèvement ».
Yvon Le Lavyec vint dresser le devis de la charpente qui fut adjugée à un ouvrier du pays, Raoul Bégyvin.

 

Les sablières et les poutres de l'oratoire ont grandement souffert de l'humi­dité ; les frises sculptées par Le Lavyec et Bégyvin ont en partie disparu : ce qui subsiste est cependant encore fort remarquable et donne une haute idée du talent de ces imagiers .
 L'édifice fut couvert en ardoises et comme la couverture est très haute, on eut soin de d'orner en employant des ardoises de forme et de natures diverses et de les disposer de façon agréable à l'œil. Il reste quelque chose de cette recherche ornementale mais aujourd'hui toute la couverture est formée de grosses ardoises du pays. En 1578, on employa aussi des ardoises bretonnes tirées de la perrière de Jehan Henry au Dourdu, mais les dessins et les imbrications furent formés d'ardoises beaucoup plus fines apportées d'Angleterre (La pierre nécessaire à la construction fut extraite des carrières de l'ile Grande et de Trévezvor ; la chaux fut apportée de Roscoff, le bois fut acheté il. l{eranCl'as, à Kerlémareè et à Kerm'ldeza: l'ardoise d'Angle­terre, achetée à Morlaix, coûta 50 sous le mille, celle du Dourdu valait ...).




— Compte de 1578-1579. Sur le sommet du toit s'éleva un clocheton. Maître Aubin Morin, pintier, couvrit « l'aiguillon  avec des lames de plomb qui furent en partie dorées, ce qui coûta environ 80 livres plus quelques frais accessoires: on paya dix sous pour le transport des « timbres et plomb doré que Aubin ne voulait être porté par mer à ca use de la dorure" .
Une cloche payée 18 livres, fut placée dans le clocheton, qui ne fut jamais destiné, comme on l'a dit, à abriter un fanal. ­ Un chaudronnier vendit pour deux réaux (8 s. 4 d.) une croix et un e girouette en forme de croissant. Salaun Geffroy, peintre-verrier, plaça une vitre dans la petite fenêtre circulaire qui est au fond de l'oratoire coût 5 livres 5 sols. Une somme plus importante 36 1. 5 s. fut versée à Jacques Chrétien, statuaire à Morlaix, tant pour deux imaiges mis audit oratoire, l'une de Notre-Dame, l'autre de Saint-Jean­ Baptiste, que pour avoir doré lesdits imaiges, timbres ou autres choses dudit oratoire .
Quelques détaillés que soient les comptes il est impossible de savoir de façon précise ce que coûta la construction de l'ora­toire. Le total ne dut guère dépense r 1100 livres ' Le revenu annuel de la chapelle était à cette époqu e d'environ 900 livres . Ce petit monument fut sans doute fort admiré dans ce pays; ca r peu après les paroissiens de Plougasnou construisirent un oratoire près de leur église et en 1611, Jeanne de Kerédan fit bâtir dans le champ des Méjou le petit oratoire de Notre-Dame de Lorette qui est encore plus élégant et plus original que celui de Saint-Jean-du-Doigt ( Un oratoire beaucoup plus simple fut construit à Plouzelambre au XVIIe siècle: on l'appelle le Reposoir. En Cornouaille et en Léon nous ne connaissons aucun édifice de ce genre : la chapelle de Notre-Dame des Fontaines à Daoulas qui s'en rapproche un peu n'est ouverte à l'air libre que d'un seul côté. - L'oratoire de Saint-Jean fut reproduit en 1900 au) .

Il est heureux que les comptes nous aient conservé les noms des auteurs de ce petit chef-d'œuvre, l'architecte Michel Le Borgne, le tailleur de pierre, Pierre Le Guyader, les charpen­tiers-sculpteurs, Yvon Le Lavyec et Raoul Bégyvin.

Michel Le Borgne fut en HiSI et 1582 « maître de l'œuvre  de la tour de Saint-Mathieu de Morlaix. Le dessin de ce monument avait été donné en 15~8, par Yve!i. Croazec . qui dirigea la construction pendant quelques années seulement. Les maîtres qui lui succédèrent modifièrent son plan de façon fâcheuse; Michel Le Borgne paraît avoir été particulièrement mal inspiré: la construction de l'oratoire montre que cet architecte était cependant un homme de talent.
Le charpentier, Yvon Le Lavyec ou Le Layec qui vint donner le dessin de la charpente, était probablement un
Morlaisien ou un Trécorrois. On doit cependant remarquer qu'il portait le même nom que le charpentier-sculpteur Jehan Le Layec, auteur de remarquables sculptures exécutées de 1524, à 1545 pour la chapelle de Saint-Nicolas-des-Eaux en Pluméliau, de Notre-Dame de Burgo en Grandschamps et de Saint-Yvi en Moréac (1) . Layec ne donna peut-être que le dessin général de la charpente; Raoul Bégyvin fut en grande partie chargé de l'exécution matérielle; il appartenait à une famille qui est encore représentée dans le pays.
Le sculpteur J. Chrétien sera plusieurs fois cité au cours de cette étude, car de 1562 à 1581 il ne cessa d'être employé par les marguilliers de Saint-Jean-du-Doigt. Nous retrouverons aussi plus loin le nom du peintre-verrier Geffroy,

 

(1) On trouve la description détaillée de l'oratoire, de la fontaine, de l'arc de triomphe, dans les ouvrages de MM. DE KERGRIST, P ALUSTRE, A BG IULL, cités supra. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉO. - TOME XXXVI (Mémoires 22)



 

 

— LE GUENNEC (Louis)

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières Sculptures Renaissance. Blochets Chapelles bretonnes.
2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 11:21
Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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LES DEUX NICHES À VOLETS DU CHOEUR.

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LA VIERGE À L'ENFANT (Bois polychrome, XVIIe siècle, hauteur 1,30 m.).

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29005170

Remarquez le bandeau occipital, caractéristique de la statuaire mariale finistérienne. La statue a été repeinte assez grossièrement ; la statue de l'Enfant, qui tient un livre, est brisé à plusieurs endroits. La Vierge tient une pomme de pin (?).

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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SAINT PABAN (Bois polychrome, XVIIe siècle, hauteur 1,05 m.)

 https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29005171

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Le saint patron de l'église est représenté tenant un livre dans la main gauche, faisant un geste d'éloquence du bras droit. Il est vêtu d'une soutane ou cotte talaire noire avec son rabat noir à bordure blanche, d'un surplis, et d'une chape. Il porte l'étole.

Son nom, qui a donné le toponyme Lababan, anciennement Lanbaban,  est la forme tendre et affectueuse ("hypochoristique") propre à saint Tugdual, au même titre que "Pabu" (en vieux breton "père", voire "pape"), qu'on retrouve à Trébabu (anciennement Lanpapbu) près du Conquet, à la chapelle de Lambabu en Plouhinec, à la chapelle de Saint-Tugduale Kerbabu de Plounévez-Moëdec, etc.

Voir Bernard Tanguy 1986 :

http://tudy.chez-alice.fr/Article_Tanguy.pdf

 

 

 

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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STATUE DE SAINT YVES (Bois polychrome, XVIIe siècle, hauteur 1,38 m.).

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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29005173

Inscription :

FAIT : FAIRE : PAR : Me : Y : JOLIVET

Fait faire par messire Y[ves] Jolivet

Il est représenté avec une moustache Louis XIII et vêtu de la cotte talaire noire au rabat identique à celui de saint Paban, du surplis, d'un camail noir. Il fait, en symétrie de saint Paban, un geste d'éloquence du bras gauche, et tient un rouleau de papier en main droite, évoquant ses fonctions d'official de Tréguier, et d'avocat.

Yves Jolivet n'est pas le sculpteur (comme indiqué sur POPculture) et la formule "fait faire par" désigne le commanditaire. En outre le titre de Messire est réservé, dans ces inscriptions, au prêtre de la paroisse, son curé.

La base Geneanet signale un Yves Jolivet né vers 1660 et décédé en 1710 à Kereben,Pouldreuzic.

https://gw.geneanet.org/titoune29?n=jolivet&oc=&p=yves

Le patronyme Jolivet est attesté à Landudec ( à 6 km au nord de Pouldreuzic) et à la commune voisine, Plogastel-Saint-Germain. Un Yves Jolivet, laboureur, né en 1620, marié en 1658, est attesté à Landudec.

https://gw.geneanet.org/audreyeva1?n=jolivet&oc=&p=yves.

Geneanet signale d'autres Yves Jolivet à Landudec, mais pas de prêtres.

Yves Jolivet ne figure pas dans la liste, incomplète,  des curés de Lababan entre 1529 et 1790 donnée par le chanoine Abgrall page 275.

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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ÉLÉMENTS HÉRALDIQUES.

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Blason en bannière présenté par des tenants un genou à terre.

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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Bas-côté nord.

On discerne dans les quartiers une tour, et un lion.

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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LES BANNIÈRES DE PROCESSION.

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Saint Paban en évêque (mitre et crosse) mais avec les emblèmes papaux brodés en dessous.

XXe siècle ; velours violet et fils d'or, lambrequins arrondis, cannetilles.

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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Vierge de l'Immaculée Conception, les pieds sur un croissant de lune et foulant le serpent.

Inscription KALONN DINAMM MARI PEDIT EVIDOMP. ("Cœur immaculé de Marie, priez pour nous")

Monogramme marial AM.

Le style évoque celui de Seiz Breur (après 1923).

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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Bannière de saint Alain ou Alar.

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Inscription ST ALAR PEDIT EVIDOMP.

Velours vert, broderie de rinceaux fleuris et cornes d'abondance.

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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Bannière de sainte Thérèse

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Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

Église de Lababan en Pouldreuzic. Photographie lavieb-aile 2022.

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SOURCES ET LIENS.

 

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) et PEYRON ( Chanoine ) , 1915,  "Notice sur Lababan" Bulletin diocésain d'histoire et, Bull. Diocésain d'histoire et d'archéologie BDHA, pages 34 et suivantes.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/7985bcf61d3df7aee5988d08dd5558ee.pdf

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— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Pouldreuzic, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/94d03f33184b2275aa89e7bcad064c8c.pdf

« Vitraux de Pierre Toulhoat, dont une Adoration des mages dans le transept nord. » 

— POPCULTURE

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00005699

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes Sculptures Bannières. Héraldique
12 septembre 2022 1 12 /09 /septembre /2022 13:42

Un lion portant un masque FFP contre la Covid :  les étonnantes crossettes de la façade nord de l'église de Plougonven restaurées par le groupe ART-Villemain de Plélo en 2020 .

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Tous mes remerciement à madame Sophie Hérault pour ses informations.

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— Cet article appartient à une étude des crossettes du Finistère (ou de Bretagne) destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :

 

 

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PRÉSENTATION.

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En 2019, la restauration de l'église Saint-Yves de Plougonven, classée Mh le 7 mars 1916, a débuté sous la maîtrise d'ouvrage de madame Marie-Suzanne de Ponthaud, ACMH, suite à son diagnostic de 2016. Elle se poursuivra pour 48 mois jusqu'en 2025.

Selon la Fondation du Patrimoine, "Le projet de restauration a pour ambition de restituer l’esthétique de l’église Saint-Yves en rétablissant les éléments de sculpture manquants et en intégrant des éléments contemporains afin d’améliorer la présentation, la lisibilité du monument ainsi que son usage. "

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Après un démarrage en 1481, l'édifice a été construit entre 1511 et 1523 par Philippe Beaumanoir sur le modèle de l'église de Ploumiliau (22). Au XVIIe siècle, une sacristie fut placée contre le porche. Pour agrandir le chœur, son chevet initialement plat a été  déplacé vers l'Est et modifié en1702. Au XIXe siècle, l'ancienne sacristie a été détruite et remplacée par une nouvelle sacristie polygonale contre le transept nord. L'édifice a  presque entièrement brûlé dans un incendie du 1er mars 1930 (voir les impressionnantes photos des ruines ici) puis presque exactement rétabli dans son état ancien jusqu'en 1933. La sacristie a été détruite et réaménagée dans une chapelle.

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Chacun des rampants  des lucarnes ou pignons de ses sept chapelles, et des autres baies (sacristie, chevet), chacun de ses angles, et chaque contrefort du porche sont décorés de crossettes, ou, du côté est, de gargouilles. Le nombre de ces éléments sculptés, auquel s'ajoute celui des gargouilles de la tour clocher, est donc considérable, mais ce sont les lions et les chiens qui y sont très largement représentés : l'absence de dragons est notable. Les seules façades nord et sud en comptent une vingtaine.

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Le lot n°1, Maçonnerie et taille de pierre, a été attribué à l'entreprise ART, GROUPE VILLEMAIN de Plélo (35).

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J'ai fait un premier inventaire photographique des crossettes en 2016 et en 2017 avant restauration, et j'ai ré actualisé mes clichés en juin 2022 après restauration des 41 crossettes et gargouilles.  Une comparaison est donc possible, et instructive.

La façade nord voit se succéder, comme le montre le plan, les deux lucarnes des  baies 19 et 21, puis, la nef s'élargissant,  les trois pignons des chapelles N1, N2 et N3,  puis, après un nouvel élargissement, la baie 11 de la sacristie.

Les crossettes sont les suivantes, en partant de l'ouest :

  • Cn1 (Crossette nord 1), Rampant de l'angle nord-ouest : un lion masqué.
  • Cn2 : rampant droit de la baie 21 : un porc.
  • Cn3 : rampant gauche de la baie 21 : un chien.
  • Cn4 : rampant droit de la baie 19 : un chien.
  • Cn5 : rampant gauche de la baie 19 : un chien.
  • Cn6 : rampant droit du pignon de la baie 17, chapelle N1 : un lion.
  • Cn7 : rampant gauche du pignon de la baie 17, chapelle N1 : un lion.
  • Cn8 : rampant droit du pignon de la baie 15, chapelle N2 : un lion.
  • Cn9 : rampant gauche du pignon de la baie 15, chapelle N2 : un chien.
  • Cn10 : rampant gauche du pignon de la baie 11, chapelle N3 : un chien.
  • Cn11 : rampant gauche du pignon de la baie 11, chapelle N3 : une femme nue (brisée).

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Je ne présenterai dans cet article que les deux crossettes Cn1 et Cn2 qui accueillent le visiteur qui, étant passé devant l'ossuaire et le porche ouest, parvient à l'angle nord-ouest de l'église, car ces deux pierres d'amortissements sont modernes.

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La restauration de l'église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

La restauration de l'église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

Plan de l'église de Plougonven sur le cartel. Photo lavieb-aile 2022.

Plan de l'église de Plougonven sur le cartel. Photo lavieb-aile 2022.

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La crossette Cn1 du rampant du pignon, angle nord-ouest. Granite, entreprise ART 2020.

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En 2016, seul l'arrière-train d'un animal et  sa queue sinueuse étaient visibles, toute la partie saillante de la pierre d'amortissement étant brisée et perdue.

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Par assimilation avec la crossette intacte Cn6, il était possible d'attribuer cette queue à un lion.

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Crossette Cn6, cliché 2017 lavieb-aile.

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Crossette Cn1 avant restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2017.

Crossette Cn1 avant restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2017.

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Ce bloc a été conservé après sa dépose en 2020 : on la voit posée sur le terre-plein précédant l'ossuaire.

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Un lion portant un masque FFP contre la Covid :  les étonnantes crossettes restaurées de l'église de Plougonven.

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Le sculpteur de l'entreprise ART-Groupe VILLEMAIN a créé une nouvelle crossette figurant un lion, globalement semblable aux autres lions assis de l'édifice, mais sans souci de copie d'ancien, ce qui est parfaitement conforme aux principes de restauration modernes.

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La crossette Cn1 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

La crossette Cn1 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

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Le fouet de la queue est bien représenté, ainsi que la fourrure bouclée des pattes. La crinière est plissée en deux (et même trois) étages. La gueule  ouverte laisse pendre une longue langue. La toison bouclée du front est présente.

Il y fait référence aux deux lions les plus spectaculaires, celui de l'angle sud-ouest de l'église (qui sert d'emblème à l'Association de restauration), et celui de l'ossuaire.

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Crossette de l'ossuaire de Plougonven. Cliché lavieb-aile 2022.

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La crossette Cn1 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

La crossette Cn1 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

La crossette Cn1 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

La crossette Cn1 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

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Néanmoins, malgré ces références à l'existant, le sculpteur a accentué la profondeur des yeux, et, surtout, il a placé un masque  sur la gueule de son lion, avec ses élastiques entourant ses oreilles. Il fait ainsi allusion au contexte sanitaire de pandémie par le coronavirus 2019 [Covid-19] qui a concerné notre pays depuis janvier 2020, a imposé un confinement strict du 17 mars au 11 mai 2020, puis en octobre-novembre 2020. Le port d'un masque" chirurgical" a été recommandé aux français mais ce conseil s'est initialement heurté à la situation de pénurie nationale.

En août 2020, le port du masque a été obligatoire dans les lieux publics, et le 1er septembre à l'école aux enfants de plus de 10 ans, puis hors domicile et dans les milieux clos.

Nous pouvons donc dater cette crossette de 2020 ou 2021 (ou jusqu'en 2022?). J'ai demandé par mail des informations complémentaires à l'Association pour la restauration de l'église.

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La crossette Cn1 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

La crossette Cn1 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

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La crossette Cn2 du rampant du gable de la première lucarne baie 21 : un porc. Granite, entreprise ART-VILLEMAIN 2020.

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1°) Avant restauration. Cliché de 2017.

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La baie 21 avant restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2017.

La baie 21 avant restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2017.

Crossette Cn2 avant restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2017.

Crossette Cn2 avant restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2017.

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1°) Après restauration.

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La même "main" de sculpture, reconnaissable à ses yeux en lunettes, a créé ce cochon grimaçant. Il a pu s'inspirer de la crossette qui, en façade orientale, vient juste après la sacristie. Pourtant, l'agrandissement de mon cliché de la lucarne (je n'avais pas pris ce qui restait de la crossette en gros-plan) montre que la queue de l'animal n'était pas en tire-bouchon, mais ressemblait à celle d'un chien ou d'un renard.

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Crossette de la façade est, en 2017. Photo lavieb-aile.

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Crossette Cn2 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

Crossette Cn2 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

Crossette Cn2 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

Crossette Cn2 après restauration. Église de Plougonven. Photo lavieb-aile 2022.

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PROLOGUE.

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Je reçois de madame Sophie HERAULT, adjointe municipale à la culture et présidente de l'Association pour la restauration de l'église, toutes les précisions souhaitées sur notre Cn1. 

L'Association a fait appel, pour le projet de restauration de cette crossette — désignée comme "chimère"— aux artistes de la commune. Elle a reçu trois propositions, qui ont été soumises aux autorités de tutelle, madame Marie-Suzanne de PONTHAUD, madame Maryline QUÉRO de la Drac de Rennes, et monsieur Olivier THOMAS, architecte en chef des bâtiments de France pour l'antenne Nord-Finistère à Brest. Le dessin qui a été retenu fut celui de monsieur Charlick d'AVIAU de THERNAY, sculpteur, et vice-président de l'Association.

Ce dessin daterait de septembre 2020, ce qui est parfaitement cohérent avec l'actualité de la fin d'été 2020 concernant les obligations et contraintes du port du masque et la progression de la pandémie dans notre pays, connue sous le nom de "deuxième vague" (nouvelle hausse de cas de septembre à novembre 2020 entrainant le deuxième confinement).

La décision prise, la réalisation du  dessin fut confié aux sculpteurs du groupe Villemain et réalisé en leurs ateliers de Plélo. Mais le sculpteur, mal informé de la disposition des lieux, a créé un lion dont la tête était tournée vers l'est : cet essai fut écarté (il est encore conservé et exposé dans les locaux du Point Information).

Le deuxième essai fut accepté, et mis en place en mai 2022. Comme je l'avais présumé, il suscita les réactions, jamais négatives, des visiteurs et les demandes d'informations concernant le lion masqué arrivent presque  en tête, juste après les questions concernant le calvaire.

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Madame HÉRAULT a rédigé, pour le dernier bulletin municipal, une page dans lequel elle publie cinq photographies de la réalisation de la sculpture.

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Bulletin municipal été 2022, page 7.

 

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N.b. On pourra se demander de quel accessoire prophylactique le lion aurait hérité si  sa restauration aurait été entreprise dans les années 1983-1995.

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SOURCES ET LIENS.

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— ASSOCIATION POUR LA RESTAURATION DE L'EGLISE SAINT-YVES DE PLOUGONVEN.

http://www.plougonven.com/1/association_pour_la_restauration_de_l_eglise_saint_yves_de_plougonven_3109645.html

 

—BLANCHARD (Romain), 2015, Dossier IA29131782 réalisé en 2015 , Inventaire du patrimoine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/enclos-paroissial-eglise-paroissiale-calvaire-et-chapelle-funeraire-plougonven/78a19ab6-6fb5-4f5a-ae48-54be97237057

 

—CASTEL (Yves-Pascal), 2002 "Le calvaire de Plougonven", Actes du Congrès de Morlaix, Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, Tome LXXX, 2002, p.755-760.

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/plougonven.pdf

—COUFFON, René. "Un atelier architectural novateur à Morlaix à la fin du 15e siècle", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. XIX, 1938, p. 65-89.

 

COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988.

BARBIER, Pierre. Le Trégor historique et monumental : étude historique et archéologique sur l´ancien évêché de Tréguier. Bouhet, la Découvrance, L´amateur averti, 2005, 468 p. Non consulté

 

— LE GUENNEC (Louis) L'église de Plougonven  (Plougonven, étude archéologique, historique et ethnographique, p.133-136,1922).

 

"La chapelle funéraire  offre une ordonnance assez fréquente de petites baies ouvertes dans le mur, au-dessus d'un soubassement. L'édicule se termine par deux pignons dont les gâbles sont ornés de crochets et s'amortissent sur des animaux.

L'église est un édifice de la fin du 15e et du début du 16e siècle. Le clocher et le portail latéral sont les parties les plus intéressantes.

 

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    "L'église de Plougonven, achevée en 1523, est une construction en bel appareil de granit. Son plan dessine une croix latine, avec nef et bas-côtés flanqués de huit chapelles, où les seigneurs de la paroisse avaient leurs bancs et leurs sépultures. Ces chapelles découpent au dehors une double série de pignons garnis de fleurons et de crochets, et ajourés de fenêtres à soufflets flamboyants. Aux angles des rampants sont des lions ou des dragons artistement galbés.

  • "Sur la façade Sud fait saillie un porche carré percé d'une large arcade, à moulures prismatiques et archivolte décorée de crossettes végétales. Plus haut s'ouvre la fenêtre d'une chambre d'archives, et les angles sont garnis de deux figures grotesques.

    Le chevet, remanié en 1702, a conservé sa grande vitre magistrale, au tympan découpé en lobes nombreux affectant la forme de coeurs, de flammes ou de larmes ; mais la régularité de l'abside est altérée, à droite par une chapelle latérale à trois pans surmontés de gâbles aigus, et à gauche par une laide sacristie moderne, qui dépare cet élégant, ensemble. Le porche du bas, voûté en croisée d'ogive et daté de 1841, est surmonté d'un joli clocher accosté d'une tourelle ronde. De la plate-forme, bordée d'une balustrade flamboyante, se dégage un léger beffroi que termine une flèche pyramidale aux arêtes hérissées de crochets, et appuyée par des arcs-boutants sur les pinacles de la galerie.

    En pénétrant dans l'église par le porche de la tour, on remarque à la clef de celui-ci un écusson écartelé aux 1 et 4 d'une aigle éployée, qui est Kerloaguen ; aux 2 et 3 d'un lion accompagné de 7 billettes, qui est Garspern ou Gaspern. Courcy l'attribue à Guillaume de Kerloaguen, sieur de Rosampoul, lieutenant du capitaine de Morlaix en 1481, et à Aliette, dame du Garspern, sa compagne (Voy. Bretagne Contemporaine - Le Finistère, p. 61). Mais le savant héraldiste tombe ici dans l'une de ses erreurs coutumière, car Guillaume de Kerloaguen avait pour femme Alix de Kermellec (Voy. Archives de la Loire-Inférieure, B. 1702), et non cette Aliette de Garspern qui semble imaginaire. Les nervures de la voûte s'amortissent sur quatre statuettes d'anges tenant des cartouches où on lit en caractères gothiques : Xps (Christus) vincit.Xps regnat - Xps imperat - Xps nos benedicat.

    Au fond du porche, au-dessus de la porte, un autre angelot supporte un écusson chargé des armoiries de Garspern. Au portail latéral, la clef de voûte est timbrée du blason de Pierre de Garspern, sieur du Cosquer, panetier de la reine Claude de France en 1518, qu'entoure la devise gothique de cette famille : En bon espoir. Au-dessus de l'élégante porte géminée du fond, datée de 1518, est une Pitié ancienne et dans le pavé, il y a une dalle tumulaire assez fruste qui semble avoir porté, soit les trois pommes de pin des Keraudren, soit les trois trèfles des Le Lagadec de Mezédern.

    La nef, à voûte de bois apparente et poutres terminées en têtes de dragons, est partagée en six travées par deux rangées de piliers octogonaux sans socles ni chapiteaux, soutenant des arcades en tiers-point, d'un tracé très pur, à moulures prismatiques pénètrant dans le corps des colonnes. Au maître-autel, Vierge-Mère XVIIème siècle, noblement drapée et d'un beau visage, supportant sur son genou droit l'Enfant-Jésus, avec, à ses pieds, deux gracieux angelots. La verrière de M. Ely, figurant plusieurs scènes de la vie de Saint-Yves, qui a une vieille statue assise au premier pilier à gauche du sanctuaire, laisse déplorer, malgré son brillant coloris, la destruction des anciens vitraux peints du XVIème siècle, dont presque toutes les fenêtres étaient garnies autrefois, et qu'on a fait disparaître peu à peu, sous prétexte de réparations, de 1804 à 1859.

  •  

    "En 1679, on voyait en supériorité dans la maîtresse-vitre l'écusson des Kerloaguen, qui se trouvait mi-parti avec diverses alliances : Kersauson, Loz, Kerguiziau, Goudelin, dans seize autres blasons. Le reste du tympan était occupé par treize écussons aux armes pleines et mi-parti des Le Lagadec de Mezédern.

  •  

    "La première chapelle à gauche du choeur, que distingue en dehors son triple chevet, était en 1679 dédiée à Notre Dame et à Saint Joseph, et dépendait du manoir de Kerloaguen. Plusieurs seigneurs et dames du lieu y reçurent la sépulture, mais leurs tombes n'existent plus, et l'on n'y remarque que des frises sculptées, analogues à celles qui règnent sur toutes les sablières des bas-côtés. Elles portent des têtes grotesques, des mascarons, des enroulements de feuillage, et sont coupées aux angles de corbels figurant des anges, des vieillards, des personnages en costume du XVIème siècle tenant des banderoles ou des écussons. Ces sujets sont d'ailleurs grossièrement traités et un vilain badigeon brunâtre en a éteint les vieilles couleurs.

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    "Dans la seconde chapelle, dédiée en 1679 à Sainte Marguerite et Saint Gildas, est l'autel de Saint Vincent de Paul, en marbre et kersanton, oeuvre du sculpteur Yan Larhantec, enfant de Plougonven, qui, de 1855 à 1874, exécuta plusieurs retables de pierre pour l'église. A l'époque, on admira beaucoup ces autels, et une notice anonyme insérée en 1864 dans le journal l'Echo de Morlaix [Note : Je la crois de Pol de Courcy, en raison de la prédilection et aussi de la science avec lesquelles il relève et blasonne tous les écussons existant alors dans l'église ; la plupart ont depuis disparu] salue en eux « de véritables bijoux de la sculpture chrétienne à la fin du XVème et au commencement du XVIème siècle. Leurs arcatures, leurs frises, tout cet ensemble de clochetons, d'accolades, de guirlandes, de crochets, de panaches est traité avec un vif sentiment de l'art gothique et une hardiesse de véritable tailleur d'ymaiges des temps passés ». Aujourd'hui que l'engouement pour le néo-gothique a beaucoup diminué, on ne peut s'empêcher, tout en rendant justice au mérite réel des oeuvres de Larhantec, de les trouver un peu froides et austères, et de regretter les bons vieux retables du XVIIème siècle si gaiement peints et dorés, avec leurs colonnes torses enlacées de pampres, leurs niches à coquille, leurs anges joufflus, leurs festons, leurs pots à feu, leurs corbeilles de fruits, qui ont dû céder la place à ces nouveaux venus pour devenir la proie de brocanteurs ou être transformés en bois de chauffage.

    A la clef de voûte de l'arcade de la nef correspondant à cette chapelle, est un écusson aux armes des Goudelin, seigneurs de Kerloaguen au XVIème siècle (une épée en pal). A droite de l'autel, un autre écusson de pierre est écartelé de Kerloaguen et de Goudelin.

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    "La troisième chapelle était jadis celle de Saint-Yves, patron de la paroisse ; son vocable actuel est le Sacré-Cœur, dont la statue repose sur un coffre décoré de sculptures Renaissance assez fines ; au bas, un cartouche porte la date 1673. A la clef de voûte de l'arcade, on distingue le blason des Salaün de Lesven, une hure de sanglier couronnée.

    "La quatrième et dernière chapelle de l'aile gauche était en 1679 dédiée à Notre-Dame de Pitié ; elle abrite aujourd'hui un affreux petit autel de N.-D. de Lourdes. L'arcade située en face est armoriée des trois trèfles des Le Lagadec, mais la chapelle avait été fondée par les seigneurs de la Tour, et, les seigneurs de Kerloaguen y revendiquaient aussi des prééminences. Elle est éclairée d'une large verrière à quatre panneaux qui pourrait être, en admettant une modification du devis de 1511, l'ancienne maîtresse-vitre d'une église antérieure. Plus bas, on voit l'enfeu du manoir de Corvez, possédé jadis par les seigneurs de Coatelant-Plourin.

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    "Dans le bas-côté droit, la première chapelle, aujourd'hui mutilée par l'adjonction de la sacristie, contenait en 1679 les autels de Saint Roch, de Saint Laurent et de Saint David, et l'enfeu des seigneurs de la Tour. De cet enfeu, où repose depuis 1590 l'évêque de Cornouaille, puis de Tréguier, François de la Tour, il ne subsiste qu'un pilastre et un fragment de l'arcade feuillagée. Les armes de Keraudren, trois pommes de pin, se distinguent toujours à la clef de l'arcade voisine.

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    "La seconde chapelle a conservé son vocable du Rosaire, mais l'autel de cette confrérie, établie en 1650 et dotée de 90 livres de rente par la libéralité de François du Parc, seigneur de Rosampoul, conseiller au Parlement de Bretagne, n'existe plus. Le retable actuel est dû au ciseau de Yan Larhantec. En face, au-dessus d'un pilier, une console offre un écusson blasonné de l'aigle éplorée des Kerloaguen de Rosampoul, anciens prééminenciers de la chapelle.

    Un autre écusson aux mêmes armes orne la clef de voûte ; et au-dessus de l'arcade, du côté de la nef, sont les armoiries des Carné : d'or à deux fasces de gueules. Consacrée en 1679 à Saint-Jean-Baptiste, la troisième chapelle l'est aujourd'hui à Sainte-Anne. L'aigle héraldique des Kerloaguen chargeait l'écusson incliné à l'antique et timbré d'un heaume, qui surmonte l'enfeu situé sous le vitrail. Un bas-relief en marbre blanc de Saint Joachim, Sainte Anne et la Sainte Vierge décore l'autel, oeuvre, comme tous les autres, de Yan Larhantec. On voit à la clef de l'arcade, l'écusson des Goudelin, mi-parti d'un chevronné.

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    "En descendant vers le porche, on trouve la chapelle de Saint-Isidore, autrefois de Sainte-Anne, fondée en 1511 par Jean du Méné, sieur de Goasvalé. Ses armoiries, une fasce surmontée d'un lambel, s'y remarquent toujours sur le bénitier et à gauche de l'autel, tout entier de kersanton. A côté est une jolie crédence gothique, et dans la frise, un ange soutient un écusson aux armes des du Méné. Près du porche, un bénitier octogonal, en granit, avec une tête humaine en saillie sur chaque face, doit être l'ancienne cuve baptismale.

    Outre le Saint Yves assis mentionné plus haut, quelques vieilles statues se voient adossées aux piliers de la nef. A gauche, il y a une Vierge-Mère gothique en granit, et, un beau grand Christ de bois entre la Sainte-Vierge et Saint Jean, groupe qui doit provenir de l'ancien jubé ou chancel fermant autrefois le choeur. A droite, Sainte Barbe portant sa tour sur sa main et, placée sur une console qui offrait, avant un récent grattage, l'écusson burelé d'argent et de gueules des Penfeunteniou du Cosquer. — Saint-Joseph, tenant un lys et un livre, statue en granit du XVIème siècle, provenant de la chapelle du manoir de Kerloaguen et sans doute la plus ancienne image qui existe dans le diocèse du saint Patriarche, — saint moine cordelier à genoux.

    Le trésor de l'église ne conserve rien d'antérieur à la Révolution. Il subsiste encore une vieille bannière de procession, montrant sur un fond brodé de rameaux fleuris et feuillus, l'image d'une Vierge-Mère tenant à la main un sceptre terminé par une fleur de lys, et se détachant au milieu d'un cadre ovale de nuages parsemés de têtes ailées de séraphins. Cette bannière, de l'époque de Louis XIV, a été parfaitement restaurée.

    Naguère existait à la sacristie un magnifique ornement de drap d'or, portant l'aigle de Napoléon III avec la couronne impériale ; il avait, été offert par l'impératrice Eugénie à l'église de Plougonven, sans doute à la recommandation de l'abbé de Lezéleuc, ancien recteur de la paroisse, mort évêque d'Autun. Cet ornement, qui aurait dû être gardé en témoignage d'une illustre munificence, a été cédé en 1919 à l'Oeuvre des Tabernacles en échange d'ornements neufs."

 

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Mémoire de maîtrise d’histoire,  2 vol. 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm.

 

—MILLET, Christian. "Regards renouvelés sur l'atelier Beaumanoir". Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome CXXVII, 1998.

TOSCER, G. Le Finistère pittoresque. Brest : A. Kaigre, 1916-1910.

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Gargouilles et crossettes
27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 13:55

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan.

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Voir dans ce blog :

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—Sur l'art tumulaire hors Bretagne:

 

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— Sur les gisants de Bretagne, voir (approximativement par ordre chronologique) :

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—Hors de ce blog :

 

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PRÉSENTATION.

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L'église Saint-Malo de Dinan renferme, alignés sur le bas-côté nord, quatre gisants. Celui de l'abbé Guillaume de Lesquen est le quatrième.

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Plan de l'église Saint-Malo, le gisant de l'abbé Lesquen est le n°4

 

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Il provient de l'abbaye de Beaulieu, commune de Languédias (22), dont il a été l'abbé au XIVe siècle. En effet, nous disposons de cette description de 1791 : 

«Dans l'église de l'abbaye de Beaulieu, nous est apparu dans le chœur, du côté de l'évangile, un tombeau, sur lequel est une statue en pierre de grain fin représentant un abbé crossé; ce tombeau est enfoncé dans le mur. Au dessus de ce tombeau est une pierre de grain aussi adossée au mur, sur laquelle est une épitaphe en écriture gothique, et sur une autre pierre, aussi en dessus du même tombeau est un écusson écartelé de 12 pièces, dont 6 unies et les 6 autres chargées de 3 hermines, chacune disposée 2 et 1 [famille Le Bouteiller].

Dans la chapelle collatérale placée à gauche en entrant dans l'église, du côté droit d'icelle sont deux tombeaux enclavés dans la muraille, sur lesquelles sont deux statues entières et en pierre de grain, représentant deux abbés en habits sacerdotaux et au dessus de celui plus près du bout de la chapelle, est un écusson de pierre de grain, chargé de trois canettes ou oisons, deux en chef, l'autre en pointe [famille Lesquen]." (Description des monuments intéressants qui se trouvent dans l'église abbatiale de N.-D. de Beaulieu, rédigée le 30 juillet 1791, par François Cahurel, homme de loi, nommé commissaire par le district de Broons (Archives C.-du-N., série Q, églises et chapelles) )

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 L'abbaye Notre-Dame de Beaulieu fut fondée dans la paroisse de Mégrit vers 1160 ou 1170 par Rolland de Dinan, seigneur de Bécherel 2e fils de Geoffroi de Dinan pour des Chanoines réguliers de saint Augustin à l'époque où le diocèse de Saint-Malo était dirigé par l'évêque Albert.  Elle était autrefois très considérable à cause de la grande étendue de ses fiefs. On ne nommait à cette Abbaye que des personnes de Maisons distinguées, lesquelles étaient souvent à la Cour des Ducs de Bretagne, & y possédaient des charges.

L'abbaye fut supprimée en 1791, elle n'hébergeait plus que trois chanoines.  Le directoire du district de Broons établit alors l'état de lieux de l'abbaye, ne concernant que le mobilier.

J'ai présenté cette abbaye dans mon article sur les gisants de la cathédrale de Tréguier. En effet, le cloître de la cathédrale conserve quatre gisants des abbés de Beaulieu. Il faut ajouter à cette liste celui d'Alain de Vitré [gisant n°5 de Tréguier, le plus ancien, datant vers 1220], provenant de l'abbaye, et le gisant de Roland de Dinan, fondateur de l'abbaye, conservé aujourd'hui dans l'église Saint-Sauveur de Dinan.

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 Si on considère la liste des abbés de Beaulieu dans le créneau temporel qui nous occupe, on trouve  (je mets en gras les gisants identifiés et présents à Tréguier) :

Abbés en fonction  en l'abbaye :

  • vers 1300-1350 : gisant d'un chanoine non identifié. gisant n°7 de Tréguier.

  • vers 1363-1390 : Guillaume de Lesquen

  • 1391-1405 : Guillaume V du Val

  • 1406-1426 : Guillaume VI du Flo gisant n°3

  • 1426-1467 : Guillaume VII Boutier gisant n°2

  • 1470-1476 : Marc Gruel [peut-être le gisant n°1]

 Abbés commendataires (percevant les bénéfices)

  • 1487-1517 : Guy le Lyonnais mort en 1528 ; gisant n°6.

  • 1517-1545 : Mathurin Glé ;

 

 

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Les armoiries de sable à trois jards d'argent membrés et becqués de gueules qui permettent de l'identifier (malgré l'absence des couleurs) sont  visibles sur le gisant, dans un écusson placé entre les deux pantoufles de l'abbé. Le sculpteur ne manque pas d'humour puisque la pantoufle gauche est mordillée par un petit chien, dans une scène de genre touchante et familière. Un autre petit chien, à droite, est orienté tête vers l'extérieur.

D'ailleurs, l'ensemble de la sculpture est d'un style très particulier, bien différent de celui des autres gisants à la dignité stéréotypée. Certes l'abbé est allongé sur le dos, mains jointes, dans sa chape et sa robe monastique aux plis en bec. Mais ces plis sont, de façon invraisemblable, transfilés par une bande, sans doute une étole. 

Certes  son visage longiligne est austère, on ne peut dire si les yeux sont ouverts ou clos, mais  la  bouche aux lèvres pleines esquisse, comme dans un rêve doux, un demi-sourire. 

Le crâne tonsuré forme avec le visage en ovale une drôle de noisette, et le cou est excessivement mince, surgissant au milieu d'une encolure béante. L'abbé a oublié sa mitre. Il porte au poignet gauche le manipule.

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Le plus curieux est le personnage qui l'assiste à sa droite, et qui tient des deux mains, comme un contrebassiste, un instrument plus grand que lui. La crosse, tenu selon les usages à droite, bien-sûr, mais une crosse bien curieuse, dont la hampe est remplacée par des plis évasés, et où s'entrecroisent deux rubans.

Cet acolyte ne ressemble pas à un clerc, avec son chapeau de feutre, ses cheveux mi-longs, sa tunique courte au dessus de chausses modelant les jambes.

Donc, celui-ci tient la crosse. Mais que fait ce personnage féminin qui, à la gauche de l'abbé, arrange d'une main le coussin, et retient de l'autre son manteau-voile ? Dans la tradition, ce sont des anges qui s'occupent du coussin du dernier sommeil.

Les deux assistants semblent des sosies de l'abbé, car ils ont le même visage oblong. N'est-ce pas assez comique ?

Si on compare ce gisant à celui de tout les gisants des abbés de Beaulieu, sa profonde originalité ne peut que nous frapper. Cela la rend très attachante à mes yeux.

 

Une notice rédigée par le Musée de Dinan signale ces particularités en les qualifiant d'imperfections.

« les imperfections sont nombreuses sur cette œuvre à commencer par le traitement assez grossier du visage ou encore l'animation du drapé du costume, maladroitement restitué à travers une série de vagues sans finesse. Deux petits personnages prennet place de part et d'autre du corps. Celui de droite soutient le coussin sur lequel repose la tête de Guillaume tandis que celkui de gauche porte un bâton sculpté, probablement la crosse de l'abbé." (Focus, cf. Sources)

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L'abbé Guillaume de Lesquen a un homonyme dans sa famille, Guillaume de Lesquen, seigneur de Lesquen en Pluduno, né vers 1330, marié en août 1364 avec Jeanne Aimée du Parc ca 1335.

Les généalogistes mentionnent aussi son fils Guillaume, seigneur de Lesquen, 1365-ca 1425.

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Les quatre gisants de  l'église Saint-Malo de Dinan. Photo lavieb-aile août 2022.

Les quatre gisants de l'église Saint-Malo de Dinan. Photo lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Les armoiries :

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Au dessus des armoiries, le triangle sculpté de feuilles et glands de chênes correspond à l'extrémité de l'étole.

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Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

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SOURCES ET LIENS.

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— Focus Gisants, 2018 Brochure 16 pages - Villes et Pays d'Art et d'Histoire Ville de Dinan

https://issuu.com/caracteresgraphic/docs/16_pages_focus_gisants

L'abbaye de Beaulieu.

https://www.genealogie22.org/sites/racines_galleses/abbaye_beaulieu_languedias.htm

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Lesquen

http://poudouvre.over-blog.com/2018/02/notes-sur-la-famille-de-lesquen.html

https://gw.geneanet.org/claudie23?lang=fr&n=lesquen&oc=0&p=guillaume+de

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Published by jean-yves cordier - dans Gisants Monument funéraire Sculptures
26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 20:38

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët.

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a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët :

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b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe , Le Faouët:

 

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c. Chapelle Saint-Sébastien, Le Faouet.

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d. Eglise du Faouët.

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e. le Musée du Faouët.

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PRÉSENTATION.

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Tous les jubés ou clôtures de chœur que j'ai visité en Bretagne comportent, de chaque côté, une table d'offrande. C'est donc le cas pour le jubé de la chapelle Saint-Fiacre, le plus ancien des jubés en bois de Bretagne (1480).

On (j'ignore qui et depuis quand, cf. lithos) a placé sur la table d'offrande de droite une statue du duc Jean V agenouillé, tandis que celle de gauche accueille un retable en granite polychrome représentant le martyre de saint Sébastien. Ce dernier est déjà visible sur les lithographies de 1845 et de 1865 : est-ce son emplacement originel ? Avant même l'installation du jubé, qui est établi, sur le pilier, en s'encastrant dans une niche crédence antérieure ?

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Léon Gaucherel (1816-1886) : Eglise Saint-Fiacre Le Faouët (lithographie, tirée chez Thierry frères à Paris, 1845)

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Jubé de la chapelle Saint-Fiacre près du Faouët (Morbihan) - Lithographie de FICHOT, d’après un dessin de Félix BENOIST, publiée dans La Bretagne contemporaine, Nantes, 1865, t.II

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D'après cliché GFreihalter Wikipedia

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Ce retable provient de l'atelier ducal du Folgoët et sa datation est estimée par Le Seac'h vers 1450 : c'est dire son intérêt. En outre,  sa beauté m'émeut beaucoup, et répond, par sa peinture écaillée, à mon goût pour l'esthétique de l'usé, du fané et du souffrant.

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Au même atelier dit du Folgoët, actif dès 1423, sous le mécénat du duc Jean V,  à la collégiale du Folgoët (1423-1468), aux porches en granite de la cathédrale de Quimper(1424-1442) et du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon (1436-1472), de Kernascléden (1433-1464), de Quimperlé (1420-1450) et de Notre-Dame-des-Portes (1438) ou aux porches en kersanton de La Martyre et de Rumengol, est attribué le porche sud en granite de la chapelle Saint-Fiacre, daté par son style gothique flamboyant vers 1450.

C'est aussi au même atelier que sont attribués les deux gisants conservés en l'église du Faouët, datés vers 1425 et représentant Bertrand de Trogoff et son épouse Perronnelle de Boutteville.

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Ce retable adossé à la pile nord-ouest de la croisée du transept et de la nef présente un haut-relief du martyre de saint Sébastien.

Il mesure 1,42 mètre de haut, 1,67 mètre de large et 24 cm de profondeur. Il est composé de trois hauts blocs principaux,  rectangulaires, et d'un appareillage en partie haute d'une dizaine de pierres. Il est mouluré sur les trois côtés non portants.

Les trois personnages en ronde-bosse sont placés sur des consoles de hauteur inégale, celle où est placée saint Sébastien étant la plus haute. Celle de droite est finement sculpté de croisillons, "une frise de feuilles de choux plates au dessin systématisé" pour Le Seac'h.

Les traces de polychromie sont abondantes et associent le blanc (pour les carnations), l'ocre jaune, le rouge (pour les lèvres), noir (pour les yeux), et un très beau bleu turquoise pour le tronc de l'arbre, les bas-de-chausses de l'archer de gauche et pour les feuilles et tiges des rinceaux.

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Le thème : le martyre de saint Sébastien.

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On sait que ce saint est invoqué pour lutter contre les épidémies de peste, au même titre que saint Roch, car les blessures de flèche évoquent les plaies et lésions de cette maladie. C'est dans le cadre de ce culte que sera construite, un siècle et demi plus tard (1598-1608) la chapelle Saint-Sébastien du Faouët lors d'épidémies de pestes.

On notera que la chapelle Saint-Fiacre s'est élevée près d'un ancien hôpital, ou un hébergement de pèlerins, dont témoigne une inscription lapidaire sur une maison voisine : LAN MIL CCCC XXXVI FUST FAIT CEST OSPITAL PAR C[BOUTE]VILLE. Il faut probablement attribuer aux Boutteville, famille normande passée dès le XIIIe siècle au service des ducs de Bretagne, l'introduction du culte de saint Fiacre, saint invoqué  contre les maladies de peau. Une fontaine située à 500 mètres de la chapelle a été redécouverte en 1979 ; il s'agit d'un ensemble exceptionnel de trois bassins, un véritable établissement thérapeutique dédié aux maladies de la peau" (J.J. Rioult 2021).

Le culte de saint Sébastien  est présent dans toute l'Europe. Et ses statues  sont aussi fréquentes dans les églises et chapelles que ses enluminures et prières d'invocations le sont dans les Livres d'heures.

https://www.persee.fr/doc/mefr_1123-9883_1997_num_109_2_3587

Il est représenté seul, les bras et les jambes liées à un arbre ou une colonne, et le corps nu transpercé de 5 à 7 flèches, ou bien entouré, dans la même posture, de deux archers bandant leur arc.

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Description.

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Saint Sébastien a les mains liées derrière le dos à un tronc d'arbre. Il est vêtu d'une simple culotte moulante à braguette distincte et ceinture serrée par deux lacets.

"Les côtes sont apparentes comme pour le Sébastien de Daoulas (atelier du Folgoët)  et celui du porche des Hommes de Kernascléden ( 1433-1464).

Son corps dégage une impression de vigueur caractéristique  de l'atelier avec un galbe musculaire marqué. Les cheveux sont coiffés en calotte, court sur le front et derrière les oreilles. Les yeux, le nez et les fossettes sont aux formes habituelles de l'atelier. Le pavillon des oreilles est large  comme sur les quatre évêques de la façade méridionale du Folgoët. Le saint esquisse un léger sourire qui est accentué par le carmin des lèvres et le sourcil  gauche en accent circonflexe." (E. Le Seac'h)

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La description d'Emmanuelle Le Seac'h, dont la préoccupation majeure  et bien légitime est de rattacher diverses œuvres, dont celles-ci, à l'atelier du Folgoët pour en dresser le catalogue critique, attribue "l'impression de vigueur" et le galbe musculaire marqué au style de cet atelier, mais par contre, il me faut souligner que cette constitution athlétique est propre au sujet iconographique lui-même. Saint Sébastien, qui était considéré comme un Athleta Christi,  est  représenté depuis le XVe siècle torse et jambes nues, c'est un éphèbe apollinien dont la virilité est, sans jeu de mots, un attribut au même titre que sa beauté solaire. Mais cette virilité est ambiguë, atténuée par une androgynie des traits, et souvent mais non ici par un  de la posture en contrapposto.

Un autre attribut (outre l'arbre auquel il est attaché, les flèches et les archers) est ce "léger sourire" qui, tout en participant à la grâce du visage,  témoigne, dans les choix artistiques modérés, d'une belle indifférence aux blessures qui le frappent, et dans des choix plus accentués, de la satisfaction du saint de souffrir en martyre pour son Dieu.

 

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Un élément remarquable est l'absence de flèches, ou d'orifice de flèches, sur le corps du saint.

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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"Les pommettes hautes et la vêture des deux soldats sont similaires à celles rencontrées à Quimperlé sur la statue du duc Jean V ou au Folgoët sur celles des Rois Mages. L'archer de droite porte un pourpoint long aux plis verticaux, resserrés à la taille par une ceinture plate aux manches à gigots fendues pour l'aisance. Il est coiffé d'une calotte ronde. Il est sculpté de face tandis que ses membres et sa tête sont de profil. La marque médiévale se reconnaît ici dans la difficulté  à rendre les mouvements, dans le hiératisme des corps et la grande schématisation des visages qui tendent vers l'épure." (E. Le Seac'h p. 68)

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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De chaque côté, des rinceaux à feuilles larges peints en bleu-vert s'élèvent de la gueule d'animaux, exactement comme sur les moulures des porches sculptés par l'atelier. Du côté droit, où le motif est le plus visible, on reconnaît un dragon ailé. 

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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"Celui de gauche porte un chaperon enturbanné à un pan aussi appelé chapeau à bourrelet et à crête. Sculpté de profil, il porte une armure dont le plastron est arrondi  dans le bas et fendu sur les côtés et au milieu. "(E. Le Seac'h p. 68)

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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ANNEXE : ICONOGRAPHIE.

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Saint Sébastien, atelier du Folgoët, parc de l'abbaye de Daoulas. Photo lavieb-aile.

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Statue en bois de saint Sébastien, chapelle de la Magdelene à Briec-sur-Odet. Photo lavieb-aile.

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Eglise du Tréhou. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, bois, XVIe siècle, chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton. Photo lavieb-aile.
Calvaire de Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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archer, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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archer, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

 

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Saint Sébastien, kersanton, porche de Ploudiry. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton, atelier Prigent vers 1550. Chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton, atelier Prigent vers 1550. Chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photo lavieb-aile.

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Verrière de saint Sébastien, XVIe siècle, église de Plogonnec. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton, vers 1640, Roland Doré, calvaire de la Croix-Rouge ou Creis Ru de Dirinon. Photo lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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—GROER (Léon de). L'architecture gothique des Xve et XVIe s. dans les anciens diocèses de Quimper et de Vannes. Etude de quelques ateliers. Thèse Ecole des Chartes, 1943. Doc dactylographié inédit.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3370857s/f1.item.texteImage

 — LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 69 et 314.

 

—LEFEVRE-PONTALIS (Eugène),  1914. Le Faouët, chapelle de Saint-Fiacre, dans Congrès archéologique de France, LXXXIe session tenue à Brest et à Vannes en 1914 par la Société française d'Archéologie, Paris, 1919, p. 348-355.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224131z/f512.item

— MOIREZ ( Denise),  Rioult (Jean-Jacques), 1965, La chapelle Saint-Fiacre du Faouët,  Dossier IA00008411 de l'Inventaire général du patrimoine.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-fiacre-le-faouet/4613b595-0f59-4fae-8e14-169027523909

Présentation :

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_01.pdf

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_02.pdf

Jubé :

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_03.pdf

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_04.pdf

Vitraux :

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_05.pdf

— Le Faouët et Gourin. Inventaire topographique. Paris, 1975, p 43-50.

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Atelier ducal du Folgoët Le Faouët.
25 août 2022 4 25 /08 /août /2022 20:38

Les sablières (1600-1608), les blochets (1939), les inscriptions lapidaires (1598-1599) et les culots  de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56). Le pardon de 2015. 

Reprise complétée de l'article de 2015.

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Voir les autres articles sur le patrimoine du Faouët:

a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre :

b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët:

c. Chapelle Saint-Sébastien

d. L'église du Faouët.

 

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PRÉSENTATION.

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Inscription de fondation.

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La chapelle Saint-Sébastien est située sur la commune de Le Faouët, ( Morbihan) au lieu-dit de « Saint-Sébastien », à 50 mètres de la route menant du Faouët à Rostrenen, entourée de bosquets sur le plateau qui domine la vallée de l' Ellée.

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La construction de la chapelle a commencé en 1598 comme l'atteste l'inscription en caractères romains  sur une pierre encastrée dans le parement externe du mur Nord :

 

« CESTE CHAPELLE FUT TR / OVEE . LE . 22 . IOVR :  DE / IVILLET .  ET COMMANCE / LE .  21 DE .  SEPTEMBRE /  1598 .  I POVLIQVIN GOVE / RNEVR ET RECTEVR. »

Cette inscription est accostée et surmontée d'un motif d'anneaux en chaîne formant frise.  Au dessus,  frise de godrons surmontés d'une corniche en talon. Juste en dessous de cette inscription se trouve la date 1599.

Un expert comme J.-Y. Copy interprète  la phrase "la chapelle fut trovée", d'un emploi rare, dans le sens "fut trouée" , par le creusement des fondations, tout en exprimant son embarras.  

La date correspond au règne de Henri IV  (1589-1610), et à la fin des Guerres de religion, puisque  l'Edit de Nantes a été promulgué en avril 1598, précédé en mars de la prise de Dinan et de la soumission des ligueurs bretons. En 1589 et 1598, le duc de Merceur avait tenté de se constituer une principauté autonome. (Françoise, la fille du duc de Mercœur épousera César de Vendôme, fils du roi et de Gabrielle d'Estrées). En 1595, Guy de Fontenelle s'était emparé du château de Crémenec en Priziac et écumait la région de Priziac et du Faouët.

Cette date est tardive si on la compare à celle de la reconstruction, au Faouët, de la chapelle Saint-Fiacre (1450), ou de l'édification de la chapelle Sainte-Barbe (1498, voûtée en 1512). Aussi pense-t-on que la chapelle Saint-Sébastien a peut-être été construite,  entre 1598 et 1608,  sur un édifice plus ancien dont les seuls vestiges sont les écus réemployés dans les vitraux. Il s'agit des écus parti de France et de Bretagne (Anne de Bretagne, 1491-1513),  ceux des Bouteville (d'argent à cinq fusée de gueules) plein timbré d'une couronne comtale et encadrées de palmes, et parti de Bouteville (brisé d'une cotice d'azur) et de ?. Or, les Bouteville ne sont plus seigneurs du Faouët depuis le mariage de l'héritière du titre Jeanne de Bouteville, avec le marquis de Goulaine en 1559.

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Nous allons découvrir dans les sablières les dates de 1600 (deux fois) et 1608, indiquant que la charpente a été terminée au plus tard en 1608, dix ans après le début du chantier.

La couverture, la charpente, le lambris, et les vitraux ont été restaurés de 1920 à 1939.

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Inscription de fondation, porte nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Inscription de fondation, porte nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Inscription de fondation, porte nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 écu parti de France et de Bretagne, armoiries  pleines timbrées d'une couronne comtale des Bouteville. Armoiries parti de successeurs de Bouteville et de ?,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
 écu parti de France et de Bretagne, armoiries  pleines timbrées d'une couronne comtale des Bouteville. Armoiries parti de successeurs de Bouteville et de ?,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

écu parti de France et de Bretagne, armoiries pleines timbrées d'une couronne comtale des Bouteville. Armoiries parti de successeurs de Bouteville et de ?, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

 

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La chapelle, dédiée à Saint Sébastien protecteur de la peste, a probablement été bâtie en réaction à l'épidémie de peste de 1598, que relate le chanoine Jean Moreau dans ses Mémoires des guerres de la Ligue en Bretagne. L'épidémie est attestée en 1598 à Pontivy, Malguénac et Vannes, et en 1605 à Vannes.

Photo Wikipédia Lanzonnet

 

La chapelle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 28 décembre 1934.

 

L'édifice est en forme de croix latine, à large nef unique et chœur polygonal (trois pans et une travée droite à larges croisillons). Des contreforts angulaires sont amortis par des pinacles et ornés de gargouilles sculptées. Le chevet à trois pans-pignons est de type "Beaumanoir" du nom des maîtres d'œuvre  originaire de la région de Morlaix, mais dont l'influence s'étend jusqu'ici. On peut y voir une belle poutre de gloire. Le mobilier est constitué de quatre niches-crédences, un bénitier, un autel, un maître autel et un retable. Mais l'édifice est surtout remarquable par le décor de ses sablières.

La charpente : L'espace intérieur est couvert par une charpente lambrissée en berceau plein cintre nervuré, à fausses voûtes d'ogive sur la croisée et l'extrémité du chœur. Ligne de faîte ornée de boutons moulurés ; entraits à engoulants, sablières historiées, blochets et culots du chœur figurés. Ainsi, un siècle après la construction de la chapelle Sainte-Barbe, la voûte a été abandonnée, mais on a cependant conservée les piles de la croisée, le colonettes du transept et les culots en tas-de-charge du chœur, en leur donnant la fonction de supports des blochets et des retombées des fausses voûtes. ces retombées semblent découler directement de l'influence locale des chapelles de Saint-Fiacre et de Sainte-Barbe. (d'après Inventaire Général, 1975)

 

 

Situation ; Plan en croix latine de la chapelle Saint-Sébastien, (d'après Inventaire Général, 1975) Le Faouët.
Situation ; Plan en croix latine de la chapelle Saint-Sébastien, (d'après Inventaire Général, 1975) Le Faouët.

Situation ; Plan en croix latine de la chapelle Saint-Sébastien, (d'après Inventaire Général, 1975) Le Faouët.

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Inscription de la niche-crédence du mur sud du chœur.

 

POVLIQUIN  1599

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Il s'agit du nom du recteur mentionné ultérieurement.

 

Niche crédence (1599) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Niche crédence (1599) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Niche crédence (1599) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Niche crédence (1599) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Niche crédence (1599) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Niche crédence (1599) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

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LES SABLIÉRES.

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Elles font la réputation de cette chapelle, et les motifs de la danse bretonne et du joueur de cornemuse, de la chasse au sanglier, du jeu de bâton, ou du martyre de Sébastien font l'objet d'études spécialisées. Mais je n'ai pas trouvé, en ligne, d'étude systématique des 22 sablières exécutées entre 1600 et 1608 par Gabriel Brenier. Ce dernier s'est inspiré, pour divers motifs, du jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët.

 

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LES SABLIÉRES DE LA NEF.

 

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Nous avons affaire, je crois, à une charpente "à chevrons-formant-fermes" à la voûte, non lambrissée aujourd'hui, en carène : les entraits découpent les sablières en ensembles (correspondants aux travées ) qui ont leur propre cohérence iconographique.  Je compte ainsi quatre ensembles pour chaque coté de la nef, le dernier (vers le chœur) étant de moitié plus court. Je les décrirai d'ouest en est, en avançant vers le chœur. Dans mon décompte, je pars de la première sablière décorée, sans tenir compte de la travée de la tribune.

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I. Sablières du coté nord de la nef.

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Nous trouvons successivement :

  • Décor géométrique

  • Chaîne de danseurs et danseuses.

  • Jeu du bâton breton, et inscription.

  • Masque et rinceaux.

 



 

Les sablières portent plusieurs dates ainsi que l'inscription :

« FAICT PAR GABRIEL BRENIER L'AN 1608. »

Sablières et entraits ,  coté nord de la nef, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablières et entraits , coté nord de la nef, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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1. Composition géométrique.

 

 

 

Frise de sept carrés divisés par des diagonales et ponctuées de ronds en creux et en bosses. Décor périphérique de quadrilobes et de tirets en I.

 

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Sablière première travée nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière première travée nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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2. Chaîne ouverte de danseurs et danseuses.

 

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C'est sans-doute la scène la plus connue, notamment grâce à une exposition organisée par l'association Dastum. Une sarabande est menée par conduite  à droite d'un joueur de cornemuse.

Pris sur Wikipédia : " Les costumes portés par les personnages sont représentatifs de ceux portés par l'aristocratie et la bourgeoisie au tout début du xviie siècle. Les danseurs de la sarabande portent chapeau à bords relevés, pourpoint et culotte bouffante tandis que les danseuses sont coiffées d'une barrette terminée en pointe sur le front. L'une d'entre-elle, celle au centre, porte même busc à la taille, fraise et larges jupons"

 

Sarabande, diable et joueur de cornemuse,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Chaîne de danse ouverte, , nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

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Sarabande, diable et joueur de cornemuse,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Chaîne de danse ouverte, ,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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La danse est menée, à droite,  par un joueur de cornemuse.

Jean-Luc Matte a recensé plus de 40 données iconographiques de cornemuses en Morbihan, dont 4 au Faouët. Il n'a bien-sûr pas oublié le joueur de Saint-Sébastien : "cornemuseux jouant pour une chaîne ouverte où alternent danseuses et danseurs. A l’opposé du cornemuseux, un personnage fantastique, assis à terre, tient la main de la dernière danseuse et une chope de l’autre main. 1 bourdon d'épaule à deux raccords"

Ce musicien a figuré, inversé, sur la couverture du catalogue de l'exposition "Instruments du diable, musique des anges", Dastum, Musée de Bretagne à Rennes et Musée de la Cohue à Vannes, 1999 :

http://dastum.org/index.php?id_product=54&controller=product

 

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On le comparera à celui qui joue sa musique diabolique sur le jubé de Saint-Fiacre du Faouët, et à celui qui officie sur la tribune de la chapelle Saint-Yves de Priziac.

Sonneurs, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, 1480-1492, photographie lavieb-aile.

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Joueur de cornemuse, chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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Anges  joueurs de cornemuses, vitrail baie 2, chapelle sainte-Barbe, Le Faouët.Photographie lavieb-aile.

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Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

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En somme, ces sonneurs dont le talent endiablé et irrésistible de faire danser a été dénoncé par les recteurs bretons depuis des siècles  ne sont nulle part plus nombreux que dans les églises et les chapelles. 

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Sarabande, diable et joueur de cornemuse,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

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Le Diable prend note des personnes présentes à la fête.

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Le Diable possède de nombreux traits animaliers : œil de bœuf,  groin de porc, cornes dépassant de son chapeau rond, tignasse hirsute, oreilles pointues, pattes fourchues. Pourtant, il se dissimule sous un vêtement fort civil, et il porte à la ceinture son plumier et son encrier. Il tient ses comptes des futurs pensionnaires de l'Enfer sur une tablette, tandis que galamment il tient la main d'une cavalière. 

Une scène analogue figure sur le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, où le diable écrit les propos de deux femmes se livrant au commérage.

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Sarabande, diable et joueur de cornemuse,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

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3. Troisième travée. Jeu du bâton breton, et inscription.

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a) Jeu de bâton breton.

Deux hommes tête-bêche luttent pour la possession d' un bâton. Ils sont vêtus d'un pourpoint, de braies (bouffantes et peut-être à crevés pour celui de gauche), de guêtres, et, pour l'un d'entre eux, de chaussures.

Il s'agit sans-doute de la représentation d'un jeu de pardon, modifiée pour résoudre la difficulté technique imposée par la sablière.

  Selon Fanch Peru, qui rappelle l'adage « Jeux de bâtons, jeux de Bretons » , les Celtes en général et les Bretons en particulier semblent avoir eu une sorte de prédilection pour les jeux de bâtons, notamment lors des pardons. On en décrit essentiellement deux, le bâton à bouillie (ar vazh-yod) et le bâton par le bout (ar vazh-a-benn).

1. Le bâton à bouillie (ar vazh-yod)

Ce jeu met en présence deux concurrents assis par terre, face à face, les pieds calés contre une planche fixée à chant et tenant à deux mains par le travers un gros bâton. Pour gagner il faut amener l'adversaire de son côté ou l'obliger à lâcher le bâton.

2. Le bâton par le bout (ar vazh-a-benn)

Portés à plat ventre par quatre solides gaillards pendant que d'autres leur tirent sur les pieds, les concurrents serrent à deux mains dans le sens de la longueur un bâton de taille moyenne. Le vainqueur est celui qui garde le bâton en main.

On lit dans « Contes populaires des anciens Bretons », de Théodore de la VILLEMARQUÉ (Paris, 1842, p. 288), la description suivante :

« COMBAT DU BATON.
Ce genre d’escrime était en usage dans le pays de Galles avant le dix-septième siècle. A cette époque, les ministres de la religion prétendue réformée l’abolirent avec les autres jeux nationaux gallois, qui sont maintenant remplacés par les orgies du cabaret. Il existe encore en Bretagne, dans certaines paroisses rurales, notamment en Cornouaille, et la manière dont on le pratique, semblerait autoriser à croire qu’il n’était point étranger, dans le principe, aux vieilles institutions celtiques.
La nuit de la fête des Morts, des jeunes gens et des jeunes filles qui se sont donné le mot, se rendent secrétement dans une chapelle écartée ; on allume des cierges, on récite des prières, on chante des cantiques en l’honneur des trépassés ; puis un vieillard, généralement le sorcier du pays, qui a le privilège d’assister à la lutte et de la présider, crie trois fois : Lis ! lis ! lis ! Aussitôt un cercle se forme ; deux champions y entrent : parfois ils sont armés chacun d’un penn-baz, ou casse-tête, et la lutte s’engage selon les règles ordinaires du combat au bâton ; mais le plus souvent, ils n’en ont qu’un seul, et se le disputent à force de bras, assis à terre en face l’un de l’autre. Le bâton reste au vainqueur, et le vaincu a la honte de recevoir la bascule de la main des jeunes filles. »

 

 

Troisième travée : jeu de bâton breton,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Troisième travée : jeu de bâton breton,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Troisième travée : jeu de bâton breton, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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b) Inscription.

Deux anges présentent un rouleau où est inscrit « FAICT : PAR : CA / BRIEL . BRENIER /  : LAN 1608. »

Les "deux points" sont en fait des points triples.

Gabriel Brenier n'est pas connu autrement que par cette inscription.

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sablière de la troisième travée,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
sablière de la troisième travée,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

sablière de la troisième travée, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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4. Hémi-travée : masque feuillagé crachant des  rinceaux.

 

Tête d'homme au nez épaté et aux yeux écarquillés, tonsuré (ou coiffé d'un chapeau de paille) au chef surmonté de trois feuilles. Barbe, ou fraise. De sa bouche partent deux tiges qui se déroulent en rinceaux à feuilles (lancéolées) et à fleurons.

Ce motif est repris plus loin.

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tête et rinceaux.  dernière travée,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

tête et rinceaux. dernière travée, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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II. Sablières du coté sud de la nef.

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 S1 : Masque avec godrons divergents.

 

La tête coiffée d'un chapeau rond est ailée.

 

 nef coté sud,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

nef coté sud, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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S2.Deux hommes endormis tête bêche.

 

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Cette sculpture a un sens qui nous échappe. Un autre jeu breton ? La position symétrique des corps, l'appui des deux pieds l'un contre l'autre,  la posture dite "du songeur", main soutenant la tête, nous interrogent.

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nef coté sud,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

nef coté sud, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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S3.Scène de chasse : chien portant un collier devant un lièvre.

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Un homme (rabatteur ?) sonne de la trompe et tient une pique. Deux chiens, reconnaissables à leur collier, poursuivent deux animaux sauvages, sur un fond de feuillage.

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Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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nef coté sud,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

nef coté sud, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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S4. Chasse au sanglier.

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C'est une scène rare où nous voyons un chasseur enfoncer son épieu dans la gueule d'un sanglier assailli par un chien.

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Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).

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Animal à tête anthropomorphe tenant un rouleau.

 

 
nef coté sud,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

nef coté sud, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

 
 

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SABLIÉRES DES BRAS DU TRANSEPT.

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I. Bras nord du transept.

1°) Le coté est.

a) sablière de gauche, au dessus de la fenêtre.

A gauche, trois personnages à genoux. Le premier, à capuche et bure, présente un livre. Le second, également encapuchonné, pose sa main sur la tête nue du troisième, barbu, qui lui fait face. Cette scène est interprétée comme " saint Martin baptisant un catéchumène " ou comme "scène d'exorcisme".

Dans un cartouche, Inscription datée : 1600 / LE : 26 D / E : IV / IN

qui est transcrite comme : "1600, le 26 de juin". 

Un cerf (? deux oreilles et un bois ; sabots) se tourne gueule ouverte vers l'inscription.

Deux anges tiennent un cartouche. Inscription en lettres latines I :

POV / LIQV / IN : R : I / HOARN / ER M C H R

(dernière ligne douteuse)

Nous retrouvons ici le nom du recteur I[ann] Pouliquin déjà relevée avec la date de 1598 sur l'inscription lapidaire. Si on l'associe au cartouche précédent, cela peut donner "1600, le 26 de avril Iann Pouliquin Recteur,  Iann Hoarner [---]"

 

L'orthographe Pouliquin est attestée en variante de la forme commune Pouliquen. La famille Le Hoarner est attestée au Faouët par les généalogistes : couple Guillaume Le Hoarner  1643-1698 / Jacquette Laour. La variante plus commune est Houarner ou Le Houarner, Le Hoüarner

 

 

 

Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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b) Sablière de l'hémi-travée du centre.

(sauf confusion d'image)

Chasse : chien poursuivant un cerf.

Sablière du bras nord du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

 
 

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2°) Le coté ouest.

 

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II. Bras sud du transept.

1°) Coté est.

L'entrait la divise en une sablière entière, et une demi-sablière jusqu'au pilier de la croisée.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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a) Sablière au dessus de la fenêtre. Inscription.

de gauche à droite :

 

Inscription dans un rouleau tenu par deux anges agenouillés (manches bouffantes)  :

I : PO / LIQV / IN : P : R : DE : MEz

Je propose la transcription suivante : "I[ann] Pouliquin Prêtre ? Recteur de Mez", mais le -z final est vraisemblablement une abréviation.

 

 

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Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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martyre de saint Sébastien.

Ce motif où deux archers se faisant face vise le saint martyr placé au milieu d'eux se retrouve dans un groupe sculpté de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, ou à l'entrée de la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal (29)

Martyre de saint Sébastien, sablière du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Martyre de saint Sébastien, sablière du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Je propose ici une photographie du retable de Saint-Sébastien de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Il date du milieu du XVe siècle ; le  Retable cadre fait corps avec la pile nord-ouest de la croisée h = 142 ; la = 167 . Sébastien, comme dans le modèle le plus fréquent, est nu à l'exception d'un pagne court dont la ceinture est lacée. Attaché à une colonne, il sourit, indifférent aux flêches que les soldats dont il était l'officier tirent à bout portant. Les archers sont vêtus d'un costume  époque Charles VII,. L'ornementation latérale est faite de rosettes et de pampres ; le socle du bourreau de droite porte un décor à rosettes.

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Martyre de saint Sébastien, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Martyre de saint Sébastien, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

 
 
Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

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b) Sablière près de la croisée.

Frise d'une banderole pliée en zig-zag, avec 5 hommes bras étendu, en costume "d'époque". Cheveux courts, frisés, coupés au bol (clercs ?). veste à l'encolure très serrée sur un col en V (fraise pour le n°2 ?) et aux manches bouffantes aux épaules. Visages ronds, aux yeux ronds et au sourire stéréotypé.

Inscription G: BRENI / ER DICT FERR / 1600.

Il s'agit du charpentier Gabriel Brenier, qui a signé la sablière de la nef nord avec la date 1608. Il fut donc actif ici de 1600 à 1608.

Un Jean Brenier est attesté par les généalogistes avec les dates 1575-1626, parmi d'autres exemples postérieurs affirmant que Gabriel Brenier est un artisan local.

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Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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2°) Coté ouest.

Au dessus d'une porte.

a) Frise en bande pliée à sept anges.

Même motif en ruban replié en zig-zag, mais sans inscription. Il s'agit ici d'anges, dont la coiffure est la même que les clercs de la sablière du coté est, mais dont les vestes, sauf dans un cas, ne sont pas fermés par une ligne médiane. la ligne de drapé, qui se casse en épingle à cheveux au creux de chaque angle, est très élégante.

 

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Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

 
 

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b) Renard attaqué par des poules.

 

 

Un renard entré dans la basse-cour a saisi une poulette par le cou, mais deux oiseaux (a posteriori des poules) l'assaillent en mordant ses oreilles de leur bec tandis qu' un coq le mord sur l'arrière-train.  

 

Goupil attaqué par les poules, Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Goupil attaqué par les poules, Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Cette scène est célèbre, d'autant que le thème de Goupil (ou Renart) et les poules est fréquent dans les sablières et autres sculptures bretonnes. Sophie Duhem, docteur en Histoire à Rennes 2 puis maître de conférences en Histoire de l'art moderne à l'Université de Toulouse-Le-Mirail, y a consacré un article dont je donne les extraits suivants : 

DUHEM (Sophie), 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle  

 

"Le renard se démarque de ses congénères par sa nature maléfique.

Mais Renard est surtout connu pour le rôle de premier plan qu'il joue dans la vaste épopée qui porte son nom. Ce roman satirique, rédigé par des clercs successifs entre 1170 et 1250, remporte un vif succès en France et donne naissance à un genre parodique où le monde animal présente un reflet de la société humaine et de ses excès. C'est ce monde que parcourt le goupil, et ce sont ses aventures que bon nombre d'artistes trouvent plaisir à illustrer dans les divers domaines de l 'art, tout au long du Moyen Âge. Ainsi Renard apparaît à de nombreuses reprises dans la sculpture bretonne, sur des supports de bois qui remontent pour les plus anciens à la fin du XVe siècle, et sur quelques décors de charpentes plus tardifs, pour certains datés du milieu du XVIIe siècle !

Les aventures de Renaît qui inspirent ces représentations sont certainement bien connues des populations bretonnes, sans cloute véhiculées par les conteurs et les conteuses lors des veillées. Noël du Fail évoque à plusieurs reprises le goupil dans les descriptions qu'il fait du milieu paysan des campagnes rennaises au X VIe siècle.

Renart prêchant les poules, une image appréciée des artisans bretons à la fin du Moyen Âge.

L'illustration d'un thème original, celui de Renart prêchant les poules, apparaît sur quelques décors de bois. Cette image présente le goupil revêtu d'un habit monacal, placé debout dans une chaire et s 'adressant à une assemblée de poules attentives.

La figure caricaturale de l'animal travesti en moine doit être rattachée aux écrits satiriques inspirés du roman ; Ysengrimus, un manuscrit réalisé en Flandres vers 1150 évoque déjà la figure de l 'animal travesti en moine — ici le loup Ysengrin — qui annonce celle plus tardive de Renart camouflé, jouant sournoisement de cet artifice pour tromper son entourage.

Une illustration de Renart apparaît sur le jubé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët, décoré par le sculpteur Olivier Le Loërgan dans les années 1480. La saynète située au niveau de la clôture, face à la nef, raconte en quatre épisodes les péripéties de Renart. À gauche, il est monté en chaire, prêchant les gelines placées face à lui. Il dévore l'une d'elles sur le relief suivant ; les autres volailles se regroupent et l'attaquent, et dans la dernière scène, aidées du coq, écorchent vif le goupil. Plus que l'envers parodique de l'enseignement prêché par l'Église, il a conféré consciemment ou non à son discours une portée moralisatrice dont témoigne la fin tragi-comique du faux moine, écorché par les poules.

La figure insolite de « Renart escorché »

Un épisode particulier, associé aux représentations de Renart prêchant, met en scène un goupil écorché, cruellement dévêtu de sa fourrure par les poules courroucées. À nouveau, le thème semble puiser ses racines dans le fonds littéraire de l'épopée satirique rapportant l'histoire du goupil : ainsi, la chasse qui s'engage contre le renard est-elle surtout motivée par l'espoir de le déposséder de son manteau.

L'animal apparaît sur la face est du jubé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët, dans la bouche d'un homme qui escorche le renard .

Renart, acteur de saynètes comiques sur les reliefs sculptés des XVIe et XVIIe siècles

En marge des thèmes anciens, des images de Renart dans le cadre de séquences comiques ornent les sablières plus tardives, datées des XVIe et XVIIe siècles. L'animal est cette fois pourchassé par une fermière pour avoir dérobé poissons et saucisses.

Le thème de la paysanne frappant l'animal avec sa quenouille est connu des illustrateurs de manuscrits et des sculpteurs depuis le XIIIe siècle. 

Dépourvus de modèle iconographique défini, il semble que les artisans se soient inspirés des images sculptées dans les bourgs voisins — les supports sont localisés — tout en les enrichissant de détails puisés dans leur propre fond culturel. L'observation de ces exemples conduit également à un constat : le choix des sculpteurs s'est davantage porté au XVIe siècle sur les épisodes comiques plutôt que sur les images intellectualisées de Renart prêchant ou de Renart écorché.

Le renard et les poules : la naissance d'un modèle stéréotypé (XVIe-XVII siècles)

 Les représentations inventives que nous avons présentées ne constituent pas l'essentiel des images du goupil sculptées sur les sablières des XVIe et XVIIe siècles. Le thème du renard attaquant les poules, isolé du cycle narratif de Renart prêchant dans lequel il était inséré à la fin du Moyen Âge, apparaît sur de nombreux décors. Dans la chapelle Saint-Sébastien au Faouët, où la charpente est précisément datée de 1600-1608, une poutre de belle facture montre l'animal aux prises avec plusieurs gélincs: il tord le cou à l'une d'entre elles mais cstassailli de tous côtés par des volailles de grande taille qui dévorent ses oreilles et piquent son arrière-train. Les décors stylisés de la charpente sculptée de l'église de Trémeur présentent des figures enchevêtrées parmi lesquelles se distinguent quelques poules et plus loin Renart attrapant l'une d'elles.

Si le thème de l'animal en quête de nourriture et dévorant sa proie est fréquent dans la décoration des sablières, la vengeance des volailles apparaît peu, en dehors des représentations anciennes montrant le goupil écorché. Une sablière de Gourin illustre néanmoins la fin tragique de l'animal : la facture de l'ensemble est très rudimentaire, mais la séquence est des plus insolites ! D'un côté un coq apparaît, de l'autre le Goupil, suspendu horizontalement, empalé sur deux broches .

Pourtant, sur bien des reliefs la saynète est réduite à sa plus simple expression, celle d'une image stéréotypée montrant la poule menacée par le prédateur.

L'étude de ces images laisse entrevoir le changement des goûts qui s'opère entre la fin du XVe siècle et le XVIIe siècle dans le milieu des sculpteurs sur bois. Jusqu'au début du XVIe siècle, les artisans s'accommodent parfaitement de la représentation satirique du renard qu'ils insèrent de façon cohérente et réfléchie dans leurs programmes décoratifs. L'absence de représentations sur les sablières postérieures à 1 5 1 3 accuse une désaffection pour le thème, alors qu'apparaît l'image plus distrayante du goupil et de la paysanne. Si quelques artisans traitent de manière personnelle et originale cette nouvelle représentation, et ceci jusqu'au milieu du XVIIe siècle 31, la plupart simplifient le thème originel, créant ainsi l'image binaire et stéréotypée de type renard I poule. Cette simplification iconographique amène une remarque : elle est l'expression d'un désintérêt des sculpteurs pour les séquences narratives, un désintérêt qui est probablement lié à une incompréhension des modèles originaux. La méconnaissance des récits épiques et satiriques aurait graduellement détourné les sculpteurs des représentations élaborées de Renart, en vogue dans les ateliers bretons à la fin du Moyen Âge."

"INVENTAIRE Images de Renart dans la sculpture sur bois bretonne.

— Représentations de Renart prêchant aux poules et de Renart écorché : Le Faouet (Ch. St-Fiacre, v. 1480), Le Faouët (Ch. Ste-Barbe, XVIe s.), Grâces-Guingamp (1506-1512), Plumelec (Ch. St-Aubin, 1513), Saint-Gilles-Pli- geaux (XVe-XVIe s.), Tréflévenez (XVIe s.). 

— Représentations de Renart et la fermière et variantes : Cléguérec (Ch. de laTrinilé, milieu XVIe s.), Guilligomarc'h (Ch. St-Éloi, XVIe s.), Meslan (1527), Ploërdut (Ch. de Crénenan, 1652), Plougras (Ch. du Cimetière, XVIe s.), Plourac'h (XVIe s.), Pont-Aven (Ch. de Trémalo, XVIe s.), Saint-Nicolas-du-Pé- lem (Ch. St-Éloi, milieu XVIe s.), Séglien (Ch. St-Jean, XVIe s.) .

— Renart et les poules : Callac (Ch. St-Treffrin, XVP/XVIF s.), Châtelaudren (Ch. Notre-Dame-du- Tertre, XVIe s.), Edern (Ch. du Niver, XIXe-XXe s.?), Le Faouët (Ch. St-Sebastien, 1600-1608), Gourin (XVIe s.), Guern (Ch. de Quelven, XVe-XVIc), Guimiliau (lere moitié du XVIIe s.), Landerneau (Ég. Si-Thomas, XVIe s., représentation disparue), Landudal (XVIe-XVIP s.), Langast (Ch. St-Jean, XVIe s.), Lanvénégen ( XVIe s.), Magoar (XVIe s.), Neuillac (Ch. de Carmes, XVIe s.), Plévin (Ch. St-Abibon, XVIIe s.), Plouay (Ch. de Locmaria, XVIe s.), Plourac'h (XVIe s.), Le Quillio (Ch. St-Maurice, XVIe s.), Séglien (Ch. de Locmaria (XVIe s.), Suscinio (Château, fragment provenant de l'église de la Roche-Bernard, XVIe s.), Trémeur (milieu XVIe s.) 

— Autres images de Renart : Daoulas (Abbaye, XVe s.), Hopîtal-Camfrout (XVIe s.), Loqueffret (XVIe s.)." (S. Duhem)

Nous avons donc ici un Renart attaquant les poules, et attaqué par les poules et le coq, dans le cadre d'un cycle narratif dont les divers épisodes, détaillés à la chapelle Saint-Fiacre et rappelés à la chapelle Sainte-Barbe du Faouët, devait être suffisamment connu des paroissiens pour  que la scène fonctionne comme rappel de l'ensemble, et comme mascotte surdéterminée par des interprétations libres.

Voici l'image que j'avais admiré à Saint-Fiacre, et qui sert manifestement de modèle ici. Je la place entre la scène précédente (Renart prêchant) et  la scène suivante (Renart dépecé par les poules et le coq). Cliquez sur l'image.

 

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Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile
 
 

Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

Sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile 2022.

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Le chœur. 

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I. sablière du coté nord.

 

 

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Sablière du coté nord du chœur, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du coté nord du chœur, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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a) Tête à front ceint  ou masque dont la bouche donne naissance à deux tiges se terminant en spirales

Motif voisin de celui de la nef nord.

Armoiries (sur une pièce du XXe siècle) parti de France et de Bretagne comme sur les vitraux. 

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Sablière du bras nord du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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b) Deux hommes tête-bêche soufflant dans une trompe à la destination équivoque.

L'instrument à embouchure mince  descend et passe entre les jambes avant de remonter près de l'épaule et de conduire le pavillon près de l'oreille, L'un des hommes a le front ceint d'un bandeau .

Notez les traces de polychromie.

Sophie Duhem y reconnaît une busine. On peut évoquer aussi le tournebout (cromornekrummhorn), mais on reconnaîtra qu'il s'agit alors d'une version caricaturale.

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Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du chœur , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du chœur , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du chœur , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Sablières du chœur coté sud. Frise de quatre médaillons à bustes d'hommes.

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Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les oubliés.

Le diable est venu mélanger mes photos et les séparer de leur lieu d'origine. Chœur, transept nord, nef sud, saurez-vous retrouver leurs places ? 

 

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Masque tirant la langue et menacé par deux dragons (queue portant une tête).

Tête fantastique, des plantes poussant de son crâne.

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Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Deux dragons aux queues entrelacées.

Armoiries de Bouteville.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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BLOCHETS DE LA CROISÉE DU TRANSEPT.

Les quatre blochets de la croisée du transept ont été réalisés en 1939 par A Jaffré, restaurateur de la chapelle.

inscription de restauration, prolongement de la sablière nord du chœur au pied du blochet nord-ouest.

FAICT PAR JAFFRE A LAN : 1939

 
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 chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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1°) Blochet nord-est.

Une jeune homme, agenouillé, se tient les chevilles. Son visage est fin, féminin, mais ses cheveux bouclés en flammes courtes pourraient faire évoquer la toison d'un faune  ou d'un démon. Il porte un baillon. Une veste courte, sans col, est fermée par deux boutons et resserrée par une ceinture.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Blochet sud-est.

Femme agenouillée, tenant ses chevilles,  tournée vers la charpente  mais  tournant la tête vers la croisée du transept,

 

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

 

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Blochet nord-ouest :

Femme portant l'écu aux armes des Bouteville.

 

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

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Blochet sud-ouest.

femme enlacée par un serpent.

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Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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LES CULOTS.

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Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).

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La statue de saint Sébastien.

 

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Descendue de son socle le jour du pardon pour être portée en procession.

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Statue de saint Sébastien, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Statue de saint Sébastien, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Sébastien, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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L'EXTERIEUR : LES GARGOUILLES.

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Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).

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L'EXTERIEUR : QUELQUES MASQUES ET CULOTS.

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Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).

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L'inscription 1599 de la porte sud.

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Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).

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La procession de pardon (20 septembre 2015).

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Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
 
 

Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Le Comité de sauvegarde de la Chapelle Saint-Sébastien, présidée par Patrick Le Petitcorps, organise le  pardon de Saint-Sébastien le 3e dimanche de septembre au profit de la rénovation de la chapelle (messe-repas et animations toute la journée). Samedi 19 et dimanche 20 septembre 2015, Patrick Le Petitcorps et son équipe sont intervenus en marge du pardon pour animer la fête profane, avec  concours de palets organisé par le Palet faouëtais, randonnées pédestres libres. À 11 h, messe le dimanche à 11 h, repas, et v ers 15 h 30, fest-deiz avec Didoënn et Le Dour-Gloaguen. Sur place, vente de crêpes. 

http://www.ouest-france.fr/saint-sebastien-dernier-pardon-de-la-saison-3701674

Le dernier pardon de la commune se déroulera, ce week-end, autour de la chapelle Saint-Sébastien. Depuis quelques jours, les bénévoles du comité de sauvegarde sont sur place pour préparer les lieux, les services techniques de la commune ayant procédé à une fauche de l'herbe sur les terrains qui accueilleront les pèlerins ce week-end. Fest-deiz et visite de la chapelle Le programme des festivités débutera samedi, à 14 h, avec un concours de palets sur route. Dimanche, dès 9 h, rendez-vous pour des randonnées libres au départ de la chapelle, avant la procession, vers 10 h 30-10 h 45, qui sera suivie de la messe dans la chapelle, à 11 h. À midi, sera servi le repas, un rôti de porc cuit à l'ancienne au four à pain (tarif : 11 €). Tout au long de la journée, il sera possible de découvrir l'histoire de la chapelle et de ses statues avec Catherine Zuber, artiste qui a participé à la réalisation des statues de la Vierge à l'Enfant et celle de saint Roch. Il sera aussi possible de découvrir les magnifiques sablières sculptées qui ornent la chapelle. Puis, à 15 h 30, ce sera le fest-deiz animé par Didoënn et le duo Le Dour-Gloaguen. En fin de journée, animation musicale avec Disco 2000. Toute la journée, vente de crêpes et buvette.
http://www.lefaouet.fr/index.php/Details/Comite-de-sauvegarde-de-la-chapelle-Saint-Sebastien.html

 

 

Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile
 
 

Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile

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SOURCES ET LIENS.

— Chapelle Saint-Sébastien du Faouët  Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Saint-S%C3%A9bastien_du_Faou%C3%ABt

 

— Costume Henri IV : http://www.ac-grenoble.fr/argouges/v1/PEDAGOGI/Costume/Henriquatre.htm

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe sPresses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index  

— DUHEM (Sophie), 1998, "«Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle"  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  Volume 105  Numéro 1  pp. 53-69 http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

 Inventaire General des monuments et richesses artistiques de la France Morbihan. Cantons le Faouët et Gourin, Paris Imprimerie Nationale 1975. XII + 680 p. Notice sur Saint-Sébastien : pp 51-53. Photos et plan pp 323-329.

—PATRIMOINE.BZH/GERTRUDE

http://www.patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-sebastien-le-faouet/025087d2-c4ee-4c5b-b80e-10aa3cd4f365

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008419_01.pdf

— PERU (Fanch), 1985, "Les jeux de pardon en Bretagne", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1985  Volume 92  Numéro 3  pp. 309-326

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1985_num_92_3_3194

— POP

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00091192

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières Sculptures Chapelles bretonnes
24 août 2022 3 24 /08 /août /2022 16:09

Une revue de quelques portraits de jolies filles, en coiffe ou non,  des musées bretons. Brodeuses et couturières, regards et sourires, reflets cornéens. Musées du  Faouët (56) et de  Quimper (29).

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Un conseil : cliquez sur l'image pour activer le diaporama, je n'ai mis aucun texte.

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I. Exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", 9 avril 2022-9 octobre 2022.

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Elisabeth Sonrel (1874-1953) , Jeune bigoudène, aquarelle sur papier. coll. P. Le Goff. Photographie lavieb-aile août 2022.

Elisabeth Sonrel (1874-1953) , Jeune bigoudène, aquarelle sur papier. coll. P. Le Goff. Photographie lavieb-aile août 2022.

Elisabeth Sonrel (1874-1953) , Jeune bigoudène, aquarelle sur papier. coll. P. Le Goff. Photographie lavieb-aile août 2022.

Elisabeth Sonrel (1874-1953) , Jeune bigoudène, aquarelle sur papier. coll. P. Le Goff. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

Henri Guinier. Fillette faouëtaise à la pomme. Fusain et rehaut de couleurs sur papier.  Coll. Musée d'Arts Charles Danielou, Locronan. Photographie lavieb-aile 2022.

Henri Guinier. Fillette faouëtaise à la pomme. Fusain et rehaut de couleurs sur papier. Coll. Musée d'Arts Charles Danielou, Locronan. Photographie lavieb-aile 2022.

Henri Guinier. Fillette faouëtaise à la pomme. Fusain et rehaut de couleurs sur papier.  Coll. Musée d'Arts Charles Danielou, Locronan. Photographie lavieb-aile 2022.

Henri Guinier. Fillette faouëtaise à la pomme. Fusain et rehaut de couleurs sur papier. Coll. Musée d'Arts Charles Danielou, Locronan. Photographie lavieb-aile 2022.

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Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

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Narcisse Chaillou (1835-1916) Le Prix d’honneur, avant 1894 Huile sur toile, 93,9 x 70,7 cm Collection des musées de Vitré, inv. 1894.2.2. Photo lavieb-aile août 2022.

Narcisse Chaillou (1835-1916) Le Prix d’honneur, avant 1894 Huile sur toile, 93,9 x 70,7 cm Collection des musées de Vitré, inv. 1894.2.2. Photo lavieb-aile août 2022.

Narcisse Chaillou (1835-1916) Le Prix d’honneur, avant 1894 Huile sur toile, 93,9 x 70,7 cm Collection des musées de Vitré, inv. 1894.2.2. Photo lavieb-aile août 2022.

Narcisse Chaillou (1835-1916) Le Prix d’honneur, avant 1894 Huile sur toile, 93,9 x 70,7 cm Collection des musées de Vitré, inv. 1894.2.2. Photo lavieb-aile août 2022.

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II. QUIMPER.

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Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

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Emile Simon, Femme de Vannes, huile sur toile, 1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Emile Simon, Femme de Vannes, huile sur toile, 1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

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Jean Le Merdy, Femme de Fouesnant, huile sur toile, 1950. Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Jean Le Merdy, Femme de Fouesnant, huile sur toile, 1950. Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Louis Caradec, Jeunes bretonnes à la fontaine, vers 1860.  Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Louis Caradec, Jeunes bretonnes à la fontaine, vers 1860. Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Les portraits des jolies filles ... des musées bretons.
René Quillivic, Jeune femme assise, plâtre, 1944. Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, Jeune femme assise, plâtre, 1944. Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, La brodeuse, bronze. Musée des Beaux-arts de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, La brodeuse, bronze. Musée des Beaux-arts de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, La brodeuse, bronze. Musée des Beaux-arts de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, La brodeuse, bronze. Musée des Beaux-arts de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Pour finir, votre miroir, mesdames.

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 Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

 Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Published by jean-yves cordier - dans Peinture. Sculptures Quimper.
24 août 2022 3 24 /08 /août /2022 14:26

Les gisants ou dalles funéraires (granite, premier quart du XVe siècle) de Bertrand de Trogoff et  de Perronnelle de Boutteville  en l'église du Faouët (56).

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Voir les autres articles sur le patrimoine du Faouët:

a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre :

b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët:

c. Chapelle Saint-Sébastien

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PRÉSENTATION.

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Dans le bras sud du transept d l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, près de l’autel de la Vierge, se trouve un couple de « gisants debout ». Il s’agirait des statues funéraires de Bertrand de TROGOFF, seigneur de TROGOFF-MOYSAN, et de Perronnelle de BOUTTEVILLE. Les dalles sont adossées et scellées, en léger oblique, à un support de maçonnerie. 

Les BOUTTEVILLE, d’origine normande, étaient seigneurs du Faouët depuis 1340, et leurs armes se retrouvent dans les chapelles de Sainte Barbe, de Saint Fiacre et autres. Ces gisants sont  classés au titre d'objet depuis le 7 décembre 1912.

Les dalles mesurent  174 cm de haut, 86 cm de large et 29 cm de profondeur.

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À l’origine, le tombeau de Péronnelle et Bertrand, devait se trouver à l’intérieur de l’église dont les BOUTTEVILLE étaient les fondateurs et prééminenciers. Aujourd’hui, ces deux gisants sont séparés d’une partie de leur tombeau qui se trouve à l’extérieur de l’église au sud, près de la croix, dans l’ancien cimetière. Il porte les armes des familles BOUTEVILLE et celles à trois fasces des TROGOFF.

Ce tombeau comportait un socle rectangulaire, orné sur les côtés d'arcades trilobées , et sculpté sur la face Sud de deux blasons avec à gauche les armes des Boutteville et à droite les armes à trois fasces attribué a priori aux Trogoff. Il  portait les deux gisants jusqu'à l'incendie qui, en  1917, a ravagé l'église. À cette date ils furent déposés à l'intérieur de l'église . Le seul couple liant les familles de Boutteville et de Trogoff est celui de Bertrand de Trogoff et de Perronnelle de Boutteville. Le tombeau est toujours présent à l'extérieur.

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cliché éclairci de : "© Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP"

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Armoiries d'argent à trois fasces de gueules de Trogoff, Wikipédia, par Yricordel

 

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Armoiries d'argent, à cinq fusées de gueules accolées et rangées en fasce des Boutteville. Wikipédia.

 

 

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Attribution.

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Emmanuelle Le Seac'h date ce monument funéraire vers 1425, et l'attribue  au premier atelier ducal du Folgoët, qui a réalisé au Faouët le porche sud de la chapelle Saint-Fiacre vers 1450, ainsi que le retable de Saint-Sébastien entre deux archers et des statues d'un personnage en armure, de sainte Catherine et de Marie-Madeleine, conservées dans la chapelle.

 

Rappel : Un premier atelier ducal attaché à la collégiale du Folgoët a travaillé entre 1423 et 1509, réalisant notamment l'autel des Anges, les Anges des façades, le porche des Apôtres, le tympan du porche occidental et de nombreuses statues de la collégiale du Folgoët, mais aussi le porche sud de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, le calvaire et le porche de Notre-Dame-de-Rumengol, le porche sud de l'église de La Martyre, la chapelle Notre-Dame du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon, le gisant de Sainte-Nonne dans l'enclos paroissial de Dirinon, le gisant de Jean de Kérouzéré dans l'église Saint-Pierre de Sibiril, plusieurs statues de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas, des sculptures en ronde-bosse à Kernascléden, Saint-Fiacre du Faouët, Quimperlé, etc.

Un second atelier ducal, qui a fonctionné entre 1458 et 1509 a réalisé entre autres le porche sud de Saint-Herbot et le porche de l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Plourac'h.

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Description par Emmanuelle Le Seac'h.

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L'exercice de copie qu'exige la citation de ce texte est un hommage à sa qualité remarquable, aux capacités d'attention aux détails et de déductions de cette auteure.

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"Les drapés des statues de sainte Catherine d'Alexandrie et de saint Marie-Madeleine sont similaires à ceux des gisants en granite de Perronnelle de Boutteville et de Bertrand de Trogoff de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption. Ils sont conservés à l'intérieur de l'église dans le transept sud depuis l'incendie de l'église en 1917. Le socle en granite se trouve à l'extérieur, entre le bras sud et le porche. Deux blasons sculptés sur la face antérieure permettent d'identifier les personnages avec à gauche les cinq fusées des Boutteville et, à droite, probablement les trois fasces des Trogoff.

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Cliché Le Seac'h CD 99, recadré.

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Les deux gisants se tiennent les mains jointes, leur tête reposant chacune sur un coussin agrémenté de pompons. Le personnage masculin porte des canons d'arrière-bras et d'avant-bras avec les articulations des coudes et des épaules protégées par des cubitières et des épaulières hémisphériques. Un vêtement de corps au col en V est recouvert par un plastron dont le bas semble articulé par des tassettes en forme de bandes horizontales. Les cuisses et les mollets solides sont similaires à ceux du saint Sébastien et du saint en armure de la chapelle Saint-Fiacre. Les lèvres fines, les yeux bridés et l'hélix développé sont conformes aux conventions stylistiques du premier atelier du Folgoët.

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Cliché Le Seac'h : la statue d'homme en armure conservée à la chapelle Saint-Fiacre.

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La femme porte une robe longue à l'encolure en V resserrée à la taille par une ceinture lâche dont la boucle rectangulaire tombe sur le côté. Les plis imitent un tissu de texture épaisse par leur tombant régulier et parallèle en cônes cachant presque les pieds. Seul un petit bout pointu de pied gauche dépasse de la robe. La poitrine est plate par opposition à l'abondance de plis verticaux sur la jambe. 

Elle porte une coiffure à cornes dont la mode perdura jusqu'en 1425 (C. Enlart, Manuel d'archéologie), ce qui permet de dater cette sculpture du premier quart du XVe siècle et place cette sculpture et celles  des deux saintes de Saint-Fiacre dans les premières faites par l'atelier."

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Cliché Le Seac'h : les deux statues de saintes conservées à la chapelle Saint-Fiacre.

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Gisant de Bertrand de Trogoff et Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff et Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff et Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff et Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Bertrand de Trogoff, seigneur de Trogoff en Plouegat-Moysan et seigneur de Callac , décédé en 1406), écuyer, est  couché sur le dos, les yeux ouverts, la bouche affichant un léger sourire, et les mains jointes. Ses cheveux épais sont coupés "au bol", en calotte, selon l'usage des chevaliers de l'époque. Il est  en armure compète, portant l'épée ceinte du côté gauche par un baudrier et la dague suspendue à la ceinture du côté droit.

Il était le fils d'Éon ( décédé en 1400), chevalier, seigneur de Trogoff  et de Marguerite de Léon, dame de Frémerville Il eut deux filles de son mariage avec Perronelle de Boutteville : Jeanne, dame de Trogoff qui épousa Olivier de Plusquellec ( - 1444), chevalier, et  Marguerite qui épousa Jean du Mur, écuyer.

 

 

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Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Perronnelle de Boutteville était la fille de Jean de BOUTTEVILLE, décédé en 1340, et d' Andrée de La RIVIÈRE. Son frère aîné était Bizien de BOUTTEVILLE, seigneur du Faouët , marié avec Jeanne de QUELEN (décédée en 1426).

Ses yeux sont ouverts, ses mains jointes devant la poitrine. Elle porte, sur un front épilé,  un hennin à double cornes orné d'un médaillon. Sa robe au décolleté en V est, comme c'est l'usage, très ajustée au dessus de la taille, puis plissée en dessous. Une ceinture large, à long passant sous la boucle, est portée descendant sur le côté gauche.

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Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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SOURCES ET LIENS.

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 — LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 69 et 314.

 

 

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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56000259

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM56002599

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-notre-dame-de-l-assomption-le-faouet/5c1b4e15-12c3-4d76-9fa5-8df7888511ab

https://www.google.fr/books/edition/Revue_historique_de_l_Ouest/2ZwsAAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22Bertrand+de+Trogoff%22&pg=PA346&printsec=frontcover

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+trogoff&oc=0&p=bertrand

https://man8rove.com/fr/blason/yk0xq22-bouteville

https://man8rove.com/fr/blason/ii6a2o-trogoff-olim-lanvaux

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Le_Faou%C3%ABt_gisants.JPG

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_fam_fr_de_Trogoff.svg

https://www.lefaouet.fr/tourisme-culture-patrimoine/patrimoine/eglise-dame-de-lassomption/

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Monument funéraire Gisants
22 août 2022 1 22 /08 /août /2022 13:14

L'acrobate(kersantite) de la porte du Doyenné (XVe siècle) du Folgoët.

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Voir : 

 

Sur le Folgoët, voir encore:

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Sur les acrobates sculptés en pierre ou en bois :

— en pierre :

 

—En bois sur les charpentes ou les miséricordes: 

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PRÉSENTATION.

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J'avais été surpris, lors de ma visite de l'église du Juch, de découvrir un acrobate sculpté en pierre à droite de la porte d'entrée, sous le porche. Dans une contorsion, il plaçait ses pieds derrière ses oreilles et montrait à tous son anus : un spectacle réellement inconvenant à un emplacement si sacré.

Les acrobates contorsionnistes en enroulement antérieur, comme celui-ci, ou en renversement postérieur, et très souvent exhibitionnistes de leur sexe ou de leur fondement, j'en avais observé des quantités, sculptés dans le bois, dans mes nombreuses visites des églises et des chapelles bretonnes, mais c'était le plus souvent grâce à de bonnes jumelles ou un téléobjectif, lors de l'examen des sablières et abouts de poinçon des charpentes, ou en inspectant de près les miséricordes et appui-mains des stalles : ces localisations éloignées ou confidentielles semblaient convenir à leurs écarts de conduite.

De même, l'accès à leurs confrères sculptés dans la pierre à l'extérieur des édifices, sous forme de crossettes à la jonction des murs et des toits, restait réservé à ceux qui les recherchaient avec attention.

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La présence d'un acrobate au seuil d'un sanctuaire m'avait donc surpris.  Mais à nouveau, sur le porche sud de l'église de Penmarc'h, sur le trumeau séparant les deux arches extérieures, un acrobate, cette fois-ci en renversement postérieur et exhibant son sexe, accueillait les fidèles qui ne pouvaient guère en ignorer la présence.

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Mais il faut croire que, comme pour la "Lettre volée" d'Edgar Poe, la position ostensible d'un objet le dissimule parfois étrangement à nos yeux. Ainsi, j'avais visité en 2017 le Doyenné du Folgoët, j'avais observé aux jumelles dans les hauteurs l'acrobate qui, comme crossette d'une des lucarnes, ébauchait sa figure de renversement, tout en restant entièrement habillé et convenable, mais j'avais été incapable de remarquer la figure sculptée, comme culot d'arcature gothique, à droite de la porte d'entrée, et sa posture osée : à hauteur de mon regard.

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La porte gothique de ce Doyenné du XVe siècle est de plein cintre. Sa courbe est rehaussée par l'arc en accolade en pierre de kersanton, à crochets et à fleuron de feuilles d'acanthe. Cette arc s'appuie sur deux culots. L'acrobate est placé sous le culot de droite.

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Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Il est coiffé d'un bonnet. Il tend ses bras en arrière, se saisit de ses chevilles et tire ses pieds (chaussés) vers ses oreilles. Sans le savoir sans doute, il réalise la posture de l'arc dite Dhanurasana. 

Cette posture crée un renversement de nos repères, et même des repères du sculpteur qui semble avoir inversé la représentation des pieds. Ce sont les talons, et non comme il le montre, la pointe des chaussures, qui devraient se rapprocher de la tête.

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L'acrobate est vêtu d'une tunique courte serrée par une ceinture. Elle s'ouvre, sur la poitrine, par un col à revers.

 

 

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Mais ce drôle n'est pas tout à fait correct. Son sexe en érection apparait, sous sa tunique, entre ses cuisses.

Mais personne ne vous demande d'aller regarder les sculptures par en dessous. Tandis que j'y suis contraint, pour les besoins de mes recherches !

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Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Culot de la porte du Doyenné (kersanton, XVe siècle) du Folgoët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Dernière précision. 

Il faut toujours étudier une figure dans son contexte et dans l'ensemble du décor. Ici, l'acrobate fait paire avec le culot de gauche, qui représente un ange. 

D'autre part, les crossettes des lucarnes représentent de gauche à droite un acrobate tenant son pied, puis trois dragons ailés.

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CONCLUSION.

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Dans cette succession d'articles où les acrobates apparaissent, je ne cesse de m'interroger sur le sens et les raisons de leur présence dans les églises et chapelles.

J'utilise, comme d'autres, le terme acrobate pour désigner des contorsionnistes, plus que des "artistes faisant des exercices au sol ou en hauteur", des trapézistes, des artistes marchant sur une corde, ou effectuant des sauts de saltimbanque.

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Voici quelques unes de mes réponses... provisoires.

1. Ils sont là car ils proviennent du vocabulaire thématique de l'art roman, où ils apparaissent sur les modillons, culots et chapiteaux.

L'article Wikipédia sur les modillons est remarquable. Il incite à décliner ce thème en acrobates en renversement postérieur [penchés en arrière de façon à dessiner un arc de cercle avec leur corps en plaçant les pieds près des oreilles], acrobate n'attirant qu'un seul pied vers leur nuque,  acrobate en enroulement antérieur [penchés en avant en plaçant les pieds près des oreilles, la tête se retrouvant entre les cuisses],  acrobates musiciens, acrobates habillés et acrobates nus, ou demi-nus, et alors fréquemment exhibitionnistes anal, exhibitionnistes génital, parfois  ithyphalliques. Nous pourrions créer trois catégories : les acrobates de spectacle, les acrobates vicieux ou licencieux et notamment buveurs, et les acrobates obscènes.

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Cette réponse fait rebondir la question initiale : quel est le sens de ces personnages dans l'art roman?

Ils sont interprétés soit comme des saltimbanques en marge de la société, et en marge de l'église, donc comme des pécheurs, soit au contraire, par leur pieds dirigés vers le haut, comme des figures de la conversion spirituelle.

Ce sont avec les bateleurs et les jongleurs, des figures des artistes de spectacles condamnés par l'église.

Ce sont aussi des figures de la transformation, du déguisement, de l'illusion. Avec la triple interprétation morale : image de la transformation intérieure, ou image de l'accès à une surnature, ou image de la transgression illicite des règles, des limites. 

Certains n'y voit que des images de la vie quotidienne laïque . 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Iconographie_des_modillons_romans

http://chapiteaux.free.fr/TXT_acrobates.html

https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1986_num_29_116_2341

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2. Ils occupent des espaces de transition entre espace laïque et espace sacré.

C'est vrai lorsqu'on les trouve à l'entrée des porches, sur le seuil. C'est vrai aussi lorsqu'ils balisent, sur le plan vertical, le passage entre les murs et la charpente (sablières, et crossettes). Ce n'est plus approprié aux miséricordes et appui-mains des stalles.

Or ces espaces de transitions sont, comme toute frontière, tout passage, des lieux de danger. 

Les acrobates obscènes pourraient avoir une valeur de protection atropopaïque, comme les bornes hermaïques ithyphalliques des carrefours.

(Voir le rôle atropopaïque des figures géantes de saint Christophe sur les seuils des sanctuaires en Espagne).

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3. Ils sont l'équivalents des drôleries et grimaces des marges des manuscrits religieux, livres d'heures notamment.

"Le décor qui fait son irruption à partir du XIIIe siècle dans les marges des manuscrits fascine, interroge, déroute. Des animaux, des êtres hybrides, mais aussi des femmes et des hommes viennent entourer le texte et remplir les espaces vierges de la page. On les appelle des drôleries, représentations parodiques, transgressives, insolites, profanes ou profanatrices, satiriques, voire même irrévérencieuses. De 1200 à 1350, un nouveau décor marginal, d’abord codifié dans les ateliers parisiens, puis dans le Nord de la France, en Angleterre, enfin en Italie, en Espagne et en Allemagne, revendique sa progressive autonomie dans des ouvrages essentiellement religieux, psautiers ou livres d’heures par exemple. " Andrea Martignoni, « Jean Wirth, Les marges à drôleries des manuscrits gothiques (1250-1350) », Cahiers de recherches médiévales et humanistes . https://journals.openedition.org/crm/11605

Ce rapprochement est pertinent pour les acrobates occupant les espaces marginaux des églises (sablières et crossettes) mais moins pour ceux des portes et des porches.

Il permet d'admettre qu'il n'y a pas plus de liens entre ce décor, et le caractère sacré de l'édifice, qu'entre les drôleries des enluminures et les prières ou textes sacrés qu'ils accompagnent.

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4. Ils répondent à un besoin de distraction de la part des fidèles... et du clergé.

 

C'est un peu étonnant pour nous. Mais ce sont les chanoines de la cathédrale de Tréguier qui exigent, en 1508, lors du contrat passé à la commande de leurs stalles, certes des "ymaiges" (religieuses) mais aussi des "grimasses et feillages". Ces grimaces, ce seront, selon leurs vœux, des fous et des acrobates exhibitionnistes ou non, des danseuses, des oiseaux, des ours, des poissons, des hommes sauvages et des séries d'onanistes.

Et ils ne sont pas les seuls puisque ces "grimasses" se retrouvent sur les miséricordes et appui-mains des autres stalles bretonnes ou françaises.

Lorsqu'on voit la grande unité de l' iconographie des crossettes (lions, dragons, chiens, acrobates, sirènes et anges) des édifices bretons, on constate que les sculpteurs ne répondent pas à leur imagination ou à une demande locale, mais à une attente des paroissiens partagée de village en village.

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Ils exercent sur nous un effet de surprise et de questionnement. 

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Ma question initiale est née de mon étonnement. Mais cet étonnement n'est-il pas, en même temps, la réponse ?

Ces acrobates, ainsi que les autres figures humaines  transgressives, et les figures semi-humaines (sirènes, femmes-serpents, masques anthropomorphes) ou d'animaux fantastiques (dragons, grylles, centaures, faunes) suscitent notre curiosité, notre amusement, notre indignation pour certains et notre attrait pour d'autres : ils ne nous laissent pas indifférents, ils créent la surprise.

Cette surprise a-t-elle une valeur esthétique ? Certainement. A-t-elle une valeur de stimulation psychique ? Sans-doute. Crée-t-elle les conditions d'une transformation psychique facilitant une rupture avec le train-train mental de la vie quotidienne professionnelle et domestique pour faciliter l'accès à un dépassement spirituel ? Peut-être.

Cet effet de surprise et d'intérêt était-il opérant pour les contemporains de ces œuvres ?

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Ma dernière réflexion, même si je ne peux en faire une certitude, aura eu le mérite de m'interroger, de manière générale, sur le champ de la valeur éthique de la surprise : disponibilité à l'accueillir de façon fructueuse ( sérendipité), effet facilitateur de l'admiration et de l'émerveillement, ouverture à la tolérance et aptitude à être transformé par l'inattendu. Certains écrivent que par  la surprise, nous accédons à la magie du monde, et des autres.

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Pour montrer la puissance de cet affect, et la richesse de ce thème tout en quittant mon sujet, je note que la surprise contemplative peut générer l'inquiétante étrangeté d'un dépaysement troublant, dont témoignent le "trouble de mémoire sur l'Acropole" de Freud lors de sa visite d'Athènes et le malaise de Stendhal lors de la contemplation des Sybilles de la basilique de Santa Croce à Florence : dépossession du soi entre perte de mémoire, et exaltation.

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Published by jean-yves cordier - dans Kersanton Sculptures Acrobate
21 août 2022 7 21 /08 /août /2022 17:10

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Les armoiries (restaurées en 1840) de la famille Richard en clé de voûte de la chapelle.

Les Richard sont armoriés :  d’azur au rencontre de cerf d’or surmonté d’une étoile à huit rais d’argent accosté de deux roses de même  et ont pour devise « Meuli Doue » (Louez Dieu), alias « Dominus in circuitu », ("le seigneur Dieu est tout autour" ?)

C'est le chanoine Richard qui a fait construire vers 1535 la Maison Prébendale dont s'enorgueillit à juste titre la ville.

https://www.saintpoldeleon.fr/maison-prebendale

 

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Guy Le Borgne, dans son Armorial Breton de 1667, indique :

"Richard jadis à Kerriel et Ponchasteau près Lesneven, Kerja en Plestin évesché de Tréguier et autres, d’azur au massacre de cerf d’or surmonté d’une rose de gueulle et acostée de deux tourteaux de mesme en pointe ; l’un des trente chevaliers choisis pour combattre à la bataille de Trente, estoit de cette famille-là."

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Armes de la famille LE SCAFF, 1840. Clef de voûte de la chapelle Saint-Roch,   cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Armes de la famille LE SCAFF, 1840. Clef de voûte de la chapelle Saint-Roch, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Armes et devise de la famille LE SCAFF, 1840. Clef de voûte de la chapelle Saint-Roch,   cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Armes et devise de la famille LE SCAFF, 1840. Clef de voûte de la chapelle Saint-Roch, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Le panneau armorié en kersanton du monument funéraire.

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Classé le 4 décembre 1914

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Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton,   cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Les armoiries mi-parti LE SCAFF/RICHARD à gauche, présentées par deux lions.

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1°) Éléments héraldiques.

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Les armoiries de la famille LE SCAFF de gueules à la croix d'or frettée d'azur.

Le  "fretté" est un composé de cotices entrelacées, mises en diagonale, ordinairement par trois, en bande et en barre. Donc un motif à croisillons.

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On trouve dans le Nobiliaire de Pol de Courcy :

SCAFF (LE), sieur de Kerriel, paroisse de Plouguin, sieur de Kergoët, paroisse de Guiclan. Réformation. et montres de 1427 à 1538, paroisse de Plouguin , évêché de Léon. De gueules a la croix d'or frettée d'azur; aliàs : cantonnée à dextre d'une merlette d'or.

Jean, sénéchal de Léon en 1500, épouse Jeanne, dame de Kergoët. Fondu dans Richard.

Ou bien , dans le Nobiliaire de 1890 :

SCAFF (le), sieur de Kerriel, par. de Tréglonou, — de Kergoët, paroisse de Guiclan. Réformations et montres de 1427 à 1538, par. de Plouguin, év. de Léon. De gueules à la croix d’or, frettée d’azur ; aliàs : cantonnée à dextre d’une merlette d’or.

 

Jean, sénéchal de Léon en 1500, épouse Anne du Bois, de la maison de Kerlosquet. La branche de Kerriel fondue dans Richard ; la branche de Kergoet fondue en 1555 dans du Chastel-Mezle.

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Un missire Jehan Le SCAFF est bien mentionné dans un acte d'archive comme docteur es lois et sénéchal à la cour de Saint-Pol, en date du 27 février 1539. (Société d'Emulation des Côtes du Nord 1903 p. 75.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207842x/f94.item

 

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Michel Mauguin décrit ces armoiries de Le Scaff sur une pierre tombale du porche de l'église Saint-Pierre de Guiclan. 

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/PATRIMOINE-ARMORIE-GUICLAN.pdf
 

Les armoiries Le Scaff sont également présentes à  l'église de Saint-Divy.

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2°) Données biographiques et généalogiques.

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L'épitaphe, qui sera détaillée infra, attribue ce monument à Jehan Le Scaff, sénéchal du Léon en 1500, et à sa compagne Anne DU BOIS, dame de Kergoët .

Les familles DU BOIS sont très nombreuses. On considère qu'il s'agit ici de DU BOIS, sieurs de Kerlosquet et de Beuzit, paroisse du Minihy de Saint-Pol-de-Léon, blasonnant d'argent au cyprès de sinople. Le manoir de Kerlosquet, sur la route de Plouénan, est proche de Saint-Pol-de-Léon.

Selon le Nobiliaire :

Bois (du), sieur de Kerlosquet et du Beuzit, paroisse du Minihy de Léon. Réformations et montres de 1448 à 1534, paroisse de Plouénan et du Minihy, évêché de Léon. D’argent au cyprès de sinople.

Michel Mauguin, dans  Kerlouan héraldique, décrit le blason mi-parti de  Marguerite Du Bois, décédée le 9-5-1694 à Landerneau.

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/Kerlouan-Heraldique.pdf

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Les deux branches : Richard et de Kergoët.

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Pol de Courcy signale, après le mariage de Jehan Le Scaff et d'Anne du Bois, deux branches, qui correspondent d'ailleurs aux deux blasons : celle des RICHARD et celle des KERGOËT. 

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Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton,   cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton,   cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Les armoiries mi-parti LE SCAFF/KERGOAT à gauche, présentées par deux lions.

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Ces lions présentent le blason correspondant à la branche Kergoët des Le Scaff. Le panneau de kersanton du monument funéraire est donc (très) postérieure à la date de 1500 mentionnée par l'épitaphe de  Jehan Le Scaff et d'Anne du Bois.

Les armes des Le Scaff sont du côté gauche (pour nous), côté réservé à la famille de l'époux, et les armes des Kergoat ou Kergoët sont à notre droite, côté réservé à l'épouse. On y reconnaît le cyprès avec ses racines, son tronc et sa frondaison. Si ce blason a été peint jadis, l'arbre était vert (de cinople) sur fond blanc (d'argent).

 

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On lit dans le Nobiliaire :

KERGOËT (DE), sieur dudit lieu et de Guernjahan, paroisse de Guiclan. Réformation et montres de 1427 a 1534, dite paroisse, évêché de Léon. Fondu dans Le Scaff. Moderne : Oriot.

Ou encore :

De Kergoet, Sr. de Guernjahan ; fondu dans Le Scaff, puis Oriot.oryot

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Voici les données généalogiques que je retrouve en ligne :

 

Un Jean LE SCAFF seigneur de Kerriel a épousé Jeanne de KERGOET. Leur fille Marie LE SCAFF dame du Mesle épousa le 2 septembre 1575 Antoine du Chastel, seigneur de Mezle et de Châteaugal d'où 4 ou5 enfants.

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/du_Chastel.pdf

https://gw.geneanet.org/jcbo?lang=fr&n=de+penfentenyo&oc=0&p=jehan+v

https://books.google.fr/books?id=nYZSiT3VisYC&pg=PA364&lpg=PA364&dq=%22Jean+LE+SCAFF%22+Jeanne+de+KERGOET+,&source=bl&ots=dI_pzd7ik1&sig=ACfU3U2cv00kR6nBmsG41F_Pw_OiRotpYQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj44c_gkdj5AhUsxoUKHaF7CcIQ6AF6BAgdEAM#v=onepage&q=%22Jean%20LE%20SCAFF%22%20Jeanne%20de%20KERGOET%20%2C&f=false

 

Un Georges LE SCAFF, licencié en droit et sénéchal de Léon, sieur de Kériel, eut une fille unique, qui épousa Anthoine du Chastel, seigneur de Mezle et de Châteaugal.

http://www.plouye-poher.fr/ressources/files/Autre/05-du_chastel_de_mezle.pdf

Une Marie Le Scaff épousa en 1574 Jean V de Penfentenyo : 

"Jehan de Penfentenyo a également épousé (3ème épouse) MARIE LE SCAFF , fille du Seigneur Kerriel ...Jean LE SCAFF xJeanne de KERGOET , le 24/2/1574.., fille unique de de KERGOET (Guiclan) veuve d'Antoine du CHASTEL , sa mère Anne DU BOIS ..."

 

https://forum.cgf.bzh/forum/phpBB3/search.php?st=0&sk=t&sd=d&sr=posts&sid=8d4f16d559a8f0de56007f4191d59dd9&author_id=64&start=210

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Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton,   cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton,   cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022

Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022

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L'épitaphe (XVIIe ?), sur marbre noir.

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a) Le texte.

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ICI REPOSENT

JEHAN LE SCAFF, SENESCHAL DE LEON EN MVc

&

ANNE DV BOIS SA COMPAIGNE, SIEVR & DAME DE KGOËT

o visqvis ades sic morte cades Sta, respice , plora ,

Svm quod eris , modicvm cineris , pro me precor , ora

Vermibvs hic donor, sic transit glor

Et velvt hic honor, ponitvr omnis honor

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b) La transcription et la traduction des distiques.

Quisquis ades, sic morte cades ; Ita, respice, plora; sum quod eris, modicum Cineris, pro me precor, ora.

Vermibus hic donor, sic transit gloria mundi, Et velut hic ponor, ponitur omnis homo.

«Qui que tu sois, ici présent, c'est ainsi que tu tomberas sous les coups de la mort; Arrête toi, regarde, pleure ; . Je suis ce que tu seras, un peu de cendre, prie pour moi, je t'en supplie.

Ici je suis la proie des vers, Ainsi passe la gloire du monde, et comme je suis ici déposé, ainsi l'est tout homme."

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c) les sources des quatre vers léonins.

Chacun de ces distiques a été publié par Philippe Labbé dans son recueil d'épitaphes de 1666, mais en les attribuant à des auteurs différents : le premier dans le tome I (page 110) et le second dans le tome II page 370.

Faut-il estimer que la table de marbre noire est postérieure à ce recueil ?

 

Philippe Labbe · 1666 Thesaurus epitaphiorum veterum ac recentium, selectorum ex ..., Paris page 110

https://www.google.fr/books/edition/Hortus_epitaphiorum_selectorum_Ou_Iardin/TNPGYuTOXS0C?hl=fr&gbpv=1&dq=o+visquis+ades+sic+morte+cades&pg=PA110&printsec=frontcover

https://books.google.fr/books?id=pkN-1Koz--oC&hl=fr&pg=RA1-PA370#v=onepage&q&f=false

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Pourtant, le second distique est cité dans les compléments de la Grande Danse Macabre publiée en 1641.

https://books.google.fr/books?id=5ohfAAAAcAAJ&pg=PP57&lpg=PP57&dq=Qualiter+hic+ponor,+ponitur+omnis+honor.&source=bl&ots=LsA3vNLho5&sig=ACfU3U2zS7FLBRDGpR_2RUPT5nIv7h2G4A&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjN1pjuz9f5AhUW0oUKHbJMDIwQ6AF6BAgCEAM#v=onepage&q=Qualiter%20hic%20ponor%2C%20ponitur%20omnis%20honor.&f=false

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Pourtant, ce deuxième distique, avec ses rimes en -or,  est retrouvé dès le XVe siècle :

— FAVREAU (Robert), 2000, Les inscriptions du XVe siècle en France. Gertrude Mras; Renate Kohn. Epigraphik 2000 : neunte Fachtagung für mittelalterliche und neuzeitliche Epigraphik Klosterneuburg, 9.-12. Oktober 2000, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, pp.131-151, 2006, 978-3-7001- 3634-7. ffhalshs-03322724f

À Attigny (Ardennes) une brève épitaphe en prose et en français indique le décès d’un chanoine de grande science Jacques d’Attigny, docteur en droit, décédé en 1438. Elle est suivie de dix hexamètres latins dont tous les hémistiches et toutes les finales sont en -or . On la rapprochera de deux vers de l’épitaphe du chanoine Jean de Neuilly-Saint-Front à Notre-Dame de Paris, et de l’épitaphe de l’abbé de Saint-Martin de Laon Pierre du Pont où l’on a le même procédé : VERMIBUS HIC DONOR, ET SIC OSTENDERE CONOR QUALITER HIC PONOR, PONITUR OMNIS HONOR « Ici je suis donné aux vers, et ainsi je m’efforce de montrer que de la même manière que je suis ici déposé, tout honneur est déposé ». Jean de Neuilly-Saint-Front avait ordonné que sur sa tombe soient écrits ces deux vers (Émile CHENON, « Testaments du règne de Charles VI », Bulletin Société Antiquaires de France, 1915, p. 135. Le tombeau de Pierre du Pont représentait le cadavre rongé de vers d’un abbé avec sa crosse et sa mitre (L. Broche « Laon », Congrès archéologique de France, Reims 1911. t. 1. p. 238). Voir H. WALTHER, Carmina ... I/1 (n° 2), p. 1060. n° 20209, et II/5, Proverbia sententiaeque latinita Medii Aevi, l967, p. 677, n° 33161a. .

 

 

Enfin, on remarquera que toutes les versions de ces vers font débuter le deuxième par le mot qualiter ("ainsi que, comme").

Sur la pierre funéraire St-Pol-de-Léon, les mots synonymes et velvt ("et comme") ne sont pas attestés ailleurs.

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Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.

Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022

Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022

Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022

Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022

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LES VITRAUX PEUT-ÊTRE OFFERTS PAR JEAN LE SCAFF ET ANNE .

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"Seules trois verrières de la cathédrale contiennent encore des vitraux anciens ; encore sont-elles largement recomposées.

"La baie 14, située dans l'une des chapelles du déambulatoire sud, a été offerte par la famille Le Scaff dans la seconde moitié du xvie siècle ; elle a été très recomposée en 1884. Composée de trois lancettes et d'un tympan à sept ajours, elle figure au tympan un écu moderne, entouré d'anges musiciens également modernes. Dans la lancette gauche, on voit un donateur agenouillé, peut-être Jean Le Scaff, protégé par saint Jean Baptiste ; il ne reste plus du panneau ancien que des fragments (jambes du saint et quelques fragments du costume du donateur). Au centre, une scène de l'Enfer, dans une architecture Renaissance, est bien conservée du xvie siècle. Enfin, à droite, une donatrice, peut-être Anne du Bois, est présentée par sainte Anne et saint Jean l’Évangéliste. Cette lancette est  bien conservée, notamment la jupe armoriée est en partie ancienne." (d'après Wikipédia et Gatouillat)

Françoise Gatouillat et Michel Hérold, « Saint-Pol-de-Léon. Cathédrale Saint-Paul-Aurélien », dans Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Corpus Vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France » (no 7), 2005, 367 p. p. 193-194.

En résumé, pour notre sujet, parmi les documents héraldiques, seule la jupe de la donatrice est en partie ancienne. On reconnait sur cette jupe la croix frettée des armes Le Scaff . En outre, ces vitraux sont datés de la seconde moitié du XVIe siècle par Gatouillat et Hérold, ce qui est un peu tardif pour un don par un homme occupant un poste de sénéchal en 1500. On peut avancer l'hypothèse d'un don par leurs descendants.

 

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GFREIHALTER WIKIPEDIA

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SOURCES ET LIENS.

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— BROUCKE (Paul-François) , 2012, mémoire de master, soutenu à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) à Quimper, consacré au chantier de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, inédit.

https://www.letelegramme.fr/finistere/saint-pol-de-leon/a-la-decouverte-des-quatre-vingts-armoiries-de-la-cathedrale-21-09-2020-12621700.php

— CASTEL ( Yves-Pascal ) 1987, "Les armoiries de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon" in Bulletin de la Société archéologique du Finistère, N° 116 .

— CLECH (abbé  J.), 1907, “Visite à la cathédrale de Saint-Pol de Léon et à la chapelle de N.-D. du Créisker,” Morlaix.

 

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a55da7841d33fec3a113d04a2b398753.pdf

Chapelle Saint-Roch .

A la voûte de cette chapelle nous voyons les deux écus suivants: d'argent à deux chevrons de sable, armes de la famille de Kerrom. Le second porte : Ecartelé au 1. et 4. d'or, au lion d'azur brisé en l'épaule d'une tour portée sur une roue d'argent; qui est Carman-Lesquelen; aux 2 et 3 d'azur, à la fasce d'hermines, accmnpagnée de trois feuilles rie laurier d'or, avec la devise : Ioul Doue la , volonté de Dieu. Ce sont les armes de la famille de Kerliviry de Cléder.

Dans cette chapelle deux vieux vitraux, dont l'un restauré dernièrement représente dans le panneau du milieu, l'enfer; des diables de toutes couleurs et de toutes formes s'agitent dans la fournaise ; au-dessus plane un ange à l'épée flamboyante ; au-dessous l'inscription : Sanctum et terribile nomen ejus, son nom est saint et terrible ; snr un petit cartouche les mots : Domine in nomine tuo, dœmonia subjiciuntur nobis : Seigneur, en ton nom les démons nous son..t soumis ; dans les lobes flamboyants : Et cruciabuntur igne et sulfure, et ils seront châtiés par le feu et par le soufre, angelorum in conspectu, en présence des anges. Dans le panneau de gauche un chevalier est à genoux, saint Jean se tient derrière lui, ecce agnus dei ; dans le panneau de droite, une noble dame est en prière, derrière elle un prêtre tient un calice. Au haut du vitrail les armes de la famille Le Scaff: De gueules à la croix frettée d'azur.

Un sénéchal de Léon à la fin du xv• siècle, appartenait à cette famille; son tombeau se trouve dans l'enfeu en accolade audessous de ce vitrail ; le tombeau porte en bosse sur la partie antérieure deux écus tenus par deux léopards grossièrement sculptés : mi parti : de gueules à la croix d'or frettée d'azur, qui est Le Scaff; et d'azur alf rencontre de cerf surmonté d'une rose d'argent et accosté de 2 besants de même, qui est Richard. Le second écu porte: mi parti : d'azur au rencontre de cerf, qui est Richard ; et d'argent au cyprès de sinople, qui est du Bois.

Sur la pierre tombale nous lisons l'inscription suivante très pieuse et très belle : Ici repose Jehan Le Scaff, sénéchal de Léon en MV et Anne du Bois sa compagne, sieur et dame de !{goët (les Le Scaff ont retenu les armes des Kergoët).

Quisquis ades, sic morte cades ; Ita, respice, plora; sum quod eris, modicum Cineris, pro me precor, ora. Vermibus hic donor, sic transit gloria mundi, Et velut hic ponor, ponitur omnis homo. «Qui que tu sois, ici présent, c'est ainsi que tu tomberas sous les coups de la mort; Arrête toi, regarde, pleure ; . Je suis ce que tu seras, un peu de cendre, prie pour moi, je t'en supplie. Ici je suis la proie des vers, Ainsi passe la gloire du monde, et comme je suis ici déposé, ainsi l'est tout homme."

 

 

—MAUGUIN (Michel) Les pierres armoriées de l'église Saint-Pierre (XVII e siècle)  Guiclan

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/PATRIMOINE-ARMORIE-GUICLAN.pdf

—Autres liens

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM29000777

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29001057

https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-pol-de-leon-29250/le-manoir-de-kerlosquet-cherche-preneur-3197815

https://forum.cgf.bzh/forum/phpBB3/viewtopic.php?t=5638

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Monument funéraire Kersanton Vitraux

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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